Égypte > provenance inconnue
IVe - Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 15,8 cm ; l. 4 cm ; P. 3,1 cm
Os, tibia droit de bœuf
Co. 2066
Égypte > provenance inconnue
IVe - Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 15,8 cm ; l. 4 cm ; P. 3,1 cm
Os, tibia droit de bœuf
Co. 2066
L’applique est brisée en partie supérieure et sur le côté senestre. De ce fait, la tête, manquante, le bras gauche, la partie inférieure et le pied droit sont perdus. De légères taches d’oxydation, dues à la proximité d’un objet métallique durant la période d’enfouissement, couvrent la surface, sur l’épaule droite, et sous le pied gauche. Un discret fendillement de la surface de l’œuvre est à relever. De petites taches ocre se rencontrent à la fois sur la face principale de l’objet, et sur la face interne. Des sédiments sont encore présents au dos de la pièce.
Le jeune homme nu se dirige vers la gauche, tenant un petit panier rempli de fruits dans la main droite. Le drapé d’un manteau, sans doute jeté sur les épaules, retombe derrière ses jambes. L’amorce du cou encore visible, le torse vu de trois-quarts, ainsi que la position des jambes, suggèrent qu’il devait tourner le visage vers l’arrière. Le bras gauche, dont on n’aperçoit que l’aisselle, encadrait la tête, dans une attitude de délassement. Cette posture empruntée aux représentations de Dionysos et Silène influencées par l’Apollon Lycien s’observe sur trois appliques du musée Benaki (MARANGOU 1976 : 18917, p. 93, n° 35, pl. 12f ; 18914, p. 93, n° 38, pl. 12c ; 18913, p. 94, n° 39, pl. 13c), sur un relief conservé au musée Pouchkine à Moscou (3120 : BANK, BESSONOVA 1977, p. 161, n° 302), et un fragment d’applique passé en vente aux enchères à Paris en 2015 (Rémy Le Fur & associés, Art précolombien, mobilier et objets d'art, Hôtel Drouot, 21/10/2015, lot 54).
Le satyre tenant une grappe de raisin Co. 2057 du musée Rodin offre une comparaison frappante à notre applique en dépit d’un canon moins allongé. Son bras gauche semble aussi relevé au-dessus de la tête bien que la lecture en soit difficile. Son buste, comme celui du personnage sculpté sur notre applique, se présente davantage de face que ceux des satyres portant une corbeille ou un askos de la série suivante : Co. 2056, Co. 2058, Co. 2086, Co. 2201.
Le torse du personnage sculpté sur notre pièce, doté de chairs un peu molles, donne naissance à des jambes très étirées. Les détails anatomiques comme les clavicules, la ligne du sternum, la linea alba courant jusqu’au nombril, ou le pli inguinal, ont été ajoutés avec une certaine nervosité à l’aide d’un fin burin. De forme triangulaire, le nombril surplombe un ventre légèrement enflé. Une petite maladresse est à signaler dans la position des jambes. La cuisse gauche, très étroite, ne se trouve pas dans l’axe du reste de la jambe qui la prolonge. Le pied gauche, qui seul subsiste, repose sur une ligne de sol ou une plinthe suggérée par un simple trait incisé. Le talon levé confère un dynamisme à la silhouette et indique que le personnage marche d’un pas alerte, ou est en train de danser. L’incision qui court au milieu du dessus du pied lui confère l’aspect d’un sabot de bouc.
Le panier de très petite taille dont le satyre tient l’anse, est sculpté sans véritable soin, s’apparentant à une forme conique d’où émergent quelques éléments vaguement globulaires. Cet attribut se retrouve sur d’autres appliques en os, qui en livrent souvent une description plus consciencieuse : on regardera à ce propos l’applique Co. 2201 du musée Rodin, la pièce 1913, 1027.9 du British Museum (PETRIE, MACKAY 1915, p. 43, pl. L, fig. 1), l’applique 18925 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 95, n° 48, pl. 14a), un relief mis en vente par Christie’s à New York (Christie’s, Antiquities, New York, 12/12/2002, lot 216), et un autre vendu à Paris chez Piasa en 2003 (Piasa, Archéologie, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415). Deux pièces de plus petite taille passées en vente publique montrent cette même corbeille : vente Sotheby’s, Antiquities and islamic art, New York, 17/12/1998, lot 380 et vente en ligne, Liveauctioneers, M. Malter, Encino, CA, 29/02/2004, lot. 75). Les satyres des reliefs 13242 du musée gréco-romain d’Alexandrie (MARANGOU 1976, pl. 15c) et 21876 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 96, n° 50, pl. 15d), retiennent encore l’anse d’un panier disparu.
Les contours de la figure sont fortement cernés de manière à en mettre en valeur les volumes. Toutefois, les formes très schématiques et les enlèvements de matière encore bien visibles sur les membres trahissent une main assez rude. Le façonnage hâtif de la figure trouve un parallèle dans l’applique Co. 2057. Les maladresses ainsi que la forte stylisation laissent à penser que cette pièce pourrait avoir été exécutée au IVe-Ve siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18913, 18914, 18917 (type Lykeios).
-Moscou, musée Pouchkine, 3120 (type Lykeios).
-Paris, musée Rodin, Co. 2057 (attitude et proportions), Co. 2201 (panier).
-Vente Paris, hôtel Drouot, Rémy Le Fur et associés, Art précolombien, mobilier et objets d'art, 21/10/2015, lot 54 (type Lykeios).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916