Applique de mobilier

Triton

Égypte > provenance inconnue

Ve - début du VIe siècle ap. J.-C.

H. 3,5 cm ; L. 4,5 cm ; P. max. 0,5 cm

Os, métapode de bœuf ?

Co. 2281

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment correspond à la partie dextre d’une applique au format allongé. La cassure a suivi la ligne de contour de la chevelure du Triton et de son épaule gauche. La pièce offre une couleur jaune pâle, avec quelques petites taches ocre rouge par endroits, précisément sur la joue et le torse du Triton, ainsi que sur le bord dextre. Des fentes longitudinales la fragilisent.

Description

Souvent représenté de façon anonyme, Triton, fils de Poséidon et d’Amphitrite, escorte au sein du cortège marin les Néréides, peuplant les fonds de la mer Égée, ou batifolant à la surface de l’onde. L’association de ces deux divinités aquatiques sur nombre d’éléments de placage de mobilier sculptés dans l’os à la fin de l’Antiquité, laisse à penser que le buste de cette créature masculine voisinait peut-être, sur notre applique avant qu’elle ne soit brisée, avec une naïade, l’une des cinquante filles du dieu Nérée. Plusieurs exemplaires du musée Rodin réunissent ces deux divinités, qui adoptent alors une attitude divergente. On se reportera ainsi aux pièces Co. 2154, Co. 2168 et Co. 2210. On retrouve ce principe iconographique aussi sur deux exemplaires à la facture plus soignée : le relief 18759 du musée Benaki (18759 : MARANGOU 1976, n° 143 p. 113, pl. 45a), et un spécimen autrefois conservé au Staatliche Museen de Berlin (I. 2890 : WULFF 1909, n° 386 p. 112, pl. XVIII).

 

Le personnage, coupé au milieu du buste, est tourné vers la droite. La partie inférieure de son corps, formée d’un avant-train de centaure et d’une queue de poisson, ou le bas de son buste émergeant des flots, étaient peut être sculptés sur une pièce placée juste en dessous. Son épaule gauche, démesurément étirée vers l’arrière, indique que Triton soutenait sans doute un attribut, ou amorçait un mouvement de torsion. La ligne très hésitante de son profil est interrompue par des entailles permettant d’indiquer le creux des yeux et l’emplacement des lèvres. La tête penchée est agrémentée d’une chevelure ruisselante, tombant dans le cou. L’ondulation qui surmonte le visage, se poursuit en avant du front, pour évoquer la présence des pinces de crustacés, attributs caractéristiques des représentations des Tritons. La silhouette reprend en miroir celle de l’applique d’Athènes mentionnée plus haut, ou celle de l’exemplaire Co. 2154 du musée Rodin. C’est de cette version aux contours simplifiés, au relief peu prononcé et aux détails anatomiques incisés, que se rapproche le plus notre fragment, tout en en présentant une variante symétriquement opposée. Le modelé assez faible, mais mis en valeur par un certain polissage, voisine avec un graphisme particulièrement appuyé. Ce travail rapide et suggestif, qui s’observe aussi sur les pièces Co. 2133 et Co. 2217-Co. 2323 du musée Rodin, constitue un argument en faveur d’une réalisation au cours du Ve siècle, ou au début du VIe siècle.

 

Marquage

Au dos de la pièce, 741 ?, à l’encre violette très effacée.

 

Comparaisons :

-Athènes, musée Benaki, 18759 (schéma iconographique en miroir, mais facture plus soignée).

-Paris, musée Rodin, Co. 2154 (iconographie et style proches, mais image en miroir).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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