Égypte > provenance inconnue
Ve - VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 5,55 cm ; l. 2,33 cm ; ÉP. max 0,6 cm
Os, côte de bœuf, face pleurale ?
Co. 2306
Égypte > provenance inconnue
Ve - VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 5,55 cm ; l. 2,33 cm ; ÉP. max 0,6 cm
Os, côte de bœuf, face pleurale ?
Co. 2306
Ne subsiste de l’applique que la partie centrale correspondant au corps du personnage. Les bras et les attributs ont disparu en raison de la cassure des bords latéraux. Malgré un nettoyage, des traces noires sont encore discernables à la surface du fragment. En haut de la cuisse gauche du personnage est aussi visible une concrétion brune. La matière osseuse, très blanche, à l’aspect crayeux, présente un réseau de petites fentes longitudinales. Au dos, les trabécules du tissu osseux spongieux emprisonnent encore des sédiments.
L’applique, avant d’être brisée, devait affecter une forme carrée ou rectangulaire. La figure d’homme, par sa cambrure et la tête tournée vers la droite, rappelle les figures de satyres des appliques Co. 2060 et Co. 2173, mais s’en démarque par bien des aspects. Si le jeune homme semble bien se retourner, comme tend à le signifier la rotation du haut du corps, il ne progresse pas énergiquement vers la gauche, à leur instar des satyres qui viennent d’être cités. Son attitude est marquée par davantage de nonchalance, le poids du corps reposant sur la jambe gauche en appui. La jambe droite, tendue vers l’arrière, accompagne le déhanchement du buste. Cette posture peu courante pour décrire les figures d’hommes s’observe sur deux appliques du musée Benaki. La première, de forme rectangulaire, est sculptée d’un satyre askophoros (18795 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 275, n° 171, pl. 49), et la seconde, lacunaire, accueillait un satyre poursuivant sans doute une ménade (18796 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 288, n° 259, pl. 68). On notera également que cette position des jambes est celle qu’adopte plus ou moins un satyre marchant vers la gauche sur l’applique Co. 2171 du musée Rodin. Le léger arc-boutement du buste de notre satyre, ainsi que la courbe encore discernable à proximité de son épaule, pourraient suggérer initialement la présence d’un attribut, comme une outre de vin, peut-être soutenue par le bras gauche.
Le corps nu, juvénile, se caractérise par une certaine androgynie. Si l’absence de poitrine et la solidité du buste engagent à reconnaître dans cette figure un jeune compagnon de Dionysos, l’absence de structure musculaire et d’organes génitaux, alliée à des chairs lisses, créé une réelle ambiguïté quant au genre du personnage. Mise en valeur par le drapé d’un long manteau que l’on distingue derrière les jambes, la silhouette offre des formes modelées avec douceur et parfaitement polies. Elle présente une petite tête ronde qui offre au regard son profil gauche, dans un mouvement de torsion du cou peu naturel. Sous une chevelure courte dont les boucles ou ondulations sont rendues par de petites incisions, le front droit se prolonge par un nez rectiligne. La cavité oculaire a été creusée par deux coups de burin. Enfin, une profonde incision courbe permet au menton plutôt rond de se détacher du cou.
À rebours de la partie supérieure du corps traitée avec une certaine finesse, les jambes semblent mal dégrossies et les pieds complètement informes. Alors que la jambe droite se démarque par une lourdeur disgracieuse, les contours de la jambe gauche se confondent avec le dessin du drapé qui l’environne. La position des jambes n’est pas sans rappeler la posture de certaines ménades nues dont seule la jambe gauche est recouverte d’un pan de chiton. On se réfèrera pour ce détail précis, par exemple, à l’applique 18811 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 284, n° 236, pl. 64). Sur de nombreuses pièces, des ménades vêtues d’un chiton ceinturé à la taille, empruntent également cette attitude. Sur l’une d’entre-elles aussi conservée au musée Benaki (18818 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 285, n° 236, pl. 65), la ménade se singularise par des jambes particulièrement épaisses, qui ne sont pas sans évoquer celles de notre figure. On peut encore proposer une mise en parallèle de la jambe gauche de notre figure se détachant sur un drapé aux plis recreusés à l’aide d’un burin, avec celle d’une ménade dansant sur l’applique 18839 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 288, n° 257, pl. 68).
De toutes les appliques de taille réduite ornées d’une figure de satyre conservées au musée Rodin, ce fragment est celui qui présente les plus petites dimensions. La délicatesse dans le traitement de la figure le fait se détacher également de la série, dont les éléments de placage révèlent, pour la plupart, des silhouettes à la sculpture plus frustre. Les traits du visage stylisés et la coiffure, qui rappellent étroitement la tête de la ménade 18839 du musée Benaki permettent d’envisager une datation proche de celle suggérée par A. Loverdou-Tsigarida. Ce rendu assez linéaire du profil, conjugué à une disproportion des jambes dans notre cas, nous orientent vers une datation au cours du Ve-VIe siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18795, 18796 (attitude et position des jambes).
-Athènes, musée Benaki, 18811, 18818 (rendu des jambes), 18839 (tête et jambe gauche).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.