Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,1 cm ; L. 10,5 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, métatarse de bœuf, face postérieure

Co. 2324

Commentaire

Etat de conservation

Le bord dextre de cette applique est cassé en biais. La teinte jaune de la face principale prend des accents ocre clair au revers. Une patine jaune foncé recouvre les parties les plus en saillie du relief. Une coloration brune s’observe au centre de la cavité médullaire. Des petites taches brunes se notent aussi par endroits.

Description

Filles du dieu Nérée et de l’Océanide Doris, les Néréides peuplent les fonds marins de la mer Égée. Fréquemment représentées sur les cuves de sarcophages, les mosaïques, les textiles ou encore les pièces d’orfèvrerie à la fin de l’Antiquité, elles constituent un sujet de prédilection pour les sculpteurs d’appliques de coffrets façonnées dans l’os et l’ivoire. Sur les soixante-et-onze plaquettes dévolues au thiase marin, au sein de la collection du musée Rodin, quinze pièces accueillent une figure de nymphe tournée vers la droite, à demi-allongée. Cette pose indolente s’explique par le fait que la naïade était probablement couchée sur le dos d’un monstre marin et transportée ainsi sur les flots.

 

Notre pièce ne montre que le buste et les cuisses de la Néréide. Cette dernière est coupée au-dessus de la poitrine, comme le sont les jeunes femmes des reliefs du musée Rodin Co. 2169, Co. 2276, Co. 5633. Ce cadrage particulier trouve sa raison d’être dans l’étroitesse des diaphyses de métapodes de bœuf, qui bien souvent, n’autorise pas les sculpteurs, à figurer dans leur intégralité les personnages. Aussi, la tête de la Néréide, ainsi que son bras droit, et peut-être son voile, devaient être sculptés sur une pièce superposée à la nôtre.

 

Le corps nu aux chairs lisses de la créature marine est environné d’une étoffe, qui vient masquer la cuisse droite et retombe en plis secs le long de son dos. Le buste incliné indique que la jeune femme se redressait, sans doute de façon à retenir son voile gonflé par le vent au-dessus de sa tête, comme on peut l’observer sur nombre d’appliques similaires. L’aspect angulaire du buste n’est pas sans rappeler l’applique 22146 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 153 p. 114, pl. 46g). La mise en évidence du bras gauche replié, dans l’angle inférieur senestre, prouve que la nymphe prenait appui, vraisemblablement sur le corps de l’animal hybride qui lui servait de monture. Celui-ci n’est toutefois pas représenté. Ce schéma iconographique trouve plusieurs correspondances parmi les œuvres appartenant au musée Rodin : Co. 2070, Co. 2169, Co. 5633, mais c’est avec une série de pièces au style graphique et aux formes simplifiées que notre exemplaire entretient le plus d’affinités. Les reliefs Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214, partagent la même esthétique, qui repose sur une forte stylisation et une schématisation des détails anatomiques. Notre fragment révèle, à l’instar de ces pièces, des volumes assez plats, cernés de lignes fortement incisées, au tracé saccadé, un corps rigide et un drapé dénué de souplesse. L’ensemble de ces critères stylistiques nous encourage à placer la production de cette applique à l’époque byzantine, sans doute au cours du VIe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 22146 (rigidité du buste).

-Paris, musée Rodin, Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214 (schéma iconographique et style).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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