Égypte > Provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire
H. 1,8 CM : L. 3,4 CM : P. 5 CM
Grauwacke ou basalte
Co. 819
Égypte > Provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire
H. 1,8 CM : L. 3,4 CM : P. 5 CM
Grauwacke ou basalte
Co. 819
L'œuvre est en bon état de conservation.
Il s’agit d’un scarabée réalisé en pierre noire, grauwacke ou basalte, poli en surface. L’insecte est représenté ailes repliées, pattes collées au corps, reposant sur une base. Les élytres sont couvertes de fines incisions, suivant leur axe.
Le scarabée dit bousier est un insecte chargé de symbolique pour les Égyptiens. Fins observateurs de la nature, ils avaient remarqué que ce coléoptère coprophage pousse une gigantesque boule d’excréments, destinée à protéger et nourrir ses petits ; ils ont associé cette boule au disque solaire. Dans la cosmogonie égyptienne, le scarabée participe donc à la régénération de celui-ci. Le nom donné au scarabée est aussi celui du soleil renaissant, Khépri, qui signifie « celui qui vient à la vie », d'où son association à l'idée de renaissance. Pour les anciens Égyptiens, la vie a surgit d’une masse initiale. Cette masse, dans le cas des scarabées, est associée à la boule d’excréments. Khepri peut être représenté avec un corps d’homme, possédant à la place de la tête le corps d’un scarabée.
Dès la XIe dynastie, des objets adoptant la forme de scarabées apparaissent (Vernus, Yoyotte 2005, p. 447). La typologie et la fonction des scarabées varient selon les contextes et les époques. Les plus anciens scarabées révélés par la documentation sont des amulettes, parfois inscrites du nom du propriétaire, du nom du roi régnant ou décorées de motifs apotropaïques. Ces amulettes étaient le plus souvent portées à la manière de bijoux, protégeant aussi bien les vivants que les défunts. Autre type, le scarabée de coeur était placé entre les bandelettes de la momie au niveau du cœur et traditionnellement inscrits au revers du chapitre 30 du Livre des Morts. La raison d’être de ces objets était de témoigner en faveur du défunt lors de son jugement. Le plus souvent, ces scarabées dits « de cœur » ont les ailes repliées, à l’instar des autres types, sauf pour les périodes les plus récentes où certains sont représentées ailes déployées, type spectaculaire qui n’apparait pas avant la XVIIe dynastie. À la XVIIIe dynastie, des scarabées dits commémoratifs permettent à la famille royale de transmettre à l’ensemble de l’élite un évènement important ayant eu lieu au palais. Les scarabées pouvaient également faire office de sceaux administratifs. L’impressionnant nombre de scarabées qu’ont produits les Égyptiens n’a d’égal que l’incroyable variété des matériaux utilisés. Les scarabées restent en usage jusqu'à la fin du premier millénaire avant notre ère.
Le scarabée Co. 819 est dépourvu d’inscription et de système de suspension. Il est probable qu’il s’agisse d’un scarabée de cœur, de petite taille (5 cm de long). Le type de pierre utilisé, la décoration minimaliste de l’insecte, mises à part les élytres incisées et le fait qu’il soit anépigraphe sont l’indice d’une production remontant au plus tôt à la Troisième Période intermédiaire.
Les collections de scarabées étant particulièrement abondantes dans les musées, il est surprenant que la collection égyptienne du musée Rodin n’en conserve que quatre exemplaires, les Co. 819, Co. 820, Co. 3538 et Co. 6317.
Les scarabées Co. 819, Co. 820 et Co. 3538 sont tous réalisés en pierre noire polie et datés de la Troisième Période intermédiaire. D’un modèle similaire, les trois exemplaires présentent néanmoins des différences d’exécution. La réalisation du Co. 819 est nettement plus rudimentaire que celles des deux autres. Si le Co. 819 et le Co. 820 sont d’une taille identique, l’examen du Co. 819 révèle des irrégularités notoires quand on le compare au Co. 820 : grossièreté des mandibules, pattes schématisées, sommet du crane aplati, élytres maladroitement individualisées. Le polissage final du Co. 819 n’est pas achevé. La pierre utilisée est d’un noir soutenu pour les scarabées Co. 819 et 3538, plus olivâtre pour le scarabée Co. 820. Le quatrième scarabée de cette collection, Co. 6317, est en calcaire et de dimensions nettement plus petites que les trois autres. Ce n’est pas un scarabée de cœur. Le Metropolitan Museum of Art de New York conserve un scarabée similaire au scarabée Co. 819, à savoir le scarabée 30.8.1076.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Biron, 217, "Scarabée du cœur - anépigraphe en schiste noirâtre. Anépigraphe. Long. 5 cent. Estimé quinze francs."
Donation Rodin à l’État français en 1916.
Le scarabée fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.