Égypte probablement > Provenance exacte inconnue, probablement Basse Égypte
Époque Héllénistique et romaine
Terre cuite
H. 6,6 CM ; L. 6,5 CM ; P. 3,7 CM
Co. 2798
Égypte probablement > Provenance exacte inconnue, probablement Basse Égypte
Époque Héllénistique et romaine
Terre cuite
H. 6,6 CM ; L. 6,5 CM ; P. 3,7 CM
Co. 2798
L'œuvre est en mauvais état de conservation. Elle est cassée au niveau du cou et du pied droit. La tête est manquante et la cassure s’étend entre l’épaule droite et la base du cou, jusqu’au sommet de l’épaule gauche. La terre cuite se fendille en surface sous le bras droit et sous les deux fessiers. De légers éclats sont visibles en surface.
La figurine représente une femme nue, en position accroupie, exhibant ses parties intimes. Elle est stable et ne nécessite pas de support extérieur. Une large perforation circulaire traverse la figurine de part en part, sur toute sa longueur.
La tête de la femme a disparu. Son bras droit repose sur un support indéterminé, sa main droite tenant un récipient, posé sur le genou droit. L’orifice de ce vase est tourné vers le bas. Son bras gauche pend le long du corps, le coude reposant sur la cuisse gauche et la main touchant le haut du pubis. La représentation de la main est délicate et soignée et les proportions de chaque orteil sont respectées. Ses bras, potelés, sont richement parés. Sur le bras droit, un bracelet à deux rangs est mis en valeur sous l’épaule, et un jonc à un rang orne le poignet. A gauche, un épais bracelet à un rang est glissé sous l’épaule et au poignet. Les doigts sont tous représentés. Les seins sont ronds, larges et évasés mais peu saillants. Les mamelons sont figurés grâce à deux petits orifices peu profonds, au milieu de chaque sein. Entre les deux seins, on remarque la présence d’un ornement constitué d’une boule saillante surmontant un disque plus large. Ce médaillon semble avoir été maintenu à l’aide de rubans croisés autour de la poitrine, dont une partie serait encore visible de part et d’autre sous les aisselles et au-dessus des seins. Le vase plastique en terre cuite d’époque romaine du musée du Louvre N° E. 20767 présente une suspension de ce type (DUNAND 1990, p. 207 N° 567). Au niveau de la cage thoracique, de légères ondulations matérialisent des bourrelets de chair. Le bassin est large, le ventre volumineux et saillant. En son centre, une légère incision marque le nombril. Etroite et peu profonde, elle adopte la forme d’un triangle dont la pointe est tournée vers le bas. Au-dessus, un léger pli accentue l’effet volumineux du ventre. Deux replis de chair rejoignant les deux hanches séparent le bas-ventre du pubis et mettent en valeur la rondeur du ventre. Le triangle pubien est profond. Une incision large mais peu profonde marque les parties génitales. Les cuisses sont larges ainsi que les mollets, collés contre elles. Le pied droit est cassé est le pied gauche est trop émoussé pour que l’on puisse y distinguer si les orteils ont été figurés. Un double bracelet orne chaque cheville. La surface sous la figurine a été aplanie avec un instrument de type couteau afin d’en assurer la stabilité en position dressée.
La figurine a été confectionnée dans un moule bivalve dont les traces de suture sont encore bien visibles. Les ornements visibles en partie antérieure (collier et bracelets) n’ont pas été gravés dans le moule postérieur. Au revers, les bras ne sont pas directement collés au corps et l’espace entre les bras et le corps n’a pas été évidé. Les omoplates sont saillantes. Juste au-dessous, on observe la figuration d’un léger creux, matérialisant la cambrure naturelle du dos. Entre les omoplates et le bas du dos des ondulations figurent, comme au niveau du ventre, l’imposante masse corporelle de la figurine. Deux ronds sont profondément marqués au niveau des lombaires. L’assise de la figurine est particulièrement charnue. Un large sillon souligne l’espace interfessier. Pour mettre en valeur la silhouette volumineuse, il s’affine jusque sous la figurine. Les fessiers ont été modelés de façon à permettre à la figurine une position assise et la base a été aplatie avec un instrument afin d’en assurer la stabilité.
La statuette Co. 2798 appartient au type des figurines « Baubo », apparues à l’époque ptolémaïque en Egypte jusque pendant la période romaine. Suivant une iconographie grecque ou gréco-romaine, les Baubos retrouvées en Egypte proviennent en très grande majorité de Basse Egypte, principalement d’Alexandrie et de Naucratis ainsi que du Fayoum. Les lieux et contextes de découverte sont variés, casernes, temples ou ateliers. La majorité des figurines de type Baubo fabriquées en Egypte sont réalisés en terre cuite moulée. Mais des exemplaires de la même époque existent également en faïence égyptienne (Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 15.43.329) et en verre (British Museum sous le numéro d’inventaire 18,710612.22), retrouvées en Egypte mais de fabrication phénicienne. Ces figurines sont toutes représentées nues, jambes écartées et exhibant leur sexe. La position exacte des mains et des bras varie d’une figurine à l’autre. Certaines sont dépourvues de tête, d’autres peuvent chevaucher un sanglier, d’autres encore jouent de la harpe (type incluant également des figurines où la tête est placée au-dessus de la vulve).
Le nom de « baubo » fait référence à la version orphique du mythe de Déméter, rapportée par Clément d’Alexandrie. L’hymne raconte que la déesse, désespérée par l’enlèvement de sa fille Perséphone par Hadès, trouve refuge à Eleusis où elle est recueillie par Baubo. Celle-ci l’invite à boire, mais essuie un refus de la part de Déméter. Elle décide alors de soulever ses jupes, lui dévoilant ainsi ses parties intimes. De surprise, la déesse éclate de rire, surmonte sa douleur et accepte la boisson. La découverte de figurines représentant chacune une femme dont le visage est posé juste au-dessus de la vulve datant de la fin du IVème siècle av. J.-C. dans les vestiges du temple de Déméter à Priène incita les archéologues à donner leur donner le nom de Baubo, bien que ces figurines n’immortalisent pas le geste de dévoiler ostensiblement ses parties génitales tel que rapporté dans l’hymne orphique de Déméter. Les statuettes découvertes en Egypte reçurent également le nom de Baubo, leur posture rappelant plus clairement celle de la déesse Baubo dans le mythe orphique.
L’obscénité apparente de ces figurines ne doit pas les cantonner aux catégories d’objets à caractère exclusivement érotique. En effet, plusieurs représentations féminines offrant ostensiblement leur sexe à la vue de tous, écartant parfois même ses lèvres à pleines mains, existent dans différentes cultures et à différentes époques. On peut citer, à titre d’exemple, la déesse indienne de la ferilité Lajja Gauri (une de ses représentations est conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 2000.284.13) dont les attributs divins sont précisément symbolisés par son exhibition sexuelle.
Les figurines de type Baubo découvertes en Egypte sont à remettre dans le contexte de la longue et riche évolution des figurines féminines nues d’Egypte. Dès le Moyen Empire, un certain nombre de types de figurines féminines font leur apparition en Egypte. Représentées nues, ces femmes sont, au contraire des Baubos, longilignes et dépourvue de toute obscénité, en dépit de leur nudité. Une autre grande catégorie est connue en Egypte, c’est celle des figurines féminines nues accompagnées d’un enfant allaitant. Dans les deux cas, elles sont liées à la fertilité et possèdent des fonctions protectrices et régénératrices aussi bien pour les vivants que pour les morts. A la Basse Epoque apparaît une nouvelle catégorie de figurines, préparant l’apparition des Baubos. Il s’agit d’un type de figurine jambes écartées présentant une vulve, prémisse des figurines de l’époque ptolémaïque. Un exemplaire est conservé au British Museum sous le numéro d’inventaire 1965,0930,954. Certains Baubos sont pourvus d’un orifice ou d’une bélière au sommet du crâne permettant de les suspendre et peut-être de les porter sur soi comme des amulettes puisqu’il s’agit d’objets de petite taille. Il semblerait donc qu’on ait affaire à des figurines garantissant la fertilité, la protection et la régénération, à l’image des précédentes figurines égyptiennes connues jusqu’à lors. La possibilité d’une grossesse expliquerait la corpulence des figurines. Les figurines de type Baubo sont donc à comprendre à la fois comme une étape fondamentale de la longue évolution des figurines féminines égyptiennes ainsi que comme une tradition hybride, mêlant des influences grecques évidentes, à des traditions égyptiennes et sans doute aussi des influences orientales, aux fonctions apotropaïques.
La figurine Co.2798 s’inscrit dans cette tradition de la piété personnelle. Elle tient dans la main droite un vase renversé, duquel semble s’échapper un contenu difficile à identifier. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les figurines d’Harpocrate où le dieu plonge sa main dans un pot, symbolisant ainsi la prospérité (un exemple est conservé au Metropolitan Museum of Art sous le numéro d’inventaire 89.2.2002). Cet élément ne fait que renforcer et confirmer la vocation de la figurine Co. 2798 à apporter prospérité et fertilité à son détenteur par le pouvoir vital du sexe féminin.
La collection égyptienne du musée Rodin possède trois autres figurines de type Baubo conservées sous les numéros d’inventaire Co. 2714, Co. 6120 et Co. 6091.
Anépigraphe.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 14,5 cm ; L. : 4,1 cm ; P. : 6,1 cm
Co. 774
L'oeuvre est en bon état de conservation. Le métal est oxydé mais la statuette est entière. Sur la face latérale droite du socle, une ligne d’hiéroglyphes de grande taille est en partie visible, sous une couche de corrosion. Sur la face arrière du socle, une cavité circulaire de 2 mm de diamètre à l’aplomb du pied gauche serait attribuable à un forage contemporain. Des concrétions de sédiment sont toujours présentes dans le nombril et à l’entre-jambes.
L’œuvre représente un enfant nu debout sur une base rectangulaire. Il s'agit d'Horus l'Enfant, dit Harpocrate. En position de marche apparente, sa jambe gauche est en avant. Son bras droit est plié, l’annulaire et le pouce se rejoignant pour se poser sur le menton. Les autres doigts sont soigneusement individualisés et repliés. Son bras gauche est placé le long du corps, le poing est fermé sur la cuisse et serre probablement un mékes. Remarquons que les deux pouces sont particulièrement longs. Les proportions générales de l’enfant semblent correctes. Entièrement nu, un bonnet orné d’un uraeus frontal, signe de divinité ou de royauté, couvre sa tête. La queue de cet uraeus s’étire jusqu’à l’arrière du crâne. Une mèche de l’enfance, striée de fins sillons rendant le dessin d’une tresse, se dégage du bonnet sur le côté droit. Épaisse, elle se termine par une volute tombant devant l’épaule droite de l’enfant.
Harpocrate possède de grands yeux en amandes dessinés par des sillons creusés dans le bronze. Ils encadrent un nez droit, légèrement empâté. Celui-ci surmonte une petite bouche pulpeuse dont les commissures des lèvres sont alignées avec les ailes des narines. Au-delà des pommettes saillantes, les oreilles se dégagent. De grande taille car masculines, elles sont sculptées avec précision. Le cou, relativement court et massif, se poursuit sur des épaules carrées et des bras aux proportions correctes sur lesquels le pli du coude a été rendu. Le buste de l’enfant est marqué par la présence de pectoraux et d’un ventre légèrement bombé modelé par deux bourrelets. Le premier se situe en-dessous des pectoraux, le second juste au-dessus de la zone pubienne. Le nombril est rond et profond. Les parties génitales de l’enfant ont été rendues grâce un renflement au niveau de l’aine. Les muscles dorsaux encadrant la colonne vertébrale se prolongent sur deux petits muscles fessiers qui eux-mêmes couronnent de longues jambes modelées avec soin. Les pieds, de type égyptien, sont longs et plats. Si la représentation physiologique des muscles actionnés par la marche est bien suggérée sur les membres inférieurs, les pieds sont néanmoins posés à plat sur le socle.
Harpocrate est une divinité bien connue dans l’art égyptien. Son nom égyptien Horpakhered, « Horus l’Enfant », a été transcrit par les grecs en Harpocrate. Sa première attestation date de la XXIe dynastie et sa première représentation de l’an 22 de Chéchanq III sur une stèle commémorant une donation pour le « flûtiste d’Harpocrate » (cf. FORGEAU Annie, Horus-Fils-d’Isis, La Jeunesse d’un dieu, BdE 150, Le Caire, 2010, p. 308).
Harpocrate est, à l’époque de sa création, Khonsou-l’enfant, fils d’Amon et de Mout et fait partie de la triade divine thébaine. Il devient ensuite un dieu à part entière, c’est-à-dire Horus l’Enfant, fils d’une union posthume entre Osiris et Isis. Enfant royal, son front est décoré d’un uraeus. Le dieu Seth, son oncle, cherchant à le tuer afin d’acquérir le pouvoir dont il doit hériter de son père, Harpocrate est élevé dans les marais de Chemnis, à l’abri de Seth. De par son histoire, il obtient une double symbolique, il est à la fois le nouveau soleil du matin et l’héritier divin qui doit succéder à son père, ce qui fait de lui le représentant et la représentation idéale du roi. Les pouvoirs divins qui lui sont attribués évoluent rapidement. En effet, d’après sa mythologie, sa mère Isis l’aurait guéri d’une piqûre de scorpion. Il obtient ainsi des capacités guérisseuses et protectrices face aux animaux dangereux comme le montre les stèles dites d’« Horus sur les Crocodiles ». Sur ce type de stèle, on peut voir Horus enfant maitrisant de chaque main un animal considéré comme dangereux, tels que les lions, les serpents ou les scorpions. On peut également mentionner Népri, dieu du grain et de la moisson, qui peut être représenté nu avec un doigt à la bouche. Harpocrate, qui possède la même iconographie, devient alors un dieu de la fertilité lié à Min et aux cultes agraires.
L’iconographie d’Harpocrate, dieu populaire à la fin des temps égyptiens, est simple et reconnaissable. Il s’agit d’un enfant nu portant la mèche de l’enfance du côté droit du crâne et généralement l’index à la bouche. Il peut être debout, assis sur un trône, sur une fleur de lotus ou sur les genoux d’une déesse qui l’allaite. Ses coiffes varient selon la divinité qu’il représente et c’est pourquoi, en plus de son iconographie infantile, il est l’image de tous les fils des triades divines et est ainsi naturellement distingué comme protecteur des enfants. De par son aspect juvénile caractéristique, nudité et attitude naïve du doigt sur la bouche, bonnet enserrant le crâne avec mèche de l’enfance, proportions des parties génitales, et enfin rondeur des joues et du ventre, Harpocrate devint l’image de tous les dieux enfants d’un panthéon égyptien de plus en plus sophistiqué. Les très nombreuses statuettes en terre cuite ou en bronze datant de l’époque hellénistique et romaine attestent de la popularité de son culte dont l’apogée se situe durant le IIe siècle de notre ère.
Enfin, notons que les auteurs classiques ont mal interprété le geste du doigt sur la bouche et l’ont compris comme étant « un symbole de discrétion et de silence », interprétation reprise par la suite par les ésotériques. En aucun cas cette attitude fait mention d’un quelconque respect des dieux par le silence. Ce geste de placer le doigt sur la bouche pour marquer le silence est un geste de notre époque et de notre culture et ne peut pas être appliqué aux égyptiens anciens. L’attitude d’Harpocrate est simplement l’image de l’enfance comme l’est la mèche tressée sur le côté du crâne.
La statuette Co. 774 servait d'ex-voto. Elle a été commandée et probablement déposée dans un lieu de culte dédié à Harpocrate afin qu'acquérir sa protection.
Le musée du Louvre conserve une œuvre similaire à celle du musée Rodin Co. 774, E 3642. Cette oeuvre du Louvre est coiffée de la couronne-hemhem, contrairement à celle du musée Rodin. Le British Museum, EA132908, ainsi que le Metropolitan Museum of Art de New York, 04.2.613, conservent des oeuvres ayant une iconographie plus proche de Co. 774. Enfin, on peut voir exposées plusieurs œuvres similaires au Penn Museum de Philadelphie, notamment E 2246 et 42-21-14.
Au Musée royal de Mariemont, une très belle statuette correspond aux caractéristiques iconographiques de l’œuvre Co. 774 (inv. n° B. 282).
Les statuettes en bronze d’Harpocrate sont très nombreuses et figurent dans les collections de nombreux musées du monde.
Les collections du musée Rodin conservent plusieurs exemples d’enfant en bronze, notamment Co. 789, Co. 810 ou Co. 2385, toutefois ces enfants sont dans la position assise. Il n’y a que deux oeuvres qui correspondent à l’attitude de l’objet Co. 774, il s’agit de Co. 687 et Co. 791.
Sur la face latérale droite du socle, une ligne d’hiéroglyphes de grande taille est en partie visible, sous une couche de corrosion. Encadré par une ligne, les signes, gravés en creux de droite à gauche, sont de grande taille et occupent tout l’espace du socle.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon, Pavillon de l'Alma, vitrine 7, 322, "Harpocrate debout sur un socle portant la main à la bouche. Il a l'uraeus et la tresse. Bronze très oxydé. Haut. 15 cent. Estimé vingt francs."
Donation à l’État français en 1916.
La figurine était exposée en 1913 dans une vitrine du Pavillon de l'Alma à Meudon.
Egypte > provenance inconnue
Basse Epoque à Période hellénistique et romaine
H. 10,2 CM ; L. 10,5 CM
Calcaire
Co.831
L'œuvre est en mauvais état de conservation. De nombreuses cassures et épaufrures sont visibles sur l’ensemble de la surface ainsi que des traces de lichens et de dépôts blanchâtres.
Il s’agit d’un modèle de sculpteur taillé dans un bloc de calcaire représentant une tête d’homme. Au niveau du front, un bandeau apparaît figurant peut-être la base d’une couronne ou un némès. Les yeux sont en amande et les sourcils sont peu marqués. Les narines sont larges, les commissures des lèvres sont bien marquées. Le menton semble présenter le départ d’une barbe postiche. Les oreilles sont sommairement taillées et la gauche est cassée. Le sommet de la tête est plat. La tête est plane au revers. Des dépôts blanchâtres ainsi que des traces de pigments noirs sont observés parsèment l’ensemble. L’ensemble est de facture grossière et des traces d’outils sont visibles sur l’ensemble de l’œuvre.
Une étiquette ancienne cartonnée blanche, portant le numéro 194 était inscrite au stylo bille bleu et posée sur la tête. Une étiquette octogonale cernée d’un double liseré bleu, avec le numéro 194 écrit à l’encre noire était collée au revers. Le numéro d’inventaire actuel est inscrit à l’encre noire, sur une pellicule isolante au revers.
Il s’agit de toute évidence d’un visage masculin, peut-être celui d’un roi ou d’un dieu.
La collection égyptienne du musée Rodin ne possède pas de modèle de sculpteur similaire. Des parallèles sont présents dans EDGAR Campbell.C., Sculptor’s Studies and unfinished Works, Catalogue général des Antiquités égyptiennes du musée du Caire Nos 33301-33506, Le Caire, 1906, n°33366 et n°33368.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 194, "Tête (modèle) en calcaire (cf. n° 153). Le roi a ici la barbe [dessin]. Haut. 10 cent. Larg. 10 cent. 1/2. Estimé 60 cent."
Donation Rodin à l'État français 1916.
Egypte > provenance inconnue
Époque hellénistique et romaine
H. 10,2 CM; l. 7,2 CM
Terre cuite
Co. 829
L'œuvre est en bon état de conservation.
Il s’agit d’un modèle de sculpteur en terre cuite réalisé par moulage grâce à un moule à creux perdu représentant un buste humain cassé sous la base du cou. Les bras ne sont pas représentés et le buste est cassé au niveau des épaules. Le nez fut réalisé en plâtre à une époque inconnue. Les yeux et les sourcils sont fortement creusés et semblent avoir été retravaillés à l’outil après le démoulage de la même manière que l’on travaille les parties de statues destinées à recevoir des incrustations. Il semble donc qu’il s’agisse d’un modèle pour une statue. Les oreilles ont un aspect singulier : le pavillon de l’oreille droite n’est pas sorti et celui de l’oreille gauche est replié sur lui-même. Le matériau et dense et non friable à l’ongle. On remarque plusieurs bulles sur l’ensemble de la surface. Des traces de pigments verts sur le sourcil gauche correspondent peut-être à de l’oxyde de cuivre. L’ensemble est de facture délicate et on remarque des lignes marquant les plis du cou.
L’ensemble représente une tête masculine et probablement royale. En effet, bien qu’elle ne soit pas très marquée, on remarque bien les contours d’une coiffe sur le front et le crâne. De plus, les deux bandes que l’on remarque au niveau des épaules confirme la présence d’un némès. Il s’agit donc d’un roi coiffé d’un némès en partie cassé. Le modèle Co.829 ressemble beaucoup au modèle de sculpteur conservé à l’Egypt Center de Swansea sous le numéro d’inventaire W166. Il s’agit donc de l’effigie d’un roi ptolémaïque.
D’autres parallèles sont visibles dans EDGAR Campbell.C., Sculptor’s Studies and unfinished Works, Catalogue général des Antiquités égyptiennes du musée du Caire Nos 33301-33506, Le Caire, 1906, pl. 62 33.478.
Anépigraphe.
Egypte > provenance inconnue
Époque ptolémaïque, XXXe dynastie
H. 8, 4 CM ; l. 6,6 CM
Matériau composite
Co. 828
L’épaule droite cassé ainsi que la partie inférieure à la base du cou. De nombreux éclats, griffures et épaufrures sont visibles notamment sur le nez.
Il s’agit d’un modèle de sculpteur représentant une tête de roi, coiffé d'un némès. Sur le front apparaît un bandeau, peut-être la base d’une couronne et la partie du némès. Les yeux sont étires, le bout du nez est légèrement épaté et la bouche est charnue. L’oreille droite est abîmée dans sa partie inférieure.
L’arrière présente une surface relativement plane tandis que le bas du cou remonte vers l’avant. L’œuvre a été moulée avec un moule à creux perdu. On observe des craquelures sous les narines certainement dues à la cuisson ainsi que des petites bulles de part et d’autre.
Des traces de pigments ocre sont observés sur la lèvre inférieure ainsi qu’à l’arrière. Le matériau est assez dense et non friable à l’ongle.
La facture est de moindre qualité. Les traits du souverain sont caractéristiques de l’iconographie royale de la Basse Époque à l’époque ptolémaïque.
La collection égyptienne du musée Rodin possède d’autres modèles de sculpteurs représentant des rois de tailles diverses à savoir les Co.833, Co.6311 et Co.786.
Des parallèles existent dans EDGAR Campbell.C., Sculptor’s Studies and unfinished Works, Catalogue général des Antiquités égyptiennes du musée du Caire Nos 33301-33506, Le Caire, 1906, pl. 12, 33.345, pl. 13, 33.350, pl. 14, 33.354 et dans TOMOUM Nadja, The Sculptor’s models of the Late and Ptolemaic Periods. A Study of the Type and Function of a Group of Ancient Egyptian Aretfacts, Le Caire, 2005, pl. 24, n°27-28.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 153, "Tête royale (modèle) en calcaire. La tête est coupée au-dessus du front suivant une section horizontale. La face postérieure est aplanie. Haut. 9 cm."
Donation Rodin à l'État français 1916.
Le modèle fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.
Egypte > provenance inconnue
Époque hellénistique et romaine (IVe – IIIe siècle avant J.-C.)
H. Max. 14,2 CM. l. max. 15,3 CM
Matériau composite
Co.786
L'œuvre est en bon état de conservation. Elle a probablement été retaillée, sans doute à l'époque moderne.
Il s’agit d’un buste pour lequel sont conservés le visage, le cou ainsi que le départ d’un collier. Les yeux sont tirés en amande, le bout du nez est fait de mortier rose. Le front est ceint d’un bandeau qui semble être la base d’une couronne ou un némès. La couronne n’est pas cassée et semble avoir volontairement été non réalisée. Les cheveux sont figurés sous le bandeau, au niveau des oreilles. L’ensemble présente de nombreuses marques de ciseaux. L’oreille gauche est très abîmé et présente des traces de mortier rose. Le buste est taillé de manière arrondie. Des griffures sont visibles au niveau du menton. Des traces de pigments noirs sont visibles dans le bas du cou, sous l’œil droit ainsi que sous la joue droite.
Cette œuuvre pourrait être un modèle de sculpteur mais elle évoque aussi les ex-votos apparus à l’époque ptolémaïque. Les traits du visage rappellent les caractéristiques stylistiques des visages royaux ptolémaïques. Un certain nombre de statuettes figurant le buste du souverain étaient placées dans différents sanctuaires et contribuaient à propager l’image du souverain au sein de la population et à travers tout le territoire. L’œuvre Co.786 ne présentant pas de marques de carroyages comme ceux que l’on retrouve sur les modèles destinés à être reproduits, il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un ex-voto.
La collection égyptienne du musée Rodin possède deux autres œuvres légèrement similaires à savoir les œuvres Co. 6311 et Co.833.
Des œuvres similaires sont conservées au Metropolitan Museum of Art (n°30.8.79) et au musée égyptien de Turin (N°1399).
L’œuvre Co.786 ressemble à une statue de Ptolémée II conservée au Vatican, voir Stanwick Paul Edmund, 1999, Egyptian Royal Sculptures of the Ptolemaic Period, cat.13.
Autres parallèles dans TOMOUM Nadja, The Sculptor’s models of the Late and Ptolemaic Periods. A Study of the Type and Function of a Group of Ancient Egyptian Aretfacts, Le Caire, 2005, pl.16, n°16.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 85, "Petit tête (modèle de sculpteur) en calcaire jadis peint. Elle est coupée au ras du front et la partie postérieure en est sectionnée verticalement ; très grande finesse d'expression. Le nez est abimé et a sans doute été refait. Haut. 14 cent. 1/2., larg. 12 cent. Estimée 1200 francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
Egypte > Provenance inconnue
Époque tardive (ou Basse Époque), Époque hellénistique (IVe – IIIe siècle avant J.-C.) à époque romaine (le plus probablement)
L. 7,1 CM ; l. 4,7 CM ; H. max. 3,5 CM
Calcaire
Co. 2467
L'œuvre est en bon état de conservation. De nombreuses salissures et pellicule brune, correspondant à des traces de dépôts d’enfouissement sur toutes les surfaces de l’objet.
Ce petit bloc de calcaire de forme rectangulaire est inédit. Le bloc comporte deux faces décorées, suggérant une orientation précise de l’objet (suivant celle du décor). Une empreinte de pied gauche humain, réalisée dans un creux profondément sculpté, apparaît sur la face supérieure. La facture est rustique ; les proportions et les détails anatomiques sont peu réalistes. Les orteils, exagérément longs, sont bien individualisés. Ils suivent le type dit « pied égyptien ».
Devant ce pied, sur la face latérale antérieure, une figure de serpent vu de face a été gravée en creux. Il s’agit d’un cobra protecteur, sur la défensive. Le reptile se dresse, sa tête est ornée d’un disque solaire. Poitrine gonflée, l’illusion du mouvement oscillant du cobra est suggérée par la gravure, pourtant sommaire. La poitrine de l’animal est en effet gravée en profond creux tandis que les volutes de sa queue, qui lui servent d’appui, sont au contraire en léger relief. Pour deux autres images de cobra dressés dans la collection, voir l’élément de décor mural en faïence vernissée bleu Co. 2310 (cobra vu de face) et la frise en calcaire polychrome Co. 3184 (cobra vu de profil).
De part et d’autre de l’image du serpent dressé, une incision sommaire serait à comprendre comme la représentation d’un sanctuaire éphémère, assurant le rôle de naos protecteur.
Fait rare dans la collection Rodin, un graffiti contemporain est incisé de part et d’autre du cobra « A » à sa droite et « PL » à sa gauche.
Des traces d’outils conséquentes sont visibles sur les faces latérales et la face inférieure du bloc. Si les deux faces gravées sont les mieux finies, aucune des deux n’a cependant été mise à un niveau constant. Le numéro d’inventaire est inscrit en noir en bas, à droite sur une pellicule isolante.
La réalisation du pied gauche apparait comme un des exercices les plus importants pour les apprentis sculpteurs. C’est en effet ce pied qui est figuré en avant, dans la position classique en statuaire égyptienne appelée « attitude de la marche » (YOUNG 1964, p. 250). Le pied gauche symbolise donc le mouvement et la marche d’un individu. Néanmoins, si on le compare au relief du musée du Caire Inv. N° JE 57209 qui est un modèle de sculpteur attesté (TOMOUN 2005, pl. 100c), le bloc du musée Rodin ne serait plutôt à un ex-voto, ce que laisse supposer les corrélats retrouvés au cours des fouilles dirigées par Fl. Petrie au début du XIXème siècle (voir infra).
Un objet similaire, quoique de dimensions plus conséquentes (H. 5 cm : l. 13 cm), a été retrouvé dans la ville de Memphis Est (maison B, contexte aux environs de 50 de notre ère) par les équipes de Fl. Petrie (PETRIE 2010, p. 45 et pl. XL, N° 33). Il est conservé à la Glyptotek Ny Carlsberg de Coprenhague (BAGH 2011, p. 54-55, Inv. N° ÆIN 1184).
Parmi les objets « mineurs » retrouvés par Fl. Petrie lors du dégagement du site du temple de Koptos au cours de l’hiver 1893-1894, un bloc de calcaire comportant une volée de marche à l’avant et l’empreinte creusée d’un pied droit sur la dalle de sommitale. D’autres blocs de pierre décorés d’empreintes de pieds ayant été retrouvés dans le temple, Petrie suggéra alors qu’une empreinte sacrée de pied se trouvait sur le site, comme dans différents sites du Proche-Orient. Pour lui, ces petits blocs comportant des empreintes de pieds humains sont à comprendre comme des copies (ou des modèles) d’une empreinte sacrée, et donc à considérer comme des « objets de piété ».
(PETRIE 1896, p. 24 et pl. XXI, N° 19).
Anépigraphe.
égypte > provenance inconnue
époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.
bronze (alliage cuivreux)
h. : 32 cm ; l. : 12,5 cm ; p. : 24,3 cm
co. 212
L'oeuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal très oxydé est fendu ou a disparu à de nombreux endroits. Les deux pattes avant sont sectionnées, l’œil gauche a été refait et il manque le pied arrière gauche. Une asymétrie importante est visible du côté gauche de l’animal.
En 1991, les restauratrices Fabienne Dall’Ava et Marie-Emmanuelle Meyohas constatent que la statue est très déformée et fissurée. Le plâtre a sans doute était introduit dans les creux pour camoufler ces déformations. D’importantes cassures, avec des décalages de niveau entre les morceaux, sont visibles à de nombreux endroits. Des lacunes de surface sont remplies de plâtre. La surface du métal est recouverte de produits de corrosion, sulfates, malachite parfois cristallisée, azurite. Des spots de chlorures apparaissent ponctuellement.
La statuette en bronze représente une chatte grandeur nature, assise sur ses pattes arrière. Les proportions sont bonnes mais les lignes générales de l’animal sont exagérées, notamment celles de la face.
Les oreilles, originellement percées, sont élancées. Le métal y a été dégrossi le long du bord extérieur. Leur bord intérieur se prolonge sur des arêtes encadrant le front. Pommettes et mâchoires étant proéminentes, les joues sont creusées et le pinch est marqué. L’arête du nez est fine à sa base puis s’élargit progressivement jusqu’au cuir du nez, particulièrement imposant sur cette œuvre. Les patons, sur lesquels les moustaches ne sont pas rendues, surmontent une large gueule et un petit menton. Les yeux, dont le contour est simplement creusé dans le métal, sont pleins. Ils n’étaient donc pas incrustés.
Le cou fin et court surplombe un sternum bombé et de longues pattes antérieures sur lesquelles les carpes sont modelés. L’ossature des épaules est rendue de façon angulaire. La grande détérioration de la partie dorsale de la statue ne permet pas de préciser ses détails. Notons toutefois que le haut du dos semble exagérément fin par rapport à la zone des fessiers. La queue, qui émerge progressivement de la croupe, longe le corps du côté droit et finit sa course au devant du pied antérieur droit.
Sous les pieds avant, un ressaut de forme rectangulaire permettait l’emboitement de la statue dans un socle antique, aujourd’hui disparu. La statuette repose aujourd’hui sur un socle en bois, déjà visible sur les clichés des vitrines du temps de Rodin (voir par exemple sur la photographie Musée Rodin, Ph. 830, cf. CHOUMOFF Pierre, L’atelier de peinture à Meudon, 20-23 novembre 1917).
(En ce qui concerne les termes utilisés pour la description de l’anatomie des félins).
Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil, et son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période Intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis. C’est notamment sur ce site, mais aussi à Thèbes (Haute-Égypte), à Beni Hassan (Moyenne-Égypte) ou sur le site de Saqqarah (Basse-Égypte), que furent mis au jour des cimetières contenant des centaines de chats momifiés. Les momies ou simulacres de momies étaient introduits dans des coffres de bois ou de bronze de forme rectangulaire ou zoomorphe, ou bien directement dans une statuette prenant l’aspect d’un chat assis. Des têtes de chat en bronze étaient aussi occasionnellement placées sur une momie enveloppée, en tant qu’ornement (cf. SCHORSCH Deborah, FRANTZ James H., dans Appearance and Reality, BMMA 55/3, hiver 1997-1998, p. 18). Ces momifications étaient destinées à deux pratiques religieuses différentes. Les momies pouvaient être des commandes de particuliers dans le cadre de leurs dévotions à la déesse Bastet. Mais elles pouvaient également être utilisées au cours de l’accomplissement du culte journalier dédié à la déesse féline.
Les dimensions du bronze Co. 212 laissent supposer que cette représentation de la déesse avait pour fonction de contenir une momie de chat et qu’elle correspond à l’une de ces deux catégories d’objets rituels.
De très nombreuses statuettes de ce type ont été mises au jour. Le musée du Louvre, le British Museum, le Penn Museum, le MMA, le Musée égyptien du Caire et de Turin regroupent en effet à eux-seuls près de soixante œuvres.
La statuette Co. 212 fait 32 cm de haut, or, seules quelques statuettes de chatte ont une hauteur équivalente.
Au Musée du Louvre : E 2533 (27,6 cm) et E 22 889 (37,5 cm). Cette dernière possède un scarabée rapporté sur le front. L'oeuvre Co. 203 devait certainement avoir également cet insecte inscrusté à l'emplacement décrit.
Au MMA de New York : 56.16.1 (32 cm) et 58.38 (38 cm).
Au British Museum : EA 64391 (42 cm). Cette statuette porte également un scarabée sur le front et des boucles d'oreille en or.
Au Museo Egizio di Torino : Cat. 0873 (34,5 cm).
Au Penn Museum de Philadelphie : E 14284 (56 cm).
Aux Musées du Cinquentenaire de Bruxelles : E. 06750 (45 cm).
Dans les collections du Musée Rodin, Co. 813, Co. 2371, Co. 804, Co. 769, Co. 2337, Co. 2424 et Co. 771 sont également des statuettes de chatte assise sur ses pattes postérieures. La statuette fragmentaire Co. 203 consiste en une tête de chatte qui avait probablement la même posture que Co. 212 à l’origine.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin avant mai 1906.
BOREUX 1913 : Meudon, Objets non en vitrine, atelier de peinture, 551, "Chat assis en bronze. Le métal est fendu ou a disparu en un grand nombre d'endroits. L'œil gauche a été refait. Estimé mille francs."
Donation à l’État français en 1916.
La statuette était exposée à Meudon dans l’atelier de peinture de la villa des Brillants.
Rodin la protégeait sous une petite cloche où elle fut photographiée, un drap posé à l'arrière pour lui servir de fond (musée Rodin, Ph. 1168).
Elle fut acquise avant mai 1906, date à laquelle elle fut décrite par Paul Gsell : « (...) Il me conduit dans une autre salle. Sous une vitrine, un chat égyptien de bronze vert, assis sur son train postérieur et droit sur ses pattes de devant, ferme à demi ses yeux énigmatiques et, relevant son museau plat semble encore attendre les hommages du peuple qui adorait les bêtes. » « Quelle grandeur de vérité ! dit Rodin. Ce n'est pas un chat, c'est toute l'espèce des chats ! Dans l'attache des membres, dans l'arc du dos, dans la charpente de la tête, il y a l'éternité d'un type vivant. Ces Egyptiens travaillaient pour toujours. Et d'ailleurs le culte qu'il vouaient aux animaux les aidaient à les comprendre. Ce chat, c'était un dieu pour l'artiste qui le modelait. C'était pour lui ce que fut, par exemple, la Vierge pour les sculpteurs du moyen âge ou de la Renaissance. Voilà pourquoi ce chat égyptien vaut les madones des cathédrales !» (GSELL 1er mai 1906, p. 94).
Paul Gsell le décrivit à nouveau en 1914 : « Sous une vitrine, un chat égyptien, de bronze vert, assis sur son train postérieur, se redressait sur ses pattes de devant, dans une majestueuse immobilité. – Il est admirable, mais j’ai beaucoup de peine à le préserver de l’oxydation. Voyez ses yeux qui se tuméfient et qui pleurent des granulations de métal !... Cette bête sacrée verse des larmes sur sa divinité perdue… Dites-moi si jamais aucun peuple a mieux exprimé l’énigme troublante de l’âme animale… Que c’est beau !... Seule une race pénétrée de dévotion pour les bêtes pouvait leur attribuer une telle noblesse… Car ce chat, pour l’artiste égyptien qui l’a sculpté, c’était à peu près l’équivalent de la Vierge pour les imagiers du Moyen Age !... » (GSELL 1914, p. 51).
Un autre photographe la saisit, posée sur une des gaines à rinceaux en plâtre que Rodin avait fait mouler pour poser ses propres sculptures lors de l’exposition de l’Alma en 1900. Sa silhouette se découpait sur un fond blanc, de face et de profil (musée Rodin, Ph. 2703-2704). Ces trois tirages montrent que la statue était déjà présentée sur son socle en bois actuel, conçu par Rodin ou acheté avec l’objet. A cette époque, le corps de la chatte était rempli de plâtre, et présentait de nombreuses fissures et les pattes de devant étaient cassées en deux. Le bronze était extrêmement corrodé, fidèle à la description qu’en fit Rodin au critique Paul Gsell.
A la mort de Rodin, en novembre 1917, une photographie de Pierre Choumoff montre la statuette exposée dans la grande vitrine le long de la verrière, parmi d’autres objets de la collection (musée Rodin, Ph. 830).
égypte > provenance inconnue
époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.
bronze (alliage cuivreux)
h. : 11 cm ; l. : 7,6 cm ; p. : 8,6 cm
co. 203
L'œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est très oxydé sur l'ensemble de l'objet et particulièrement au-dessus de l’œil gauche et sur le museau.
La tête était en plusieurs fragments qui ont été recollés. Les fissures qui les séparent sont toujours visibles. L’animal est brisé au niveau du cou. Il manque la pointe de l’oreille droite ; sur la planche couleur du catalogue Rodin Collectionneur, l’oreille est encore intacte.
Le fragment de statuette en bronze consiste en une tête de chatte brisée au niveau du cou.
Les traits de la face sont très marqués et exagérés. Les oreilles aux pointes carrées, épaisses et courtes, ont été excavées de moitié et striées horizontalement afin de rendre la pilosité de l’animal. Deux petits creusements sur les lobes, noircis par le temps, suggèrent que le félin portait des boucles d'oreille, probablement en or. Les bords intérieurs des oreilles se poursuivent sur des arêtes épaisses encadrant le front, sur lequel le métal est particulièrement dégradé. On peut émettre l’hypothèse d’une pierre ou d’un ornement quelconque qui, en se détachant de la statuette, a arraché une partie de la matière en surface. Les arêtes se prolongent pour former le nez, puis le cuir du nez dont les narines profondes sont désaxées sur la gauche. Les hautes pommettes tranchantes rejoignent les patons sur lesquels un décor constitué de fins sillons horizontaux dessine les moustaches. Les yeux, incisés dans le métal, ont un bord inférieur horizontal et un bord supérieur en arc de cercle. Ils étaient probablement incrustés à l’origine. Enfin, les mâchoires sont nettes et angulaires.
(En ce qui concerne les termes utilisés pour la description de l’anatomie des félins).
Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil. Son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période Intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis. C’est notamment sur ce site, mais aussi à Thèbes (Haute-Égypte), à Beni Hassan (Moyenne-Égypte) ou sur le site de Saqqarah (Basse-Égypte), que furent mis au jour des cimetières contenant des centaines de chats momifiés. Les momies ou simulacres de momies étaient introduits dans des coffres de bois ou de bronze de forme rectangulaire ou zoomorphe, ou bien directement dans une statuette prenant l’aspect d’un chat assis. Des têtes de chat en bronze étaient aussi occasionnellement placées sur une momie enveloppée, en tant qu’ornement (cf. SCHORSCH Deborah, FRANTZ James H., in Appearance and Reality, BMMA 55/3, hiver 1997-1998, p. 18). Ces momifications étaient destinées à deux pratiques religieuses différentes. Les momies pouvaient être des commandes de particuliers dans le cadre de leurs dévotions à la déesse Bastet, mais elles pouvaient également être utilisées au cours de l’accomplissement du culte journalier dédié à la déesse féline.
Les dimensions du bronze Co. 203 ainsi que la courbure du cou laissent supposer que cette représentation de la déesse faisait partie d’une figuration entière de chatte et avait pour fonction de contenir une momie de l’animal. Elle correspond alors à l’une des deux catégories d’objets rituels.
De très nombreuses statuettes de ce type ont été mises au jour. Le musée du Louvre, le British Museum, le Penn Museum, le MMA, le Musée égyptien du Caire et de Turin regroupent en effet à eux-seuls près de soixante œuvres.
Le fragment Co. 203 faisant 11 cm de haut, on peut logiquement supposer que l’œuvre devait atteindre plus de 25 cm dans son état originel. Or, seules quelques statuettes de chatte dépassent cette hauteur.
Au Musée du Louvre : E 2533 (27,6 cm) et E 22 889 (37,5 cm). Cette dernière possède un scarabée rapporté sur le front. L'oeuvre Co. 203 devait certainement avoir également cet insecte inscrusté à l'emplacement décrit.
Au MMA de New York : 56.16.1 (32 cm) et 58.38 (38 cm).
Au British Museum : EA 64391 (42 cm). Cette statuette porte également un scarabée sur le front et des boucles d'oreille en or.
Au Museo Egizio di Torino : Cat. 0873 (34,5 cm).
Au Penn Museum de Philadelphie : E 14284 (56 cm).
Aux Musées du Cinquentenaire de Bruxelles : E. 06750 (45 cm).
Dans les collections du Musée Rodin, Co. 2414, Co. 808, Co. 2423, Co. 811, Co. 809, Co. 681 et Co. 812 sont également des têtes de chatte. Les statuettes Co. 813, Co. 2371, Co. 804, Co. 769, Co. 2424, Co. 771 et Co. 212 reprennent probablement la même posture que Co. 203 à l’origine.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 131, "[Tête de chat] Idem - beaucoup plus grande. Haut. 11 cent. ½. Estimée quatre-vingt francs."
Donation à l’État français en 1916.
Cette tête de chatte avait été choisie par RODIN et Léonce BÉNÉDITE pour être exposée à l’hôtel Biron. Elle était présentée en 1913 à coté de la tête de chatte Co. 812.
Egypte > provenance inconnue
L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > première moitié du IIe s. après J.-C. (d’après le style)
Stuc polychromé et verre
H. 16 CM : l. 12 CM : P. 10,5 CM
Co. 1772
Le visage ainsi que la plaque de fond sont conservés. Le masque est cassé au niveau du cou, un fragment de coiffe est encore visible à droite. Le nez est endommagé au niveau des narines.
Les zones de contact entre la plaque de fond et le masque sont peu nombreuses. De la toile est visible dans les interstices.
La polychromie ne subsiste qu’à l’état de traces. L’or, qui est mentionné dans l’inventaire de 1913 : « masque (…) recouvert d’une couche d’or qui subsiste en partie », n’a pas été détecté lors de la campagne de restauration de 1993.
Le masque est celui d'un garçon ou d'un jeune homme.
La rondeur juvénile du visage est soulignée par la coiffure très schématique, en forme de calotte, faite d’incisions parallèles et régulières.
La tête était ornée d’un voile qui dégage le crâne presque complètement, et dont un fragment est encore visible sur le côté droit, passant sous l’oreille.
Le visage est imberbe. Les yeux, très grands, sont incrustés en verre opaque, teinté de blanc (pour la sclérotique), de noir (pour l’iris) et cerclés de bleu. Les sourcils sont indiqués en léger relief. Le nez est fin et de forme triangulaire. La bouche présente une lèvre inférieure plus étroite que la lèvre supérieure.
Les oreilles, schématiquement modelées, sont placées bas sur le crâne.
La coiffure est une version stylisée de celle, sobre et stricte, de l’empereur Trajan (98-117 ap. J.-C.). Voir par exemple la tête de statue Inv. 336 conservée à la Glyptothèque de Munich (cf. AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 23).
Le musée du Louvre, à Paris, conserve d’autres masques portant la même coiffure, mais présentant des variantes dans la forme et la longueur des stries. Ils sont tous datés de la même période, c’est-à-dire la première moitié du IIe siècle après J.-C. : E 12622 (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 107, B 34), AF 12535, AF 6676 et E 20199 (ibid. p. 109-111, B 36 à B 38). Certains ont le visage imberbe (comme Co. 1772), d’autres portent la moustache ou la barbe.
Un masque quasiment identique – à la différence que les yeux étaient peints et non rapportés – est conservé au musée Allard Pierson, le musée archéologique de l’université d’Amsterdam, sous le numéro d’inventaire APM 7110 (GRIMM 1974, p. 73 et pl. 21, 2).
A la différence de Co. 1772, il a conservé une partie de sa polychromie, peinture noire sur les cheveux, et pigment brun-rouge sur le visage.
Le masque E 21396 du musée du Louvre, à Paris, présente le même visage rond et porte la même coiffure. Bien que les yeux soient lacunaires sur le masque du Louvre, ils sont aussi particulièrement grands et devaient très probablement être incrustés d’une plaquette de verre peinte munie d’un contour de verre bleu. Le masque du Louvre provient d’Antinoé (fouilles d’A. Gayet, 1896-1897) et est également daté de la première moitié du IIe siècle après J.-C. (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 106, B 33).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation Rodin à l'État français 1916.