Ordre Chronologique: 
6

Lampe à deux mèches

Buste d’Harpocrate

Égypte > provenance inconnue

Époque ptolémaïque

[VOIR CHRONOLOGIE]

H : 10,5 cm ; L : 7,9 cm ; P : 4,5 cm

Terre cuite

Co. 1356

Comment

State of preservation

Etat fragmentaire. Pschent au-dessus des deux boutons de lotus lacunaires.

Description

Cette lampe plastique a été moulée en forme de tête juvénile et comporte deux becs à l’emplacement des épaules. Le personnage arbore une large et épaisse couronne de fleurs alvéolée entourée d’un ruban dessinant trois spires autour de celle-ci. La couronne est surmontée de deux boutons de lotus. Un troisième élément lacunaire se trouvait entre les boutons de fleurs. Une mèche de l’enfance, difficilement lisible, retombant du côté droit de la tête permet d’identifier ici le dieu Harpocrate au visage souriant. Par comparaison avec d’autres représentations similaires du dieu (Fischer 1994, Nr 579, 583 et 656), portant cette épaisse couronne de fleurs surmontée de deux boutons de lotus, il est envisageable de restituer en ornement sommital la double-couronne, le pschent.

Harpocrate, ou « Horus l’enfant »,  est une divinité de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il partage l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis à Alexandrie, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), il connaît une popularité croissante dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine.

La lampe Co. 1356, témoigne de l’intégration d’un dieu égyptien dans le panthéon grec, tout en conservant ses attributs d’origine. Harpocrate est ici représenté avec la traditionnelle mèche de l’enfance égyptienne et probablement coiffé du pschent, mais qui en propose néanmoins une version hellénisée par le style. En effet, le visage du dieu est ici très rond et joufflu. Le front haut affecte la forme d’une demi-lune, les pommettes rondes sont relevées par un sourire raide, néanmoins présent, qu’affiche une bouche entrouverte aux lèvres épaisses.

Il a été proposé que la fondation d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé à partir du règne de Ptolémée IV Philopatôr (Ballet 2020, Empereur 1988, p. 220). Les représentations en terre cuite d’Harpocrate sont très nombreuses à Alexandrie, où les figurines proviennent majoritairement des nécropoles orientales. Néanmoins, les lampes plastiques le représentant en buste, comme la nôtre, sont rares. D’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna el-Gebel en Moyenne-Egypte, ou encore quelques exemplaires découverts à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du delta par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Egypte, à Délos, Myrina ou Tarse par exemple.

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Grotesque dansant

Cercle harpocratique

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Époque Ptolémaïque
[VOIR CHRONOLOGIE]
TERRE CUITE
H : 7,5 cm ; L : 7,3 cm ; P : 3,4 cm
CO. 2588

Comment

State of preservation

Incomplet. La partie inférieure du corps à partir des hanches est lacunaire. Le bras gauche, le dos et les boutons de lotus sont ébréchés. 

Description

Il s’agit d’un personnage masculin nu se contorsionnant. Il a la main gauche sur la hanche et la main droite derrière la tête. Il est chauve et porte une épaisse couronne alvéolée autour de laquelle s’enroule un ruban et surmontée de deux boutons de lotus. Il arbore également un large collier torsadé. Son front est marqué d’une ride d’expression, il a les arcades sourcilières épaisses et froncées, les yeux écarquillés et la bouche grimaçante aux lèvres épaisses. 
 
La présence des deux boutons de lotus permet de rattacher ce personnage à la sphère harpocratique car il s’agit d’un des attributs courants du dieu. Les fidèles d’Harpocrate sont justement représentés affublés de ses signes distinctifs, les deux boutons de lotus et la mèche de l’enfance. Cette dernière est ici absente. Une autre caractéristique iconographique des membres du clergé harpocratique est le crâne entièrement rasé, à l’exception de deux touffes de cheveux laissées apparentes sur le front, également absentes chez Co. 2588. 
 
Plus frappante est l’attitude contorsionnée et l’expression grimaçante de la figure. Celle-ci s’inscrit dans la catégorie des représentations caricaturales, généralement regroupées sous l’appellation plus générique mais discutée de « grotesques », désignant un ensemble de motifs très populaires à l'époque hellénistique, ayant en commun la représentation de personnages à l'aspect disgracieux, en torsion violente ou au corps déformé. Ces multiples images ont été conçues à l'encontre de l'incarnation du beau idéal en Grèce et des conventions de l'art égyptien. Les « grotesques » peuvent être distingués en plusieurs catégories : les cas pathologiques - la qualité de la réalisation de beaucoup de ces objets permettent d'ailleurs de reconnaître des maladies et des handicaps : hydrocéphalie, lordoses, gibbosités, etc… - ; les représentations dites « réalistes », que l'on peut rapprocher des « sujets de genre » qui comprennent également les représentations ethniques ; les caricatures de certaines catégories sociales comme les nourrices, les esclaves, ou encore les membres du clergé, comme avec Co.02588 qui représenterait un fidèle d’Harpocrate. Cette catégorie dite des « grotesques » est supposé dérivé répertoire iconographique en coroplathie grecque au IVe siècle avec les sujets théâtraux les acteurs sont alors représentés dans leur rôle, caricaturaux, avec leur masque, un ventre postiche et un phallus postiche lorsque le rôle l'impose. Petit à petit, la représentation de l’individu en tant que tel vient se substituer à l’acteur qui l’incarne. Le visage grimaçant et contrit de Co. 2588 peut d’ailleurs rappeler les expressions exacerbées des masques de théâtre. 
 
Les sujets ainsi regroupés sous l'appellation de « grotesques » proviennent, jusqu'alors, en très large majorité d'Asie Mineure et d'Egypte. Plus précisément, ce sont les sites de Smyrne et d'Alexandrie qui ont livré la majorité du matériel connu. Le rapport au dieu Harpocrate enjoint à rattacher cette figurine aux ateliers alexandrins. Les représentations d’Harpocrate sont justement nombreuses dans la capitale lagide, où le temple du dieu assurait la présence de membre de son clergé et de ses fidèles, qui pouvaient alors faire l’objet de représentations en coroplathie comme d’autres classes sociales. 
 
Les contextes de découverte des grotesques sont généralement mal connus, à quelques exceptions près. Outre l’exemple cultuel fourni par le sanctuaire de Ras el-Soda, des contextes funéraires sont attestés à Myrina et des contextes domestiques sont attestés à Priène. La diversité apparente des contextes d’utilisation, conduit à une interprétation difficile de la fonction. Les traductions ponctuelles des « grotesques » en métal et en ivoire montrent que ces effigies devaient avoir une certaine importance, ou du moins que leurs propriétaires devaient être parfois d'un certain niveau social. Hans Peter Laubscher suggérait en 1982 qu'il s'agisse d'accessoires de table. Suivant l'idée que le rire exorcise et protège, ces objets qui représentent certaines catégories de la société (le clergé, l’indigent, l’exclave, etc...) faisaient l'objet de moqueries à charge sociale. Les attitudes contournées de certaines figures permettraient d'ailleurs de contrer le mauvais œil. En dehors de la tombe et du temple, ces personnages auraient donc été le sujet de plaisanteries, mais aussi de méditations pendant les banquets. Certains exemplaires d'ailleurs, telle la figure Co. 2588, arborent des attributs comme les couronnes et colliers de fleurs, dont la connotation festive, montre leur liens avec le banquet. 
 
Luca Giuliani, en regard d'un texte d'Athénée (IV, 128 cff), propose un niveau de lecture additionnel à l’hypothèse de Laubscher : plus que de simples représentations pour la table, l'infirme, l’esclave ou la vieille auraient été véritablement présents lors des festivités afin de distraire l'assemblée de bourgeois. Les « grotesques festifs » peuvent alors être identifiés comme des grulloi (bouffons dansants, souvent atteints de nanisme) ou des gelotopoioi (personnes risibles par leur attitude). Ces figurines et leurs modèles qui prêtaient à rire à ces occasions, auraient constitué, pour les classes aisées et fortunées, la garantie par contraste de leur propre bien-être et de leur intégrité physique, voire de leur intégrité mentale. Était-ce également le cas des membres du clergé harpocratique ? 
 

 

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Modèle de sculpteur

Hippopotame

Égypte > provenance inconnue

Les derniers temps > Basse Époque à Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

l. 3,4 CM ; L. 10 CM ; H. 5,9 CM

Calcaire
Co. 2374

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. Le matériau est très altéré. La pierre est oxydée et parcourue de cassures. La base est cassée dans les coins avant et arrière droits.

Description

Cette statuette inachevée taillée dans un calcaire fin, à voir comme un modèle de sculpteur destiné à l’entraînement, représente un hippopotame debout sur une petite base, saisi en train de brouter.  

La statuette est relativement sommaire mais l’image de l’hippopotame correspond aux canons égyptiens si on la compare à la petite figurine de moins de 8 cm de long, datée du Moyen Empire et conservée au musée du Louvre (Inv. N 3774, voir la  notice de Sylvie Guichard in Des animaux et des pharaons 2014, p. 32, cat 9) ou bien à la statue grandeur nature de 1,80 m de long (aujourd’hui acéphale) réalisée en albâtre et retrouvée dans le temple de millions d’années d’Amenhotep III à Thèbes (KH Inv. 4000, voir SOUROUZIAN 2016, p. 411-414).

Le travail de taille s’est arrêté avant l’étape de finition : certaines parties de la sculpture, à l’instar des pattes, ne sont qu’ébauchées. Ainsi, les quatre doigts onglés et légèrement palmés, une des caractéristiques de ce grand herbivore, ne sont pas matérialisés. Les trois replis du cou sont bien indiqués alors que les protubérances des yeux, des oreilles et des narines, seules parties visibles de l’hippopotame immergé toute la journée, se fondent dans la masse corporelle. Les yeux sont indiqués par un léger renfoncement. Le museau est assez sommaire et la bouche est marquée par une ouverture des deux lèvres. La queue est en léger relief et se recourbe sur le postérieur de l’animal. Les pattes antérieures sont dressées, les deux pattes postérieures légèrement repliées ; l’animal est en mouvement, pattes gauches antérieure et postérieure avancées. La panse légèrement rebondie, il s’avance en broutant. L’espace entre le bas de la gueule et le socle n’est pas complètement évidé.  

Sur le dessus de l’œuvre, une ligne tracée de la queue au museau délimite un axe de symétrie. Des lignes de repérage sont gravées sous la base ainsi que sous la patte gauche, dessinant une mise au carreau. Les carrés, qui ne sont pas parfaitement réguliers, mesurent moins d’1 cm de côté. Les traces marrons régulières qui s’y superposent sont imputable à de l’oxydation et ne constituent pas des marquages antiques. S’y ajoutent des traces rouges, peintes sur la queue (en lignes) et à l’arrière des pattes postérieures (en encadrement). La sculpture semble posséder toutes les caractéristiques d’un modèle de sculpteur.

Les symboliques de l’hippopotame, qui se développent tout au long de l’histoire pharaonique, sont multiples, complexes et parfois contradictoires. Deux aspects principaux se dégagent : le mâle, « rouge », est un prédateur menaçant, dont Seth prend notamment la forme pour attaquer Horus dans l’un des mythes relatés au temple d’Edfou ; mais la femelle, « blanche », est une figure protectrice de la grossesse, de la maternité et de l’enfance (voir supra l’effigie de la déesse hippopotame femelle lors de « la fête de la blanche », in SOUROUZIAN 2016, p. 411-414). Ces aspects féminins se cristallisent notamment dans la déesse Thouéris (forme hellénisée du nom égyptien Ta-Ouret, « la Grande »), qui émerge entre la VIème et la Xème dynasties et apparaît comme protectrice de l’enfance et de la parturiente sur nombre d’amulettes et d’accessoires magiques entourant le labeur et la naissance, notamment au Moyen Empire. La déesse Taouret/Thouéris est traditionnellement représentée debout, dans une attitude anthropomorphe, tête coiffée d’une élégante perruque adoucissant ses traits. La dépouille d’un crocodile, souvent représentée le long de son dos, renforce ses pouvoir protecteurs. Elle s’inscrit dans la grande famille des divinités protectrices du foyer, tels Hathor ou encore Bès, et partage avec ce dernier une gestuelle grimaçante lui conférant probablement des propriétés apotropaïques permettant de repousser et d’éloigner les forces maléfiques.

Ici, seul l’animal-hippopotame est représenté, laissant ouverte la question de son identification. La datation de cet objet est, elle aussi, incertaine : la plupart des figurines en forme d’hippopotame datent en effet du Moyen Empire, comme en témoignent la très célèbre figurine en faïence bleue du Louvre Inv. N° E7709, mais aussi de nombreux exemplaires plus rustiques en argile peu ou non cuite, souvent montés sur des traîneaux. La figuration des plis du cou de l’exemplaire du musée Rodin s’inspire des réalisations du Moyen Empire. Cependant, des exemplaires en pierre blanche pourvus d’une base rectangulaire, comme la figurine conservée au Metropolitan Museum de New York Inv. N° 20.2.25, sont datables de la Basse Epoque par comparaison avec un dépôt de plusieurs exemplaires retrouvés sur l’île de Samos dans un contexte daté des VIIIe-VIe siècles avant J.-C. En tant que modèle de sculpteur, la statuette du musée Rodin serait cependant à situer le plus probablement dans les derniers temps de la civilisation pharaonique (époques tardives à périodes hellénistique voire romaine).

Related pieces


 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913;

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 20, 513 bis, "Hippopotame sur la base plate. Ila la tête inclinée vers la terre (calcaire) estimé deux cent francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Stèle-pancarte

Dieu Toutou (Tithoès) dans un naos, s'avançant vers la droite

Egypte > Provenance inconnue

Les derniers temps > Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire H. 24,8 CM : L. 25,3 CM P. 7,2 CM

Co. 942

Comment

State of preservation

La pierre est en mauvais état de conservation, altérée et pulvérulente. De petits fragments se sont détachés, particulièrement dans la partie centrale et au niveau des colonnettes de l’édifice. Les volumes sont également très émoussés. Les bords sont marqués par des cassures et des traces d’outil.

Description

Description Ce relief (anciennement exposé au Musée du Louvre sous le numéro d’inventaire E.15564) offre la représentation d’un édifice reposant sur deux colonnettes dont les chapiteaux adoptent la forme de fleurs de lotus. Il s’agit d’un naos, composant le décor d’une stèle votive. Le toit du sanctuaire est légèrement arrondi, surmontant un linteau central décoré. Un disque solaire est placé à l’avant du linteau. Il est pourvu de deux uraei et de deux ailes qui se déploient sur presque tout l’espace. Le linteau est surmonté d’un disque solaire plus petit, placé au milieu du cintre et flanqué de deux uraei protecteurs.

 

Dans le sanctuaire, un sphinx au corps de lion et à visage humain est dit « passant », c’est-à-dire affectant une position de marche majestueuse. Il s’agit du dieu lion Toutou (Tithoès). Créature hybride, il est coiffée du nemes et de la couronne tjéni (cornes de bélier surmontées d’un disque solaire, de deux plumes d’autruche et de deux uraei) et arbore la barbe tressée et recourbée des divinités. Sa queue se termine par un cobra dressé, image protectrice à mettre en relation avec la stèle rectangulaire du musée du Louvre où le dieu s’avance sur un cobra (Inv. N° E27129, époque ptolémaïque). Il tient dans ses pattes des couteaux, à l’exception de la patte arrière gauche. Un décor partiellement conservé devant cette patte en serait la raison. Un élément aujourd’hui arasé (le retour d’une aile ?), masquait peut-être cet espace.

 

Un disque solaire ailé est placé au dessus du dieu. Orientée vers la droite, l’image accompagne la marche du dieu. Le disque était entouré d’un long cobra, aujourd’hui disparu mais dont la silhouette se devine (pour une image préservée d’un cobra entourant le disque solaire, voir la stèle du musée du Louvre Inv. N° E.27129 citée supra).

 

Dans l’angle supérieur gauche du naos, on remarque la présence d’une pancarte. Cette pancarte a été laissée vide mais était très probablement destinée à afficher une inscription glorifiant le dieu et rappelant ses attributs (à l’instar des stèles Musée du Caire Inv. N° CG 22224 ou Musée Archéologique National d’Athènes Inv. N° 1881/904).

 

Le relief a été exécuté avec une grande précision : on remarque l’attention portée aux détails des plumes, des pattes et de la musculature. Quelques traces d’ocre rouge sont conservées dans la partie supérieure du relief, apposées sur le fond. Le centre des deux disques solaires est percé. Ce type de perforation se retrouve sur d’autres stèles similaires (par exemple, celle du Kunsthistorisches Museum de Vienne Inv. N° ÄS 69). Ces disques solaires étaient très vraisemblablement destinés à accueillir un décor appliqué, peut-être une dorure.

 

Sphinx aux attributs divins et royaux, Toutou (Tithoès dans la prononciation grecque) est une divinité tardive dont la plus ancienne attestation remonte à la XXVIème dynastie. Son culte serait originaire de la région saïte, puis s’est répandu très rapidement dans toute la vallée du Nil, au moins jusqu’à la première cataracte (KAPER, 2003). Un temple lui est dédié, situé dans l’oasis de Dakhla, construit entre le Ier et le IVème siècles de notre ère (KAPER, 1991). Les raisons de l’apparition de cette divinité, dont l’étymologie du nom reste également mal cernée, sont sujettes à débat. Fils de la très ancienne déesse Neith, Toutou est une divinité panthée, c’est-à-dire qu’il est associé à de nombreux dieux et à des attributs divins disparates. Images composites accumulant les attributs divins et la multiplication des têtes, les représentations de dieux sous cette forme dite « panthée » ont connu un essor remarquable à l’époque ptolémaïque. Elles accordaient au dieu protecteur le plus de forces agissantes possible. Jan Quaegebeur et Youri Volokhine ont notamment démontré les liens qui unissent le dieu Toutou à Bès (QUAEGEBEUR, 1985) ainsi qu’à diverses divinités crocodiles du Fayoum comme Pnepheros ou Petesuchos (VOLOKHINE 2007).

 

Comme Bès, Toutou est un dieu bienveillant et protecteur. Les couteaux qu’il tient dans ses pattes, qui ont pour fonction de repousser les forces chaotiques, et le cobra dressé placé à l’extrémité de sa queue en sont l’expression. Son iconographie l’associe également étroitement à la sphère royale, puisqu’il est traditionnellement représenté en sphinx passant, animal emblématique du pouvoir royal. Il est même possible qu’il s’agisse à l’origine d’une réinterprétation de cet aspect de l’iconographie royale (VOLOKHINE 2007), le sphinx étant depuis l’Ancien Empire symbole de protection et de triomphe sur les ennemis et autres forces nuisibles. Divinité oraculaire, il est aussi présenté à Philae comme le dieu qui protège les hommes contre tout malheur (QUAEGEBEUR 1977, KAPER, 2003). A l’arrière de la tête du dieu, on remarque la stèle du musée Rodin une forme arrondie, qui correspondrait à une inclusion dans la pierre. On pourrait aussi y voir un deuxième visage, en accord avec la nature panthée de Toutou. Le mauvais état de conservation empêche une identification certaine, mais il s’agit souvent d’une tête de bélier (CORTEGGIANI, 2007, p. 557).

 

Les artefacts à l’effigie de Toutou se multiplient tout au long de la période hellénistique et deviennent particulièrement populaires à partir de l’époque romaine. En tant que divinité protectrice et accessible, il apparaît autant sur des amulettes que sur des stèles trouvées dans des sanctuaires ou des tombes. Toutou est donc une divinité composite qui s’inscrit parfaitement dans l’évolution de la piété personnelle égyptienne à partir du Ier millénaire av. J.-C. et dans l’époque de transition et d’échanges culturels au cours de laquelle il apparaît.

 

La stèle Co. 942 daterait plus probablement de l’époque romaine, en raison de ses caractéristiques iconographiques. Néanmoins, Toutou représenté de profil avec une tête de bélier dans le dos apparaît dès l’époque ptolémaïque, et le style de la tête, légèrement archaïsant, semble dénoter une influence ptolémaïque. Cette stèle-naos rectangulaire serait donc à dater plus largement de l’époque gréco-romaine.

 

Il est difficile de lui supposer une provenance, les stèles dédiées à cette divinité ayant été trouvées dans toute la Vallée, jusqu’en Nubie, et dans les oasis.

 

Parmi les stèles conservées dans des musées, une des plus complètes est au Brooklyn Museum, où l’image du dieu, accompagnée de celle d’un Bès brandissant une épée, est surmontée de sept démons qu’il tient sous son contrôle (Inv. N° 58.98). Les stèles de la Staatliche Kunstsammlung de Dresde Inv. N° ZV 2600 B 92 et du Musée Egyptien du Caire Inv. N° I 6181 présentent des similarités iconographiques avec celle du musée Rodin.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, Objets non en vitrine, salle des antiques, 540, "Bas-relief de très basse époque, représentant un sphinx tourné vers la droite, dans un naos. La coiffure se compose du disque et de la double plume flanquée de deux uraeus. Style très allongé. Calcaire peint en rouge. 25 x 24. Estimé deux cents francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Hathor sous forme d’Isis-Aphrodite

Égypte > provenance inconnue

Époque romaine, probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 43,5 CM : L. 14,2 CM P. 7,3 CM

Terre cuite

Co. 664

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. De grande taille (ca 43 cm), la statuette est quasiment intacte en dépit de plusieurs cassures. La matière est émoussée à divers endroits. Sur la face, la figurine est marquée de traces de frottement au niveau des bras et du ruban et d’éraflures au niveau de la couronne. On observe des traces de griffures sur le dos. Les restes d’un enduit blanc sont visibles à plusieurs endroits, notamment sur les jambes, les pieds et le ventre. Au revers du kalathos, les résidus d’une matière plâtreuse sont visibles.

Description

Cette figure féminine de grande taille (ca 43 cm.) a été confectionnée en terre cuite, en utilisant un moule bivalve. La femme est nue et se tient debout, les bras collés le long du corps. Jambes serrées, ses pieds sont joints et reposent sur une base, incisée d’un décor en forme de sparterie. Le visage est rond, doté de joues charnues. Les traits sont bien conservés, laissant apparaître un sourire avenant et un regard rieur. Son front est encadré de petites boucles torsadées. Image de déesse, elle porte une haute coiffe sophistiquée, posée en équilibre sur sa tête. Deux couronnes de fleurs superposées, maintenues par un ruban et entourées de larges feuilles, sont surmontées d’un kalathos, haute corbeille décorée de palmettes. A l’avant de ce kalathos, une petite couronne isiaque, composée d’une paire de cornes en forme de lyre, d’un disque solaire et de deux hautes plumes, se détache. Le kalathos, très évasé, est orné d’un bourrelet sur son pourtour ; son revers a été laissé lisse de tout décor. Les formes de la femme sont harmonieuses et puissantes, la poitrine est épanouie, le ventre est légèrement rebondi. Le triangle pubien est souligné d’une ligne. Le dos, relativement plat est en partie sculpté et préserve la silhouette féminine (voir notamment la courbe des reins, légèrement en relief). Quoique réalisée suivant une conception frontale, la figurine déborde de vie. Fixé par deux grosses fleurs, un large ruban descend de part et d’autre des épaules. Il exalte le corps de la déesse, image de féminité triomphante.

 

Le type de cette grande figurine, de très belle facture, aux détails particulièrement soignés, apparaît à l’époque romaine. Souvent désignées comme étant l’image de la déesse syncrétique Isis Aphrodite, il peut s’agir aussi d’une représentation de la déesse Hathor empruntant certains éléments isiaques. De part leur nudité et leur attitude, ces figurines se démarquent des différentes représentations d’Isis telles qu’elles apparaissent dès l’époque hellénistique et romaine et s’inscrivent davantage dans la longue tradition des figurines féminines pharaoniques (voir BAILEY 2008, p.7-9 ; COLLIN 1994, p. 534-539). Hathor est la déesse de la féminité, de la fertilité, de la fécondité, de l’amour ainsi que la protectrice des défunts. Isis, qui est l’épouse et sœur d’Osiris et la mère d’Horus, devint à l’époque hellénistique et romaine une déesse vénérée dans tout le bassin méditerranéen (voir DUNAND 1979, p. 62-73). Isis, souvent associée et confondue avec Aphrodite, composera alors avec Hathor une sorte de triade dont émanera pouvoir maternel et érotique tout à la fois (voir BAILEY 2008, p. 8). Hathor, Isis et Aphrodite vont souvent faire l’objet d’un culte commun.

 

Réparties sur tout le territoire, les statuettes représentant des femmes nues sont connues en Égypte depuis l’époque Prédynastique et leurs caractéristiques ont évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine. Pendant longtemps, les égyptologues les ont exclusivement associées à la sexualité masculine. Leur présence dans les tombes semblait indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Ceci expliquait l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels. Ces figurines ont donc souvent été considérées comme de simples « concubines du mort ». Leur dépôt rituel dans des tombes de femmes, en contexte domestique ou au cœur de sanctuaires imposa de nuancer cette théorie. Ces figurines féminines auraient aussi assumé le rôle d’un catalyseur, utilisé lors de rituels hathoriques et offert à la déesse afin qu’elle facilite fécondité et naissance, qu’elle protège les enfants mais aussi les défunts à qui elle permet de renaître dans l’au-delà. Elles étaient ensuite déposées en différents contextes selon les vœux, d’où leur présence dans des maisons, des temples et des tombes. La plupart des figurines du type de Co. 664 sont ornées de bijoux (voir par exemple BAILEY 2008, pl. 1, n° 2993, 2994 et DUNAND 1990, p. 128, n° 334). Certaines reproduisent le geste de l’anasyrma, terme grec désignant le fait de soulever ses jupes et qui trouve son origine dans la légende d’Hathor. La déesse aurait en effet eu recours à l’anasyrma afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie, après qu’il ait été offensé par le dieu Baba (ou Bébon), dieu de la force virile. Différents rituels égyptiens incluaient ce geste, à l’image des danses interprétées par les khenerout, officiantes liées aux rites hathoriques, qui exposaient leur vulve au moment culminant du rituel. Une figurine du type de Co. 664, conservée au British Museum de Londres, présente de manière très nette l’anasyrma (inv. n° 3007, voir BAILEY 2008, pl. 3).

 

En dépit de l’absence visible de parure et de l’exécution de ce geste (sur l’Isis Aphrodite anasyrménè soulevant sa tunique, voir DUNAND 2000, p. 52-53), la figurine Co. 664 peut néanmoins être associée au culte hathorique.

 

Related pieces

La collection égyptienne du musée Rodin possède une autre figurine en terre cuite similaire, la Co. 662, ainsi qu’un certain nombre de figurines féminines datant des époques antérieures.

 

De nombreuses collections possèdent des figurines semblables. Parmi les figurines du British Museum, on note la ressemblance avec la figurine 2997 et 2995 (voir BAILEY 2008, pl. 2). Le musée du Louvre possède également plusieurs figurines de ce type notamment les n° 328, 329, 330, 336, 337, 338, 344, 245 (voir DUNAND 1990, p.130-133).

 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Ancien numéro d’inventaire D. R (T. C.) 295 (étiquette octogonale blanc et or inscrite « T.C. 295 »).

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Hathor sous forme d’Isis-Aphrodite

Égypte > provenance inconnue

Époque romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 33,5 CM : L. 13,8 CM P. 6 CM

Terre cuite

Co. 662

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. D’importants dépôts d’engobe préparatoire blanc sont conservés, notamment dans les creux. La matière est émoussée à plusieurs endroits, en particulier au niveau du visage dont les traits perdent en netteté. La figurine est cassée dans sa partie inférieure, à partir des genoux.

 

Description

Cette figurine en terre cuite représente une femme nue se tenant debout, les bras le long du corps. Sa chevelure est composée de longues boucles étagées, réparties de part et d’autre de son visage. De petites boucles apparaissent sur son front, surmontées de plusieurs couronnes superposées dont les premières sont maintenues par un petit ruban. Un ruban plus large et des fleurs encadrent cette coiffure et retombent sur les épaules. Des bracelets ornent ses bras au-dessus des coudes. Le triangle pubien est souligné, la poitrine développée, les fessiers légèrement prononcés. Le dos est lissé et comporte un trou d’évent en son centre. La silhouette de la femme est esquissée mais les boucles de sa chevelure ont été soigneusement modelées, permettant ainsi de distinguer le corps dénudé de la déesse de l’imposante coiffe qui le surmonte.

 

La figurine, actuellement cassée au-dessus des genoux, a été réalisée dans un moule bivalve.

Le type de la statuette Co. 662 apparaît à l’époque romaine. Souvent désignées comme étant l’image de la déesse syncrétique Isis Aphrodite, il peut s’agir aussi d’une représentation de la déesse Hathor empruntant certains éléments isiaques. De par leur nudité et leur attitude, ces figurines se démarquent des différentes représentations d’Isis telles qu’elles apparaissent dès l’époque hellénistique et romaine et s’inscrivent davantage dans la longue tradition des figurines féminines pharaoniques (voir BAILEY 2008, p. 7-9 ; COLIN 1994, p. 534-539). Hathor est la déesse de la féminité, de la fertilité, de la fécondité, de l’amour ainsi que la protectrice des défunts. Isis, qui est l’épouse et sœur d’Osiris et la mère d’Horus, devint une déesse vénérée dans tout le bassin méditerranéen à l’époque hellénistique et romaine (voir DUNAND 1979, p.62-73). Isis, souvent associée et confondue avec Aphrodite, composera alors avec Hathor une sorte de triade dont émanera pouvoir maternel et érotique tout à la fois (voir BAILEY 2008, p. 8). Hathor, Isis et Aphrodite vont souvent faire l’objet d’un culte commun.

 

Réparties sur tout le territoire, les statuettes représentant des femmes nues sont connues en Égypte depuis l’époque prédynastique et leurs caractéristiques ont évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine. Pendant longtemps, les égyptologues les ont exclusivement associées à la sexualité masculine. Leur présence dans les tombes semblait indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Ceci expliquait l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels. Ces figurines ont donc souvent été considérées comme de simples « concubines du mort ». Leur dépôt rituel dans des tombes de femmes, en contexte domestique ou au cœur de sanctuaires imposa de nuancer cette théorie. Ces figurines féminines auraient aussi assumé le rôle d’un catalyseur, utilisé lors de rituels hathoriques et offert à la déesse afin qu’elle facilite fécondité et naissance, qu’elle protège les enfants mais aussi les défunts à qui elle permet de renaître dans l’au-delà. Elles étaient ensuite déposées en différents contextes selon les vœux, d’où leur présence dans des maisons, des temples et des tombes. La plupart des figurines du type de Co. 664 sont ornées de bijoux (voir par exemple BAILEY 2008, pl. 1, n° 2993, 2994 et DUNAND 1990, p. 128, n° 334). Certaines reproduisent le geste de l’anasyrma, terme grec désignant le fait de soulever ses jupes et qui trouve son origine dans la légende d’Hathor. La déesse aurait en effet eu recours à l’anasyrma afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie, après qu’il ait été offensé par le dieu Baba (ou Bébon), dieu de la force virile. Différents rituels égyptiens incluaient ce geste, à l’image des danses interprétées par les khénerout, officiantes liées aux rites hathoriques, qui exposaient leur vulve au moment culminant du rituel. Une figurine du type de Co. 662, conservée au British Museum de Londres, présente de manière très nette l’anasyrma (inv. n° 3007, voir BAILEY 2008, pl. 3).

 

En dépit de l’absence visible de parure et de l’exécution de ce geste (sur l’Isis Aphrodite anasyrménè soulevant sa tunique, voir DUNAND 2000, p. 52-53), la figurine Co. 662 peut néanmoins être associée  au culte hathorique.

Related pieces

La collection égyptienne du musée Rodin possède une autre figurine en terre cuite similaire, la Co. 664, ainsi qu’un certain nombre de figurines féminines datant des époques antérieures.

 

De nombreuses collections possèdent des figurines semblables. Parmi les figurines semblables à la Co. 662, on peut citer celles du British Museum inv. n° 3000 (voir BAILEY 2008, pl. 2).

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

JAMOT 1913, 209, "Partie supérieure d'une grande statuette de femme nue, énorme coiffure figurant un stéphané ronde à cinq rangs. Les bras tombant le long du corps, bracelets. Brisée au dessus des genoux. Terre rougeâtre foncé. Basse-Egypte. Bandelettes et pointillé en blanc sur la stéphané. H. 0,34. Estimé 300 fr".

Donation Rodin 1916.

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Prêtre

Egypte > provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 143 CM ; L. 43 CM ; P. 50 CM

Granit gris

Co. 1421

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. La tête est cependant manquante. On remarque aussi des cassures au niveau de la base (angle avant droit), de la main droite et sur le poignet du bras gauche.

Des dépôts de terre de fouille subsistent dans les creux.

 

Description

Cette statue figure un homme debout, placé sur une base. Représenté grandeur nature (d’après les canons égyptiens), le personnage est en position de marche, sa jambe gauche nettement lancée en avant. Un pilier dorsal, non inscrit, s’étend le long de son dos.

 

Les membres supérieurs sont collés au corps. Son bras droit est étendu le long du corps, poing fermé. Son bras gauche est légèrement replié et posé sur l’abdomen, au niveau de la région ombilicale. Le poing gauche, également fermé, semble maintenir le pan du rabat frontal du vêtement. L’homme, qui se tient très droit, est drapé dans un vêtement long, constitué d’une pièce de tissu large et ondulée et dont l’un des bords est frangé. Les plis de ce vêtement ajusté sont ramassés autour du bras gauche, formant ainsi une longue manche qui se termine par un bord frangé (voir, pour comparaison, le manteau porté par le dignitaire de la fin du Moyen Empire Ân, fils d’Ipy, dont le tissu frangé recouvre et maintient l’un des bras (Musée royal de Mariemont Inv. N° B.495, voir DERRICKS, DELVAUX 2009 p. 56-58). Au niveau du torse, le rebord supérieur du drapé de la statue du musée Rodin est roulé en trois torsades. Epaule et bras droits sont dégagés, mettant en valeur un corps athlétique. Un bracelet, large et laissé sans décor, encercle le haut du bras droit. Il s’agit du seul ornement précieux visible, le bras gauche étant recouvert par le vêtement. Chevilles et pieds de l’homme sont massifs, maintenus dans le bloc de granit par une réserve de pierre. En partie masquée par le bas du vêtement, elle assure la stabilité de cette statue, très lourde. La tête est manquante et aucune trace de chevelure ou de perruque n’est visible sur les épaules. Il est probable que le personnage était crâne rasé ou bien coiffé avec des cheveux courts.

Achetée à Paris en 1904 par Raoul Warocqué, collectionneur contemporain d’Auguste Rodin, la statue d’une Isis debout du Musée royal de Mariemont peut, de part ses dimensions et son style, constituer la version féminine du costume de la statue du musée Rodin (Inv. N° B. 130, 1,41 m de hauteur, voir notice de Claire DERRIKS, « Isis debout » in DERRICKS, DELVAUX 2009, p. 92-99).

 

Image d’un homme empreint de solennité, la statue du musée Rodin reflète une combinaison des attitudes et de la mode vestimentaire égyptienne et de l’influence grecque. Ce type de statue apparaît en Égypte au cours de l’époque ptolémaïque et reste très en vogue jusqu’à la fin du premier siècle après J.-C (voir JOSEPHSON, 1997, p. 20). La statue Co. 1421 retient d’Egypte l’attitude en marche de l’homme, l’adossement à un pilier dorsal et la conception frontale de la représentation. A l’inverse, le drapé du vêtement atteste d’une influence hellénistique assez libre, le costume égyptien de ce type de statue étant plus généralement composé d’une tunique courte portée près du corps, ou bien d’une jupe sacerdotale, recouvertes d’un long pagne à franges. Un châle était jeté sur une épaule et les extrémités du vêtement ramassées sur le bras. Sur la statue du musée Rodin, seule se distingue du costume égyptien un large drapé qui s’enroule autour du bras gauche, avec l’ajout de franges, de torsades et de plissés d’origines grecque et macédonienne.

 

La plupart des statues de ce type représentent des prêtres et ont été retrouvées à proximités de sanctuaires. Parmi les plus célèbres se trouve celle du prêtre Hor, grand prêtre de Thot, dont la statue qui présente les mêmes caractéristiques que la Co. 1421 a été retrouvée à Kom el Dikka (Musée égyptien du Caire Inv N° CGC 697). Autres représentations similaires, toujours à l’effigie d’un prêtre, la statue du Metropolitan Museum of Arts de New York Inv. N° 65.119 , et celle du Musée égyptien du Caire Inv. N° CG 27494 (voir THOMASS, HIGGS 2011, p. 32, fig. 52).

 

Le modelé du corps et le traitement du vêtement suggèrent une production datant de la fin de l’époque ptolémaïque ou du début de l’époque romaine. La statue du musée Rodin Inv. Co. 1421 représente donc certainement un prêtre de l’Égypte gréco-romaine. Il est probable que la statue ait été originellement placée à l’entrée d’un sanctuaire.

 

Aucun attribut ne permet de distinguer la fonction de ce prêtre, à l’inverse de la statue –incrite- de la même période, où le stratège Pa-Montou - Pa-lyn (Pamônthês – Plénis) arbore un collier raffiné avec un pendentif en forme d’emblème bat et une somptueuse peau de panthère qui recouvre son vêtement (Musée du Louvre Inv. N° E 20361, voir PERDU 2012 p. 382-391).

 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 83, "Statue d'homme debout sur une base, le bras droit pend le long du corps ; le bras gauche légèrement replié, retient le pan droit d'un manteau drapé de plis réguliers. La tête manque, le monument est anépigraphe. Epoque romaine. Granit gris. Haut.1,45 ; Larg. 45 Estimé quatre mille francs."

Donation Rodin à l'Etat français en 1916.

Historic comment

L'oeuvre était exposée à l'hôtel Biron en 1913, dans une préfiguration du futur musée. Elle fut photographiée par Eugène Druet, après  mai 1913, dans la premère salle de l'hôtel qui était presque entièrement consacrée à l'art égyptien. Rodin introduisait ainsi le musée avec les statues monumentales et quelques reliefs majeurs qu'il acheta à la fin de sa vie, après 1910. 

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Modèle de sculpteur

Roi debout, s'avançant vers la droite

Egypte > provenance inconnue

Époque ptolémaïque

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 28 CM : L. 18,5 CM

Calcaire

Co. 1050

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. On remarque quelques épaufrures, des griffures éparses ainsi que de très nombreuses traces d’outil au revers.

Description

Enchâssé dans un cadre en bois résineux à une époque proche de son arrivée dans la collection, ce fragment de relief en calcaire non polychrome représente un roi, dans la position de la marche. Tourné vers la droite, il est vêtu d’un pagne djendjit court, noué sous un nombril figuré par un léger creux. Insigne de la royauté depuis les débuts de l’histoire égyptienne, une longue queue d’animal est accrochée à l’arrière de la ceinture. Pendant depuis ses reins jusqu’au sol, il s’agit vraisemblablement de la queue schématisée d’un taureau. Le souverain est coiffé du nemes, devant lequel un uræus protecteur se dresse. Son cou est paré d’un large pectoral à rang unique, laissé vide de tout décor.

Les traits de son visage sont très marqués : lèvres charnues, nez busqué, menton relativement petit et yeux très étirés. Visibles sur la coiffe, les oreilles sont grandes. Placées de face selon les conventions égyptiennes, elles sont aujourd’hui érodées. On observe une légère cassure au niveau du visage qui efface une partie des traits. Leur modelé, régulier, suggère une datation remontant à l’époque ptolémaïque.

Dans une attitude classique, le pharaon tient au bout de sa main droite une croix ankh et maintien avec sa main gauche un long sceptre ouas. Cette attitude est semblable au relief du musée égyptien du Caire CG 33402. L’autre face de la plaque de calcaire du Caire, de 31 cm. de haut, présente une scène similaire, mais avec une reine. (voir EDGAR M. (1906) pl. XXII et TOMOUN N. (2005) pl. 44 c et d). On peut également rapprocher la représentation sculptée sur le relief musée Rodin Co. 1050 de celle du relief musée Rodin Co. 3178 qui représente un roi dans la même attitude.

Un signe allongé, inexpliqué, est visible derrière la tête du roi (défaut de surface ou bien stigmate de remploi de la pierre).

Le fond du décor, particulièrement vide et les traces d’outils grossières (voir, par exemple, l’espace entre les deux jambes du personnage), interrogent sur la nature de l’objet. Il s’agit probablement d’un modèle de sculpteur. L’image royale reposant sur une petite base, la représentation pourrait correspondre à celle d’une statue.

Plusieurs modèles de sculpteurs similaires et datant de l’époque ptolémaïque ont été retrouvés à l’instar du 21.6.24 conservé au Metropolitan Museum of Arts de New York.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 236, "Bas-relief fragmentaire, en calcaire compacte (?), représentant un roi tourné vers la droite, debout dans l’attitude de la marche, tenant [dessin] dans la main g. et [dessin] dans la main droite. Klaft. Hauteur (non compris l’encadrement moderne) : 28 cent. ½ Largeur : 18 ½ Objet faux."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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modèle de sculpteur

tête humaine

Égypte > provenance inconnue

Basse Époque à Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,3 CM ; L. 10 CM
Matériau homogène

Co. 915

 

 

 

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Le matériau très friable et fragile. L’ensemble est parcouru d’éclats et de cassures.

Description

Ce modèle de sculpteur représente une tête humaine, obtenue par moulage probablement dans un moule à creux perdu à une seule coque. Aucune trace de couture n’est observable sur les restes du moule, conservé de part et d’autre des oreilles. Le sommet de la tête est plat, le revers, plat, est resté sans polissage. 

 

Les yeux sont grands. Très étirés en amande, ils sont cerclés de fard. Les marques d’incisions clairement visibles laissent supposer une gravure après démoulage. Les sourcils sont à peine marqués. Une cassure est visible sur le nez. Les lèvres sont ourlées, la bouche est souriante. Les joues sont pleines et le menton est volontaire. Les oreilles sont inachevées, le pavillon de l’oreille droite n’étant pas dégagé des substrats de matériau et l’oreille gauche étant incomplète. Sous le menton, de subtils replis de chair ont été moulés. Une incision, étirées jusqu’aux oreilles encercle la base du cou. Zones nasales et labiales ont été reprises avec un matériau, laissé brut. Cette intervention semble être d’époque. 

 

Les éléments iconographiques de la tête ne permettent pas de déterminer avec certitude s’il s’agit d’une tête féminine ou masculine, ni s’il s’agit d’une tête humaine ou divine. Le style rappelle le Ier millénaire av. J.-C. mais la tête reste difficile à dater. 

Le matériau utilisé pour réaliser la tête correspond à un mélange de gypse et de sable. Les cristaux sont de taille conséquente et ont provoqué des cavités en surface. A l’arrière, de la terre de fouille est conservée. On en constate, en moindre quantité, sur le sommet du crâne et dans les replis de la face (voir en particulier dans l’incision qui démarque le cou). 

 

La tête repose sur un socle en marbre noir grâce à une tige métallique qui la traverse. La fixation a été  renforcée par bouchon et un joint de plâtre, recouverts d’un enduit brunâtre. Cette installation est contemporaine de la mise de l’objet sur le marché de l’art. 

 

Des parallèles existent dans TOMUM 2005 pl. 20, n° 21 et EDGAR 1906 pl. 15-16.

 

 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 119, "Petite tête en calcaire (modèle ?). Analogue à la tête n° 85, mais beaucoup moins fine. Le cou manque. 9 cent. sur 9 cent. Estimée cent francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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Modèle de sculpteur

Tête d'homme

Égypte > provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 16,5 CM ; L.  14,3 CM

Matériau composite

Co. 2359

 

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Elle est néanmoins parcourue de nombreuses inclusions, griffures, cassures et traces d’outils. La surface est émoussée.

Description

Ce modèle de sculpteur a été confectionné en matériau composite, par moulage. Il représente une tête humaine, peut-être celle d’un roi, dont la partie sommitale est plane. L’extrémité inférieure d’une coiffe se dessine sur le front, probablement un némès dont les retombées sont visibles sur les tempes. Les sourcils sont légers ; les yeux sont cerclés de fard. Le modelé des paupières est délicat, la paupière supérieure étant particulièrement marquée dans le coin de l’œil. Le trait se poursuit après la paupière pour figurer le trait de khôl. Les pupilles ne sont pas représentées. Les oreilles sont figurées assez sommairement, en particulier l’oreille droite. L’extrémité du nez manque. Les lèvres, charnues, sont souriantes. Le menton est légèrement cassé. Le cou est plutôt large. La base du cou est arrondie et travail de reprise du sculpteur y est bien observable. Semblable à un masque, l’arrière de la tête est fortement concave. Des taches d’enfouissement jaunes sont visibles à divers endroits. Au revers, quelques taches brunes imputables à un phénomène d’oxydation maculent les rebords.

 

Les parties en relief présentent des traces d’usure, en particulier le nez, la bouche, les oreilles et le menton. Des défauts de confection sont observables ; en particulier des cavités et des rayures entament la joue gauche. L’œuvre ayant été retravaillée après démoulage,  des traces d’outils sont conservées sur l’ensemble de la tête.

 

Il est difficile de déterminer le genre du visage représenté. Ce modèle de sculpteur correspond probablement à l’effigie d’un roi. Les traits sont en effet représentatifs de l’époque ptolémaïque, période durant laquelle le visage du souverain était produit à grande échelle afin de propager son image au sein de la population. Néanmoins, la ressemblance du modèle Co. 2359 avec certaines effigies féminines signifie que ce visage peut également être celui d’une femme (voir, par exemple, la tête du Metropolitan Museum of Art de New York Inv. N° 26.71402.

Des parallèles sont visibles dans TOMOUM 2005 pl. 32, n°45 et  pl. 33, n° 48.

 

Des modèles de sculpteurs datant de l’époque ptolémaïque conservés au Metropolitan Museum of Art de New York correspondent à l’œuvre Co. 2359 à savoir les n° 2008.296,

26.7140254.76 et 30.8.79.

 

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 167, "Tête royale (modèle) de même style que le n° 153 mais beaucoup plus grande et évidée sur sa face postérieure. Aucun reste de klaft. Calcaire. Epoque saïte. Haut. 16 cent. 200 Francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

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