Bès combattant

Égypte > Provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 12,2 CM ; L. 6,1 CM ; P. 3 CM

Co. 2596

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La face avant est très érodée et masquée en partie par un enduit crème très épais. De la terre archéologique est incrustée entre les deux jambes du personnage. Un éclat moderne est visible sur la partie supérieure gauche de la coiffe en plumes.

Description

Il s’agit d’une représentation de Bès, fixée sur un socle circulaire en pierre de type marbre rouge. Le montage a vraisemblablement été imaginé à une époque proche de sa mise en circuit sur le marché de l’art. La figurine a été réalisée en terre cuite rouge. Un badigeon d’une substance variant de blanc crème à vert clair recouvre en grande partie la face avant, masquant les détails et rendant difficile la lecture de l’objet. Ce badigeon, appliqué en couche épaisse, ne semble pas correspondre à l’enduit peint qui orne les détails de la figurine d’un Bès en terre cuite d’époque romaine conservée au musée du Louvre (N° d’inventaire E 20701, DUNAND 1990, p. 41 notice N° 41). La divinité se tient debout, nu, sur une base rectangulaire. On distingue la silhouette générale du génie, un nain au ventre protubérant et aux jambes courtes et torves. Généralement représenté de face, cette figure de type grotesque, caractéristique de Bès, est celle d’une divinité familière et protectrice. Le bras droit levé et légèrement replié en direction de la tête, il brandit une arme devant lui, vraisemblablement une épée courte. Menaçant, il est prêt à l’abattre sur tout adversaire se manifestant. Le bras gauche, près du corps, tient un bouclier ovale avec umbo. Il est possible de restituer que Bès porte une coiffure constituée de cinq plumes. Son oreille gauche, saillante est visible. La décoration du bouclier est la mieux conservée. Traversé par une ligne en relief, il présente en son milieu une décoration ovale. Attitude, dimensions et attributs de Bès correspondent à la figurine en terre cuite d’époque romaine musée du Louvre E 29795 (DUNAND 1990, p. 20 (cliché couleur) et p. 41 notice N° 40).

La face arrière n’a pas recouverte de badigeon. Comme la figurine était conçue pour être vue exclusivement de face, l’arrière de la statuette est arrondi (base comprise) et sans décor. Une anse en terre cuite renforce l’arrière de la coiffe. Au milieu du dos, un orifice circulaire correspond à un trou d’évent. 

 

Bien que souvent considéré comme un dieu, Bès est une divinité secondaire. D’origine nubienne, ses représentations sont attestées dès le Moyen Empire. Au Nouvel Empire, il devint une divinité extrêmement populaire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tel Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de longs bras, un masque de type léonin, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une barbe aux longues mèches détaillées et très souvent coiffé d’une couronne de plumes d’autruche retenues par un bandeau (voir par exemple la statuette en calcaire musée Rodin Co. 3385). Au Nouvel Empire, Bès arbore souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face, convention inhabituelle à l’art égyptien. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. (Sur les divinités Bès et Beset, voir CORTEGGIANI 2007 p. 84-87). Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est également une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son rôle de protecteur. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant », fonction qui correspond à l’image de cette figurine. Bès est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON, 2001), on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Egypte en lui jouant de la musique, accordant ainsi au génie un rôle supplémentaire, celui de protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. Il incarne de plus les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant les velléités d’attaque de ses ennemis contre ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité féconde, jusqu’au premier siècle de notre ère.

L’effigie Co. 2596 a été confectionnée pour un usage en contexte domestique ou bien pour servir d’offrande dans un sanctuaire hathorique. Ici, c’est l’aspect guerrier qui est mis en avant, par la posture et les armes (épée courte et bouclier). Nous avons donc affaire à la version combattante du génie, capable de chasser les démons et autres forces maléfiques. Une statuette similaire conservée au Musée du Louvre sous le numéro MNB2047 restitue le schéma décoratif d’origine de la figurine Co. 2596.

La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autres objets à l’effigie de Bès, inventoriés sous les numéros Co. 2736, Co. 3064, Co. 3385, Co. 966, Co. 5676 et Co. 5677. Une figurine du British Museum (N° d’inventaire EA611298), datant de l’époque ptolémaïque et en parfait état de conservation, est à rapprocher de la figurine musée Rodin Co. 2596. 

Inscription

Anépigraphe.

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