Applique de mobilier

chapiteau de pilastre de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

IIe- IIIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 4,7 cm ; L. 5,7 cm ; P. max. 0,6 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2288

Commentaire

Etat de conservation

La pièce se caractérise par une teinte ivoirine, légèrement rosée, sur la face principale. Le revers offre une tonalité identique mais plus soutenue. La partie supérieure dextre est brisée, tandis que des fissures transversales courent en partie inférieure. L’astragale, à la couleur plus crayeuse présente un certain délitement. Les trabécules du dos renferment encore des sédiments.

Description

légèrement évasé en partie supérieure. Elle repose en partie basse sur un bourrelet rectiligne représentant l’astragale. Son décor consiste en trois feuilles d’acanthe épanouies aux extrémités recourbées disposées sur deux rangs. De part et d’autre de la feuille centrale, matérialisant un second rang de feuillages, naissent les volutes d’angle. Si les larges feuilles sont rendues avec soin et leurs différents détails (folioles, digitation set nervures) traités avec précision, force est de constater que le dessin du troisième niveau du calathos a été simplifié. Les volutes d’angle prennent l’apparence de simples tiges d’acanthe à enroulement terminal, sans que les caulicoles et les calices, dont elles sont censées jaillir, n’apparaissent (DELASSUS 2020 p. 71 n. 142, fig. 15c p. 84).

 

La minceur du chapiteau indique qu’il surmontait sans doute un pilastre, s’intégrant ainsi dans un décor architectural de taille réduite destiné à parer un coffret ou un meuble de plus grande taille. Par rapport aux autres chapiteaux de pilastre du musée Rodin, souvent étirés en hauteur, ce chapiteau corinthien, malgré un relief peu accentué, offre des proportions plus harmonieuses. Son gabarit rappelle un chapiteau de pilastre provenant des fouilles menées à Alexandrie par Ernst von Sieglin et conservé à l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, p. 232, pl. LVI, 5), mais le décor de sa corbeille diffère nettement. Il peut aussi être rapproché d’un fragment d’applique accueillant un chapiteau corinthien au-dessus d’un rinceau de vigne passé en vente publique chez TimeLine Auctions à Londres (TimeLine Auctions Antiquities Sale - Day 2, 23 février 2022, lot 712). Bien que les rangs de feuillages soient plus fournis et les volutes sculptées avec davantage de vigueur, le soin accordé au rendu des folioles et nervures renvoie au travail soigné du chapiteau du musée Rodin.

 

Si un certain nombre de chapiteaux de pilastre semblent attribués à la fin de l’Antiquité (MARANGOU 1976 p. 65), des exemplaires plus précoces sont répertoriés. Parmi eux peuvent être cités les chapiteaux de pilastre du coffret du tombeau de Namôsas situé à Haïfa. Ce décor aujourd’hui conservé au musée du Louvre est daté du Ier-IIe siècle après J.-C. (AO 3087 : CAUBET & GABORIT-CHOPIN 2004, n° 99 p. 90-92). La frise en ivoire de la Hanghaus 2 d’Éphèse (DAWID 2003, pl. 9, 11-13), représentant probablement les campagnes militaires de Trajan contre les Parthes, inclut aussi des chapiteaux miniatures au sommet des pilastres cannelés qui scandent les différentes scènes. Notre chapiteau se distingue de ces références sur le plan formel, mais le respect des proportions et la dépendance à l’égard des modèles de l’époque impériale, malgré la suppression de certains détails, sont le reflet d’une réalisation de qualité. Ces critères sont peut-être aussi les signes d’une production datant de l’époque impériale. Nous pouvons assigner notre pièce, de manière un peu arbitraire, au IIe-IIIe siècle, sans toutefois écarter une datation un peu plus tardive.

 

Marquage

Au dos, en partie inférieure, est marqué 104, à l’encre violette.

 

Comparaisons

-Dresde, Albertinum Museum.

-Vente Londres, TimeLine Auctions, 23/02/2022, lot 712.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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