Applique de mobilier

chapiteau de pilastre de type corinthien

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,9 cm ; L. 3 cm ; P. max. 1,15 cm

Os, métatarse de bœuf

Co. 2257

Commentaire

Etat de conservation

L’élément de placage est conservé dans son intégralité. Il révèle une teinte ivoirine plutôt claire sur les deux faces. Les angles supérieurs sont émoussés, alors que le milieu du bord senestre présente un éclat. De petites taches ocre orangé s’observent sur la pièce.

Description

Cette plaquette légèrement convexe correspond à une section de chapiteau de pilastre corinthien. Sa forme allongée lui confère un aspect particulier qui le rapproche d’une série de chapiteaux miniatures du musée Rodin, qui offrent une version très condensée du type corinthien : Co. 2228, Co. 2247, Co. 2266, Co. 2269, Co. 2279, Co. 2287 (DELASSUS 2020, p. 59 n. 75). L’étroitesse du gabarit a conduit E. Ayalon, lors de son étude d’un relief analogue exhumé à Césarée Maritime, à émettre l’hypothèse qu’il pouvait s’agir, non pas seulement de chapiteaux de pilastre, mais de bases de colonne à décor d’acanthes. Les limbes des feuilles assez distendues sur certains exemplaires se retrouvent effectivement sur certaines bases de colonnes d’Alexandrie ou de Jerash (MAKOWIECKA 1969, fig. 2 p. 118, fig. 6 p. 122).

 

La corbeille légèrement évasée en partie supérieure accueille, au-dessus d’un astragale lisse, deux feuilles d’acanthe épanouies étagées. On note toutefois un décentrage de ces feuillages vers le côté dextre de l’applique, tandis qu’une amorce d’autres feuilles borde le côté opposé. Ce désaxement semble ici délibéré, contrairement peut-être à la pièce Co. 2269. L’applique convexe était sans doute complétée par d’autres placages en os, de façon à couvrir un support plus ou moins demi-circulaire. La taille des feuillages apparaît en effet plus importante que sur les autres reliefs du musée Rodin, et leur extrémités recourbées sont traitées avec plus de plasticité. Les incisions des nervures déterminent de larges digitations. La souplesse des feuille d’acanthe rappelle à la fois les pièces Co. 2227 et Co. 2266, même si l’approche en est un peu différente. Le soin accordé aux détails et le polissage poussé sont les signes d’une facture de qualité.

 

Plusieurs sites ont révélé des pièces assez proches, sans pour autant présenter de types équivalents. Le secteur du théâtre Diana à Alexandrie a livré une pièce sur laquelle s’étagent deux feuilles d’acanthe (DI 96. 3033.22.7 (81) : RODZIEWICZ 2007, n° 53 p. 93-94, pl. 21, 100-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 146 p. 133). Un second exemplaire, au style similaire provient de Césarée Maritime (38/S/26259 : AYALON 2005, n° 353 p. 93-94 p. 274-275). Deux appliques plus proches du relief Co. 2228 ont été mises au jour à Ashmounein en 1903-1904 et sont conservées au Museo Egizio de Turin (S. 2133, S. 2479 : GHIRINGELLO & TRAPANI 2021, p. 109, fig. 10-11 p. 110).

 

Ce chapiteau de type corinthien, qui couronnait sans doute un pilastre ou une demi-colonne, participait à une composition architecturale miniature. Un exemple particulièrement éloquent de ce type d’ornementation a été mis en évidence à Kenchréai en Grèce. Des chapiteaux sculptés en ronde-bosse, associés à d’autres éléments architecturaux, ont été mis en relation avec le parement de cabinets ou d’armaria. Il n’est donc pas impossible que les chapiteaux de pilastre sculptés en vue d’être adossés à une paroi de mobilier ou à des supports moins saillants, aient pu aussi agrémenter des coffrets, ou des meubles de prix de grande taille (RODZIEWICZ 2016, p. 137-142 ; DELASSUS 2020 p. 71-72).

 

Quelques indices de datation peuvent être retenus pour cette typologie de pièces. Les appliques 18734-18735 du musée Benaki, aux feuilles plus rigides traitées avec sécheresse, ont été assignées par L. Marangou au IIIe-IVe siècle (MARANGOU 1976, p. 65, n° 246 p. 130, pl. 70e). C. Ghiringello a validé cette hypothèse pour les deux appliques du musée de Turin publiées en 2021. Par contre, la pièce de Césarée Maritime a été retrouvée dans un contexte du début de la période islamique (VIIe-VIIIe siècle). La prise en compte du mobilier découvert sur différents secteurs d’Alexandrie permet toutefois de nuancer ces écarts de datation, et de proposer une production au cours de la fin de l’Antiquité, entre le IVe et le Ve siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, site du théâtre Diana, fouilles archéologiques du CEAlex, DI 96. 3033.22.7 (81).

-Césarée Maritime, fouilles archéologiques, 38/S/26259.

-Paris, musée Rodin, Co. 2266, Co. 2269.

-Turin, Museo Egizio, S. 2133, S. 2479.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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