Couvercle de pyxide
Aphrodite dans un naïskos (ou un sanctuaire)
Commentaire
Etat de conservation
Complet, mais l’objet à le bord supérieur droit ébréché.
Description
L’objet Co. 2781 est une petite plaque ovale représentant une façade de monument distyle à fronton triangulaire soutenu par des colonnes torses reposant sur un stylobate. Le fronton est orné d’un élément circulaire (peut-être un disque solaire). Entre les colonnes se tient un personnage féminin nu, debout, les genoux légèrement fléchis et les bras levés à partir des coudes. Le bâtiment, que l’on peut interpréter comme un temple, est représenté en profondeur : il est possible de distinguer la silhouette des chapiteaux et des bases de deux colonnes situées en arrière de la façade. En-dessous de la scène est représenté un cartouche vierge ou tabula ansata. Les deux perforations placées le long du bord gauche de la plaque indiquent qu’il s’agit d’un couvercle.
Un autre couvercle de pyxide, publié par László Török en 1995 et conservé à Budapest (Török 1995, p. 24-25, n° 4, pl. 5), observe exactement le même type que le couvercle Co. 2481. Sa réalisation plus fine permet d’achever la lecture de notre couvercle : la figure se tient devant une conque d’abside en forme de coquille. Cette iconographie fait écho à des effigies en terre cuite d’Aphrodite se dévoilant, debout, devant un édicule pouvant prendre différents aspects selon les représentations, comme, justement, une niche en forme de coquille (Besques 1992, E 431, Louvre CA 6782) ou un temple à fronton triangulaire (Besques 1992, E 426, Louvre, CA 2622). Nous pouvons identifier ces représentations comme des Aphrodites anadyomènes, des Aphrodites sortant du bain et à la chevelure mouillée, un motif iconographique très fréquent en Égypte aux époques grecque et romaine (Ballet 2020, p. 112).
Toujours dans un registre cultuel, cette représentation évoque d’autres productions en argile telles une lampe de l’ancienne collection Fouquet (Perdrizet pl. LIX, n° 174 ; un exemplaire analogue, conservé à Alexandrie, n°9450 est reproduit en haut à gauche de la même planche) représentant Athéna, ou plus probablement son effigie cultuelle, dans un naos. Peut-être s’agit-il ici de la représentation d’une statue de culte d’Aphrodite ou d’une autre divinité féminine comme Isis ou Isis-Hathor, vénérée à l’époque impériale. Ces effigies constitueraient alors de petites mises en abîme.
L’ensemble des Aphrodites catalogués par Simone Besques (Besques IV-II, E 426-E 431) sont originaires d’Hadrumète, actuelle Sousse en Tunisie, et sont datées par l’auteur de la fin du IIe siècle, voire du début du IIIe siècle apr. J.-C. Un relief similaire conservé au British Museum et représentant une Aphrodite anadyomène est indiqué comme originaire de Ruvo en Italie (Walters 1903, D 488), montrant ainsi la variété des lieux de production de cette iconographie. La frontalité, la rigidité des attitudes et l’élancement du canon de ces figures abondent en faveur de la datation proposée par Simone Besques. Le couvercle Co. 2481 et le couvercle de Budapest présentent également un aspect très frontal, mais se différencient des Aphrodites du musée du Louvre par la plénitude du canon : la figure a la poitrine généreuse, les hanches larges et les cuisses arrondies. Malgré cela, László Török date la pyxide de Budapest de la fin du IIe voire du début du IIIe siècle apr. J.-C., nous permettant de proposer une datation similaire pour Co. 2481.