Ouchebti momiforme

fragment de pieds et base

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE.

BASSE ÉPOQUE PROBABLEMENT

[VOIR CHRONOLOGIE].

FAÏENCE SILICEUSE VERTE

H. 1,3 CM : l. 1,7 CM (BASE) : P. 2,2 CM (BASE)

CO. 6433

Commentaire

Etat de conservation

La statuette a été cassée au niveau des chevilles. La glaçure a perdu la vivacité de sa couleur, néanmoins le fragment est en bon état.

Description

Fragment de la partie inférieure d’un ouchebti, en faïence siliceuse verte. Sont conservés : la base rectangulaire (mesurant 0,6 cm de hauteur) et les pieds gainés.

 

Ce fragment devait à l’origine appartenir à un ouchebti de la Basse Époque dont plusieurs exemplaires sont conservés au musée Rodin. Par comparaison, il est possible de suggérer que le personnage était momiforme – seules les mains tenant les instruments agricoles sortaient du linceul – et devait porter une perruque longue et une barbe. Une colonne d’inscription était gravée en creux sur la face avant ; seuls les deux derniers signes sont conservés. D’après les proportions et le matériau, il est possible d’évoquer un éventuel raccord entre le fragment Co. 6433 et l’ouchebti Co. 3629, fortement érodé et sur lequel plus aucune trace d’inscription n’est visible.

 

La collection du musée Rodin comporte plusieurs ouchebtis complets, dont le style et la datation correspondent à Co. 6433 : Co. 2344, Co. 2354, Co. 2356 et Co. 2372.

 

Également appelés chabtis ou chaouabtis avant la XXIe dynastie, les ouchebtis (du verbe oucheb, « répondre ») sont des « répondants », des figurines funéraires chargées de répondre à l’appel du défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts. Les exemplaires les plus anciens sont peut-être à identifier parmi les figurines en terre crue ou en cire de la XIe dynastie (vers 2000 av. J.-C.). Au début du Moyen Empire, une formule magique devait être récitée sur une statue du maître défunt afin de le protéger des basses besognes obligatoires dans l’Au-delà. Cette effigie était généralement momiforme et en bois (cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 67). Les figurines en pierre apparaissent à la deuxième moitié de la XIIe dynastie et une formule magique apparaît alors sur leur corps. Il s’agit d’un extrait du chapitre VI du Livre des morts. Le nombre et la qualité des statuettes augmentent progressivement au cours du Nouvel Empire et, à partir de la Troisième Période intermédiaire (vers 1070 av. J.-C.), elles sont généralement réalisées dans une fritte émaillée de couleur bleue qui accroche le regard. Les ouchebtis sont particulièrement nombreux à la Basse Époque, une seule tombe pouvant en contenir environ quatre cent. (Concernant l’origine et la fonction des ouchebtis, cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 62-70 ; BOVOT 2003, p. 11-18 et p. 46-52)

Inscription

Deux signes hiéroglyphiques indiqués en creux figurent sur le dessus des pieds.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Ouchebti momiforme

Égypte > Région thébaine probablement

Troisième Période intermédiaire, XXIe dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

Faïence siliceuse bleue rehaussée de noir

H. 9,7 CM : l. 3,5 CM (BRAS) : P. 2,8 CM (PIEDS)

Co. 5645

Commentaire

Etat de conservation

Cassée en quatre fragments, la figurine a été recollée en 1998. Elle présente une érosion sur toute la surface, la couleur bleue a perdu sa vivacité et son aspect brillant. Dans le dos, entre les deux omoplates, deux coulures accidentelles de glaçure sont conservées. Elles permettent de reconstituer l’aspect d’origine de la surface. Lacunes au niveau de la tête, du visage et des pieds. L’inscription est partiellement effacée.

Description

Ouchebti en faïence siliceuse bleue. Le personnage est représenté debout. Son corps est entièrement emmailloté : les membres ne sont pas visibles. Seuls les avant-bras et les mains – sommairement exécutés en relief – apparaissent croisés au niveau de la poitrine. La statuette est imberbe ; elle porte une perruque tripartite. L’arrière de la figurine a été aplati. L’artisan n’ayant pas peint les mèches de la perruque, il est à remarquer que le pan arrière de la perruque n’est pas matérialisé sur cette surface plane.

 

Les traits du visage sont fortement érodés : le nez et la bouche ne sont plus visibles. Les détails des yeux et des sourcils ont été rendus au moyen de peinture noire, qui sert également à indiquer le bandeau de la perruque (formant une boucle en forme de croix ansée à l’arrière de la tête), ainsi que les houes et le sac de graines dans le dos. Absence de pilier dorsal à l’arrière de la figurine.

 

Une particularité est à observer sur le bandeau en tissu qui permet le maintien en place des mèches de la perruque : la boucle de fermeture en forme de croix ansée, visible à l’arrière de la tête. Représenté habituellement sur les ouchebtis à partir de la Troisième Période intermédiaire, ce bandeau ceignant le front et noué à l’arrière du crâne serait une transposition du bandeau seshed, l’un des symboles de résurrection (voir BOVOT 2003, p. 27).

 

L’ouchebti faisait partie de l’équipement funéraire des défunts aisés. Ces figurines funéraires étaient chargées de répondre à l’appel au défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants). La statuette Co. 5645 porte ainsi un grand sac à graines sur le dos. Ce sac, attaché aux épaules par deux cordelettes approximatives et hâtivement peintes en noir, ballotte dans le bas de son dos. Les croisillons du sac ont été imprimés dans la matière avant cuisson, puis les fibres ont été soulignées par d’épais traits noirs. Le sac semble accroché à un bâton suspendu à deux cordelettes, elles-mêmes rattachées à un bâton ou à une corde peinte au niveau de la nuque. Ce système de suspension est rare.

En bas à gauche, une ligne inexpliquée de peinture noire barre l’arrière de la figurine. L’application de cette ligne semble d’origine.

 

Ces divers éléments permettent de dater précisément cet objet de la XXIe dynastie (SCHNEIDER 1977, type 4.3.1) et de suggérer une provenance thébaine. En effet, des exemplaires de ce type d’ouchebti ont notamment été découverts dans la Cachette Royale de Deir el-Bahari (DB320), comme les statuettes de la reine Henouttaouy (épouse de Pinedjem Ier) et la statuette au nom du prêtre Nésipahoran.

 

De nombreux autres parallèles sont connus, par exemple, cette statuette de serviteur funéraire de la dame Henouttaouy, chanteuse d’Amon.

 

Bien que plus grand et de couleur plus foncée, Co. 2432 est de même type que Co. 5645 et peut être daté de la même époque.

 

Inscription

Une colonne de texte hiéroglyphique est peinte en noir à l’avant de la statuette. Le texte, qui se lit de droite à gauche, part de sous les mains et descend jusqu’aux pieds :  Osiris prêtre de Neith ? ... dans le domaine d'Amon ... justifié (traduit par Jean-Luc Bovot)

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Ouchebti momiforme

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

FIN DE LA BASSE ÉPOQUE (XXIXE-XXXE DYNASTIES)

[VOIR CHRONOLOGIE].

Faïence siliceuse VERTE

H. 8,9 CM : l. 3,1 CM (BRAS) : P. 1,8 CM (TÊTE)

CO. 3632

Commentaire

Etat de conservation

Cassé en deux fragments au niveau du buste, recollés en 1998. Fragmentaire (il manque le bas des jambes, les pieds et la base). Mauvais état de conservation : toute la surface de l’objet est érodée (le visage et les mains sont arasés). La glaçure a perdu la vivacité de sa couleur et sa brillance (comparer avec Co. 2344 et Co. 2356). L’érosion est plus accentuée sur le côté droit de la statuette. Des crevasses sont visibles sur le côté gauche au niveau de la tête.

Description

Cet Ouchebti est en faïence siliceuse verte. Il représente un personnage debout, le corps entièrement gainé. Seuls les bras et les mains – sommairement exécutés en relief – apparaissent croisés au niveau de la poitrine. Chacune des mains, aux poings fermés avec le pouce apparent, tient un outil agraire que l’on peine à distinguer, très probablement une houe et un pic. La tête est ornée d’une perruque tripartite et le menton d’une longue barbe fine, tressée. Les traits du visage et les oreilles, de grande taille, étaient détaillés mais sont fortement érodés (comparer avec Co. 2356, très bien conservé). Le nez devait être plutôt large et la bouche souriante.

 

Cet Ouchebti n'a pas de pilier dorsal. La face arrière est plate, très légèrement concave. On remarque un léger renfoncement dans le bas du dos, espace qui pourrait correspondre à un sac à graines pendant sur les reins. À noter que Co. 3632 devait à l’origine être pourvu d’une petite base rectangulaire.

 

Le matériau et le style de Co. 3632 sont typiques de la Basse Époque (SCHNEIDER 1977, type 5.3.1). Certaines caractéristiques, comme la forme de la perruque et la longue barbe fine, indiqueraient plutôt la fin de la période (XXIXe-XXXe dynastie). Un proche parallèle est l’ouchebti au nom de Nesbanebdjed, daté de la XXXe dynastie, proposé à la vente chez Sotheby en 2008.

 

La collection du musée Rodin comporte plusieurs objets semblables à Co. 3632 et mieux conservés : Co. 2344, Co. 2356, Co. 2354 et Co. 2372, mais le plus proche parallèle est Co. 3633.

 

Également appelés chabtis ou chaouabtis avant la XXIe dynastie, les ouchebtis (du verbe oucheb, « répondre ») sont des « répondants », des figurines funéraires chargées de répondre à l’appel du défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts. Les exemplaires les plus anciens sont peut-être à identifier parmi les figurines en terre crue ou en cire de la XIe dynastie (vers 2000 av. J.-C.). Au début du Moyen Empire, une formule magique devait être récitée sur une statue du maître défunt afin de le protéger des basses besognes obligatoires dans l’Au-delà. Cette effigie était généralement momiforme et en bois (cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 67). Les figurines en pierre apparaissent à la deuxième moitié de la XIIe dynastie et une formule magique apparaît alors sur leur corps. Il s’agit d’un extrait du chapitre VI du Livre des morts. Le nombre et la qualité des statuettes augmentent progressivement au cours du Nouvel Empire et, à partir de la Troisième Période intermédiaire (vers 1070 av. J.-C.), elles sont généralement réalisées dans une fritte émaillée de couleur bleue qui accroche le regard. Les ouchebtis sont particulièrement nombreux à la Basse Époque, une seule tombe pouvant en contenir environ quatre cent. (Concernant l’origine et la fonction des ouchebtis, cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 62-70 ; BOVOT 2003, p. 11-18 et p. 46-52)

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon/pavillon de l'Alma/vitrine 20, 513, "Deux petis ushabtis en terre émaillée verdâtre. L'un est anépigraphe. L'autre porte deux lignes verticales, l'une sur sa face antérieure, l'autre sur sa face postérieure. Haut. 9 cent. Il manque le bas d'un de ces ushabtis. Sans valeur."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

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Ouchebti momiforme

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE.

FIN DE LA BASSE ÉPOQUE (XXIXE-XXXE DYNASTIES PROBABLEMENT)

[VOIR CHRONOLOGIE].

Faïence siliceuse VERTE

H. 10,7 CM : L. 3,7 CM (BRAS) : P. 2,3 CM (TORSE)

CO. 3631

Commentaire

Etat de conservation

Objet fragmentaire (il manque les pieds et la base). Bon état de conservation, excepté la glaçure qui a perdu la vivacité de sa couleur. La statuette devait à l’origine être de teinte bleu-vert intense, comme Co. 2344 ou Co. 2356. Néanmoins, son aspect brillant est en partie conservé. Un éclat est visible sur la main gauche et sur la barbe.

 

Un fragment de base présent dans la collection du musée Rodin (sans numéro d’inventaire) serait à raccorder à cette statuette (les proportions, le matériau et la facture correspondent, ainsi que des traces d’oxydation brunes). La face avant et le dessous de petite cette base sont en partie conservés (1 cm de hauteur, 1,7 cm de largeur et 1 cm de profondeur).

Description

Ouchebti en faïence siliceuse verte. Le personnage est debout ; il devait à l’origine se tenir sur une petite base rectangulaire dont un petit fragment (sans numéro d’inventaire) serait à raccorder. Sur ce fragment, il est visible que les pieds, momiformes, débordent légèrement à l’avant.

Le corps étant entièrement gainé, les membres ne sont pas visibles. Seules les mains – sommairement exécutées en relief – apparaissent croisées au niveau de la poitrine. Poings fermés avec le pouce apparent, elles tiennent chacune une houe, réalisée en relief. La main gauche a disparu dans un éclat. La tête est coiffée d’une perruque tripartite et le menton d’une longue barbe tressée. Les oreilles et les traits du visage devaient à l’origine être détaillés mais ils sont partiellement érodés (comparer avec Co. 2356, très bien conservé). Le visage est allongé et les oreilles, de grande taille, sont très visibles. La glaçure, appliquée en couche épaisse, masque en partie les détails de la figurine.

 

Au revers de l’objet, un pilier dorsal, épais, s’arrête au bas de la perruque. On devine que, à gauche de la perruque, le personnage porte un sac à graines sur le dos. Il est suspendu à l’épaule par une cordelette, qui retombe à l’avant jusqu’au niveau de la main droite. L’ouchebti faisait partie de l’équipement funéraire des défunts aisés. Chargés de répondre à l’appel au défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants), ces figurines furent au fil du temps réunies dans la tombe en nombre de plus en plus conséquent.

 

Le matériau et le style de cette figurine sont typiques de la Basse Époque, en particulier dans certains détails, la longue barbe, l’emplacement du sac à graines, les mains qui tiennent une houe, ainsi que le pilier dorsal (SCHNEIDER 1977, type 5.3.1). De nombreux exemplaires datés de cette période ont été répertoriés. Un proche parallèle à Co. 3631 est le serviteur funéraire au nom de Horemkhebi, daté de la XXXe dynastie.

 

La collection du musée Rodin comporte plusieurs objets semblables à Co. 3631 : Co. 2344 et Co. 2356 (complets et bien conservés) ; Co. 2354 et Co. 2372 (plus détaillés).

 

Également appelés chabtis ou chaouabtis avant la XXIe dynastie, les ouchebtis (du verbe oucheb, « répondre ») sont des « répondants », des figurines funéraires chargées de répondre à l’appel au défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts. Les exemplaires les plus anciens sont peut-être à identifier parmi les figurines en terre crue ou en cire de la XIe dynastie (vers 2000 av. J.-C.). Au début du Moyen Empire, une formule magique devait être récitée sur une statue du maître défunt afin de le protéger des basses besognes obligatoires dans l’Au-delà. Cette effigie était généralement momiforme et en bois (cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 67). Les figurines en pierre apparaissent à la deuxième moitié de la XIIe dynastie et une formule magique apparaît alors sur leur corps. Il s’agit d’un extrait du chapitre VI du Livre des morts. Le nombre et la qualité des statuettes augmentent progressivement au cours du Nouvel Empire et, à partir de la Troisième Période intermédiaire (vers 1070 av. J.-C.), elles sont généralement réalisées dans une fritte émaillée de couleur bleue qui accroche le regard. Les ouchebtis sont particulièrement nombreux à la Basse Époque, une seule tombe pouvant en contenir environ quatre cent. (Concernant l’origine et la fonction des ouchebtis, cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 62-70 ; BOVOT 2003, p. 11-18 et p. 46-52)

Inscription

Anépigraphe.

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Ouchebti momiforme

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE.

BASSE ÉPOQUE

[VOIR CHRONOLOGIE].

FAÏENCE SILICEUSE VERTE

H. 7,5 CM : l. 1,8 CM (BRAS) : P. 1,3 CM (TÊTE)

CO. 3629

Commentaire

Etat de conservation

L’objet est fragmentaire (il manque les pieds et la base) et en mauvais état de conservation. La surface est très érodée et les détails du visage et des mains, croisées sur la poitrine, ont été complètement arasés. La glaçure a complètement disparu (comparer avec Co. 2344 et Co. 2356), les oxydes de cuivre ont teinté la pâte en vert clair. Un enfoncement (lacune en cours de modelage ?) est perceptible au sommet droit du crâne, le flanc gauche a perdu tout revêtement. Toute la surface de l’objet est empoussiérée.

Description

Ouchebti en faïence siliceuse verte, de petite taille. Le personnage est debout. Son corps est entièrement emmailloté. En dépit de l’arasement de la surface, il est possible de supposer que seules les mains, tenant des instruments agraires, émergeaient à l’origine du linceul. La tête est ornée d’une perruque tripartite et le menton d’une barbe, à présent fortement érodées. Les traits du visage et les oreilles ne sont plus reconnaissables, seuls des trous sont visibles au niveau des yeux. Le revers de la figurine est plat, sans pilier dorsal.

L’ouchebti faisait partie de l’équipement funéraire des défunts aisés. Au fil du temps, ces figurines étaient réunies dans la tombe en nombre de plus en plus conséquent. Chargées de répondre à l’appel du défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants), ces figurines tenaient généralement des instruments agraires dans les mains.

 

Conservée dans les collections du musée (Co. 6433), la partie inférieure d’un ouchebti serait éventuellement à raccorder à cette statuette. Il s’agit de pieds emmaillotés et reposant sur une base. Les deux fragments ne sont pas jointifs, mais les proportions et la matière correspondent. Sur ces pieds, deux hiéroglyphes indiqués en creux sont encore lisibles.

 

Le matériau et le style de cette figurine sont typiques de la Basse Époque (SCHNEIDER 1977, type 5.3.1). De nombreux exemplaires datés de cette période ont été répertoriés.

 

La collection du musée Rodin comporte plusieurs objets comparables à Co. 3629 : Co. 2344 et Co. 2356 (complets et bien conservés) ; Co. 2354 et Co. 2372 (plus détaillés).

 

Également appelés chabtis ou chaouabtis avant la XXIe dynastie, les ouchebtis (du verbe oucheb, « répondre ») sont des « répondants », des figurines funéraires chargées de répondre à l’appel au défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts. Les exemplaires les plus anciens sont peut-être à identifier parmi les figurines en terre crue ou en cire de la XIe dynastie (vers 2000 av. J.-C.). Au début du Moyen Empire, une formule magique devait être récitée sur une statue du maître défunt afin de le protéger des basses besognes obligatoires dans l’Au-delà. Cette effigie était généralement momiforme et en bois (cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 67). Les figurines en pierre apparaissent à la deuxième moitié de la XIIe dynastie et une formule magique apparaît ensuite sur leur corps. Il s’agit d’un extrait du chapitre VI du Livre des morts. Le nombre et la qualité des statuettes augmentent progressivement au cours du Nouvel Empire et, à partir de la Troisième Période intermédiaire (vers 1070 av. J.-C.), elles sont généralement réalisées dans une faïence siliceuse de couleur bleue qui accroche le regard. Les ouchebtis sont particulièrement nombreux à la Basse Époque, une seule tombe pouvant en contenir jusqu'à quatre cent. (Concernant l’origine et la fonction des ouchebtis, cf. SCHNEIDER 1977, vol. I, p. 62-70 ; BOVOT 2003, p. 11-18 et p. 46-52)

Œuvres associées

Conservée dans les collections du musée (Co. 6433), la partie inférieure d’un ouchebti (des pieds emmaillotés sur une base) serait éventuellement à raccorder à cette statuette. Les deux fragments ne sont pas jointifs, mais les proportions et la matière correspondent. Sur ces pieds, deux hiéroglyphes indiqués en creux sont encore lisibles.

Inscription

L’ouchebti Co. 3629 est anépigraphe. En ce qui concerne les inscriptions du fragment d’ouchebti Co. 6433, qui serait la partie inférieure de Co. 3629, voir la notice du Co. 6433.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Baubo

Égypte > Provenance inconnue

Époque Hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 7,9 CM ; L. 4,5 CM ; P. 2,1 CM

Co. 6120

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La valve du revers est manquante. La valve avers est cassée au niveau du bras et de la jambe droits. 

Description

Il s’agit d’une figurine féminine nue assise sur les fesses. Numéro d’inventaire inscrit à l’encre noire sur une pellicule isolante au revers.

La tête est ovale. Le front est haut, les sourcils finement incisés. Les yeux sont délicatement incisés, les paupières supérieures et inférieures sont visibles. Les nez est droit, le bout est légèrement épaté. La bouche est charnue ainsi que les joues. Le menton est saillant. La chevelure est séparée en une raie au sommet du crâne. Les deux parties sont divisées en une succession de quatre mèches descendant de chaque côté. Les légères incisions et piquetages sur les mèches donnent l’impression d’une chevelure bouclée. La tête est coiffée d’une couronne bourrelet ornée de quatre rubans verticaux ou diagonaux. Les oreilles ne sont pas directement visibles mais on observe deux pendants d’oreille en forme de boucle atteignant les épaules. Le cou est quasi invisible, donnant l’impression que le menton touche volontairement le haut du buste. En haut des seins est incisée une ligne joignant les deux épaules et formant un v sous le menton. Les seins sont imposants mais flasques. Sous les seins se trouvent deux incisions parallèles représentant des bourrelets. Le ventre est volumineux et saillant pourvu d’un nombril profond et large. Une légère cassure verticale entre le pubis et le nombril est visible. Entre le bas-ventre et le nombril apparaissent deux lignes horizontales parallèles formant une ceinture. Le pubis est triangulaire et orné d’une incision partant du haut du pubis jusqu’en bas et figurant le clitoris et les lèvres. La main droite repose sur la ceinture et le haut du pubis. La cuisse gauche est épaisse et repliée contre le ventre, présentant ainsi la jambe en position horizontale. Le pied gauche est manquant. On observe une incision entre le genou et la cheville représentant peut-être un bracelet. Le bras gauche pend le long du corps, la zone entre le bras et le corps étant comblée. Un bracelet à double rang est incisé entre l’épaule et le coude. Un second bracelet à rang unique est incisé au revers au niveau du poignet. Le bras gauche passe derrière le mollet gauche, laissant la main le saisir par en-dessous, le pouce apparaissant au revers et les doigts sous la jambe.   Moulée dans un moule bivalve (trace du percement réalisé au sommet de la tête avant séchage de la terre et après réunion de deux partis, avers et revers).

Il ne reste de la valve revers que l’arrière du bras gauche. La ligne de suture entre les deux valves est bien visible sur le profil du bras gauche. Il est possible que l’extrémité du pied gauche ait été moulée à part ainsi que la tête, probablement issue d’un autre moule bivalve. On remarque une fine fente sur la face qui correspond sans doute à la ligne d’assemblage entre la tête et le corps. Un orifice est présent sur le sommet du crâne, probablement réalisé avant la cuisson. Il est possible que cette opération ait été effectuée afin de créer un évent supplémentaire ou bien pour fixer ultérieurement un autre attribut.   On observe plusieurs traces d’outils, notamment au niveau de la couronne ainsi que de nombreuses traces de doigts au revers. Des traces de pigments noirs sont également présentes au niveau de l’œil gauche et de la main droite ainsi que de pigments ocre rouge dans les cheveux. D’autres traces de pigments ocre rose sont observées à plusieurs endroits de la figurine.

 

La figurine Co. 6120 appartient au type de figurine féminine « baubo ». Il s’agit de figurines qui font leur à la période ptolémaïque et qui perdurent jusque pendant la période romaine. L’iconographie de ces figurines est grecque ou gréco-romaine. Les figurines de ce type retrouvées en Egypte proviennent en très grande majorité de Basse Egypte, principalement d’Alexandrie et de Naucratis ainsi que du Fayoum. Leurs contextes de découvertes sont variés, allant de casernes aux temples en passant par des ateliers. La majorité des figurines de type Baubo, réalisées au cours de la période gréco-romaine, à l’instar de la figurine Co.6120, celles fabriquées en Egypte sont réalisés en terre cuite moulée. Mais des exemplaires de la même époque existent également en faïence égyptienne, à l’image de la figurine conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 15.43.329 et en verre, à l’image des figurines conservées au British Museum sous le numéro d’inventaire 18,710612.22  retrouvées en Egypte mais de fabrication phénicienne. Ces figurines sont toutes représentées nues, toutes offrants leur sexe, jambes écartées, la position exacte des mains et des bras variant d’une figurine à l’autre. Certaines sont dépourvues de tête, d’autres peuvent chevaucher un sanglier, d’autres encore jouent de la harpe et ce type inclue également les figurines où la tête est placée au-dessus de la vulve.

 

Le nom de Baubo fait référence à la version orphique du mythe de Déméter rapportée par Clément d’Alexandrie. L’hymne raconte que la déesse, désespérée par l’enlèvement de sa fille, Perséphone, par Hadès, trouve refuge à Eleusis où elle est recueillie par Baubo. Celle-ci l’invite à boire, mais essuie un refus de la part de Déméter. Elle décide alors de soulever ses jupes, lui dévoilant ainsi ses parties génitales, faisant rire la déesse qui accepte la boisson. Ce mythe fait écho à l’hymne homérique où Iambé remplaçant Baubo  parvient à dérider la déesse en lui disant des plaisanteries grossières. La découverte de figurines représentant chacune une femme dont le visage est posé juste au-dessus de la vulve datant de la fin du IVe siècle av. J.-C. dans les vestiges du temple de Déméter à Priène incita les archéologues à donner leur donner le nom de Baubo, bien que ces figurines n’immortalisent pas le geste de dévoiler ostensiblement ses parties génitales tel que rapporté dans l’hymne orphique de Déméter. Les figurines découvertes en Egypte reçurent également naturellement le nom de Baubo, leur posture rappelant plus clairement celle de Baubo dans le mythe orphique.

 

Avant d’être des représentations de corps féminins, ces figurines sont avant un geste, celui de l’anasyrma, terme grec désignant le fait de soulever ses jupes dans le but d’exposer sa vulve. Un parallèle égyptien existe selon lequel la déesse Hathor aurait également eu recours à l’anasyrma afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie, après qu’il ait été offensé par le dieu Baba. Différents rituels égyptiens incluent ce geste à l’image des rituels hathoriques incluant des danses interprétées par les khenerout, où celles-ci exposaient leur vulve au moment culminant du rituel, ou encore lors du festival de Bubastis, durant lequel les femmes y participant dévoilaient leurs parties génitales, selon Hérodote et Diodore de Sicile. On peut également mentionner le culte du taureau Apis. En effet, durant les quarante jours auprès le choix du nouveau taureau sacré, les officiantes lui exhibaient leur vulve afin d’assurer la régénération posthume du précédent taureau décédé en le corps du nouveau choisi, assurant ainsi la transmission des attributs divins d’un animal à un autre. Ainsi, si l’anasyrma possède de toute évidence un caractère bénéfique et régénérateur en Egypte, il est à noter que les auteurs s’accordent à dire que le même geste effectué dans un contexte grec et diriger vers une personnalité masculine perd sa fonction consolatrice comme dans la légende de Baubo, et devient au contraire un geste de défiance et de honte.

 

Faut-il voir dans ces statuettes des représentations de Baubo ? La réponse n’est pas si aisée. Certains éléments peuvent effectivement renvoyer au mythe de Déméter et à la gestuelle de Baubo. Il y a tout d’abord l’exhibition de la vulve ainsi que le caractère grossier et grotesque des figurines qui fait écho à un moment précis des Mystères d’Eleusis durant lequel les initiés devaient adopter un comportement et un langage grossier. La présence occasionnelle du sanglier sous la figurine féminine pourrait éventuellement évoquer certains aspects des Mystères d’Eleusis. L’étymologie-même du nom de Baubo fait débat. Sa racine forme des termes se rapportant à divers domaines, notamment à celui du sommeil mais également au mot Baubo, qui désigne un godemiché. Cependant, on peut aussi rapprocher le nom de Baubo de celui de la déesse sumérienne Bau, vénérée également chez les Phéniciens parfois sous le nom de Baev et qui est une divinité des eaux primordiales. Le nom de Baubo est loin de faire l’unanimité parmi les chercheurs, certains proposant plutôt d’y voir une représentation d’Omphale, reine de Lydie connue pour avoir soumis Héraclès à sa volonté avant de l’épouser. En effet, des amulettes à l’effigie d’Omphale étaient répandues dans le monde romain et réputées protéger les futurs mères et leur bébé. Quoi qu’il en soit, l’intérêt de ces figurines réside vraisemblablement moins dans la figure mythique qu’elles peuvent représenter que dans le geste qu’elles immortalisent.

 

Si la vulgarité apparente de ces figurines peut faire immédiatement penser à des objets à caractère purement et uniquement érotique, il n’est pas certain qu’il faille les limiter à ce seul aspect. En effet, plusieurs représentations féminines offrant ostensiblement leur sexe à la vue de tous, écartant parfois même ses lèvres à pleines mains existent dans différentes cultures et à différentes époques. On peut citer, à titre d’exemple, la déesse indienne de la ferilité Lajja Gauri (une de ses représentations est conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 2000.284.13) dont les attributs divins sont précisément symbolisés par son exhibition sexuelle. Les figurines de type Baubo découvertes en Egypte sont à remettre dans le contexte de la longue et riche évolution des figurines féminines nues d’Egypte. Dès le Moyen Empire, un certain nombre de types de figurines féminines font leur apparition en Egypte. Représentées nues, ces femmes n’ont ni la posture éhontée des Baubos ni leur apparence grosse. Elles sont au contraire longilignes et dépourvue de toute vulgarité, en dépit de leur nudité. Une autre grande catégorie est connue en Egypte, c’est celle des figurines féminines nues accompagnées d’un enfant. Dans les deux cas et peur importe leurs caractéristiques iconographiques, elles sont liées à la fertilité et possèdent des fonctions protectrices et régénératrices aussi bien pour les vivants que pour les morts. A la Basse Epoque apparaît une nouvelle catégorie de figurines, préparant l’apparition des Baubos. Il s’agit d’un type de figurine représentant la vulve, jambes écartées, prémisses des figurines de l’époque ptolémaïque. Un exemplaire est conservé au British Museum sous le numéro d’inventaire 1965,0930,954. Plusieurs auteurs s’accordent à dire qu’il est possible que les Baubos ne représentent pas des femmes naturellement corpulentes mais peut-être plutôt des femmes enceintes. D’ailleurs, selon Clément d’Alexandrie, au moment de l’exécution par Baubo de son anasyrma, il semblerait qu’elle ait eu quelque chose à l’intérieur de son vagin. Il peut s’agir d’un objet phallique ou bien d’un enfant. La possibilité d’une grossesse expliquerait la corpulence des figurines. Les Baubos sont des petits objets pour beaucoup  pourvus d’un orifice au sommet du crâne permettant de les suspendre et peut-être de les porter sur soi comme des amulettes. Il semblerait donc qu’on ait affaire à des figurines garantissant la fertilité, la protection et la régénération à l’image des précédentes figurines égyptiennes connues jusqu’à lors. De telles amulettes font écho aux photographies de prostituées montrant leur vulve retrouvées dans les poches des soldats japonais tués lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans la culture japonaise, la vulve possède un pouvoir magique certain et de telles représentations assuraient aux soldats protection et régénération dans l’au-delà.

 

Les figurines de type Baubo sont donc à comprendre à la fois comme une étape fondamentale de la longue évolution des figurines féminines égyptiennes ainsi que comme une tradition hybride, mêlant des influences grecques évidentes, à des traditions égyptiennes et sans doute aussi des influences orientales, aux fonctions apotropaïques.

La figurine Co. 6120 s’inscrit dans cette tradition de la piété personnelle. Elle possède en outre une coiffure, de style grec, que l’on retrouve sur un très grand nombre de figurines de ce type. (voir BAIEY, 2008, pl. 23, n°3131, n°3132, pl.24, n°3134,  n°3136 ; n°3137, n°3138 et pl. 25 n°3140).  L’orifice que l’on observe au sommet du crâne peut laisser penser qu’un autre élément devait s’y ficher. On peut alors penser à un pot ou bien à un bouton de lotus dont beaucoup de Baubos sont pourvues. Le pot et le bouton de lotus sont des traits iconographiques que les figurines Baubos ont en commun avec les figurines d’Harpocrates. Un exemple est conservé au Metropolitan Museum of Art sous le numéro 17.194.420. Cet élément ne fait que renforcer et confirmer la vocation de la figurine à apporter prospérité et fertilité à son détenteur. L’orifice pourrait aussi indiquer la présence initiale d’une perforation verticale traversant la figurine, lui permettant d’être suspendue. De plus, les pigments utilisés rappellent les teintes que l’on retrouve sur les figurines féminines nues égyptiennes des périodes antérieures, inscrivant de fait la figurine Co. 6120 dans une tradition iconographique aux origines égyptiennes évidentes.

La collection égyptienne du musée Rodin possède trois autres figurines de type Baubo conservées sous les numéros d’inventaire Co. 2714, Co. 2798 et Co. 6091.

Inscription

Anépigraphe.

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Bès combattant

Égypte > Provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 12,2 CM ; L. 6,1 CM ; P. 3 CM

Co. 2596

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La face avant est très érodée et masquée en partie par un enduit crème très épais. De la terre archéologique est incrustée entre les deux jambes du personnage. Un éclat moderne est visible sur la partie supérieure gauche de la coiffe en plumes.

Description

Il s’agit d’une représentation de Bès, fixée sur un socle circulaire en pierre de type marbre rouge. Le montage a vraisemblablement été imaginé à une époque proche de sa mise en circuit sur le marché de l’art. La figurine a été réalisée en terre cuite rouge. Un badigeon d’une substance variant de blanc crème à vert clair recouvre en grande partie la face avant, masquant les détails et rendant difficile la lecture de l’objet. Ce badigeon, appliqué en couche épaisse, ne semble pas correspondre à l’enduit peint qui orne les détails de la figurine d’un Bès en terre cuite d’époque romaine conservée au musée du Louvre (N° d’inventaire E 20701, DUNAND 1990, p. 41 notice N° 41). La divinité se tient debout, nu, sur une base rectangulaire. On distingue la silhouette générale du génie, un nain au ventre protubérant et aux jambes courtes et torves. Généralement représenté de face, cette figure de type grotesque, caractéristique de Bès, est celle d’une divinité familière et protectrice. Le bras droit levé et légèrement replié en direction de la tête, il brandit une arme devant lui, vraisemblablement une épée courte. Menaçant, il est prêt à l’abattre sur tout adversaire se manifestant. Le bras gauche, près du corps, tient un bouclier ovale avec umbo. Il est possible de restituer que Bès porte une coiffure constituée de cinq plumes. Son oreille gauche, saillante est visible. La décoration du bouclier est la mieux conservée. Traversé par une ligne en relief, il présente en son milieu une décoration ovale. Attitude, dimensions et attributs de Bès correspondent à la figurine en terre cuite d’époque romaine musée du Louvre E 29795 (DUNAND 1990, p. 20 (cliché couleur) et p. 41 notice N° 40).

La face arrière n’a pas recouverte de badigeon. Comme la figurine était conçue pour être vue exclusivement de face, l’arrière de la statuette est arrondi (base comprise) et sans décor. Une anse en terre cuite renforce l’arrière de la coiffe. Au milieu du dos, un orifice circulaire correspond à un trou d’évent. 

 

Bien que souvent considéré comme un dieu, Bès est une divinité secondaire. D’origine nubienne, ses représentations sont attestées dès le Moyen Empire. Au Nouvel Empire, il devint une divinité extrêmement populaire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tel Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de longs bras, un masque de type léonin, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une barbe aux longues mèches détaillées et très souvent coiffé d’une couronne de plumes d’autruche retenues par un bandeau (voir par exemple la statuette en calcaire musée Rodin Co. 3385). Au Nouvel Empire, Bès arbore souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face, convention inhabituelle à l’art égyptien. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. (Sur les divinités Bès et Beset, voir CORTEGGIANI 2007 p. 84-87). Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est également une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son rôle de protecteur. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant », fonction qui correspond à l’image de cette figurine. Bès est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON, 2001), on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Egypte en lui jouant de la musique, accordant ainsi au génie un rôle supplémentaire, celui de protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. Il incarne de plus les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant les velléités d’attaque de ses ennemis contre ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité féconde, jusqu’au premier siècle de notre ère.

L’effigie Co. 2596 a été confectionnée pour un usage en contexte domestique ou bien pour servir d’offrande dans un sanctuaire hathorique. Ici, c’est l’aspect guerrier qui est mis en avant, par la posture et les armes (épée courte et bouclier). Nous avons donc affaire à la version combattante du génie, capable de chasser les démons et autres forces maléfiques. Une statuette similaire conservée au Musée du Louvre sous le numéro MNB2047 restitue le schéma décoratif d’origine de la figurine Co. 2596.

La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autres objets à l’effigie de Bès, inventoriés sous les numéros Co. 2736, Co. 3064, Co. 3385, Co. 966, Co. 5676 et Co. 5677. Une figurine du British Museum (N° d’inventaire EA611298), datant de l’époque ptolémaïque et en parfait état de conservation, est à rapprocher de la figurine musée Rodin Co. 2596. 

Inscription

Anépigraphe.

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Plaque en forme de tête de Bès

Égypte > Provenance inconnue

 Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 4,7 CM : L. 2,7  CM : P. 1,2 CM : Pds. 0,011 kg

Co. 6396

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La figurine est légèrement cassé sur les bords. Quelques inclusions sont visibles au revers. On remarque la présence de terre archéologique dans les cavités de l’avant ainsi qu’au revers. Une cassure franche se situe au sommet du crâne, qui ne semble pas correspondre au bris de la coiffe qui l’aurait surmonté à l’origine. Il est à noter que toute la partie gauche supérieure du masque présente des problèmes de moulage (absence visible de matière) et de cuisson (bulles très visibles en surface à l’avers, absence de glaçure sur toute la partie supérieure arrière de la plaque).

Description

Cette petite plaque de terre cuite vernissée de couleur turquoise clair représente un visage grimaçant. Le front est haut et entouré de boucles épaisses (voir en particulier sur la partie droite du visage). Les arcades sourcilières sont épaisses et donnent aux sourcils, froncés, un air broussailleux. Les orbites sont particulièrement larges, les yeux sont grands ouverts mais il est difficile d’en comprendre la forme exacte. La base du nez est large. Le nez est court et épaté. Dans son prolongement, deux longues moustaches retombent au niveau des commissures des lèvres. La bouche est grande et ouverte. Les lèvres supérieures et inférieures sont éloignées l’une de l’autre ; leur position évoque celle des masques de théâtre grecs. Les deux rangées de dents sont visibles, soigneusement moulées. Bien que masquées par la glaçure, il est possible de les comparer avec celles de la statue en calcaire musée Rodin Co. 966. Pour effrayer ses adversaires, Bès tire la langue. De longues mèches, caractéristiques de la barbe-crinière léonine de Bès encadrent son visage, retombant dans le cou.

Le revers de cette plaque est plat. Sur une étiquette ancienne (octogonale rectangulaire et bordée d’un double liseré bleu), le N° 242 inscrit à l’encre noire. Il correspond à l’ancien numéro d’inventaire de l’objet (DRE 242), établi par Ch. Boreux en 1913. Le numéro d’inventaire actuel (Co. 6396) est inscrit à l’encre noire sur pellicule isolante dans l’angle inférieur droit.

 

Les traits du visage correspondent à une image de Bès, généralement représenté de face et non de profil. Bien que souvent considéré comme un dieu, Bès est une divinité secondaire. Le visage de type grotesque et léonin de l’amulette Co. 6396 est celui d’une divinité familière et protectrice (Sur les divinités Bès et Beset, voir CORTEGGIANI 2007 p. 84-87). Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tel Aha ou Hity. D’origine nubienne, les représentations de Bès sont attestées dès le Moyen Empire. Au Nouvel Empire, il devint une divinité extrêmement populaire. De forme naine, Bès possède de longs bras, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une barbe aux longues mèches détaillées et très souvent coiffé d’une couronne de plumes d’autruche retenues par un bandeau (voir par exemple la statuette en calcaire musée Rodin Co. 3385). Au Nouvel Empire, Bès porte souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face, convention inhabituelle à l’art égyptien. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. Béset n’apparaît d’ailleurs pas dans les lots d’ex-votos à l’effigie de Bès découvert dans les sanctuaires hathoriques (voir PINCH, 1993). Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé leur garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est également une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son rôle de protecteur. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant ». Bès est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON, 2001), on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Egypte en lui jouant de la musique. Le génie se retrouve donc ainsi protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. Il incarne de plus les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant les velléités d’attaque de ses ennemis contre ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité féconde et l’on trouve des représentations du nain jusqu’au premier siècle du premier millénaire de notre ère.

 

Bien qu’artificielle, la couleur bleu-vert de cette amulette est chargée de symbolique divine, soigneusement disinguée dans l’écriture de la couleur bleue naturelle pour laquelle les Egyptiens ajoutaient maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite “bleu égyptien”  se trouve la silice, élément nécessaire à la vitrification. La silice se trouve en particulier dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Egypte.  L’ajout de feldspaths à la pâte peut compléter l’apport en silice. Comme il est nécessaire d’ajouter des substance au quartz pour le faire fondre à basse température, on retrouve dans les pâtes égyptiennes des alcalins tels que la soude, présente dans le natron disponible en particulier dans le Ouadi Natroun. L’ajout de chaux permet de former des silicates, permettant la fusion du quartz à basse température. Des éléments tels que la gomme arabique, l’argile et le natron sont également nécessaires pour conférer de la plasticité au quartz. C’est par l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre, que naît cette tonalité bleue caractéristique de l’ancienne Egypte. Le cuivre était disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure. L’ajout de cobalt pour renforcer la couleur bleue est possible. Afin de réaliser la figurine Co.6396, la pâte composant la tête de Bès a été coulée dans un moule, à l’instar du moule EC676 conservé à l’Egypt Centre de Swansea. Durant la caisson, la vitrification a permit d’obtenir un objet finement émaillé.

 

La production de figurines à l’effigie de Bès réalisées en faïence égyptienne s’intensifia à partir du Nouvel Empire. Leur fonction apotropaïque évidente les classe dans la catégorie des amulettes. Objet à destination funéraire, domestique ou votive la figurine Co. 6396 ne possède aucune perforation ni aucun autre système de suspention. Placé auprès d’une momie, le petit masque grimaçant Co. 6396 accompagnait le défunt, lui garantissant un voyage paisible dans l’au-delà. Déposé dans une habitation, il en protégeait les occupants. Bès étant son fidèle compagnon, l’amulette Co. 6396 était peut-être aussi une figurine offerte en ex-voto à Hathor afin de solliciter la protection de la déesse. De tels objets font en effet partie du matériel votif retrouvé dans différents sanctuaires dédiés à la déesse. Ce visage de Bès s’inscrit parfaitement dans les pratiques religieuses populaires et révèle les goûts esthétiques qui apparaissent dès le Nouvel Empire. 

La collection Rodin possède une autre tête de Bès sous le numéro d’inventaire Co. 3064 en calcaire polychrome, mais aucune tête en terre cuite glaçurée. Une tête similaire se trouve au Petrie Museum sous le numéro d’invenaire UC52865

Inscription

Anépigraphe.

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Femme debout dans un naos

Égypte > Provenance inconnue, probablement Basse Égypte

Époque Héllénistique et romaine

[voir chronologie]

Terre cuite 

H.  11, 2CM ; L. 5,1  CM ; P. 1,2 CM

Co. 2481

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. L’objet est fortement émoussé et les pigments sont presque tous effacés. La partie supérieure droite est cassée et le fragment est manquant.

Description

Cette figure féminine nue, appartient au type particulier de plaques de terre cuite représentant des femmes nues se tenant debout.

L’objet est plat, fin, ne peut tenir debout et les motifs sont en haut-relief fortement émoussé. Sur cette petite plaque de terre cuite de forme ovale un édifice, composé de deux colonnes sculptées en torsades et pourvues de bases et de chapiteaux sculptés, supporte un fronton triangulaire à l’intérieur duquel est sculpté une forme presque intégralement effacée. Le style de l’édifice n’est pas sans rappeler l’architecture grecque classique. Il repose sur une base, figuré en retrait. Sous l’édifice, une pancarte rectangulaire anépigraphe est placée dans la partie inférieure de la plaque de terre cuite. Sur la partie gauche de la plaque, deux petits orifices ont été ménagés. Ils sont attribuables à un système de suspension, largement pratiqué en Egypte tardive pour les objets votifs. Les deux orifices sont en prolongement l’un de l’autre, le premier se situant juste au-dessus du chapiteau et le second à gauche de la base de la colonne. A l’intérieur de l’édifice se trouve une figure féminine debout. La figure féminine possède une tête ronde dont les traits du visage sont invisibles. L’état actuel de l’objet ne permet pas de détailler les traces de sa chevelure. Une coiffe en arc de cercle se distingue néanmoins. Imposant, il se déploie jusqu’au fronton de l’édifice. Le buste de la femme offre deux petits seins plats. Les hanches sont larges mais le nombril est à peine visible. On distingue les traits du triangle pubien aux dimensions plutôt larges, la partie supérieure du triangle atteignant presque la zone du nombril. Le pubis est piqueté de petits points. Les cuisses sont courtes, solides et larges. La jambe droite de la femme est légèrement pliée et collée à la jambe gauche restée tendue, accordant ainsi à la figure l’illusion d’un mouvement et de légère bascule vers la droite. Les pieds, quant à eux, sont modelés de façon extrêmement frustre. Le pied droit, celui de la jambe légèrement repliée, ne semble pas reposer totalement sur le sol, à l’inverse du pied gauche. Les deux bras sont repliés vers le haut, les coudes ne touchant pas le corps. Les mains, dont on ne discerne pas les doigts, tiennent deux longues tiges dont les bases atteignent le bas des colonnes. De très légères traces de pigments noirs sont visibles sur les colonnes ainsi que sur le visage, les seins et la cuisse droite.

 

L’élégante du relief Co. 2481 est un bel exemple de figurines féminines nues fabriquées entre la Troisième Période Intermédiaire et la période gréco-romaine, d’un type hérité de traditions égyptiennes et levantines.  Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique, leurs caractéristiques ayant évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine, réparties sur l’ensemble du territoire égyptien, y compris le Sinaï, ainsi que la Nubie (Mirgissa) et la Palestine (Deir el-Balah). Ce type de figurines présentées dans un édifice évoquant un naos égyptien -chapelle du temple où demeure la divinité ou, plus souvent, tabernacle où était enfermé la statue d’une divinité- peut être réalisé en calcaire, mais les exemplaires les plus fréquents sont en terre cuite. La production de ces plaques en terre cuite est attestée dès 750 av. J.-C. et jusqu’à la période romaine. Bon nombre de modèles en terre cuite ont été mises au jour sur les sites de Tebtynis et de Tell el Herr. De façon générale, c’est en Basse Egypte, et plus particulièrement dans la région du Fayoum, qu’ont été collectées la majorité de ces figures.

 

Pendant longtemps, ces figurines féminines dévêtues étaient étroitement associées à la sexualité masculine, exclusivement. Leur présence dans les tombes semblait tout naturellement indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Ces figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant de simples « concubines du mort », malentendu qui trouve son origine dans l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels épanouis. Néanmoins, la découverte de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au cœur de sanctuaires impose de nuancer cette théorie.

 

Le type de la figurine Co. 2481, apparu en Egypte au cours de la Troisième Période Intermédiaire, est à rapprocher de l’iconographie des plaques d’Astarté. Au Proche-Orient, Astarté est à l’origine d’un type de figures qui fait écho aux représentations féminines égyptiennes relatives à Hathor, pseudo « concubines du mort » découvertes dans des tombes de femmes, en contexte domestique et au cœur de sanctuaires (voir les notices des reliefs Co. 2610 et Co. 3052 de la collection Rodin).

Ces objets en terre cuite, produits au Levant de l’Age du Bronze jusqu’au cours de la période gréco-romaine, représentent des femmes nues se tenant debout, arborant les attributs iconographiques d’Astarté, déesse de la guerre, des chevaux et de l’amour. Astarté est le nom d’une déesse syro-palestinienne dont l’équivalent akkadien est Ishtar. Il est difficile de distinguer Astarté de la déesse syro-palestinienne Anat. Partageant certains attributs, elles sont toutes deux filles du dieu Rê en Egypte. Déesse associée à Hathor, les premières mentions d’Astarté dans le Panthéon égyptien apparaissent sous le règne d’Amenhotep II (voir CORTEGGIANI 2007, « Astarté », p. 58-59). Ces objets, appelés « plaques d’Astarté », sont presque tous moulés dans de l’argile, ou plus rarement réalisés en verre ou en faïence. Les toutes premières attestations de figures évoquant une déesse de la fertilité remontent au troisième millénaire et proviennent de Mésopotamie. Au cours du premier millénaire, la production de ces plaques s’intensifie au Levant offrant une iconographie particulière. La figure féminine est représentée debout, ses bras soutenant ses seins ou tenant de longues tiges végétales, des serpents ou encore des chèvres. Le visage est de face, les pieds de face où tournés vers les côtés, reposant parfois sur un cheval ou un lion. Sur certains modèles, la figure porte une coiffe hathorique. Certaines sont parées de bijoux. Un exemple de ces plaques est conservé dans les collections de l’Université de Yale sous le numéro d’inventaire 1912.459.

 

Comme dans le cas des figures féminines égyptiennes, les plaques d’Astarté ne sont pas une simple représentation de la déesse. Elles sont plutôt à interpréter comme des objets votifs, d’une utilisation similaire à celle des pseudo « concubines du mort » égyptiennes. Ces plaques présentent dans leur grande majorité des traces de pigments noirs, rouges et jaunes. Leur découverte se fait dans tous les types de contextes mais surtout en contexte domestique, illustrant, à l’instar des objets égyptiens, les pratiques religieuses privées. A partir de l’époque romaine, la production des plaques d’Astarté commence à décroître au Proche-Orient ; à l’inverse, elle s’intensifie en Egypte.

 

Si la figure féminine Co. 2481 s’apparente visiblement à une plaque d’Astarté, la présence d’un naos au style manifestement grec marque l’empreinte de l’Egypte gréco-romaine. Illustration du syncrétisme des traditions égyptiennes et orientales, cette petite plaque constitue également un témoignage de la piété personnelle aux époques tardives et il est regrettable de ne pas connaître son contexte de provenance. 

Aucun objet similaire n’est conservé au Musée Rodin.

Un exemple similaire se trouve dans ROTTE Elodie, “Egyptian Plaques Terracotas of Standing Nude Women from the Late Period: Egyptian Heritage or Foreign Influences”, in Newsletter of the Coroplastic Studies Interest Group 7, 2012, p.13. 

Inscription

Anépigraphe.

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Baubo

Égypte > provenance exacte inconnue, probablement Basse Égypte

Époque Héllénistique et romaine > ca Ier s. av. J.-C. – 1er s. ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite 

H. 4,1 CM ; L. 3,5 CM ; P. 1,9 CM

Co. 2714

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Les traits du visage sont cependant émoussés et une fêlure traverse l’objet depuis l’épaule jusqu’au pied gauche, dont l’extrémité est cassée.

Description

La figurine représente une femme nue accroupie, largement offerte et aux chairs épanouies.

La tête est ronde, les joues charnues, les traits de la face sont assez émoussés. Le front est bas, les yeux sont incisés mais très émoussés. Le nez est large ; les lèvres, souriantes, sont figurées par deux lignes parallèles ; le menton est volontaire. Une coiffure d’inspiration hellénistique ceint sa tête et recouvre ses oreilles. Une tresse torsadée entoure le visage, retombant en deux longes mèches à petites boucles étagées de chaque côté du visage. Une couronne, sans doute florale, la surmonte. Un voile simple, qui a été lissé par l’artisan, descend jusqu’au niveau des épaules. Il recouvre la partie postérieure de la coiffure. Cette coiffure se retrouve sur un très grand nombre de figurines de ce type (voir BAIEY, 2008, pl. 25 n°3143).

L’orifice très large que l’on observe au sommet du crâne peut laisser penser qu’un élément devait s’y ficher. On peut alors penser à un pot ou bien à un bouton de lotus dont beaucoup de Baubos sont pourvues. Son bras droit pend le long du corps, le coude étant posé sur la cuisse droite et la main droite sur le pubis. Le bras gauche est posé sur la cuisse gauche, la main gauche reposant sur le genou gauche. Les doigts, initialement représentés au moyen d’incisions, sont presque complètement émoussés. Les seins sont particulièrement volumineux et saillants. Juste en dessous, des incisions représentent les bourrelets. Le ventre est massif et saillant. Le nombril, matérialisé par un simple trou arrondi, est large et profond. La rondeur du ventre est soulignée par deux replis sous la poitrine et une dépression entre le bas-ventre et le pubis. Ces incisions encadrent le thorax et concrétisent le renflement considérable du ventre, celui d’une femme très certainement porteuse de vie. Les cuisses sont larges ainsi que les mollets, collés contre elles. Le pied droit, le seul conservé, est posé au sol. Moulé à la main, les orteils du pied droit ne sont pas détaillés mais un anneau de cheville se devine.

Une fêlure traverse l’objet depuis l’épaule gauche jusqu’au pied, dont l’extrémité est cassée.

Au revers, sous la coiffe en tissu, le dos apparaît largement arrondi. Les bras ne sont pas collés au corps et l’espace entre les bras et le corps est comblé. Deux incisions, évasées en leur extrémité, partent des lombaires pour atteindre la région du pubis, marquant des fessiers larges mais plats.

L’objet a été fabriqué en terre cuite moulée, technique utilisée par les Grecs depuis l’époque archaïque et répandue en Egypte à l’époque hellénistique (voir DUNAND 1990, pp. 6-9). Deux moules, en Egypte généralement en plâtre, sont nécessaires, un pour la partie antérieure, l’autre pour la partie postérieure,  et les traces de suture entre ces deux moules sont évidentes de part et d’autre du Co. 2714. L’objet, réalisé en terre cuite à engobe brun rouge clair, a été badigeonné d’un épais enduit blanc, préparatoire à la peinture. Des traces de carnation roses sont visibles.

La figurine Co. 2714 appartient au type de figurine féminine dite « Baubo », apparue au cours de l’époque ptolémaïque et qui a perduré pendant la période romaine. L’iconographie de ces figurines est grecque ou gréco-romaine. Les figurines de ce type retrouvées en Egypte proviennent en très grande majorité de Basse Egypte, principalement d’Alexandrie et de Naucratis ainsi que du Fayoum. Leurs contextes de découvertes sont variés, allant des casernes aux temples ou aux ateliers. La majorité des figurines fabriquées en Egypte sont réalisés en terre cuite moulée. Mais des exemplaires de la même époque existent également en faïence égyptienne, à l’image de celle conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 15.43.329 ou en verre, à l’image des figurines conservées au British Museum sous le numéro d’inventaire 18,710612.22  retrouvées en Egypte mais de fabrication phénicienne. Ces figurines sont toutes représentées nues, offrants leur sexe, jambes écartées. Seule la position exacte des mains et des bras varie d’une figurine à l’autre. Certaines sont dépourvues de tête, d’autres peuvent chevaucher un sanglier, d’autres encore jouent de la harpe, ce dernier type comportant également les figurines où la tête est placée au-dessus de la vulve.

Le nom de « Baubo » fait référence à la version orphique du mythe de Déméter, rapportée par Clément d’Alexandrie. L’hymne raconte que la déesse, désespérée par l’enlèvement de sa fille Perséphone par Hadès, trouve refuge à Eleusis où elle est recueillie par Baubo. Celle-ci l’invite à boire, mais essuie un refus de la part de Déméter. Baubo décide alors de soulever ses jupes, lui dévoilant ainsi ses parties génitales. De surprise, la déesse éclate de rire, surmonte sa douleur et accepte la boisson. La découverte de figurines datant de la fin du IVsiècle av. J.-C. dans les vestiges du temple de Déméter à Priène, représentant chacune une femme dont le visage est posé juste au-dessus de la vulve, incita les archéologues à donner leur donner le nom de Baubo, bien que ces figurines n’immortalisent pas le geste de dévoiler ostensiblement ses parties génitales tel que rapporté dans l’hymne orphique de Déméter. Les figurines découvertes en Egypte reçurent elles-aussi le nom de Baubo, leur posture rappelant plus clairement celle de Baubo dans le mythe orphique.

 

L’obscénité apparente de ces figurines ne doit pas les cantonner aux catégories d’objets à caractère exclusivement érotique. En effet, plusieurs représentations féminines offrant ostensiblement leur sexe à la vue de tous, écartant parfois même ses lèvres à pleines mains, existent dans différentes cultures et à différentes époques. On peut citer, à titre d’exemple, la déesse indienne de la ferilité Lajja Gauri (une de ses représentations est conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 2000.284.13) dont les attributs divins sont précisément symbolisés par son exhibition sexuelle.

Les figurines de type Baubo découvertes en Egypte sont à remettre dans le contexte de la longue et riche évolution des figurines féminines nues d’Egypte. Dès le Moyen Empire, un certain nombre de types de figurines féminines font leur apparition en Egypte. Représentées nues, ces femmes sont, au contraire des Baubos, longilignes et dépourvue de toute obscénité, en dépit de leur nudité. Une autre grande catégorie est connue en Egypte, c’est celle des figurines féminines nues accompagnées d’un enfant allaitant. Dans les deux cas, elles sont liées à la fertilité et possèdent des fonctions protectrices et régénératrices aussi bien pour les vivants que pour les morts. A la Basse Epoque apparaît une nouvelle catégorie de figurines, préparant l’apparition des Baubos. Il s’agit d’un type de figurine jambes écartées présentant une vulve, prémisse des figurines de l’époque ptolémaïque. Un exemplaire est conservé au British Museum sous le numéro d’inventaire 1965,0930,954. Les Baubos sont des petits objets pour beaucoup pourvus d’un orifice ou d’une bélière au sommet du crâne permettant de les suspendre et peut-être de les porter sur soi comme des amulettes. Il semblerait donc qu’on ait affaire à des figurines garantissant la fertilité, la protection et la régénération, à l’image des précédentes figurines égyptiennes connues jusqu’à lors. La possibilité d’une grossesse expliquerait la corpulence des figurines. Les figurines de type Baubo sont donc à comprendre à la fois comme une étape fondamentale de la longue évolution des figurines féminines égyptiennes ainsi que comme une tradition hybride, mêlant des influences grecques évidentes, à des traditions égyptiennes et sans doute aussi des influences orientales, aux fonctions apotropaïques.

La figurine Co. 2714 s’inscrit dans cette tradition de la piété personnelle. Beaucoup de Baubos ont une coiffure ornée d’un vase ou d’un bouton de lotus, traits iconographiques que les figurines de Baubos ont en commun avec les figurines d’Harpocrates. Un exemple est conservé au Metropolitan Museum of Art sous le numéro 17.194.420. Cet élément ne fait que renforcer et confirmer la vocation de la figurine à apporter prospérité et fertilité à son détenteur par le pouvoir vital du  sexe féminin. 

La collection égyptienne du musée Rodin possède trois autres figurines de type « Baubo », à savoir les figurines n° Co. 2798, Co. 6120 et Co. 6091.

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