Applique de mobilier

Aphrodite pudique

Égypte > provenance inconnue

IIe-IIIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,75 cm ; L. 4,8 cm ; P. 1,55 cm

Os, humérus de bœuf ou de dromadaire

Co. 2083

Commentaire

Etat de conservation

Brisée sur tous ses côtés, cette applique offre une teinte blanchâtre crayeuse sur sa face principale tandis que le revers présente une couleur crème ocrée. Seule une partie infime du bord inférieur subsiste. Le dos est parcouru par de nombreuses fissures longitudinales, alors qu’elles se concentrent surtout, sur la face sculptée, sur le ventre et la cuisse gauche de la figure. La matière osseuse révèle un fendillement généralisé.

 

On remarque, en plus d’une fine couche de salissure, des marques noires sur les zones les plus saillantes, ainsi que de minuscules taches ocre rouge. Le dos conserve des traces d’une pâte de fixation bleue et des sédiments clairs dans les creux.

Description

Cette représentation d’Aphrodite est brisée à mi-corps. La pose en appui de sa jambe droite contrebalancée par le fléchissement de sa jambe droite laisse supposer que la divinité devait être légèrement tournée vers la droite. Les courbes de son corps révèlent un hanchement contraire à celui que propose la figure de l’applique Co. 2231.

 

Un himation aux plis profondément creusés glisse de sa taille pour venir masquer en partie ses jambes. Un pan, qu’elle maintient de sa main pour dissimuler son pubis, découvre sa jambe gauche. Ce détail iconographique inscrit cette applique dans la série des représentations d’Aphrodite pudique (MARANGOU 1976, p. 40 n. 189 ; DELASSUS 2020, p. 53-54 n. 37), dérivant d’un modèle praxitélien qui jouit d’une faveur particulière à l’époque hellénistique. Les types de l’Aphrodite du Capitole (DELIVORRIAS 1984, n° 409-417, p. 52-53, pl. 38-39) ou de l’Aphrodite Médicis (DELIVORRIAS 1984, n° 419-421, p. 53, pl. 40) en offrent des variantes qui ont pu servir de sources à notre pièce. L’himation semble être un élément distinctif, que l’on retrouve drapé de la même façon, sur les appliques 18852 et 12739 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 121 p. 109, pl. 42b ; n° 132 p. 110-11, pl. 39a).

 

Par ses proportions courtes, notre figure se rapproche du premier exemplaire athénien, mais son sens plastique très affirmé en fait une œuvre à la facture d’une qualité bien supérieure. Les formes massives et pleines du ventre et des cuisses contrastent avec les plis en cascade du drapé, qui s’insère entre les jambes, de manière harmonieuse. La silhouette féminine et l’agencement de l’himation trouvent des échos, en dépit de différences, avec le fragment 12261 appartenant au musée gréco-romain d’Alexandrie. On repère également l’incision triangulaire prononcée du nombril, ainsi qu’une main aux doigts effilés.

 

La robustesse de la figure, les volumes accusés, conjugués à un poli des chairs, témoignent d’une pleine maîtrise de la sculpture sur os. Sans contexte archéologique, et en prenant en compte l’aspect assez décoratif du vêtement, on peut envisager une réalisation au cours du IIe-IIIe siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12261.

-Athènes, musée Benaki, 18852.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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