Satyre au bras levé

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 7,56 cm ; l. 3,33 cm ; ÉP. max 0,4 cm

Os, métacarpe droit de bœuf, face postérieure

Co. 2171

Commentaire

Etat de conservation

La lacune qui s’étend de l’angle supérieur senestre jusqu’à mi-hauteur du bord, a privé le personnage de son bras droit. Un profond éclat se distingue à dextre de la tête, à proximité du chant sommital. En outre, on remarque un léger fendillement longitudinal de la matière osseuse, qui s’accompagne d’une fente transversale partant du côté gauche du satyre pour gagner son aisselle droite. Des restes d’une couche d’encrassement atténuée par la restauration subsistent. Le nettoyage de la pièce a été l’occasion de mettre en évidence de rares traces de marques noires voisinant avec des résidus blancs et légèrement ocre.

Description

La forme légèrement trapézoïdale de l’applique rappelle celle des pièces Co. 2060, Co. 2114 et Co. 2249 du musée Rodin. A l’instar du satyre sculpté sur cette dernière applique, le jeune homme nu avance vers la droite, tout en amorçant un mouvement de torsion dont se font écho le buste vu de trois-quarts et le visage orienté vers la gauche. Le rapprochement entre les deux appliques ne peut être poussé plus loin car un certain nombre d’éléments diffèrent concernant la gestuelle et la corpulence du jeune homme. Sur notre exemplaire, l’attitude du personnage semble plus statique. En effet, les jambes non croisées accompagnent le mouvement du buste. Contrairement au satyre de l’exemplaire Co. 2249, le personnage est en appui sur la jambe droite, et non la gauche. Cette position se retrouve à l’identique, mais en miroir, sur l’applique Co. 2306.

À la différence des compagnons de Dionysos qui animent les éléments de placage de petite taille, supportant fréquemment une outre d’un bras masqué par un drapé, le satyre lève son bras droit à la verticale. Cette attitude, synonyme de délassement, n’est pas sans rappeler la pose nonchalante de l’Apollon Lycien qu’emprunte Dionysos lorsqu’il est représenté sur les appliques de mobilier. Le long du bord senestre subsiste un pan déchiqueté de la nébride que le satyre retenait peut-être de son bras gauche aujourd’hui mutilé.

 

Si la pose abandonnée qu’adopte ici le satyre est habituellement réservée aux images du dieu de la vigne et de la régénération de la nature, sur les placages de petites dimensions, elle peut être observée avec des variantes, sur des appliques au profil convexe de plus grande taille. On peut citer à ce propos trois spécimens conservés au musée Benaki (MARANGOU 1976, 18902 -18903, p. 92, n° 26-27, pl. 11a-b ; 18914, p. 93, n° 38, pl. 12c), le relief 3120 conservé au musée Pouchkine à Moscou (BANK, BESSONOVA 1977, p. 161, n° 302), et un fragment d’applique passé en vente aux enchères à Paris en 2015 (Rémy Le Fur & associés, Art précolombien, mobilier et objets d'art, Hôtel Drouot, 21/10/2015, lot 54).

Un peu plus haute que les autres exemplaires de forme trapézoïdale ou rectangulaire, l’applique est occupée sur toute sa surface externe par la représentation du jeune garçon dont le corps se caractérise par des proportions équilibrées. Un visage poupin vu de trois-quarts, cerné par quelques grosses boucles de cheveux, vient se greffer presque directement sur un buste modelé avec subtilité. Autour d’un nez épaté qui surmonte une bouche plutôt large aux lèvres bien ourlées, les yeux ont été incisés à l’aide d’un fin burin. Logés sous des arcades sourcilières saillantes, ils apparaissent en très faible relief.

Le torse plutôt court par rapport aux jambes est animé de légères dépressions ou incisions indiquant les clavicules, les pectoraux et la ligne blanche. Modelées avec douceur, les chairs lisses du buste sont en adéquation avec les jambes aux contours souples et à la surface minutieusement polie. La notation au moyen de petites incisions courbes des rotules contraste avec le moindre soin accordé aux pieds, qui se confondent avec le bord inférieur.

 

Sur un plan strictement stylistique, cette applique trouve peu d’équivalents dans les collections répertoriées. Tout au moins, peut-on souligner la parenté existant avec les visages joufflus des Dionysos sculptés sur plusieurs petites appliques du musée Benaki, bien que le rendu plastique soit considérablement moins abouti sur ces reliefs (18797-18798 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 269, n° 129-130). La datation attribuée à ces pièces – à savoir le Ve siècle – nous permet de proposer, tout en gardant une extrême prudence quant à cette hypothèse, une exécution de notre pièce au cours de ce même siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18797-18798 (style du visage), 18902, 18903, 18914 (uniquement pour l’attitude).

-Moscou, 3120 (uniquement pour l’attitude).

-Vente Paris, hôtel Drouot-Montaigne, F. de Ricqlès, Archéologie, 22-23/04/2001, lot 122 (type Lykeios : attitude).

 

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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