Applique de mobilier

chapiteau de pilastre de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 5,1 cm ; L. 3,1 cm ; P. max. 0,8 cm

Os, métacarpe de bœuf

Co. 2287

Commentaire

Etat de conservation

L’applique offre une teinte ivoirine claire, uniforme sur les deux faces, malgré une légère couche de salissure. Elle est cassée en partie inférieure et le long du bord dextre. On observe de petites taches ocre sur le bord supérieur. Quelques sédiments sont encore présents dans les creux de la face principale et au revers. Des fentes longitudinales fragilisent la pièce. Le relief est très abrasé.

Description

Le chapiteau de pilastre qui occupe cette applique de forme rectangulaire se caractérise par une corbeille peu évasée et particulièrement étroite. La cassure en partie basse nous prive de l’indication de l’astragale. Le calathos est recouvert de deux feuilles d’acanthe épanouies qui se déploient de face. La feuille du niveau inférieure est incisée de multiples stries qui indiquent ses nervures. Le centre du limbe est marqué par une nervure axiale. La seconde feuille, qui se développe à l’arrière, ne laisse dépasser que son extrémité recourbée.

 

Ce chapiteau de pilastre fragmentaire s’inscrit dans une série de petits chapiteaux du musée Rodin offrant une version très condensée du type corinthien : Co. 2228, Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). L’étroitesse du gabarit a conduit E. Ayalon à considérer un relief très similaire exhumé à Césarée Maritime, à la fois comme un chapiteau et une base de colonne à décor d’acanthes. L’étirement des limbes des feuilles rappelle effectivement certaines bases de colonnes d’Alexandrie ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).

 

Comme sur les appliques Co. 2266 et Co. 2269 du musée Rodin, la retombée des feuillages présente une plasticité prononcée. Bien que le modelé soit moins soigné que sur l’applique Co. 2266, la saillie du relief et la relative souplesse des feuilles contraste avec la rigidité des feuillages des appliques Co. 2228, Co. 2247 et Co. 2269. Plusieurs sites ont révélé des pièces analogues. Le secteur du théâtre Diana à Alexandrie a livré une pièce sur laquelle s’étagent deux grasses feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133). Un second exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Deux appliques plus proches du relief Co. 2228 ont été mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et sont conservées au Museo Egizio de Turin (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).

 

Ce chapiteau de type corinthien très stylisé coiffait vraisemblablement un fût de pilastre pour s’inscrire dans une composition architecturale miniature. Les chapiteaux en trois dimensions découverts à Kenchréai en Grèce ont été associés au parement de cabinets ou d’armaria. Il n’est donc pas impossible que les chapiteaux de pilastre sculptés en vue d’être adossés à une paroi de mobilier aient pu aussi agrémenter des coffrets ou des meubles de prix de grande taille (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72).

 

En s’appuyant sur des critères stylistiques, L. Marangou a proposé de dater les appliques 18734-18735 du musée Benaki, du IIIe-IVe siècle (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e). C. Ghiringello semble avoir confirmé cette hypothèse pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Par contre, la pièce de Césarée Maritime a été retrouvée dans un contexte du début de la période islamique (VIIe-VIIIe siècle). Toutefois, un rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, permet d’envisager une production au cours de la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.

 

Marquage

Au dos, marqué dans le sens vertical, 114, à l’encre violette, assez effacé.

 

Comparaisons

-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).

-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.

-Paris, musée Rodin, Co. 2266, Co. 2269.

-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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