Satyre portant une outre de vin et un panier

Applique de mobilier 

Égypte > provenance inconnue

IVe - Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 12,6 cm ; l. 5 cm ; P. 2,2 cm

Os, humérus droit de bœuf, face latérale

Co. 2201

Commentaire

Etat de conservation

Les parties supérieure et inférieure sont cassées, ce qui occasionne une perte des jambes du personnage. Des cassures et arrachements ont endommagé le bras droit de la figure. Un réseau de fentes longitudinales et transversales s’observe aussi bien sur la face externe de la pièce que sur la partie interne du bord dextre. L’applique présente une patine beige-jaune clair à l’exception d’une zone située le long du bord dextre qui s’avère plus pâle. Cette partie non patinée ou décolorée se retrouve sur la face interne de la section de diaphyse, où elle se double d’une coloration rosée.

On remarque également sur la zone claircie de la cavité médullaire un feuilletage de l’os, en raison de la cassure du bord dextre. Sur la partie supérieure, au dos, la patine révèle un ton plus verdâtre. Des petites taches brun-orangé ponctuent la surface externe, alors que des taches brunes sont clairement lisibles le long de la bordure dextre.

Description

Portant une outre volumineuse sur l’épaule gauche et retenant un panier rempli de fruits de la main droite, le satyre évolue vers la droite, tout en détournant son regard vers l’arrière. Son corps nu reprend la pose des satyres des appliques Co. 2056, Co. 2057, Co. 2058, Co. 2066 du musée Rodin. Le mouvement de torsion du buste, vu de trois-quarts, le rapproche des figures des pièces Co. 2056 et Co. 2058, tandis le bras droit tendu renvoie aux reliefs Co. 2057 et Co. 2066. C’est sans doute avec la silhouette de l’applique Co. 2056 que notre personnage manifeste le plus de ressemblances. Toutefois, le degré de qualité de la sculpture en est cependant bien inférieur. Ici, la concavité de la matrice a obligé l’artisan à s’adapter à une faible épaisseur d’os compact, ce qui s’est traduit par la création d’une silhouette en faible relief aux contours fortement incisés.

 

La tête est située sur le même plan que le cou, n’ayant pas été dégagée en relief. Le visage, vu strictement de profil, est traité de façon rapide, offrant un nez situé dans le prolongement exact du front. Le rendu très schématique de la chevelure bouclée joue davantage sur les vides que sur le travail en volume de la matière. Ce sont deux courtes incisions qui permettent d’indiquer l’emplacement de l’œil. Le visage se détache sur une outre ovoïde gonflée du breuvage dionysiaque, dont la forme se distingue peu du fond.

 

Le traitement du torse, très arqué, est lui aussi simplifié. La ligne ondulante des pectoraux vient croiser une oblique descendante qui symbolise le sternum, ainsi que la linea alba qui le prolonge visuellement. L’excroissance du pectoral droit, voulue par l’artisan pour suggérer le fort mouvement de torsion de la partie supérieure du buste, n’est pas heureuse et va presque à l’encontre de l’effet escompté, en conférant aux chairs un aspect flasque. L’attitude tournoyante du corps, ainsi que l’accentuation de la musculature, paraît être une variante moins maîtrisée des figures des appliques AF 6569 et AF 6570 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (MARANGOU 1976, p. 94, 96, QUONIAM, CHARLES-PICARD 1970, p. 186, n° 243), du relief 1913, 1027.9 du British Museum (PETRIE, MACKAY 1915, p. 43, pl. L, fig. 1), et d’une œuvre du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128).

 

La torsion du bras droit ainsi que du poignet révèle encore une maladresse. Bien que très schématique, le dessin du panier l’est moins que celui que tient le satyre de l’applique Co. 2066. La forme évasée de la corbeille de vannerie accueillant des fruits globulaires se rapproche des paniers repérables sur un certain nombre de reliefs en os : la pièce 1913, 1027.9 du British Museum (op. cit.), l’applique 18925 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 95, n° 48, pl. 14a), un relief mis en vente par Christie’s à New York (Christie’s, Antiquities, New York, 12/12/2002, lot 216), et un autre vendu à Paris chez Piasa en 2003 (Piasa, Archéologie, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415). Deux pièces de plus petite taille passées en vente publique montrent un panier du même type : vente Sotheby’s, Antiquities and islamic art, New York, 17/12/1998, lot 380 et vente en ligne, Liveauctioneers, M. Malter, Encino, CA, 29/02/2004, lot 75). Les satyres des reliefs fragmentaires 13242 du musée gréco-romain d’Alexandrie (MARANGOU 1976, pl. 15c), et 21876 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 96, n° 50, pl. 15d), devaient retenir l’anse de corbeilles similaires.

 

La place que le sculpteur sur os a choisi d’accorder au panier, et la largeur extrême du haut du buste, l’ont contraint à atrophier la jambe gauche et le bras agrippant l’outre à son extrémité. Comme sur l’applique Co. 2056, la taille de la tête paraît réduite par rapport au reste du corps. Toutefois, la carrure du satyre étudié, ainsi que la solidité de ses cuisses, le dissocient de la figure aux jambes grêles de la pièce Co. 2056. La difficulté à inscrire la figure dans le cadre défini par la largeur de la diaphyse d’humérus, et à rendre un mouvement complexe, se lisent aisément sur cette pièce. Le tracé hésitant conjugué à des déformations anatomiques, et à un traitement abrupt des volumes, nous incitent à ne pas placer le façonnage de ce relief avant le IVe - Ve siècle.

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13242 (type iconographique).

-Athènes, musée Benaki, 21876 (type iconographique).

-Baltimore, Walters Art Museum, 71.57 (mouvement du torse).

-Londres, British Museum, 1913, 1027.9 (type iconographique).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6569, AF 6570 (mouvement du torse).

-Paris, musée Rodin, Co. 2056, Co. 2058 (attitude générale), Co. 2066, Co. 2057 (position du bras droit).

-Vente Christie’s, New York, 12/12/2002, lot 216 (type iconographique).

-Vente Piasa, Paris, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415 (type iconographique).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

 

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