Gobelet Black-Topped

Égypte
Prédynastique, Badari – Nagada I-IIa-b
Ensemble de 10 tessons d’une même céramique
Terre cuite
Co. 6353
 

Commentaire

Etat de conservation

Ce lot de dix tessons provient d’une seule céramique. Deux ensembles de trois tessons qui recollent ont pu être formés. Les quatre autres fragments n’ont pas pu être associés. Les surfaces présentent des degrés d’érosion différents.

Description

Les dix tessons proviennent d’un gobelet en terre cuite, facilement reconnaissable grâce à ses dimensions, à son bord direct et à l’inclinaison de la panse. La céramique, qui ne présente pas de décor, est néanmoins bicolore. En effet, l’intérieur et le bord extérieur sont de couleur gris-noir, tandis que la panse externe est rouge. Quelques négatifs de dégraissants végétaux sont visibles en surface.
 
Les céramiques rouges à bord noir, qui apparaissent durant la culture Badari, sont très communes en Égypte durant l’époque prédynastique, et plus particulièrement au cours des périodes Nagada I et IIa-b. On en retrouve toujours quelques exemplaires dans des contextes datés de Nagada III, mais de manière plus anecdotique. Ces céramiques sont désignées sous les appellations anglo-saxonnes « Black-topped » ou « B-ware ». Au Soudan, en revanche, cette production perdure plus longtemps et se rencontre jusqu’à la fin de la période Kerma (env. 1500 av. J.-C.). 
 
Ces céramiques bien spécifiques sont produites à partir d’une argile limoneuse très fine, le plus souvent en Nile A, et débarrassée de ses impuretés. Les récipients ont un aspect très lisse obtenu par un brunissage avec un galet. Plusieurs formes sont connues, comme des jarres (Louvre E21728), des vases (Louvre E22506), ou encore  des gobelets. Plusieurs types de gobelets « à bord noir » sont recensés pour la période Nagada, plus ou moins convexes et aux bases plus ou moins plates (par exemples, Louvre E21747 ; UC4264 ; UC4247UC2968). Des gobelets, complets, sont conservés au musée de Mariemont. Acquis dans un lot de céramiques à bord noir par Raoul Warocqué en 1912 à Abydos, ils permettent de restituer la forme initiale du gobelet Co. 6353 (notices de Claire Derriks des Inv. B.412, 413 et 414 dans DERRIKS, DELVAUX 2009, p. 287-292).
Tous ces récipients sont formés à la main, à partir de différentes techniques de façonnage, comme le poinçonnage, le montage au colombin, ou encore le façonnage à partir d’une plaque ou d’un pâton sur une préforme en bois. Le processus de colorisation, si spécifique aux céramiques black-topped, a de nombreuses fois été étudié. À l’origine du système de classification des céramiques prédynastiques égyptiennes, W. F. Petrie a supposé que le sommet noir est obtenu en enterrant les récipients dans de la cendre pendant le processus de cuisson. Alfred Lucas propose une technique en deux étapes. Après la cuisson, le pot serait retiré chaud et positionné à l’envers dans un tas de cendres pour créer une atmosphère oxydante et ainsi produire cette couleur noire. Plus récemment, une recherche expérimentale menée par Stan Hendrickx, Renée Friedman et Fabienne Loyens a montré que la couleur noire est obtenue grâce à une cuisson en atmosphère réductrice (sans oxygène). Néanmoins, l’ajout de suie favoriserait également le noircissement.
 
L’invention des céramiques à bord noir vient probablement du besoin de produire des céramiques moins poreuses., car ces récipients étaient destinés à un usage alimentaire. En effet, le noircissement de la face interne et du bord externe rend les céramiques plus étanches et donc plus adaptées au stockage de liquides. Ce n’est qu’à la période suivante, Nagada III, que se développement des céramiques en argile calcaire (Marl), plus imperméables car cette marne supporte une cuisson à de plus hautes températures.
 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Donation Rodin 1916.

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

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