Ordre Chronologique: 
6

Modèle de sculpteur ?

plaque représentant un roi

Egypte > provenance inconnue

Basse Époque à  Époque Hellénistique (IVe – IIIe siècle avant J.-C.) ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,5 CM, ép.  1 CM; L. 16,4 CM.

Calcaire

Co. 818

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Cette plaque en calcaire très fin est de forme polygonale, cassé dans les angles supérieurs ainsi qu’au-dessous. Le chant latéral droit présente des traces d’outils d’origine, l’amorce d’un décor se devine sur le chant latéral gauche, les deux autres chants correspondent à des cassures. Des traces de concrétions de sel dues à l’enfouissement sont visibles sous la plaque.

Description

Sur ce fragment de bas-relief, le visage d’un souverain est tourné vers la droite. Une coiffe recouvre sa tête et un uræus ceint son front bombé. Le nez est légèrement arrondi, des traces de pigments ocre rouge subsistant au niveau des narines. La gouttière nasale surmonte la lèvre supérieure, charnue, du souverain. Toute la partie inférieure du visage a disparu dans une cassure. L’œil monte vers la tempe et est lourdement fardé ; la pupille est rendue par un cercle en léger relief. L’oreille, petite et soigneusement ourlée, est bien dégagée. Le roi est coiffé du  Pschent (couronne réunissant la Basse et la Haute-Égypte).  La réalisation de la coiffe semble par ailleurs inachevée dans sa partie inférieure.

Les détails anatomiques du roi ainsi que de l’uræus sont très finement réalisés. L’image du cobra femelle, chargée de protéger le pharaon, se détache nettement du fond de la scène. La queue du serpent retombe le long de la coiffe puis son corps se dresse, de face. Sa tête est de profil, son œil, arrondi, de face. La bouche entrouverte est bien visible, les redoutables crochets sont indiqués par des incisions, la langue est prête à jaillir. L’uræus assure ses missions de protection.

La face avant du relief est nettement concave, rappelant celle d’un ostracon. La face arrière correspond à une cassure sauf l’extrémité gauche, où des traces d’outil sont visibles.

La collection égyptienne du musée Rodin ne comporte pas de modèle similaire. En revanche, un grand nombre de plaques du même type ont été retrouvées, datant de l’époque ptolémaïque. Des parallèles sont à trouver dans TOMOUM 2005, pl. n° 56-57, 59. Un parallèle se trouve au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d’inventaire 07.228.7.

L’Egypt Centre de Swansea conserve un certain nombre de relief similaires notamment le n°W290 et le n°W289.
On remarque que, sur les exemples cités, c’est toujours le profil droit qui est représenté.

Related pieces

 

 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 224, "Bas-relief fragmentaire en calcaire. Partie supérieure (jusqu’à la bouche) du visage d’un roi tourné vers la droite, coiffé d’une khoprash. Une partie de la coiffure manque. Haut. max. 13 cent. ½ Larg. max. 16 cent. Estimé deux cent francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Modèle de sculpteur

Buste de déesse ou de reine déifiée

Egypte > provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine (IVe – IIIe siècle avant J.-C.) 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 19,2 CM. L. 7,2 CM. L. 5,8 CM

Matériau composite

Co. 826

 

Comment

State of preservation

De nombreux éclats parcourent le modèle. Le moule n’ayant pas complètement été éliminé, les éléments conservés se soulèvent par endroits. Des traces d’outils (modelages de l’épreuve et marques de décochage du moule) sont visibles. Des enfoncements importants sont visibles sous le sein droit, sur la perruque au niveau de l’oreille droite et sur la tempe gauche.

 

Description

Ce buste de déesse, ou de reine, est un modèle de sculpteur. La représentation s’arrête à la naissance de la taille et aux épaules, tronquées avant le départ des bras. La femme est coiffée d’une perruque tripartite. Un profond liseré encadre les mèches. Sur le sommet de la tête, un volume en forme de parallélépipède est particulièrement proéminant. Cet élément, un tenon destiné à recevoir une couronne à mortier, mesure 2,5 cm x 2cm x 0,8 cm de hauteur. Les yeux, cerclés d’une ligne de fard, sont étirés  ; les sourcils sont longs et fins. Sur le nez, les narines sont matérialisées par deux orifices circulaires. La bouche, souriante, est délicatement modelée. Les oreilles sont bien détachées de la tête ; l’oreille gauche est légèrement abîmée. Les seins sont saillants et arrondis.

 

Cette œuvre, obtenue par moulage, est de belle facture. Le moule était probablement à creux perdu. Des restes du moule subsistent autour du socle sommital et au dos de la perruque. Le matériau de ce buste est composite, majoritairement constitué de gypse. Il est friable et on remarque de nombreux éclats ainsi que de petites bulles sur l’ensemble du buste. La partie inférieure semble cassée ; par comparaison avec d’autres modèles similaires, le buste est néanmoins presque entier.

 

Des lignes de repérage tracées en rouge, destinées à guider le sculpteur dans son travail, sont visibles  à trois endroits. De face, au centre de la figure, une ligne peinte départage la figure en deux, partant à la verticale du cou, depuis la gorge jusqu’à l’extrémité inférieure du buste. Du côté gauche, une autre ligne se dessine à la verticale, depuis l’emplacement du bras gauche. Sur le côté droit, on observe une marque de repérage à l’emplacement du bras droit.

De nombreuses traces d’outils sont visibles sur la partie supérieure de la perruque, sur la partie gauche du visage, sur la poitrine, ainsi qu’à proximité des restes du moule.

Le style de l’œuvre correspond à la période ptolémaïque. Il est impossible de savoir s’il s’agit de la représentation d’une déesse ou d’une reine, les caractéristiques iconographiques du buste pouvant être communes.

La collection égyptienne du musée Rodin ne possède pas d’autres modèles de sculpteur similaires. Des parallèles se trouvent dans EDGAR Campbell.C., Sculptor’s Studies and unfinished Works, Catalogue général des Antiquités égyptiennes du musée du Caire, Nos 33301-33506, Le Caire, 1906 : n° CG 33.317 et 33.318 ainsi que dans TOMOUM Nadja, The Sculptor’s models of the Late and Ptolemaic Periods. A Study of the Type and Function of a Group of Ancient Egyptian Aretfacts, Le Caire, 2005, n° 51, pl. 102 et texte p. 188.

Related pieces

 

 

Inscription

Anépigraphe.

 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’ État français en 1916.

 

 

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Torche

Scène mythologique

Egypte > provenance inconnue

Époque Héllenistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 20,8: L. 6,2: P. 4

Terre cuite

Co. 2615

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Il y a cependant quelques cassures aux extrémités et de nombreuses fissures en surface. Des traces d’engobe blanches sont visibles sur la partie en relief, sur la partie lisse ainsi que sur les goulots.

 

Description

L’objet, réalisé en terre cuite moulée, adopte la forme d’un tube évasé à la base. Seule la face antérieure est décorée, en relief. À la base, on observe un décor géométrique composé de deux frises : une première frise de triangles en quinconces dont chacun est orné d’un petit cercle en léger relief, au-dessus de laquelle se trouve une autre frise composée de petits traits verticaux et incisés. Le schéma décoratif évoque celui d’un tissu. Le reste du décor, qui occupe toute la surface verticale, se lit de bas en haut. On remarque en premier une tête grimaçante, pourvue d’une barbe scindée en deux paquets de mèches épaisses. Il s’agit d’une représentation de Bès, reconnaissable à sa mimique et ses traits grotesques et ridés. Les yeux du génie, cerclés d’un épais trait de fard, sont étirés en amande, son nez est épaté et ses lèvres son charnues. On observe ses oreilles et le sommet de son crâne qu’on imagine ici chauve. De part et d’autre de la figure, les bras du dieu (tronqués par la section du moule ayant réalisé le tube) sont écartés. Le ventre de Bès est large et son nombril bien marqué par une dépression circulaire. Au-dessus du dieu, une longue tige végétale s’épanouit en triple volute agrémentée de feuilles de lierre.  Elle forme trois médaillons, au centre desquels se trouve une grappe de raisin. Au-dessus de cette frise végétale qui se termine par un nœud, apparaît un visage féminin, arborant de grands yeux cerclés d’un trait de fard. Ils sont étirés en amande. Le visage est rond et les traits pleins. La déesse arbore un large sourire. Le nez est cassé et l’oreille gauche émoussée. L’oreille droite a la forme de celle d’une vache ; il s’agit donc très probablement de la représentation d’une Isis-Hathor. La déesse arbore une coiffure égyptienne. Une frange de courtes mèches recouvre son front bombé, tandis que des longues mèches à boucles étagées encadrent son visage. L’objet a été réalisé dans un moule en deux parties, dont seul celui de la partie antérieure portait un décor. La coiffure de la déesse est en conséquence évoquée par deux mèches, réparties de part et d’autre du visage de la déesse. Sa tête est surmontée d’un édifice. Si on le compare aux deux lanternes du musée du Louvre Inv. N° E 20807 et E. 21523 (DUNAND 1990 N° 963 et 964 p. 318), cet édifice correspondrait à un sanctuaire à toit-coupole ( en ce qui concerne ce type de lanterne, voir DUNAND, « Lanternes gréco-romaines d’Egypte », Dialogues d’histoire ancienne, 2, 1976, p. 71-95).

 

La ressemblance entre la torche conservée au musée du Louvre Inv. N° E 21518 du musée du Louvre (anciennement collection Guimet) et le Co. 2615 est particulièrement frappante. Le décor est identique, à l’exception de la partie la plus basse sous la figure de Bès. Il est possible de suggérer la production d’un même atelier. La torche du Louvre est d’époque romaine (DUNAND 1990 p. 320 N° 970). Deux autres torches suivent une forme et un schéma décoratif similaire (musée du Louvre Inv. N° E 21535 et N° E 30318, toutes deux datées de l’époque romaine et provenant de la collection Guimet (DUNAND 1990 N° 972 p. 321 et N° 973 p. 321-322).

 

Le décor végétal évoque la fertilité, la fécondité notamment à travers la présence des grappes de raisins. Outre son importance dans l’économie du royaume, le vin possède en Egypte une charge symbolique particulièrement forte. Dès l’Ancien Empire au moins, il est utilisé dans différents rituels religieux et est offert aux divinités comme aux défunts (voir POO, 2010). Intimement lié à la crue du Nil, sans laquelle sa production est impossible, le vin est un symbole de fertilité et de régénération. Il tient une place particulièrement significative dans les rituels hathoriques car Hathor est la déesse du vin et de l’ivresse. La présence de Bès amplifie encore la dimension symbolique du décor. En cette époque gréco-romaine, le vin rappelle aussi les rituels liés à Bacchus.

 

La fonction de ce type d’objet est encore débattue. La fonction qui leur est généralement attribuée est celle de torche et en particulier de torche rituelle. Cependant, comme le soulignent certains auteurs (TÖRÖK, 1995, p. 184-185, DUNAND, 1995, p. 308-309), aucune trace d’utilisation ne semble y avoir été relevée. De plus, il faudrait pour cet usage tenir la torche Co. 2615 de telle sorte que le décor serait à l’envers. Seuls les objet E21584 AB conservé au musée du Louvre et la EA37526 du British Museum s’apparentent réellement aux torches portées par certaines divinités (DUNAND, 1995, p. 322, n° 974). BAILEY propose comme autre usage possible celui de porteur d’encens (BAILEY, 2008, p.81-82). Mais là encore, le manque de traces d’utilisation et de parallèles empêche de conclure à cette fonction avec certitude.

 

Il est généralement attribué à ces objets une fonction rituelle ou apotropaïque, liée au cercle isiaque et au culte hathorique. En effet, les divinités qui y sont représentées font toutes partie de ces sphères rituelles comme Isis, Bès, Hathor, Harpocrate ou encore Sérapis. Il peut être également suggéré à ce type d’objet un usage d’autel domestique, le décor dans son ensemble présentant les éléments architecturaux conformes à ceux d’un naos.  



Un grand nombre d’objets semblables a été retrouvé en Égypte, datant de l’époque hellénistique et romaine. Parmi ceux conservés au British Museum et évoquant la Co. 2615 se trouvent les :

  • 1993.6-8.1
  • EA 1878.2.9.40
  • EA 1873.6-9.22

Au musée des arts de Budapest:

  • SzM T 548

 

Au musée du Louvre:

  • E 21518
  • E 21535
  • E 30318
  • AF 1049

La ressemblance entre la torche E 21518 du musée du Louvre et la torche Co. 2615 du musée Rodin est particulièrement frappante. Le décor est identique à l’exception de la partie la plus basse, sous la figure de Bès. Il est possible de suggérer la production d’un même atelier.

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La ressemblance entre la torche E 21518 du musée du Louvre et la torche Co. 2615 du musée Rodin est particulièrement frappante. Le décor est identique à l’exception de la partie la plus basse, sous la figure de Bès. Il est possible de suggérer la production d’un même atelier.

 

Inscription

Anépigraphe. 

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Tête de prince de profil

Egypte > provenance inconnue

Époque ramesside, avant XXIIIe dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 20,8 CM : L. 19,2 CM

Calcaire polychrome

Co. 6420

 

 

Comment

State of preservation

Le relief présente de nombreuses altérations notamment à cause de l’humidité qui a pénétré le plâtre du cadre. On remarque aussi des traces de lichens. L’ensemble est parcouru de nombreuses fissures fines probablement apparues après le montage du relief. Le relief montre aussi de nombreux éclats et cassures ayant pour conséquence la disparition de fragments conséquents.

 

Description

Ce fragment de bas-relief en calcaire polychrome est cassé en plusieurs morceaux recollés et présentés dans un cadre en plâtre peint en marron. Un personnage masculin, de profil, est tourné vers la droite. Le fragment préserve l’image du personnage depuis le sommet du crâne jusqu’au haut de son torse. La figure est en relief dans le creux. Le personnage est coiffé d’une perruque courte descendant jusqu’aux épaules et arbore également une épaisse mèche plus longue dont le bout est recourbé. Elle n’est pas tressée mais un renflement dans sa partie supérieure indique très clairement le nœud de départ de cette mèche, qui va en s’amincissant. Cette mèche se recourbe vers l’épaule droite du personnage. L’œil est grand, étiré et saillant, avec l'extrémité lacrymale vers le bas, caractéristique typique de l'art post-amarnien ramesside. La pupille n’ést pas représentée. Fardé, une épaisse ligne de fard le prolonge. Le sourcil est fin et s’étire jusqu’à la chevelure. Le nez est légèrement busqué et fin, typiquement ramesside. La narine est délicatement représentée. La bouche est charnue, aux lèvres ourlées, la commissure des lèvres est profonde et très marquée. Le menton est petit mais volontaire et présente une courte barbe de section carrée. Deux plis soulignent la courbe du cou, particulièrement allongé. Un arrondi suggère qu’il était vêtu d’une tunique. Malgré un état de conservation critique, il est visible que l’exécution du relief est d’une très belle facture. Les traits du personnage sont fins et délicats.

 

Le relief prend la forme d’une plaque approximativement carrée. L’ensemble de la plaque est parsemé de cassures et d’éclats. On y observe également de nombreuses traces d’outils comme des râpes et des ciseaux plats. Les bords supérieurs sont les plus abîmés. On remarque différentes traces de couleurs, appliquées en couches épaisses. Un enduit rosé semble avoir été badigeonné en surface, badigeon qui recouvre les chants latéraux, sauf au niveau des cassures. On observe également les restes d’une pâte blanche appliquée sous les pigments colorés au niveau du torse, notamment vers les épaules et autour de la mèche. Des traces de pigment noir sont préservées sur le sourcil. Sur le visage et le cou, on remarque également des traces ocre rouge qui d’après analyses (Sandrine Pagès-Camagna-C2RMF-février 2012) se révèlent contenir du plomb, indiquant une datation remontant au plus tôt à l’époque ptolémaïque. Des traces de bleu égyptien dont encore visibles sur la coiffe, notamment au niveau de la partie supérieure de la mèche. Un bleu verdi est encastré sur son épaule gauche et quelques traces de ce pigment parsèment son torse. La mèche est la partie du relief qui conserve le plus de traces de pigments, à savoir l’enduit rose, la préparation blanche, des pigments jaunes ainsi que le bleu. Le numéro d’inventaire actuel est inscrit à l’encre noire sur pellicule isolante sur le chant inférieur.

 

Il s’agit vraisemblablement ici de la représentation d’un jeune homme de rang royal. Marque distinctive des enfants depuis l’Ancien Empire, la longue mèche latérale qui pend sur l’épaule droite est habituellement appelée la « mèche de l’enfance ». La mèche de l’enfance est portée aussi bien par les filles que les garçons. Elle carctérise aussi le prêtre de Ptah, prêtre sem, ou lounmoutef.  Le défunt représenté sur l’un des masques funéraires du musée Rodin, le Co. 3251, possède cette mèche. Ce masque était destiné à être déposé sur la momie d’un jeune garçon. Cette mèche très spécifique possède également une charge symbolique forte puisqu’elle est associée à Horus enfant, qui l’arbore en permanence. Les formes et les styles varient, notamment chez les enfants royaux qui peuvent l’arborer dans une coiffe parfois très sophistiquée. À l’époque gréco-romaine, les rois peuvent l’arborer en plus des autres coiffes et attributs royaux (DERRICK, 1998, p. 91-105). Si elle peut être portée par un roi afin de manifester son ascendance divine et sa régénération, elle est davantage l’attribut des princes et des princesse, représentés adultes mais portant la mèche de l’enfance afin de rappeler leurs devoirs dynastiques et religieux. Le jeune homme représenté ici n’a pas le crâne rasé mais porte une perruque en plus de sa mèche de l’enfance. Il semble donc qu’il soit adulte et conserve sa mèche comme signe de son rang royal, suggérant ici la représentation d’un prince.

Ce type de représentation se retrouve dans de nombreux temples et sépultures de différentes périodes. Un certain nombre de reliefs conservés dans des musées présentent des enfants royaux arborant la mèche de l’enfance à l’instar de l’ostracon EA5620 du British Museum qui présente le prince héritier portant la mèche de l’enfance ou encore la stèle EA555.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Baubo

Égypte > Provenance inconnue

Époque Hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 5,3 CM ; L. 6,8 CM 

Co. 6091

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. Elle est cassée au niveau de la tête, des coudes, du pied gauche et de la partie saillante du sein gauche.

Description

La figurine représente une femme nue, assise sur les fesses. La tête est manquante. Les jambes sont repliées, cuisses collées contre les jambes, laissant le sexe apparent. Les bras sont particulièrement longs. Ils partent des épaules, formant une ligne horizontales puis un angle droit au-dessus des genoux. Ils plongent entre les cuisses, les entourent, les mains venant saisir les fesses. Tous les doigts sont ciselés. Les zones entre les bras et le corps sont comblées. A l’endroit où était la tête sort une petite tige métallique. Entre la tête et les seins apparaît un bourrelet horizontal. Les seins sont de taille moyenne, ronds et fermes. La partie saillante du sein gauche est cassée. Le mamelon droit est figuré à l’aide d’une petite perforation peu profonde. Le volume de la poitrine est souligné à l’aide d’incision pratiquée autour des deux seins. De fines incisions ondulées entre la poitrine et le nombril représentent les bourrelets du ventre. Le nombril est incisé et est de forme triangulaire, la pointe du triangle tournée vers le bas. La zone entre le nombril et le pubis est saillante, mettant en valeur le volume du ventre. Le pubis a ses bords incisés profondément. Les parties génitales de la figurine sont représentée à l’aide d’une large et profonde incision verticale dont le sommet est arrondi. On y observe des traces noires. Les cuisses ainsi que les jambes sont larges. Le pied droit est grossièrement modelé, les orteils n’étant pas représentés. Le pied gauche est cassé. La forme générale du dos est plate. On remarque, au niveau des omoplates, une incision horizontale. Au niveau des lombaires, un léger creux a été formé à l’aide du doigt du potier. Les fesses sont rondes, séparées par une incision verticale relativement profonde. Le dessous des fesses est plat, permettant à la figurine de tenir debout.

 

La figurine Co. 6091 appartient au type de figurine féminine « baubo ». Il s’agit de figurines qui font leur à la période ptolémaïque et qui perdurent jusque pendant la période romaine. L’iconographie de ces figurines est grecque ou gréco-romaine. Les figurines de ce type retrouvées en Egypte proviennent en très grande majorité de Basse Egypte, principalement d’Alexandrie et de Naucratis ainsi que du Fayoum. Leurs contextes de découvertes sont variés, allant de casernes aux temples en passant par des ateliers. La majorité des figurines de type Baubo, réalisées au cours de la période gréco-romaine, à l’instar de la figurine Co. 6091, celles fabriquées en Egypte sont réalisés en terre cuite moulée. Mais des exemplaires de la même époque existent également en faïence égyptienne, à l’image de la figurine conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 15.43.329 et en verre, à l’image des figurines conservées au British Museum sous le numéro d’inventaire 18,710612.22  retrouvées en Egypte mais de fabrication phénicienne. Ces figurines sont toutes représentées nues, toutes offrants leur sexe, jambes écartées, la position exacte des mains et des bras variant d’une figurine à l’autre. Certaines sont dépourvues de tête, d’autres peuvent chevaucher un sanglier, d’autres encore jouent de la harpe et ce type inclue également les figurines où la tête est placée au-dessus de la vulve.

 

Le nom de Baubo fait référence à la version orphique du mythe de Déméter rapportée par Clément d’Alexandrie. L’hymne raconte que la déesse, désespérée par l’enlèvement de sa fille, Perséphone, par Hadès, trouve refuge à Eleusis où elle est recueillie par Baubo. Celle-ci l’invite à boire, mais essuie un refus de la part de Déméter. Elle décide alors de soulever ses jupes, lui dévoilant ainsi ses parties génitales, faisant rire la déesse qui accepte la boisson. Ce mythe fait écho à l’hymne homérique où Iambé remplaçant Baubo parvient à dérider la déesse en lui disant des plaisanteries grossières. La découverte de figurines représentant chacune une femme dont le visage est posé juste au-dessus de la vulve datant de la fin du IVe siècle av. J.-C. dans les vestiges du temple de Déméter à Priène incita les archéologues à donner leur donner le nom de Baubo, bien que ces figurines n’immortalisent pas le geste de dévoiler ostensiblement ses parties génitales tel que rapporté dans l’hymne orphique de Déméter. Les figurines découvertes en Egypte reçurent également naturellement le nom de Baubo, leur posture rappelant plus clairement celle de Baubo dans le mythe orphique.

 

Avant d’être des représentations de corps féminins, ces figurines sont avant un geste, celui de l’anasyrma, terme grec désignant le fait de soulever ses jupes dans le but d’exposer sa vulve. Un parallèle égyptien existe selon lequel la déesse Hathor aurait également eu recours à l’anasyrma afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie, après qu’il ait été offensé par le dieu Baba. Différents rituels égyptiens incluent ce geste à l’image des rituels hathoriques incluant des danses interprétées par les khenerout, où celles-ci exposaient leur vulve au moment culminant du rituel, ou encore lors du festival de Bubastis, durant lequel les femmes y participant dévoilaient leurs parties génitales, selon Hérodote et Diodore de Sicile. On peut également mentionner le culte du taureau Apis. En effet, durant les quarante jours auprès le choix du nouveau taureau sacré, les officiantes lui exhibaient leur vulve afin d’assurer la régénération posthume du précédent taureau décédé en le corps du nouveau choisi, assurant ainsi la transmission des attributs divins d’un animal à un autre. Ainsi, si l’anasyrma possède de toute évidence un caractère bénéfique et régénérateur en Egypte, il est à noter que les auteurs s’accordent à dire que le même geste effectué dans un contexte grec et diriger vers une personnalité masculine perd sa fonction consolatrice comme dans la légende de Baubo, et devient au contraire un geste de défiance et de honte.

 

Faut-il voir dans ces statuettes des représentations de Baubo ? La réponse n’est pas si aisée. Certains éléments peuvent effectivement renvoyer au mythe de Déméter et à la gestuelle de Baubo. Il y a tout d’abord l’exhibition de la vulve ainsi que le caractère grossier et grotesque des figurines qui fait écho à un moment précis des Mystères d’Eleusis durant lequel les initiés devaient adopter un comportement et un langage grossier. La présence occasionnelle du sanglier sous la figurine féminine pourrait éventuellement évoquer certains aspects des Mystères d’Eleusis. L’étymologie-même du nom de Baubo fait débat. Sa racine forme des termes se rapportant à divers domaines, notamment à celui du sommeil mais également au mot Baubo, qui désigne un godemiché. Cependant, on peut aussi rapprocher le nom de Baubo de celui de la déesse sumérienne Bau, vénérée également chez les Phéniciens parfois sous le nom de Baev et qui est une divinité des eaux primordiales. Le nom de Baubo est loin de faire l’unanimité parmi les chercheurs, certains proposant plutôt d’y voir une représentation d’Omphale, reine de Lydie connue pour avoir soumis Héraclès à sa volonté avant de l’épouser. En effet, des amulettes à l’effigie d’Omphale étaient répandues dans le monde romain et réputées protéger les futurs mères et leur bébé. Quoi qu’il en soit, l’intérêt de ces figurines réside vraisemblablement moins dans la figure mythique qu’elles peuvent représenter que dans le geste qu’elles immortalisent.

 

Si la vulgarité apparente de ces figurines peut faire immédiatement penser à des objets à caractère purement et uniquement érotique, il n’est pas certain qu’il faille les limiter à ce seul aspect. En effet, plusieurs représentations féminines offrant ostensiblement leur sexe à la vue de tous, écartant parfois même ses lèvres à pleines mains existent dans différentes cultures et à différentes époques. On peut citer, à titre d’exemple, la déesse indienne de la ferilité Lajja Gauri (une de ses représentations est conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 2000.284.13) dont les attributs divins sont précisément symbolisés par son exhibition sexuelle. Les figurines de type Baubo découvertes en Egypte sont à remettre dans le contexte de la longue et riche évolution des figurines féminines nues d’Egypte. Dès le Moyen Empire, un certain nombre de types de figurines féminines font leur apparition en Egypte. Représentées nues, ces femmes n’ont ni la posture éhontée des Baubos ni leur apparence grosse. Elles sont au contraire longilignes et dépourvue de toute vulgarité, en dépit de leur nudité. Une autre grande catégorie est connue en Egypte, c’est celle des figurines féminines nues accompagnées d’un enfant. Dans les deux cas et peur importe leurs caractéristiques iconographiques, elles sont liées à la fertilité et possèdent des fonctions protectrices et régénératrices aussi bien pour les vivants que pour les morts. A la Basse Epoque apparaît une nouvelle catégorie de figurines, préparant l’apparition des Baubos. Il s’agit d’un type de figurine représentant la vulve, jambes écartées, prémisses des figurines de l’époque ptolémaïque. Un exemplaire est conservé au British Museum sous le numéro d’inventaire 1965,0930,954. Plusieurs auteurs s’accordent à dire qu’il est possible que les Baubos ne représentent pas des femmes naturellement corpulentes mais peut-être plutôt des femmes enceintes. D’ailleurs, selon Clément d’Alexandrie, au moment de l’exécution par Baubo de son anasyrma, il semblerait qu’elle ait eu quelque chose à l’intérieur de son vagin. Il peut s’agir d’un objet phallique ou bien d’un enfant. La possibilité d’une grossesse expliquerait la corpulence des figurines. Les Baubos sont des petits objets pour beaucoup pourvus d’un orifice au sommet du crâne permettant de les suspendre et peut-être de les porter sur soi comme des amulettes. Il semblerait donc qu’on ait affaire à des figurines garantissant la fertilité, la protection et la régénération à l’image des précédentes figurines égyptiennes connues jusqu’à lors. De telles amulettes font écho aux photographies de prostituées montrant leur vulve retrouvées dans les poches des soldats japonais tués lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans la culture japonaise, la vulve possède un pouvoir magique certain et de telles représentations assuraient aux soldats protection et régénération dans      l’au-delà.

 

Les figurines de type Baubo sont donc à comprendre à la fois comme une étape fondamentale de la longue évolution des figurines féminines égyptiennes ainsi que comme une tradition hybride, mêlant des influences grecques évidentes, à des traditions égyptiennes et sans doute aussi des influences orientales, aux fonctions apotropaïques.

 

La figurine Co. 6090 s’inscrit dans cette tradition de la piété personnelle. De toute évidence, la tête était moulée à part et devait se ficher sur le cou en s’enfonçant sur la tige de métal. L’absence d’orifice au niveau du fessier indique l’absence d’une perforation verticale. Ainsi, la figurine n’était pas suspendue mais tenait debout par elle-même. On peut donc supposer qu’elle était déposée dans un lieu précis, peut-être un contexte domestique, funéraire ou au sein d’un sanctuaire.  

La collection égyptienne du musée Rodin possède trois autres figurines de type Baubo conservées sous les numéros d’inventaire Co. 2714, Co. 2798 et Co. 6120.

Inscription

Anépigraphe.

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Baubo

Égypte > Provenance inconnue

Époque Hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 7,9 CM ; L. 4,5 CM ; P. 2,1 CM

Co. 6120

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La valve du revers est manquante. La valve avers est cassée au niveau du bras et de la jambe droits. 

Description

Il s’agit d’une figurine féminine nue assise sur les fesses. Numéro d’inventaire inscrit à l’encre noire sur une pellicule isolante au revers.

La tête est ovale. Le front est haut, les sourcils finement incisés. Les yeux sont délicatement incisés, les paupières supérieures et inférieures sont visibles. Les nez est droit, le bout est légèrement épaté. La bouche est charnue ainsi que les joues. Le menton est saillant. La chevelure est séparée en une raie au sommet du crâne. Les deux parties sont divisées en une succession de quatre mèches descendant de chaque côté. Les légères incisions et piquetages sur les mèches donnent l’impression d’une chevelure bouclée. La tête est coiffée d’une couronne bourrelet ornée de quatre rubans verticaux ou diagonaux. Les oreilles ne sont pas directement visibles mais on observe deux pendants d’oreille en forme de boucle atteignant les épaules. Le cou est quasi invisible, donnant l’impression que le menton touche volontairement le haut du buste. En haut des seins est incisée une ligne joignant les deux épaules et formant un v sous le menton. Les seins sont imposants mais flasques. Sous les seins se trouvent deux incisions parallèles représentant des bourrelets. Le ventre est volumineux et saillant pourvu d’un nombril profond et large. Une légère cassure verticale entre le pubis et le nombril est visible. Entre le bas-ventre et le nombril apparaissent deux lignes horizontales parallèles formant une ceinture. Le pubis est triangulaire et orné d’une incision partant du haut du pubis jusqu’en bas et figurant le clitoris et les lèvres. La main droite repose sur la ceinture et le haut du pubis. La cuisse gauche est épaisse et repliée contre le ventre, présentant ainsi la jambe en position horizontale. Le pied gauche est manquant. On observe une incision entre le genou et la cheville représentant peut-être un bracelet. Le bras gauche pend le long du corps, la zone entre le bras et le corps étant comblée. Un bracelet à double rang est incisé entre l’épaule et le coude. Un second bracelet à rang unique est incisé au revers au niveau du poignet. Le bras gauche passe derrière le mollet gauche, laissant la main le saisir par en-dessous, le pouce apparaissant au revers et les doigts sous la jambe.   Moulée dans un moule bivalve (trace du percement réalisé au sommet de la tête avant séchage de la terre et après réunion de deux partis, avers et revers).

Il ne reste de la valve revers que l’arrière du bras gauche. La ligne de suture entre les deux valves est bien visible sur le profil du bras gauche. Il est possible que l’extrémité du pied gauche ait été moulée à part ainsi que la tête, probablement issue d’un autre moule bivalve. On remarque une fine fente sur la face qui correspond sans doute à la ligne d’assemblage entre la tête et le corps. Un orifice est présent sur le sommet du crâne, probablement réalisé avant la cuisson. Il est possible que cette opération ait été effectuée afin de créer un évent supplémentaire ou bien pour fixer ultérieurement un autre attribut.   On observe plusieurs traces d’outils, notamment au niveau de la couronne ainsi que de nombreuses traces de doigts au revers. Des traces de pigments noirs sont également présentes au niveau de l’œil gauche et de la main droite ainsi que de pigments ocre rouge dans les cheveux. D’autres traces de pigments ocre rose sont observées à plusieurs endroits de la figurine.

 

La figurine Co. 6120 appartient au type de figurine féminine « baubo ». Il s’agit de figurines qui font leur à la période ptolémaïque et qui perdurent jusque pendant la période romaine. L’iconographie de ces figurines est grecque ou gréco-romaine. Les figurines de ce type retrouvées en Egypte proviennent en très grande majorité de Basse Egypte, principalement d’Alexandrie et de Naucratis ainsi que du Fayoum. Leurs contextes de découvertes sont variés, allant de casernes aux temples en passant par des ateliers. La majorité des figurines de type Baubo, réalisées au cours de la période gréco-romaine, à l’instar de la figurine Co.6120, celles fabriquées en Egypte sont réalisés en terre cuite moulée. Mais des exemplaires de la même époque existent également en faïence égyptienne, à l’image de la figurine conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 15.43.329 et en verre, à l’image des figurines conservées au British Museum sous le numéro d’inventaire 18,710612.22  retrouvées en Egypte mais de fabrication phénicienne. Ces figurines sont toutes représentées nues, toutes offrants leur sexe, jambes écartées, la position exacte des mains et des bras variant d’une figurine à l’autre. Certaines sont dépourvues de tête, d’autres peuvent chevaucher un sanglier, d’autres encore jouent de la harpe et ce type inclue également les figurines où la tête est placée au-dessus de la vulve.

 

Le nom de Baubo fait référence à la version orphique du mythe de Déméter rapportée par Clément d’Alexandrie. L’hymne raconte que la déesse, désespérée par l’enlèvement de sa fille, Perséphone, par Hadès, trouve refuge à Eleusis où elle est recueillie par Baubo. Celle-ci l’invite à boire, mais essuie un refus de la part de Déméter. Elle décide alors de soulever ses jupes, lui dévoilant ainsi ses parties génitales, faisant rire la déesse qui accepte la boisson. Ce mythe fait écho à l’hymne homérique où Iambé remplaçant Baubo  parvient à dérider la déesse en lui disant des plaisanteries grossières. La découverte de figurines représentant chacune une femme dont le visage est posé juste au-dessus de la vulve datant de la fin du IVe siècle av. J.-C. dans les vestiges du temple de Déméter à Priène incita les archéologues à donner leur donner le nom de Baubo, bien que ces figurines n’immortalisent pas le geste de dévoiler ostensiblement ses parties génitales tel que rapporté dans l’hymne orphique de Déméter. Les figurines découvertes en Egypte reçurent également naturellement le nom de Baubo, leur posture rappelant plus clairement celle de Baubo dans le mythe orphique.

 

Avant d’être des représentations de corps féminins, ces figurines sont avant un geste, celui de l’anasyrma, terme grec désignant le fait de soulever ses jupes dans le but d’exposer sa vulve. Un parallèle égyptien existe selon lequel la déesse Hathor aurait également eu recours à l’anasyrma afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie, après qu’il ait été offensé par le dieu Baba. Différents rituels égyptiens incluent ce geste à l’image des rituels hathoriques incluant des danses interprétées par les khenerout, où celles-ci exposaient leur vulve au moment culminant du rituel, ou encore lors du festival de Bubastis, durant lequel les femmes y participant dévoilaient leurs parties génitales, selon Hérodote et Diodore de Sicile. On peut également mentionner le culte du taureau Apis. En effet, durant les quarante jours auprès le choix du nouveau taureau sacré, les officiantes lui exhibaient leur vulve afin d’assurer la régénération posthume du précédent taureau décédé en le corps du nouveau choisi, assurant ainsi la transmission des attributs divins d’un animal à un autre. Ainsi, si l’anasyrma possède de toute évidence un caractère bénéfique et régénérateur en Egypte, il est à noter que les auteurs s’accordent à dire que le même geste effectué dans un contexte grec et diriger vers une personnalité masculine perd sa fonction consolatrice comme dans la légende de Baubo, et devient au contraire un geste de défiance et de honte.

 

Faut-il voir dans ces statuettes des représentations de Baubo ? La réponse n’est pas si aisée. Certains éléments peuvent effectivement renvoyer au mythe de Déméter et à la gestuelle de Baubo. Il y a tout d’abord l’exhibition de la vulve ainsi que le caractère grossier et grotesque des figurines qui fait écho à un moment précis des Mystères d’Eleusis durant lequel les initiés devaient adopter un comportement et un langage grossier. La présence occasionnelle du sanglier sous la figurine féminine pourrait éventuellement évoquer certains aspects des Mystères d’Eleusis. L’étymologie-même du nom de Baubo fait débat. Sa racine forme des termes se rapportant à divers domaines, notamment à celui du sommeil mais également au mot Baubo, qui désigne un godemiché. Cependant, on peut aussi rapprocher le nom de Baubo de celui de la déesse sumérienne Bau, vénérée également chez les Phéniciens parfois sous le nom de Baev et qui est une divinité des eaux primordiales. Le nom de Baubo est loin de faire l’unanimité parmi les chercheurs, certains proposant plutôt d’y voir une représentation d’Omphale, reine de Lydie connue pour avoir soumis Héraclès à sa volonté avant de l’épouser. En effet, des amulettes à l’effigie d’Omphale étaient répandues dans le monde romain et réputées protéger les futurs mères et leur bébé. Quoi qu’il en soit, l’intérêt de ces figurines réside vraisemblablement moins dans la figure mythique qu’elles peuvent représenter que dans le geste qu’elles immortalisent.

 

Si la vulgarité apparente de ces figurines peut faire immédiatement penser à des objets à caractère purement et uniquement érotique, il n’est pas certain qu’il faille les limiter à ce seul aspect. En effet, plusieurs représentations féminines offrant ostensiblement leur sexe à la vue de tous, écartant parfois même ses lèvres à pleines mains existent dans différentes cultures et à différentes époques. On peut citer, à titre d’exemple, la déesse indienne de la ferilité Lajja Gauri (une de ses représentations est conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 2000.284.13) dont les attributs divins sont précisément symbolisés par son exhibition sexuelle. Les figurines de type Baubo découvertes en Egypte sont à remettre dans le contexte de la longue et riche évolution des figurines féminines nues d’Egypte. Dès le Moyen Empire, un certain nombre de types de figurines féminines font leur apparition en Egypte. Représentées nues, ces femmes n’ont ni la posture éhontée des Baubos ni leur apparence grosse. Elles sont au contraire longilignes et dépourvue de toute vulgarité, en dépit de leur nudité. Une autre grande catégorie est connue en Egypte, c’est celle des figurines féminines nues accompagnées d’un enfant. Dans les deux cas et peur importe leurs caractéristiques iconographiques, elles sont liées à la fertilité et possèdent des fonctions protectrices et régénératrices aussi bien pour les vivants que pour les morts. A la Basse Epoque apparaît une nouvelle catégorie de figurines, préparant l’apparition des Baubos. Il s’agit d’un type de figurine représentant la vulve, jambes écartées, prémisses des figurines de l’époque ptolémaïque. Un exemplaire est conservé au British Museum sous le numéro d’inventaire 1965,0930,954. Plusieurs auteurs s’accordent à dire qu’il est possible que les Baubos ne représentent pas des femmes naturellement corpulentes mais peut-être plutôt des femmes enceintes. D’ailleurs, selon Clément d’Alexandrie, au moment de l’exécution par Baubo de son anasyrma, il semblerait qu’elle ait eu quelque chose à l’intérieur de son vagin. Il peut s’agir d’un objet phallique ou bien d’un enfant. La possibilité d’une grossesse expliquerait la corpulence des figurines. Les Baubos sont des petits objets pour beaucoup  pourvus d’un orifice au sommet du crâne permettant de les suspendre et peut-être de les porter sur soi comme des amulettes. Il semblerait donc qu’on ait affaire à des figurines garantissant la fertilité, la protection et la régénération à l’image des précédentes figurines égyptiennes connues jusqu’à lors. De telles amulettes font écho aux photographies de prostituées montrant leur vulve retrouvées dans les poches des soldats japonais tués lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans la culture japonaise, la vulve possède un pouvoir magique certain et de telles représentations assuraient aux soldats protection et régénération dans l’au-delà.

 

Les figurines de type Baubo sont donc à comprendre à la fois comme une étape fondamentale de la longue évolution des figurines féminines égyptiennes ainsi que comme une tradition hybride, mêlant des influences grecques évidentes, à des traditions égyptiennes et sans doute aussi des influences orientales, aux fonctions apotropaïques.

La figurine Co. 6120 s’inscrit dans cette tradition de la piété personnelle. Elle possède en outre une coiffure, de style grec, que l’on retrouve sur un très grand nombre de figurines de ce type. (voir BAIEY, 2008, pl. 23, n°3131, n°3132, pl.24, n°3134,  n°3136 ; n°3137, n°3138 et pl. 25 n°3140).  L’orifice que l’on observe au sommet du crâne peut laisser penser qu’un autre élément devait s’y ficher. On peut alors penser à un pot ou bien à un bouton de lotus dont beaucoup de Baubos sont pourvues. Le pot et le bouton de lotus sont des traits iconographiques que les figurines Baubos ont en commun avec les figurines d’Harpocrates. Un exemple est conservé au Metropolitan Museum of Art sous le numéro 17.194.420. Cet élément ne fait que renforcer et confirmer la vocation de la figurine à apporter prospérité et fertilité à son détenteur. L’orifice pourrait aussi indiquer la présence initiale d’une perforation verticale traversant la figurine, lui permettant d’être suspendue. De plus, les pigments utilisés rappellent les teintes que l’on retrouve sur les figurines féminines nues égyptiennes des périodes antérieures, inscrivant de fait la figurine Co. 6120 dans une tradition iconographique aux origines égyptiennes évidentes.

La collection égyptienne du musée Rodin possède trois autres figurines de type Baubo conservées sous les numéros d’inventaire Co. 2714, Co. 2798 et Co. 6091.

Inscription

Anépigraphe.

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Bès combattant

Égypte > Provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite

H. 12,2 CM ; L. 6,1 CM ; P. 3 CM

Co. 2596

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La face avant est très érodée et masquée en partie par un enduit crème très épais. De la terre archéologique est incrustée entre les deux jambes du personnage. Un éclat moderne est visible sur la partie supérieure gauche de la coiffe en plumes.

Description

Il s’agit d’une représentation de Bès, fixée sur un socle circulaire en pierre de type marbre rouge. Le montage a vraisemblablement été imaginé à une époque proche de sa mise en circuit sur le marché de l’art. La figurine a été réalisée en terre cuite rouge. Un badigeon d’une substance variant de blanc crème à vert clair recouvre en grande partie la face avant, masquant les détails et rendant difficile la lecture de l’objet. Ce badigeon, appliqué en couche épaisse, ne semble pas correspondre à l’enduit peint qui orne les détails de la figurine d’un Bès en terre cuite d’époque romaine conservée au musée du Louvre (N° d’inventaire E 20701, DUNAND 1990, p. 41 notice N° 41). La divinité se tient debout, nu, sur une base rectangulaire. On distingue la silhouette générale du génie, un nain au ventre protubérant et aux jambes courtes et torves. Généralement représenté de face, cette figure de type grotesque, caractéristique de Bès, est celle d’une divinité familière et protectrice. Le bras droit levé et légèrement replié en direction de la tête, il brandit une arme devant lui, vraisemblablement une épée courte. Menaçant, il est prêt à l’abattre sur tout adversaire se manifestant. Le bras gauche, près du corps, tient un bouclier ovale avec umbo. Il est possible de restituer que Bès porte une coiffure constituée de cinq plumes. Son oreille gauche, saillante est visible. La décoration du bouclier est la mieux conservée. Traversé par une ligne en relief, il présente en son milieu une décoration ovale. Attitude, dimensions et attributs de Bès correspondent à la figurine en terre cuite d’époque romaine musée du Louvre E 29795 (DUNAND 1990, p. 20 (cliché couleur) et p. 41 notice N° 40).

La face arrière n’a pas recouverte de badigeon. Comme la figurine était conçue pour être vue exclusivement de face, l’arrière de la statuette est arrondi (base comprise) et sans décor. Une anse en terre cuite renforce l’arrière de la coiffe. Au milieu du dos, un orifice circulaire correspond à un trou d’évent. 

 

Bien que souvent considéré comme un dieu, Bès est une divinité secondaire. D’origine nubienne, ses représentations sont attestées dès le Moyen Empire. Au Nouvel Empire, il devint une divinité extrêmement populaire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tel Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de longs bras, un masque de type léonin, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une barbe aux longues mèches détaillées et très souvent coiffé d’une couronne de plumes d’autruche retenues par un bandeau (voir par exemple la statuette en calcaire musée Rodin Co. 3385). Au Nouvel Empire, Bès arbore souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face, convention inhabituelle à l’art égyptien. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. (Sur les divinités Bès et Beset, voir CORTEGGIANI 2007 p. 84-87). Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est également une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son rôle de protecteur. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant », fonction qui correspond à l’image de cette figurine. Bès est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON, 2001), on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Egypte en lui jouant de la musique, accordant ainsi au génie un rôle supplémentaire, celui de protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. Il incarne de plus les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant les velléités d’attaque de ses ennemis contre ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité féconde, jusqu’au premier siècle de notre ère.

L’effigie Co. 2596 a été confectionnée pour un usage en contexte domestique ou bien pour servir d’offrande dans un sanctuaire hathorique. Ici, c’est l’aspect guerrier qui est mis en avant, par la posture et les armes (épée courte et bouclier). Nous avons donc affaire à la version combattante du génie, capable de chasser les démons et autres forces maléfiques. Une statuette similaire conservée au Musée du Louvre sous le numéro MNB2047 restitue le schéma décoratif d’origine de la figurine Co. 2596.

La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autres objets à l’effigie de Bès, inventoriés sous les numéros Co. 2736, Co. 3064, Co. 3385, Co. 966, Co. 5676 et Co. 5677. Une figurine du British Museum (N° d’inventaire EA611298), datant de l’époque ptolémaïque et en parfait état de conservation, est à rapprocher de la figurine musée Rodin Co. 2596. 

Inscription

Anépigraphe.

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Plaque en forme de dieu anthropomorphe

Égypte > Provenance inconnue

Époque Hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Pâte de verre noire

H. 2,2 CM : L. 0,5 CM : P. 0,8 CM : Pds. 0,007 kg

Co. 2421

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La face avant supérieure de la couronne est abîmée. La partie supérieure du pilier dorsal est manquante. Cassé également au niveau des pieds. L’ensemble de l’objet est empoussiéré et la surface émoussée. 

Description

Il s’agit d’une figurine de très petite dimension représentant un personnage debout, dans la position de la marche, la jambe gauche légèrement en avant de la jambe droite. Les bras retombent le long du corps. L’état de conservation ne permet pas de distinguer avec précision les détails des vêtements portés par le personnage, mais on remarque l’extrémité d’un vêtement au niveau des chevilles. La tête est surmontée d’une perruque tripartite dont les deux mèches du devant retombent en haut de la poitrine. Le personnage est également coiffé d’une coiffe de type mortier. De forme carrée, ses bords adoptent la forme d’un petit plateau. La réalisation trop frustre de la figurine empêche de distinguer les traits du visage ; la forme du nez et l’emplacement des yeux se devinent ainsi que la naissance d’une barbe, cassée à l’heure actuelle. Le dos repose sur un pilier dorsal dont l’extrémité supérieure est cassée au niveau du crâne. Il est donc possible qu’à cet emplacement se trouvait un anneau de suspension. La figurine repose sur une base, légèrement cassée au regard du pied gauche. Cette base s’inscrit en continuité du pilier dorsal. Sa surface inférieure étant restée légèrement incurvée, la figurine n’est pas stable et ne tient pas debout sans support.

 

La figurine Co. 2421 s’inscrit de toute évidence dans la longue tradition des amulettes égyptiennes. Ces objets, aux dimensions généralement petites, apparaissent dès le début de l’histoire. Si le mot amulette peut être traduit de différentes façons en égyptien, l’étymologie renvoie toujours à la notion de protection. Ce terme désigne donc tout objet exerçant une fonction protectrice pour son porteur.  Les amulettes, réalisées en différentes matières, représentaient des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat ou le pillier djed,  des signes hiéroglyphiques ou bien encore l’image de divinités. Mais il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé et portés par la personne à protéger. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Avant le Nouvel Empire, les amulettes ont été généralement retrouvées en contexte funéraire. Ces objets « précieux » étant utilisés aussi bien par les vivants que pour les morts, et ce  durant toute l’histoire pharaonique, on en plaçait, parfois en quantités conséquentes, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées sur soi, soit en forme de pendentifs, de bracelets ou de bagues ; ce fut notamment le cas à Amarna (STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifia nettement au cours de la XVIIIdynastie, aidée en cela par une fabrication quasi industrielle d’objets en faïence. Les amulettes, dont les matières devinrent de plus en plus variées, furent incluses en tant que bijoux dans les colliers ou les bracelets. Les amulettes, élément central de la piété populaire, nous informent sur les rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu que certaines d’entre elles étaient suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée. Malheureusement, la documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Autant est-il possible de deviner le rôle du magicien lors de la réalisation de papyri protecteurs comme cité plus haut, autant les rituels permettant de rendre une amulette en pierre, en bois ou en faïence active restent difficiles à déterminer.

 

Les traits frustres et l’état de conservation actuel de la figurine Co. 2421 ne permettent pas une identification facile du personnage ici représenté. Cependant, il pourrait s’agir du dieu Anhour, plus connu sous son nom grec Onouris, identifiable à sa coiffure spécifique, composée d’un mortier bas dans lequel sont fichées deux, ou le plus souvent quatre hautes plumes accolées . Divinité apparue dès le IIIème millénaire, la figure d’Anhour est d’abord attestée dans la région d’Abydos et à This (capitale de l’ancienne Egypte au début de son histoire, pendant la période dite « thinite »). Anhour apparaît dans le mythe de l’Œil de Rê, rapportant l’œil perdu assimilé à la déesse lionne Méhyt au dieu soleil, Méhyt qu’il parvient à apaiser et dont il fit sa parèdre. Au Nouvel-Empire, il est assimilé à Chou. En Nubie, il est assimilé au dieu Arensnouphis. C’est durant l’époque ptolémaïque qu’Anhour gagna considérablement en popularité. Son lieu de culte devint Sebennytos, dans le Delta. Dieu de la guerre, de la chasse, il est aussi celui qui « soutient le ciel ». Anhour, ou Onouris, est également assimilé à Osiris à cette période ainsi qu’au dieu grec Arès. Toujours représenté de façon anthropomorphe, il porte un pagne et parfois une tunique et se reconnaît à sa coiffure, qui surmonte le plus souvent une perruque. Une multitude de figurines sont produites à son effigie, beaucoup le montrant brandissant une lance (il s’agit d’un dieu guerrier) à l’instar de la figurine conservée au British Museum sous le numéro d’inventaire EA52934. Le plus souvent représenté debout, Anhour est parfois assis, comme le montre cette autre figurine du British Museum EA74095.

 

De par le mortier bas, il est possible de suggérer que la figurine Co. 2421 du musée Rodin serait une représentation du dieu Anhour. Néanmoins, les représentations connues de la divinité le montrent le plus souvent arborant une perruque courte, ce qui ne correspond pas à cette figurine.

 

Related pieces

Dans les collections du musée Rodin, deux plaques en pâte de verre noire représentant une divinité sont à rapprocher de Co. 2421 (Co. 1481 (Amset) et Co. 2417 (Horus).

Inscription

Anépigraphe.

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Femme debout dans un naos

Égypte > Provenance inconnue, probablement Basse Égypte

Époque Héllénistique et romaine

[voir chronologie]

Terre cuite 

H.  11, 2CM ; L. 5,1  CM ; P. 1,2 CM

Co. 2481

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. L’objet est fortement émoussé et les pigments sont presque tous effacés. La partie supérieure droite est cassée et le fragment est manquant.

Description

Cette figure féminine nue, appartient au type particulier de plaques de terre cuite représentant des femmes nues se tenant debout.

L’objet est plat, fin, ne peut tenir debout et les motifs sont en haut-relief fortement émoussé. Sur cette petite plaque de terre cuite de forme ovale un édifice, composé de deux colonnes sculptées en torsades et pourvues de bases et de chapiteaux sculptés, supporte un fronton triangulaire à l’intérieur duquel est sculpté une forme presque intégralement effacée. Le style de l’édifice n’est pas sans rappeler l’architecture grecque classique. Il repose sur une base, figuré en retrait. Sous l’édifice, une pancarte rectangulaire anépigraphe est placée dans la partie inférieure de la plaque de terre cuite. Sur la partie gauche de la plaque, deux petits orifices ont été ménagés. Ils sont attribuables à un système de suspension, largement pratiqué en Egypte tardive pour les objets votifs. Les deux orifices sont en prolongement l’un de l’autre, le premier se situant juste au-dessus du chapiteau et le second à gauche de la base de la colonne. A l’intérieur de l’édifice se trouve une figure féminine debout. La figure féminine possède une tête ronde dont les traits du visage sont invisibles. L’état actuel de l’objet ne permet pas de détailler les traces de sa chevelure. Une coiffe en arc de cercle se distingue néanmoins. Imposant, il se déploie jusqu’au fronton de l’édifice. Le buste de la femme offre deux petits seins plats. Les hanches sont larges mais le nombril est à peine visible. On distingue les traits du triangle pubien aux dimensions plutôt larges, la partie supérieure du triangle atteignant presque la zone du nombril. Le pubis est piqueté de petits points. Les cuisses sont courtes, solides et larges. La jambe droite de la femme est légèrement pliée et collée à la jambe gauche restée tendue, accordant ainsi à la figure l’illusion d’un mouvement et de légère bascule vers la droite. Les pieds, quant à eux, sont modelés de façon extrêmement frustre. Le pied droit, celui de la jambe légèrement repliée, ne semble pas reposer totalement sur le sol, à l’inverse du pied gauche. Les deux bras sont repliés vers le haut, les coudes ne touchant pas le corps. Les mains, dont on ne discerne pas les doigts, tiennent deux longues tiges dont les bases atteignent le bas des colonnes. De très légères traces de pigments noirs sont visibles sur les colonnes ainsi que sur le visage, les seins et la cuisse droite.

 

L’élégante du relief Co. 2481 est un bel exemple de figurines féminines nues fabriquées entre la Troisième Période Intermédiaire et la période gréco-romaine, d’un type hérité de traditions égyptiennes et levantines.  Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique, leurs caractéristiques ayant évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine, réparties sur l’ensemble du territoire égyptien, y compris le Sinaï, ainsi que la Nubie (Mirgissa) et la Palestine (Deir el-Balah). Ce type de figurines présentées dans un édifice évoquant un naos égyptien -chapelle du temple où demeure la divinité ou, plus souvent, tabernacle où était enfermé la statue d’une divinité- peut être réalisé en calcaire, mais les exemplaires les plus fréquents sont en terre cuite. La production de ces plaques en terre cuite est attestée dès 750 av. J.-C. et jusqu’à la période romaine. Bon nombre de modèles en terre cuite ont été mises au jour sur les sites de Tebtynis et de Tell el Herr. De façon générale, c’est en Basse Egypte, et plus particulièrement dans la région du Fayoum, qu’ont été collectées la majorité de ces figures.

 

Pendant longtemps, ces figurines féminines dévêtues étaient étroitement associées à la sexualité masculine, exclusivement. Leur présence dans les tombes semblait tout naturellement indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Ces figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant de simples « concubines du mort », malentendu qui trouve son origine dans l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels épanouis. Néanmoins, la découverte de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au cœur de sanctuaires impose de nuancer cette théorie.

 

Le type de la figurine Co. 2481, apparu en Egypte au cours de la Troisième Période Intermédiaire, est à rapprocher de l’iconographie des plaques d’Astarté. Au Proche-Orient, Astarté est à l’origine d’un type de figures qui fait écho aux représentations féminines égyptiennes relatives à Hathor, pseudo « concubines du mort » découvertes dans des tombes de femmes, en contexte domestique et au cœur de sanctuaires (voir les notices des reliefs Co. 2610 et Co. 3052 de la collection Rodin).

Ces objets en terre cuite, produits au Levant de l’Age du Bronze jusqu’au cours de la période gréco-romaine, représentent des femmes nues se tenant debout, arborant les attributs iconographiques d’Astarté, déesse de la guerre, des chevaux et de l’amour. Astarté est le nom d’une déesse syro-palestinienne dont l’équivalent akkadien est Ishtar. Il est difficile de distinguer Astarté de la déesse syro-palestinienne Anat. Partageant certains attributs, elles sont toutes deux filles du dieu Rê en Egypte. Déesse associée à Hathor, les premières mentions d’Astarté dans le Panthéon égyptien apparaissent sous le règne d’Amenhotep II (voir CORTEGGIANI 2007, « Astarté », p. 58-59). Ces objets, appelés « plaques d’Astarté », sont presque tous moulés dans de l’argile, ou plus rarement réalisés en verre ou en faïence. Les toutes premières attestations de figures évoquant une déesse de la fertilité remontent au troisième millénaire et proviennent de Mésopotamie. Au cours du premier millénaire, la production de ces plaques s’intensifie au Levant offrant une iconographie particulière. La figure féminine est représentée debout, ses bras soutenant ses seins ou tenant de longues tiges végétales, des serpents ou encore des chèvres. Le visage est de face, les pieds de face où tournés vers les côtés, reposant parfois sur un cheval ou un lion. Sur certains modèles, la figure porte une coiffe hathorique. Certaines sont parées de bijoux. Un exemple de ces plaques est conservé dans les collections de l’Université de Yale sous le numéro d’inventaire 1912.459.

 

Comme dans le cas des figures féminines égyptiennes, les plaques d’Astarté ne sont pas une simple représentation de la déesse. Elles sont plutôt à interpréter comme des objets votifs, d’une utilisation similaire à celle des pseudo « concubines du mort » égyptiennes. Ces plaques présentent dans leur grande majorité des traces de pigments noirs, rouges et jaunes. Leur découverte se fait dans tous les types de contextes mais surtout en contexte domestique, illustrant, à l’instar des objets égyptiens, les pratiques religieuses privées. A partir de l’époque romaine, la production des plaques d’Astarté commence à décroître au Proche-Orient ; à l’inverse, elle s’intensifie en Egypte.

 

Si la figure féminine Co. 2481 s’apparente visiblement à une plaque d’Astarté, la présence d’un naos au style manifestement grec marque l’empreinte de l’Egypte gréco-romaine. Illustration du syncrétisme des traditions égyptiennes et orientales, cette petite plaque constitue également un témoignage de la piété personnelle aux époques tardives et il est regrettable de ne pas connaître son contexte de provenance. 

Aucun objet similaire n’est conservé au Musée Rodin.

Un exemple similaire se trouve dans ROTTE Elodie, “Egyptian Plaques Terracotas of Standing Nude Women from the Late Period: Egyptian Heritage or Foreign Influences”, in Newsletter of the Coroplastic Studies Interest Group 7, 2012, p.13. 

Inscription

Anépigraphe.

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Baubo

Égypte > provenance exacte inconnue, probablement Basse Égypte

Époque Héllénistique et romaine > ca Ier s. av. J.-C. – 1er s. ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Terre cuite 

H. 4,1 CM ; L. 3,5 CM ; P. 1,9 CM

Co. 2714

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Les traits du visage sont cependant émoussés et une fêlure traverse l’objet depuis l’épaule jusqu’au pied gauche, dont l’extrémité est cassée.

Description

La figurine représente une femme nue accroupie, largement offerte et aux chairs épanouies.

La tête est ronde, les joues charnues, les traits de la face sont assez émoussés. Le front est bas, les yeux sont incisés mais très émoussés. Le nez est large ; les lèvres, souriantes, sont figurées par deux lignes parallèles ; le menton est volontaire. Une coiffure d’inspiration hellénistique ceint sa tête et recouvre ses oreilles. Une tresse torsadée entoure le visage, retombant en deux longes mèches à petites boucles étagées de chaque côté du visage. Une couronne, sans doute florale, la surmonte. Un voile simple, qui a été lissé par l’artisan, descend jusqu’au niveau des épaules. Il recouvre la partie postérieure de la coiffure. Cette coiffure se retrouve sur un très grand nombre de figurines de ce type (voir BAIEY, 2008, pl. 25 n°3143).

L’orifice très large que l’on observe au sommet du crâne peut laisser penser qu’un élément devait s’y ficher. On peut alors penser à un pot ou bien à un bouton de lotus dont beaucoup de Baubos sont pourvues. Son bras droit pend le long du corps, le coude étant posé sur la cuisse droite et la main droite sur le pubis. Le bras gauche est posé sur la cuisse gauche, la main gauche reposant sur le genou gauche. Les doigts, initialement représentés au moyen d’incisions, sont presque complètement émoussés. Les seins sont particulièrement volumineux et saillants. Juste en dessous, des incisions représentent les bourrelets. Le ventre est massif et saillant. Le nombril, matérialisé par un simple trou arrondi, est large et profond. La rondeur du ventre est soulignée par deux replis sous la poitrine et une dépression entre le bas-ventre et le pubis. Ces incisions encadrent le thorax et concrétisent le renflement considérable du ventre, celui d’une femme très certainement porteuse de vie. Les cuisses sont larges ainsi que les mollets, collés contre elles. Le pied droit, le seul conservé, est posé au sol. Moulé à la main, les orteils du pied droit ne sont pas détaillés mais un anneau de cheville se devine.

Une fêlure traverse l’objet depuis l’épaule gauche jusqu’au pied, dont l’extrémité est cassée.

Au revers, sous la coiffe en tissu, le dos apparaît largement arrondi. Les bras ne sont pas collés au corps et l’espace entre les bras et le corps est comblé. Deux incisions, évasées en leur extrémité, partent des lombaires pour atteindre la région du pubis, marquant des fessiers larges mais plats.

L’objet a été fabriqué en terre cuite moulée, technique utilisée par les Grecs depuis l’époque archaïque et répandue en Egypte à l’époque hellénistique (voir DUNAND 1990, pp. 6-9). Deux moules, en Egypte généralement en plâtre, sont nécessaires, un pour la partie antérieure, l’autre pour la partie postérieure,  et les traces de suture entre ces deux moules sont évidentes de part et d’autre du Co. 2714. L’objet, réalisé en terre cuite à engobe brun rouge clair, a été badigeonné d’un épais enduit blanc, préparatoire à la peinture. Des traces de carnation roses sont visibles.

La figurine Co. 2714 appartient au type de figurine féminine dite « Baubo », apparue au cours de l’époque ptolémaïque et qui a perduré pendant la période romaine. L’iconographie de ces figurines est grecque ou gréco-romaine. Les figurines de ce type retrouvées en Egypte proviennent en très grande majorité de Basse Egypte, principalement d’Alexandrie et de Naucratis ainsi que du Fayoum. Leurs contextes de découvertes sont variés, allant des casernes aux temples ou aux ateliers. La majorité des figurines fabriquées en Egypte sont réalisés en terre cuite moulée. Mais des exemplaires de la même époque existent également en faïence égyptienne, à l’image de celle conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 15.43.329 ou en verre, à l’image des figurines conservées au British Museum sous le numéro d’inventaire 18,710612.22  retrouvées en Egypte mais de fabrication phénicienne. Ces figurines sont toutes représentées nues, offrants leur sexe, jambes écartées. Seule la position exacte des mains et des bras varie d’une figurine à l’autre. Certaines sont dépourvues de tête, d’autres peuvent chevaucher un sanglier, d’autres encore jouent de la harpe, ce dernier type comportant également les figurines où la tête est placée au-dessus de la vulve.

Le nom de « Baubo » fait référence à la version orphique du mythe de Déméter, rapportée par Clément d’Alexandrie. L’hymne raconte que la déesse, désespérée par l’enlèvement de sa fille Perséphone par Hadès, trouve refuge à Eleusis où elle est recueillie par Baubo. Celle-ci l’invite à boire, mais essuie un refus de la part de Déméter. Baubo décide alors de soulever ses jupes, lui dévoilant ainsi ses parties génitales. De surprise, la déesse éclate de rire, surmonte sa douleur et accepte la boisson. La découverte de figurines datant de la fin du IVsiècle av. J.-C. dans les vestiges du temple de Déméter à Priène, représentant chacune une femme dont le visage est posé juste au-dessus de la vulve, incita les archéologues à donner leur donner le nom de Baubo, bien que ces figurines n’immortalisent pas le geste de dévoiler ostensiblement ses parties génitales tel que rapporté dans l’hymne orphique de Déméter. Les figurines découvertes en Egypte reçurent elles-aussi le nom de Baubo, leur posture rappelant plus clairement celle de Baubo dans le mythe orphique.

 

L’obscénité apparente de ces figurines ne doit pas les cantonner aux catégories d’objets à caractère exclusivement érotique. En effet, plusieurs représentations féminines offrant ostensiblement leur sexe à la vue de tous, écartant parfois même ses lèvres à pleines mains, existent dans différentes cultures et à différentes époques. On peut citer, à titre d’exemple, la déesse indienne de la ferilité Lajja Gauri (une de ses représentations est conservée au Metropolitan Museum of Arts sous le numéro d’inventaire 2000.284.13) dont les attributs divins sont précisément symbolisés par son exhibition sexuelle.

Les figurines de type Baubo découvertes en Egypte sont à remettre dans le contexte de la longue et riche évolution des figurines féminines nues d’Egypte. Dès le Moyen Empire, un certain nombre de types de figurines féminines font leur apparition en Egypte. Représentées nues, ces femmes sont, au contraire des Baubos, longilignes et dépourvue de toute obscénité, en dépit de leur nudité. Une autre grande catégorie est connue en Egypte, c’est celle des figurines féminines nues accompagnées d’un enfant allaitant. Dans les deux cas, elles sont liées à la fertilité et possèdent des fonctions protectrices et régénératrices aussi bien pour les vivants que pour les morts. A la Basse Epoque apparaît une nouvelle catégorie de figurines, préparant l’apparition des Baubos. Il s’agit d’un type de figurine jambes écartées présentant une vulve, prémisse des figurines de l’époque ptolémaïque. Un exemplaire est conservé au British Museum sous le numéro d’inventaire 1965,0930,954. Les Baubos sont des petits objets pour beaucoup pourvus d’un orifice ou d’une bélière au sommet du crâne permettant de les suspendre et peut-être de les porter sur soi comme des amulettes. Il semblerait donc qu’on ait affaire à des figurines garantissant la fertilité, la protection et la régénération, à l’image des précédentes figurines égyptiennes connues jusqu’à lors. La possibilité d’une grossesse expliquerait la corpulence des figurines. Les figurines de type Baubo sont donc à comprendre à la fois comme une étape fondamentale de la longue évolution des figurines féminines égyptiennes ainsi que comme une tradition hybride, mêlant des influences grecques évidentes, à des traditions égyptiennes et sans doute aussi des influences orientales, aux fonctions apotropaïques.

La figurine Co. 2714 s’inscrit dans cette tradition de la piété personnelle. Beaucoup de Baubos ont une coiffure ornée d’un vase ou d’un bouton de lotus, traits iconographiques que les figurines de Baubos ont en commun avec les figurines d’Harpocrates. Un exemple est conservé au Metropolitan Museum of Art sous le numéro 17.194.420. Cet élément ne fait que renforcer et confirmer la vocation de la figurine à apporter prospérité et fertilité à son détenteur par le pouvoir vital du  sexe féminin. 

La collection égyptienne du musée Rodin possède trois autres figurines de type « Baubo », à savoir les figurines n° Co. 2798, Co. 6120 et Co. 6091.

Inscription

Anépigraphe.

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