Applique de mobilier

chapiteau de pilastre de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,8 cm ; L. 3,2 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, métacarpe de bœuf, face antérieure

Co. 2279

Commentaire

Etat de conservation

La pièce offre une couleur ivoirine sur la face externe, avec une zone ocre jaune dans l’angle inférieur senestre. Cette teinte plus soutenue se retrouve sur tout le dos. Conservée dans son intégralité, l’applique ne présente qu’un large éclat dans l’angle supérieur dextre. La couche de salissure très superficielle laisse deviner une forte abrasion du relief.

Description

Cette applique rectangulaire accueille un chapiteau de pilastre de type corinthien particulièrement étroit. Sa forme légèrement évasée vers la base semble contredire le schéma habituel de la corbeille de chapiteau, qui s’élargit en partie supérieure. Pourtant, cette caractéristique se retrouve sur deux des appliques en forme de chapiteaux de pilastre répondant à la même typologie, conservées au musée Rodin : Co. 2228 et Co. 2247.

 

Au-dessus d’un astragale déterminé par une moulure drogite s’épanouissement deux feuilles. Celle de l’étage inférieur s’étale sur toute la largeur du chapiteau et ne laisse dépasser de la seconde que son extrémité recourbée. Le troisième niveau, peu facile à déterminer, supporte la pointe repliée d’une troisième feuille d’acanthe, ou plus vraisemblablement un rang d’oves, comme sur les chapiteaux de pilastre du musée Rodin Co. 2061 et Co. 2227.

 

Le traitement des feuilles qui recouvrent tout l’espace disponible de la matrice osseuse renvoie directement à l’applique Co. 2228, bien que celle-ci ne comporte pas de troisième registre. Les stries systématiques par lesquelles sont indiquées les nervures, sans hiérarchie, confèrent au relief un aspect avant tout graphique. Les extrémités recourbées ne sont pas seulement géométrisées comme sur l’applique Co. 2228, mais ont aussi été laissées brutes, comme inachevées. Le même phénomène s’observe sur l’applique Co. 2247, quoique qu’il soit moins accentué.

 

L’allongement des feuillages a incité E. Ayalon à considérer un relief exhumé à Césarée Maritime, soit comme un chapiteau, soit comme une base de colonne à décor d’acanthes. Le limbe des feuilles fortement étiré n’est évidemment pas sans faire allusion à certaines bases de colonnes alexandrines ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).

 

Associé sans doute à un fût de pilastre, cet élément participait à un vaste décor de micro-architecture. Ce type d’ornementation pouvait être destinée à la fois à des coffrets mais aussi à des meubles de plus grand taille, tels les cabinets ou les armaria (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020, p. 71-72). Des pièces présentant un modèle similaire ont pu être recensées. À Alexandrie, parmi le mobilier mis au jour sur le site du théâtre Diana, on repère un chapiteau formé de deux feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133), et un fragment de grande taille (DI 96. 3009.9.9 (67A) : RODZIEWICZ 2007, n° 55 p. 94, pl. 21, 100-7 ; RODZIEWICZ 2016, fig. 185 p. 164). Deux appliques, dont le degré d’achèvement diffère, découvertes à Ashmounein en 1903-1904 et conservées au Museo Egizio de Turin, s’inscrivent dans la même série (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110). Un dernier exemplaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275).

 

La plupart des pièces de comparaison ne bénéficient pas de contexte archéologique daté avec certitude. En se référant à des critères stylistiques, L. Marangou a avancé pour les appliques 18734-18735 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e), le IIIe-IVe siècle. Cette datation semble avoir été confirmée par C. Ghiringello pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Toutefois, c’est dans un contexte du début de l’époque islamique (VIIe-VIIIe siècle), qu’a été trouvée la pièce de Césarée Maritime. Il est donc ardu de déterminer la période de production de ces éléments de placage. Par rapprochement avec le mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie, on peut cependant proposer une phase de production à la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.

 

Marquage

Au dos, dans le sens vertical, 226 ?, marqué à l’encre violette, très effacé.

 

Comparaisons

-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81), DI 96. 3009.9.9 (67A).

-Athènes, musée Benaki, 18734.

-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.

-Paris, musée Rodin, Co. 2228, Co. 2247 (forme rétrécie de l’applique et traitement des feuilles).

-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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