Égypte > provenance inconnue
Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,9 cm ; l. 4,8 cm ; ép. max 0,5 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2172
Égypte > provenance inconnue
Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?
H. 7,9 cm ; l. 4,8 cm ; ép. max 0,5 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2172
La pièce est particulièrement bien préservée. On note seulement la présence d’un petit éclat dans l’angle inférieur dextre. Si les trabécules renferment encore quelques sédiments, au revers, ces derniers sont surtout visibles sous la forme de dépôts bruns sur la face principale de l’objet, dans les parties en creux. Quelques minuscules taches ocre orangé s’observent sur le relief : sur la main et le pied gauche de la ménade et un pan de son vêtement.
Proposant un dessin trapézoïdal, la pièce présente un format adapté à l’iconographie qu’elle accueille. Elle s’évase vers la bas, accompagnant ainsi le déploiement du drapé de la jeune femme. Cette dernière, évoluant d’un pas alerte vers la droite, peut, au regard des appliques à l’iconographie analogue conservées au musée Rodin, être reconnue comme une ménade participant au cortège de Dionysos. En proie à une danse animée, elle amorce un mouvement de torsion vers la gauche, comme le suggèrent ses jambes croisées, son buste vu presque de face, et sa tête tournée dans un mouvement brusque vers l’arrière. Cette posture peu naturelle, qui traduit avec justesse les convulsions qui s’emparent des membres du défilé bachique, est couramment adoptée par les ménades sur les petits éléments de placage en os. On en veut pour preuve les pièces du musée Rodin Co. 2059, 2080, 2118, 2141, 2160, sculptées de ménades aux postures similaires.
Notre figure brandit un tympanon au-dessus de son épaule droite, tandis qu’elle accompagne de son bras gauche libre, son pas de danse. La chevelure sans doute nouée en un chignon, elle est vêtue d’un chiton dénudant son épaule et son sein gauches. Serrée sous la poitrine, l’étoffe aux larges plis bouillonnants s’agite sous l’effet du rythme enlevé de la danse.
La silhouette féminine offre une étroite parenté avec celle qui orne le relief du musée Rodin Co. 2118. Seul l’ajout d’un second tambourin constitue une différence notoire entre les deux pièces. La même façon de lever l’instrument se retrouve sur deux autres exemplaires de la même collection : Co. 2080 et Co. 2160, ainsi que sur un spécimen du musée égyptien du Caire et un dernier conservé au musée archéologique national d’Athènes (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 278, n° 194-195, pl. 54 ; STRZYGOWSKI 1904, p. 189, n° 7106, pl. XV). L’écartement des jambes, l’agencement du drapé ou la position du bras varient d’une applique à l’autre. Considérées comme les équivalents féminins des satyres askophoroi par A. Loverdou-Tsigarida, ces figures ont été rassemblées dans le groupe A des ménades tympanistriae. La manière dont elles lèvent leur tambourin rappelle, en effet, celle des satyres supportant une outre de vin.
Malgré une approche synthétique et une simplification des formes, l’élan de la figure est traduit avec justesse. De même, les larges plis ondoyants du drapé témoignent d’une attention portée au mouvement. En cernant les formes de courbes profondes, le sculpteur a néanmoins pris le parti d’accentuer le caractère graphique de la représentation, au détriment de son aspect plastique. Cette tendance semble prévaloir à la fin de l’Antiquité dans le cadre de pièces produites en série, à l’image de ces éléments de placage de coffrets. Par comparaison avec les appliques publiées par A. Loverdou-Tsigarida offrant la même iconographie, nous pouvons nous orienter vers une fabrication au cours du Ve-VIe siècle.
Comparaisons
-Paris, musée Rodin, Co. 2080 (type iconographique : geste, attribut et haut du corps), Co. 2118 (type iconographique hormis le second tympanon).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.