L’œuvre présente quelques manques, éclats et épaufrures. Ces dommages sont notamment visibles sur le vase au niveau de l’ouverture et de la base, à la pointe des oreilles, à l’extrémité du museau et à la base du bouchon.
La polychromie rouge et bleue de l’inscription est assez lacunaire et se concentre surtout dans les plages incisées les plus étendues. Elle semble présenter une bonne adhérence au support.
Le museau du chacal, cassé, a été restauré à une époque encore à déterminer. Par endroits, le tracé noir qui souligne les détails de la tête de chacal est estompé jusqu’à disparaître complètement (œil et oreille droits ainsi qu’une partie de l’oreille gauche). Cela crée une discontinuité de la ligne qui ne gêne pas pour autant la signification du dessin.
Altérations spécifiques au matériau :
Au-dessus et à gauche des hiéroglyphes, une décimentation des cristaux d’albâtre engendre la formation de petites cuvettes plus ou moins circulaires. Différentes zones apparaissent comme piquetées ; ce phénomène, typique de l’altération des albâtres, s’explique par la présence d’impuretés plus solubles au sein du matériau. La panse du vase apparaît localement très fissurée ; cet état est principalement la conséquence du cycle dissolution – évaporation subi par l’œuvre. La différence de coefficient de dilatation thermique des minéraux constitutifs de la pièce (oxyde de fer, de magnésium…) doit aussi être prise en compte comme un facteur de cette altération.
Les deux éléments du canope sont en albâtre calcaire veiné de gris et présentant des taches blanches. Les surfaces sont polies, excepté le revers du vase et du bouchon.
Le vase présente une épaule ronde et haut placée, ainsi que des parois légèrement concaves qui se rétrécissent vers la base plate. L’ouverture est arrondie. La hauteur du vase n’est pas uniforme. Aucun contenu n’est conservé.
Sur la panse sont gravées trois colonnes de hiéroglyphes, dont l’intérieur des signes est incrusté de bleu. Les colonnes sont séparées par des traits verticaux incisés et peints en rouge. L’ensemble mesure 23,5 cm de haut et 8,5 cm de large. L’inscription donne le nom du défunt, le prêtre Menkhéper, la déesse Neith et le génie funéraire à tête humaine Amset. La finesse de l’exécution des signes Djed Medou évoque une datation Nouvel Empire. La gravure en creux des signes a été perturbée par la qualité de cet albâtre, qui présente de gros cristaux.
Le bouchon est en forme de tête de chacal, reconnaissable à son museau et ses oreilles pointues dressées. La forme de la tête est sommairement sculptée, seule une légère dépression au niveau des yeux est perceptible. La face du chacal a reçu un dessin au trait noir qui matérialise les yeux (sourcils, iris, contours des yeux qui se prolongent vers les tempes comme un trait de maquillage), les oreilles (simple trait à l’intérieur et entre les deux oreilles sur le dessus de la tête) et le contour du museau (avec un trait horizontal, partiellement effacé, pour les babines). Sous ce dernier figure un quadrillage représentant un collier à trois ou quatre rangs de perles rectangulaires.
Le vase et le bouchon s’emboîtent correctement. Le matériau et la facture similaires des deux éléments permettent de supposer qu’ils ont pu être associés. Il n’est cependant pas possible d’affirmer avec certitude que le bouchon appartienne au vase.
Le texte gravé fait référence à Amset, génie à tête humaine, alors que le bouchon attribué à ce canope est à tête de chacal. On remarque également que le nom de la déesse Neith est associé au génie anthropomorphe Amset (ou Imseti) alors qu’elle fait généralement paire avec Douamoutef, le génie à tête de chacal, chargé de protéger l’estomac du défunt. Des erreurs dans l’inscription ou dans l’attribution des têtes étaient courantes dans l’Antiquité. Le nom Menkhéper est connu par de multiples attestations au Nouvel Empire (RANKE 1935, p. 150). L’inscription se rapproche du type IXa de Sethe (SETHE 1934, p. 6) daté de la XIXe dynastie.
Le toponyme Ânkhtaouy « la Vie des Deux-Terres » est mentionné dans l’inscription. Il s’agit du quartier occidental de Memphis, situé entre le grand temple de Ptah et le désert de Saqqara. Cette mention pourrait indiquer que la tombe de Menkhéper (dont les vases Co. 5898 et Co. 5899 faisaient très probablement partie de l’équipement funéraire), était située dans la nécropole de Saqqara.
Un vase similaire à Co. 5898, tant du point de vue de la forme que de l’inscription, est conservé à Bruxelles (MRAH E. 5894). Il est daté de la XIXe dynastie. L’inscription est au nom du « chef des archers et chef de la cavalerie du Seigneur du Double Pays » Pahérypedjet et du génie Amset (à tête humaine).
Des bouchons du même style que celui de Co. 5898 sont connus à la Troisième Période intermédiaire et à la Basse Époque. Un exemplaire, plus petit et en calcaire, provient de la Vallée des Reines et se trouve aujourd’hui au musée égyptien de Turin (cf. DOLZANI 1982, p. 37 N. 19049). Il est daté avec réserve de la XXIe dynastie (vers 1000 av. J.-C.).
Un autre bouchon de même style est conservé au Museum of Fine Arts de Boston (72.633). Il est daté de la Basse Époque (760-332 av. J.-C.).
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 17, 474, "Canope à tête de chacal (le museau de l'animal a été cassé et restauré en tête de cynocéphale). Haut. 44 cent 8. Estimé quatre vingt francs."
Donation Rodin à l'Etat français en 1916.