Relief funéraire

Homme debout, s'avançant vers la droite

Égypte > provenance inconnue (région memphite ?)

Ancien Empire > Ve ou VIe dynastie

[voir chronologie]

Bas-relief funéraire sculpté en relief levé

H. 42,4 CM ; L. x34,7 CM ; P. 4,5 CM

Co. 985

Commentaire

Etat de conservation

Assez bon état de conservation. L’extrémité supérieure droite et le bord gauche sont en lacune et le bloc présente de nombreuses éraflures en surface.

Tranche droite et partie inférieure d’origine. Le dos a été scié à l’époque moderne.

Les taches ocre jaune visibles en surface sont attribuables à la dissolution de microfossiles.

Description

De format rectangulaire (l’angle supérieur droit est manquant), ce bas-relief figure un homme debout, dans l’attitude de la marche, la jambe gauche en avant. La figure, tournée vers la droite, est placée sur une large bande en relief. Le tableau était probablement encadré d’une baguette en relief également, encore visible à droite. L’extrémité supérieure droite et le bord gauche sont en lacune et le bloc présente de nombreuses éraflures en surface.

 

L’homme est coiffé d’une courte perruque et porte un collier autour du cou. Il est vêtu d’un pagne à devanteau triangulaire, ainsi que d’une peau de félin, ornée d’un nœud sur l’épaule gauche. Son bras gauche est replié sur la poitrine, la main étant fermée sur les retombées du nœud du vêtement, tandis que son bras droit est le long du corps, la main tenant un sceptre sekhem (ou âba), expression de l’autorité de son détenteur (sekhem signifiant « pouvoir » en égyptien). L’homme du relief Co. 985 est un important personnage de l’Ancien Empire, au corps athlétique et puissant, arborant des signes d’autorité (citons en particulier le sceptre et la peau de félin). Le sceptre suit une forme caractéristique de la fin de l’Ancien Empire, à savoir une extrémité épanouie en ombelle de papyrus (voir CHERPION 1984, p. 38).

 

Le relief levé est peu accentué, si ce n’est certains détails de la morphologie, tels que le rendu de la musculature, au niveau des jambes.

 

Le format et la composition suggèrent que ce bas-relief provient du décor d’un tombeau privé de la fin de l’Ancien Empire. Symétrique au relief musée Rodin Co. 3075), il ornait sans doute un montant de stèle fausse porte ou de porte à l’intérieur de la chapelle.

Le modelé des jambes, la forme du sceptre sekhem et le pagne à devanteau triangulaire permettent de suggérer une datation au sein de l’Ancien Empire, soit la Ve dynastie, voire le début de la VIe dynastie (voir ZIEGLER 1990, p. 282, no 55).

Œuvres associées

Il peut être comparé à un relief symétrique (Co. 3075), laissant penser que ces deux reliefs sont issus du même ensemble.

Inscription

Anépigraphe

Historique

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 230, "Bas-relief fragmentaire en calcaire, représentant un personnage debout tourné vers la droite,  vêtu de la peau  de panthère ; il tient de la main gauche […] et de la main droite le sceptre […]. shenti très pointue. Morceau intéressant de la 3e  et  4e dynastie. Malheureusement la tête manque. Haut. max. 40 cent. Larg. max. 22 cent. Estimé six cent francs."

Donation de Rodin à l'État français en 1916.

Commentaire historique

Ce bas-relief fut acheté avec le bas-relief Co.3075 auprès de l’antiquaire Joseph Altounian qui l’expédia dans un lot d’objets le 31 août 1912 et le décrivit ainsi :  « 1 Bas relief homme debout IVe dynan » ou  « 1 bas-relief homme deb. IVe dyn.» (ALT 147, archives musée Rodin).

 

L’antiquaire Joseph Altounian, écrivait à Rodin du Caire le 10 Août 1912 : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » J. Altounian était parti du Caire en juillet 1912, et l’on peut suivre son périple sur son agenda (archives Altunian) : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire, où il arriva le 7 août.

 

Le 28 Août 1912, Altounian écrit au sculpteur : « Cher Maître J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivée à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; jour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la faira suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire.». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.». Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont les deux bas-reliefs Co.985 et Co.3075 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912.

Les deux reliefs furent exposés ensemble dans une vitrine à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne (musée Rodin, Ph. 13260), là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

 

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