Applique de mobilier

Néréide et Triton

Égypte > provenance inconnue

Ier-IIIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 2,5 cm ; L. 7,6 cm ; P. max. 1,2 cm

Os long de bœuf

Co. 2139

 

Commentaire

Etat de conservation

Seule partie conservée d’une applique, offrant sans doute à l’origine un format rectangulaire, ce fragment correspond à son angle supérieur senestre. La teinte ivoirine de la matière osseuse, sur la face principale, se pare de nuances jaunes et ambrées au revers. Des marques noires sont visibles sur le visage du Triton. Les parties en creux emprisonnent des sédiments, mais aussi des résidus blancs et ocre jaune. Des taches ocre rouge ponctuent le bord sommital. Au revers, dans les trabécules, subsistent des sédiments.

Description

 

Des deux divinités marines, n’ont été préservées que les têtes orientées vers la droite. La Néréide offre un visage structuré par un long nez droit, placé dans l’exact prolongement du front. Ses cheveux aux mèches ondulées sont rassemblés vers l’arrière. Elle est suivie par un Triton, à la chevelure courte et raide, dissimulant une oreille de faune. Son visage finement sculpté présente un nez pointu, surmontant une bouche aux lèvres bien ourlées. Ce dernier devait étendre un bras vers la nymphe. Au second plan, apparaissent les circonvolutions de la queue d’un monstre marin ou de celle dudit Triton.


Peuplant les profondeurs marines, les cinquante filles du dieu Nérée et de Doris, sont souvent associées de façon anonyme à des divinités masculines. Triton, fils de Poséidon et d’Amphitrite, se démultiplie pour les accompagner dans leurs jeux à la surface de l’onde. Nombre de plaquettes en os d’époque romaine mettent en scène un couple constitué d’un Triton et d’une Néréide, disposés selon d’infinies variations (MARANGOU 1976, p. 42-43 ; RODZIEWICZ 2016, p. 57). Si les deux divinités adoptent fréquemment des mouvements contraires sur les appliques de format allongé, certains exemplaires, tels les reliefs du musée Rodin Co. 2132 et Co. 5608, accueillent deux bustes tournés vers la droite, comme sur notre pièce.

 

L’évidente qualité plastique de ce fragment le distingue de la plupart des appliques consacrées à l’illustration du thiase marin, provenant de la collection d’A. Rodin. Seul le spécimen Co. 2155 laisse entrevoir la même maîtrise de l’anatomie et un sens du modelé comparable. Outre cette insistance sur le volume et la notion de profondeur, on note un recours à une technique de perforation identique, permettant d’animer les visages et les peaux animales. Ces petites cavités ont vraisemblablement été obtenues par l’emploi d’un minuscule foret ou trépan-vrille. On les rencontre aussi sur la pardalide des satyres ou le pelage de la panthère accompagnant Dionysos sur d’autres reliefs. Selon E. Rodziewicz, ces perforations constitueraient un indice de datation (cf. RODZIEWICZ 2007, p. 22). Elles appartiendraient à la phase la plus précoce de la production alexandrine, alors que les encoches triangulaires seraient les marqueurs d’une fabrication plus tardive. Toutefois, cette hypothèse semble contredite par une pièce découverte à Alexandrie, datée de la fin du IIIe-début du IVe siècle, par un contexte archéologique documenté (RODZIEWICZ 2007, n° 8 p. 65-66). Pour L. Marangou, le traitement des yeux en relief, ou dotés d’une pupille percée, ne semble pas devoir être retenu comme un critère chronologique, bien que la première solution soit davantage en lien avec les modèles hellénistiques (MARANGOU 1976 p. 75). Le côté sculptural des visages, ainsi que l’attention portée aux détails, rapprochent ce fragment d’appliques porteuses d’autres types iconographiques, conservées au musée Benaki, datées du IIe-IIIe siècle. Quant à la chevelure du Triton, elle fait plutôt songer à la mode capillaire du Ier siècle ap. J.-C. Il n’est toutefois pas exclu que la pièce soit sortie d’un atelier à une époque bien plus tardive.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, 2155 (plasticité et petites perforations circulaires)

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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