Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6,7 cm ; l. 5,4 cm ; ép. max 0,5 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2170
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 6,7 cm ; l. 5,4 cm ; ép. max 0,5 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2170
Préservé dans son intégralité, le relief présente seulement une faible perte de matière dans l’angle inférieur dextre, très émoussé. Alors que la face externe offre une couleur assez crayeuse, davantage patinée en partie supérieure, le dos révèle une teinte dorée, plus ou moins accentuée par endroits. Des légères desquamations sont à noter sur la face principale.
Cette applique constitue sans doute la pièce la mieux conservée, avec le relief Co. 2172, parmi les éléments de placage de la collection du musée Rodin, de petites dimensions, dédiés aux ménades. Progressant vers la droite d’un pas allègre, la jeune femme frappe de la main gauche le tambourin volumineux qu’elle tient devant elle, de la main gauche (LANCESTREMERE, BELLOW, BIASS-FABIANI 2018, p. 138 cat. 83). Sa tête tournée vers l’arrière imprime à la silhouette un mouvement tournoyant, qui s'avère être une constante dans l’iconographie stéréotypée des tympanistriae à l’époque romaine. Nombre de sarcophages romains du IIe-IIIe siècles, mettant en scène le thiase dionysiaque, intègrent ce prototype qui dérive de modèles de l’époque hellénistique (TURCAN 1966, sarcophage autrefois conservé au Latran : p. 175-176, pl. 18b ; voir à ce propos aussi LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 171). La chevelure tirée vers l’arrière et attachée, la ménade est vêtue d’un chiton aux plis ondoyants, serré à la taille et dénudant son épaule gauche.
Par sa pose, la figure rappelle celle du fragment Co. 2250 du musée Rodin, mais son entrain l’en distingue. Son corps arqué sous l’effet du mouvement renvoie davantage à la ménade sculptée sur une applique conservée au début du XXe siècle à l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, p. 230, pl. LV, n° 1 ; RODZIEWICZ 1967, p. 128-129 ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 148, p. 278, n° 193, pl. 54). Cette pièce au format similaire, ainsi qu’un spécimen légèrement trapézoïdal appartenant au Kelsey Museum of Archaeology à Ann Arbor (1962.01.0010 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 148, 283, n° 230, pl. 62), montrent un traitement du chiton très semblable à celui de notre ménade. L’étoffe aux plis souples laisse entrevoir la jambe gauche tendue, alors qu’un pan soulevé par la rapidité des mouvements, enfle dans le dos de la jeune femme, décrivant un arc-de-cercle. L’épaisseur un peu molle de la draperie n’est pas sans évoquer d’ailleurs celle de la ménade de l’applique du musée Rodin Co. 2174.
Les contours particulièrement heurtés du visage ne peuvent être que le signe d’un travail réalisé avec un certain empressement. Si l’artisan est parvenu à exprimer avec une réelle justesse la vivacité de l’attitude, peu de soin a été accordé aux détails anatomiques du visage. Les enlèvements rapides au ciseau ont conféré aux traits des formes géométriques, tandis que la main a été réduite à sa plus simple expression. Un traitement encore plus frustre est observé sur les appliques de Dresde et d’Ann Arbor, datées par A. Loverdou-Tsigarida du Ve-VIe siècle. Sur ces exemplaires, le rendu graphique des plis du drapé contraste avec le souci de plasticité qui transparaît sur notre pièce. Le corps aux proportions harmonieuses de la joueuse de tympanon, et son modelé plus nuancé, nous invitent à proposer une date de production pour cette applique autour du IVe-Ve siècle.
Comparaisons
-Ann Arbor, Université du Michigan, Kelsey Museum of Archaeology, 1962.01.0010.
-Dresde, Albertinum Museum, ancienne collection Herold.
-Paris, musée Rodin, Co. 2250 (position du buste).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.