Applique de mobilier

chapiteau de pilastre de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,2 cm ; L. 3, 05 cm ; P. max. 1,25 cm

Os, métatarse de bœuf, face antérieure

Co. 2266

Commentaire

Etat de conservation

La couleur blonde de la face externe de l’applique contraste avec la teinte ambrée de son revers, surtout accentuée en partie supérieure. Conservée dans son intégralité, la pièce est recouverte d’une couche de salissure importante avec quelques marques noires sur les zones les plus en saillie. On observe une tache diffuse à la tonalité ocre orangé en partie inférieure de la face principale. Des sédiments subsistent au revers. Le chant inférieur est bordé de petits éclats.

Description

Cette plaquette rectangulaire, fortement allongée, prend l’apparence d’un chapiteau de pilastre de type corinthien. Elle s’évase légèrement en partie supérieure pour épouser la forme évasée du calathos. Un listel en saillie représente l’astragale au-dessus duquel se développe deux feuilles d’acanthe molle. La feuille inférieure s’étale sur les trois-quarts de la hauteur de la corbeille. Tandis que son extrémité recourbée est rendue de façon plastique, son limbe est strié d’incisions qui indiquent les nervures. La nervure centrale bien visible marque l’axe de la pièce. La partie supérieure de l’applique est occupée par la retombée d’une seconde feuille qui se déploie au-dessus.

 

Ce chapiteau de pilastre s’inscrit dans une série de petits chapiteaux du musée Rodin offrant une version très condensée du type corinthien : Co. 2228, Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). L’étroitesse du gabarit a conduit E. Ayalon à envisager un relief très similaire exhumé à Césarée Maritime, pas uniquement comme un chapiteau, mais aussi comme une base de colonne à décor d’acanthes. L’étirement des limbes des feuilles n’est évidemment pas sans faire allusion à certaines bases de colonnes alexandrines ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).

 

Comme sur les appliques Co. 2269 et Co. 2287 du musée Rodin, les feuilles aux extrémités recourbées offrent une certaine plasticité. Le modelé délicat et soigné contraste avec la sécheresse du rendu des détails botaniques sur les appliques Co. 2228, Co. 2247 et Co. 2269. Il peut aussi être mis en parallèle avec un modèle enrichi d’une frise d’oves (Co. 2061), bien que ce relief se caractérise par un aspect graphique plus affirmé. Certains sites ont aussi des reliefs qui entretiennent des affinités avec notre élément de placage. Le secteur du théâtre Diana à Alexandrie a révélé une pièce ressemblante (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133). Un second exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Deux appliques plus proches du relief Co. 2228 ont été mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et sont conservées au Museo Egizio de Turin (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).

 

Cet élément architectural surmontait sans doute un fût de pilastre pour composer une réplique miniature d’un décor architectural. Les chapiteaux en trois dimensions découverts à Kenchréai, port oriental de Corinthe, ont été associés au parement de cabinets ou d’armaria. Il n’est donc pas exclu que les chapiteaux de pilastre destinés à être appliqués sur une paroi de mobilier aient pu aussi agrémenter des coffrets ou des meubles de prix de grandes dimensions (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72).

 

Des critères stylistiques ont permis à L. Marangou de dater les appliques 18734-18735 du musée Benaki du IIIe-IVe siècle (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e). Cette datation semble avoir été confirmée par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. À contrario, la pièce de Césarée Maritime a été retrouvée dans un contexte du début de la période islamique (VIIe-VIIIe siècle). S’il paraît difficile d’assigner à une période précise cette typologie de chapiteaux de pilastre, un rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, permet d’envisager une production au cours de la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.

 

Marquage

Au dos, à l’encre violette, dans le sens vertical, 376 ?, marqué à l’encre violette, très effacé.

Comparaisons

-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).

-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.

-Paris, musée Rodin, Co. 2228, Co. 2269, Co. 2287.

-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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