Époque impériale
Thot sur un pilastre
Elément de groupe
Commentaire
Etat de conservation
Incomplet. La figure principale manque. La partie conservée est brisée en une dizaine de fragments et a été restaurée. Le pilier est comblé de plâtre et sa face est endommagée.
Description
Tête d'ovidé
Commentaire
Etat de conservation
Incomplet. L’œuvre est brisé sous les cornes, à partir de l'échine.
Description
Il s’agit d’une tête, sinon de bélier du moins d’un ovidé, à deux longues cornes spiralées vers l’arrière de la tête et surmontée de deux autres cornes courbées en arrière. Un troisième élément similaire est situé dans le dos : s’agit-il d’une cinquième corne (?) ou d’un ruban rituel. L’animal est représenté de façon stylisée. Le sommet de la tête consiste en deux bosses entourées de chevrons, figurant les yeux. Une autre ligne de chevron court le long du chanfrein, du front jusqu’aux naseaux, et sur les côtés de la tête. Le même type de stries, pratiquées à l’outil, se trouve également sur les cornes.
Taureau
Apis ?
Époque hellénistique ou impériale
Commentaire
Etat de conservation
Complet à l’exception des cornes cassées et de l’oreille droite manquante. La base est ébréchée.
Description
La figurine représente un bovin debout moulé avec sa base. Le fanon est saillant. La tête est entièrement dépourvue de détails, à l’exception des cornes et des oreilles, disparues. Deux perforations fines, en haut et en bas de la tête ont peut-être servi à rapporter une couronne.
La présence d’une couronne rapportée conduirait à identifier la figure Co. 3177 comme un bovin sacré, le plus courant étant le taureau Apis, divinité vénérée à Memphis. La bête vivante, considérée comme l’épiphanie du dieu, était identifiée grâce à des caractéristiques bien particulières. En l’occurrence, Apis devait avoir la robe noire, un triangle blanc sur le front et une tache en forme d’aigle sur le dos, entre autres. Le dieu était représenté portant le disque solaire parfois augmenté d’un uraeus (Cf. Co. 5629 ou Co. 685). L’absence de l’élément rapporté ne permet cependant pas de proposer une identification certaine de l’animal. En effet, Apis n’était pas le seul dieu taureau du panthéon égyptien. Nous pouvons, par exemple, citer Bouchis, vénéré à Armant, ou Mnévis, vénéré à Héliopolis.
De plus, en l’absence de pis ou de phallus, il n’est pas possible de déterminer le sexe de l’animal représenté. Le bovin Co. 3177 pourrait également être une vache. Les cornes lyriformes abondent en ce sens (Boutantin, p. 266). Les déesses vaches, comme la déesse Hathor, sont nombreuses. Les mères des taureaux sacrés étaient d’ailleurs également vénérées de leur vivant et inhumées comme leur fils. De façon générale, les vaches était considérées comme les garantes de la régénération et assuraient la fonction de mère nourricière.
Enfin, il se peut également que la tête Co. 3177 soit un ex voto, sans qu’elle ne représente une divinité en particulier. Le « réalisme » stylistique de l’objet abonde dans ce sens.
La datation de cette figure est difficile. Le culte des animaux sacrés vivant, attesté depuis le XVe siècle avant J.-C., se poursuit jusqu’à l’époque impériale. La technique, le moulage, ainsi que le « réalisme » de la représentation permet de dater l’objet de l’époque hellénistique ou de l’époque impériale. Néanmoins, l’absence de détails et de modelé ne permet pas d’affiner davantage la datation de cet objet.
Harpocrate au pot
Commentaire
Etat de conservation
Incomplet. Pièce brisée en diagonale de la droite du visage au bras gauche, en-dessous du pot. La main gauche est lacunaire.
Description
Le personnage est représenté de face, plongeant sa main droite à peine conservé dans un pot dont il ne reste que la lèvre. Il porte la mèche de l’enfance à droite, une épaisse couronne alvéolée entourée d’un ruban dont une extrémité retombe sur l’épaule gauche. Cette couronne est surmontée d’un disque solaire décoré d’une fleur à 9 pétales et de rayons incisés et encadré de deux cornes et oreilles de taureau.
L’attitude et la mèche de l’enfance permettent de reconnaitre le dieu Harpocrate. « Horus l’enfant », est une divinité de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il partage l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connait une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine. Celles-ci proviennent majoritairement des nécropoles orientales d’Alexandrie. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna en Moyenne-Égypte, ou encore quelques exemplaires découvert à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Égypte, à Délos, Myrina ou Tarse entre autres. Il a été proposé que la fondation, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220).
Ces représentation constituent des témoins de l’intégration d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses attributs d’origine, dans le panthéon hellène. C’est le cas de la tête Co. 6126, qui représente Harpocrate affublé de la mèche de l’enfance, un de ses attributs habituels. Cette figurine en propose néanmoins une version hellénisée, la couronne de fleurs tenant davantage de l’iconographie grecque et le visage, bien que de réalisation médiocre, relevant du style grec, par le haut front, les grands yeux arrondis entre des paupières épaisses, les joues pleines et les lèvres lippues. Enfin, la combinaison d’attributs, ici la superposition de la couronne de fleur avec les cornes de taureau et le disque solaire, relève davantage de l’époque impériale à laquelle on constate une véritable débauche d’attributs notamment à hauteur des coiffures. Ce dernier élément permet de proposer une datation entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle apr. J.-C. pour la figurine Co. 2641. Il est cependant difficile de se montrer plus précis.
Les cornes et les oreilles de taureau associées au disque solaire sont des attributs de la déesse Hathor. L’adjonction d’attributs d’autres divinités, égyptiennes ou grecques, sur les représentations d’Harpocrate aux époques hellénistiques et impériales sont fréquentes. La multiplication d’attributs sur une seule et même image avait pour effet d’augmenter la puissance du jeune dieu. L’autre attribut visible sur cette figurine est le pot que tient Harpocrate contre son flanc gauche, dont seule la lèvre est conservée, et dans lequel il plonge sa main. Si les vertus fertiles d’Harpocrate sont le plus souvent mises en exergue par une corne d’abondance, cette dernière a parfois été substituée à un pot. Michel Malaise identifie deux groupes principaux d’Harpocrate au pot : Harpocrate, le pot posé à côté de lui (Co. 2503) ; Harpocrate tenant le pot contre le flanc gauche, dans lequel il plonge la main droite afin d’en saisir le contenu comme ici, ou la main devant la bouche pour en manger le contenu (Co. 6019). La substance qu’Harpocrate puise dans ce récipient serait, d’après Michel Malaise, l’athèra, une bouillie réalisée à base de farine, dont les prêtres d’Harpocrate s’enduisaient le visage. Cette bouillie était distribuée au fidèles et servait à nourrir les enfants ou comme remède aux adultes. Ainsi, le pot, comme la corne d’abondance, constitue le symbole de la force nourricière d’Harpocrate, en particulier vis-à-vis des enfants.
Tête d'Harpocrate
Harpocrate au pot
Commentaire
Etat de conservation
Description
Harpocrate au pot
Commentaire
Etat de conservation
Complet, le nez est ébréché.
Description
Cet enfant est nu, assis sur une haute base circulaire. Il a la jambe gauche repliée sous lui et la jambe droite tendue en avant. La main gauche est posée sur la cuisse et la main droite est portée au visage. Un pot est posé devant lui sur le sol. Il porte une large couronne de fleurs surmontée d’un pschent. Ces trois éléments permettent d’identifier ici le dieu Harpocrate. Enfin, il porte un pendentif globulaire.
Harpocrate, ou « Horus l’enfant », est une divinité de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il partage l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connaît une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine. Celles-ci proviennent majoritairement des nécropoles orientales d’Alexandrie. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna en Moyenne-Egypte, ou encore quelques exemplaires découvert à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Egypte, à Délos, Myrina ou Tarse entre autres. Il a été proposé que la fondation, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220).
Ces représentation constituent des témoins de l’intégration dans le panthéon hellène, d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses attributs d’origine, comme le pschent. La fondation d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), constitue un acte un acte officiel uqui aurait pu influer sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220). La figurine Co. 2737, affublée du pschent égyptien mais portant une couronne de fleurs, a les détails du visage difficilement lisibles. Il est néanmoins possible de distinguer un front en demi-lune qui surmonte de petits yeux entre d’épaisses paupières et des lèvres épaisses. Les joues rondes et le corps potelé tiennent au naturalisme de la représentation du dieu enfant. L’ensemble de ces éléments sont attribuables aux tendances stylistiques de la Grèce hellénistique.
Le pot posé devant lui permet d’identifier cette représentation comme celle d’un Harpocrate au pot. Si les vertus fertiles d’Harpocrate sont le plus souvent mises en exergue par une corne d’abondance, cette dernière a parfois été substituée à un pot. Michel Malaise identifie deux groupes principaux d’Harpocrates au pot : Harpocrate tenant le pot contre le flanc gauche, dans lequel il plonge la main droite afin d’en saisir le contenu (Co. 6072 ou 6126), ou la main devant la bouche pour en manger le contenu (Co. 6019) ; Harpocrate, le pot posé à côté de lui (Co. 2503). La substance qu’Harpocrate puise dans ce récipient serait, d’après Michel Malaise, l’athèra, une bouillie réalisée à base de farine, dont les prêtres d’Harpocrate s’enduisaient le visage. Cette bouillie était distribuée au fidèles et servait à nourrir les enfants ou comme remède aux adultes. Ainsi, le pot, comme la corne d’abondance, constitue le symbole de la force nourricière d’Harpocrate, en particulier vis-à-vis des enfants.
Les représentations d’Harpocrate assis par terre, un pot posé devant ou à côté de lui et datées de la fin de l’époque hellénistique sont rares (Jutta Fischer, Nr 572-573) et semblent se faire plus fréquentes à l’époque impériale. En outre, Harpocrate est ici représenté affublé de la bulla, un collier porté par les enfants libres romains. Des représentations d’Harpocrate nu assis au sol, tenant le pot de miel et portant la bulla sont connues par ailleurs (Jutta Fischer Nr. 578, 580-581) et sont datées de la première moitié du IIIe siècle apr. J.-C. ce qui enjoint à proposer une datation basse pour cette figurine, au cours du IIIe siècle apr. J.-C.
Tête d'Harpocrate
Commentaire
Etat de conservation
Incomplet. Seule la tête est conservée. Le nez manque.
Description
Personnage assis en tailleur
Époque impériale
Commentaire
Etat de conservation
Incomplet. Seul l'avers de la figurine est conservé. Les bords sont ébréchés et le bras gauche est manquant.
Description
La figurine représente un personnage masculin nu. Il est assis en tailleur, légèrement surélevé sur une base, les bras écartés. Il porte une chlamyde nouée autour de son cou. Le visage et la coiffure sont à peine lisibles. La figurine a donc vraisemblablement été moulée dans une matrice usée et dérivé d’un prototype ancien.
Le port de la chlamyde sur un corps nu relève de l’iconographie grecque. Cette figurine a été produite durant l’occupation grecque ou romaine de l’Égypte. Plus précisément, la pose évoque celle des orantes et orants d’époque impériale (Besques 1992, pl. 73) : nous pouvons reconnaître la posture, les jambes croisées en tailleurs et les bras écartés, bien que la figure Co. 2757 n’ait pas les bras fléchis, levé vers le ciel et les paumes des mains de face. L’extrême frontalité de ces figures, les jambes croisées paraissant être vues du dessus, est un trait stylistique constaté sur les productions de la fin du Haut Empire. Le naturalisme des proportions et de l’anatomie incite à ne pas trop abaisser la datation et à proposer que cette figurine ait été réalisée dans le courant du IIe siècle apr. J.-C.
Soldat macédonien
Caricature ou acteur
Commentaire
Description
Personnage masculin debout, vêtu d'une tunique plissée courte et d'une chlamyde attachée autour du cou. Les mains sont posées sur le ventre bedonnant et semblent tenir des attributs indiscernables ou retenir la chlamyde. Un bourrelet de tissu autour de son cou doit appartenir à une chlamyde portée en cape. Il est coiffé d'un béret à rebord plat et saillant, la kausia, le bonnet militaire macédonien. Le revers n'est pas détaillé, à l'exception de la kausia et de ses cheveux ondulés, descendant jusqu'aux épaules. Il a le visage rond et joufflu. Les yeux sont réduits à leur minimum, emprisonnés entre des paupières très épaisses. Les lèvres sont également épaisses.
La figurine Co. 5637 observe le même type qu’une autre œuvre de la collection d’Auguste Rodin, la figurine Co. 2748. Ils sont vêtus d’une tunique courte et d’une chlamyde attachée autour du cou. Leur aspect très trapu et leur ventre bedonnant incitent à les interpréter comme des caricatures. Les représentations caricaturales sont généralement regroupées avec la catégorie générique des « grotesques », désignant un ensemble de motifs très populaires à l'époque hellénistique, ayant en commun la représentation de figures disgracieuses à l’allure plus ou moins ridicule. Ces figures ont été conçues en Grèce où elles dérivent des sujets théâtraux, apparus au Ve siècle av. J.-C. : les acteurs sont alors représentés dans leur rôle, caricaturaux, avec leur masque, un ventre postiche et un phallus postiche lorsque le rôle l'impose. Petit à petit, la représentation de l’individu en tant que tel vient se substituer à l’acteur qui l’incarne. Ainsi, les attributs de l’acteur intègrent l’iconographie : les visages congestionnés se substituent au masque et le ventre postiche est conservé sous la forme d’une bedaine, comme chez Co. 2748 et Co. 5637. Une figurine similaire, conservée au British Museum, est d’ailleurs identifiée comme un acteur par Donald M. Bailey en 2008 (Bailey 2008, 3556, p. 135-136). Jutta Fischer, qui publie quelques figurines du même type (Fischer 1994, Nr 196-222, pl. 17-18), les désigne directement comme Macédoniens, démontrant qu’il n’est pas aisé d’établir une distinction claire entre représentations théâtrales, donc d’un rôle fictif, et représentations « réelles » d’un individu ou d’une catégorie d’individu, d’autant plus lorsque celles-ci entrent dans le champ de la caricature.
Les caricatures constituent des représentations à charge sociale et des effigies de l'altérité. Ces dernières sont diverses : le pauvre, l'esclave contre le notable ; le malade contre le bienportant ; l'étranger ou le barbare contre le Grec ou l'Egyptien. Ce dernier sujet peut être illustré par la tête Co. 5637, caricature de soldat macédonien. Même s’il s’agit de caricature, l’armée constitue par ailleurs un prétexte iconographique idéal pour représenter une autre communauté ethnique. Cette figurine, provenant d’Egypte ptolémaïque, est représentative de la réalité multiculturelle de l’Egypte lagide. Mais les effigies d’étrangers, notamment d’orientaux, produites en Egypte remontent au premier millénaire av. J.-C., à Memphis, et témoignent de l’antériorité de ce cosmopolitisme sur le territoire pharaonique (Ballet 2020, p. 96). Il s’agit également de l’évocation d’une réalité militaire : cette caricature peut être lue comme l’image du clérouque, un colon militaire d’origine macédonienne à qui est cédée une parcelle de terrain.
Les figurines citées ci-dessus, publiée par Bailey et Fischer, sont datées par les auteurs du IIIe ou du IIe siècle av. J.-C., nous proposant ainsi une datation pour les trois figurines du musée Rodin. La figurine la plus ressemblante aux nôtres parmi celles publiées par Jutta Fischer est cependant datée de la fin du IIe, voire du Ier siècle av. J.-C. (Fischer 1994, Nr 200), ce qui pourrait inciter à légèrement baisser la datation de ces objets au IIe siècle av. J.-C.
Soldat macédonien
Caricature ou acteur
Commentaire
Etat de conservation
Complet
Description
Cette figurine représente un personnage masculin debout. Il est trapu et vêtu d'une tunique plissée qui descend jusqu'aux genoux et d'un gilet boutonné sur un ventre proéminent. Ses deux mains sont posées sur son ventre et tiennent chacune un attribut indiscernable. Il est coiffé d'une kausia, un béret militaire macédonien plat et à rebord saillants. Le visage est joufflu. Le front bas surmonte des arcades sourcilières en arc de cercle. Les yeux sont petits et enfoncés entre d’épaisses paupières. Le nez est épaté et les lèvres courtes mais lippues. Le revers de la statuette n'est pas détaillé à l'exception du rebord de la kausia.
La figurine Co. 2748 observe le même type qu’une autre œuvre de la collection d’Auguste Rodin, la figurine Co. 5637. Leur aspect très trapu et leur ventre bedonnant incitent à les interpréter comme des caricatures. Les représentations caricaturales sont généralement regroupées avec la catégorie générique des « grotesques », désignant un ensemble de motifs très populaires à l'époque hellénistique, ayant en commun la représentation de figures disgracieuses à l’allure plus ou moins ridicule. Ces figures ont été conçues en Grèce où elles dérivent des sujets théâtraux, apparus au Ve siècle av. J.-C. : les acteurs sont alors représentés dans leur rôle, caricaturaux, avec leur masque, un ventre postiche et un phallus postiche lorsque le rôle l'impose. Petit à petit, la représentation de l’individu en tant que tel vient se substituer à l’acteur qui l’incarne. Ainsi, les attributs de l’acteur intègrent l’iconographie : les visages congestionnés se substituent au masque et le ventre postiche est conservé sous la forme d’une bedaine, comme chez Co. 2748 et Co. 5637. Une figurine similaire, conservée au British Museum, est d’ailleurs identifiée comme un acteur par Donald M. Bailey en 2008 (Bailey 2008, cat. 3556, p. 135-136). Jutta Fischer, qui publie quelques figurines du même type (Fischer 1994, Nr 196-222, pl. 17-18), les désigne directement comme Macédoniens, démontrant qu’il n’est pas aisé d’établir une distinction claire entre représentations théâtrales, donc d’un rôle fictif, et représentations « réelles » d’un individu ou d’une catégorie d’individu, d’autant plus lorsque celles-ci entrent dans le champ de la caricature.
Les caricatures constituent des représentations à charge sociale et des effigies de l'altérité. Ces dernières sont diverses : le pauvre, l'esclave contre le notable ; le malade contre le bienportant ; l'étranger ou le barbare contre le Grec ou l'Egyptien. Ce dernier sujet peut être illustré par la tête Co. 2730, caricature de soldat macédonien. Même s’il s’agit de caricature, l’armée constitue par ailleurs un prétexte iconographique idéal pour représenter une autre communauté ethnique. Cette figurine, provenant d’Egypte ptolémaïque, est représentative de la réalité multiculturelle de l’Egypte lagide. Mais les effigies d’étrangers, notamment d’orientaux, produites en Egypte remontent au premier millénaire av. J.-C., à Memphis, et témoignent de l’antériorité de ce cosmopolitisme sur le territoire pharaonique (Ballet 2020, p. 96). Il s’agit également de l’évocation d’une réalité militaire : cette caricature peut être lue comme l’image du clérouque, un colon militaire d’origine macédonienne à qui est cédée une parcelle de terrain.
Les figurines citées ci-dessus, publiée par Bailey et Fischer, sont datées par les auteurs du IIIe ou du IIe siècle av. J.-C., nous proposant ainsi une datation pour les trois figurines du musée Rodin. La figurine la plus ressemblante aux nôtres parmi celles publiées par Jutta Fischer est cependant datée de la fin du IIe voire du Ier siècle av. J.-C. (Fischer 1994, Nr 200), ce qui pourrait inciter à légèrement baisser la datation de ces objets au IIe siècle av. J.-C.