Applique de mobilier

Néréide ou Triton tenant une coupe

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 2,8 cm ; L. 7,5 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, métapode de bœuf ?

Co. 2134

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment correspond à l’angle supérieur dextre d’une applique au format sans doute allongé. Sa teinte crayeuse est assourdie par la présence importante de sédiments. Le revers offre une coloration jaune pâle. On observe des fentes longitudinales en partie inférieure. Les deux côtés présentent des surfaces très abrasées.

Description

La divinité marine, tournée vers la gauche, tient une grande coupe de forme oblongue. Son visage, légèrement incliné, est encadré par un drapé qui décrit un large arc-de-cercle sous l’effet de la brise. La détermination du genre du personnage n’est pas aisée. Si les cheveux ondulés descendant librement sur la nuque pourraient renvoyer aux chevelures mi-longues des Tritons, la finesse des traits, ainsi que le voile enflé par le vent appartenant au type iconographique des aurae velificatae, sont davantage associés aux Néréides (MARANGOU 1976 p. 43). Le récipient que soutient la main au poignet complètement plié, trouve un parallèle sur un autre fragment du musée Rodin : le relief Co. 2180. Cet élément de placage à la sculpture plus stylisée montre une créature aquatique clairement identifiée à un Triton, en raison d’un torse sur lequel les pectoraux sont soulignés, et l’absence de voile en partie supérieure.

 

Symbolisant les bienfaits de la mer ou différents phénomènes maritimes, les Néréides, connues primitivement comme les cinquante filles de Nérée et de Doris, délaissent souvent les profondeurs marines, pour venir jouer à la surface des flots en compagnie de Tritons. Fils de Poséidon et d’Amphitrite, Triton est souvent représenté de manière anonyme, se multipliant à l’envie, pour tenir compagnie aux naïades. Ce fragment ne rencontre pas d’exact équivalent au sein des corpus d’appliques en os d’Égypte romaine répertoriés. Une applique découverte à Alexandrie, dans les fouilles archéologiques menées dans le secteur du théâtre Diana, révèle également une divinité marine tenant une coupe à la panse évasée (RODZIEWICZ 2007, n° 18 p. 72-73, pl. 10, pl. 90-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 57, fig. 60 p. 65). Bien que la coupe soit placée à gauche, on retrouve le même geste du poignet cassé pour maintenir la vasque par le fond.

 

Le visage à la nuque raide environné d’une chevelure traitée de façon assez libre témoigne d’une véritable approche plastique. En choisissant de circonscrire la tête et la coupe par un voile aux plis animés de larges courbes, plus ou moins en saillie, l’artisan a su jouer à merveille sur la notion de profondeur. L’attention portée à l’œil en relief ou à la petite bouche aux lèvres minces du personnage, atteste une certaine méticulosité dans le travail de la matière osseuse. Ces différents critères stylistiques sont les signes d’une maîtrise technique et d’une dette envers l’héritage classique. Ils nous permettent, de façon quelque peu arbitraire, de proposer une date de fabrication de l’applique au cours du IIIe ou IVe siècle.

 

Comparaisons :

-Alexandrie, fouilles du secteur du théâtre Diana, DI 96. 3563.1.4 (166) (coupe et position de la main).

-Paris, musée Rodin, Co. 2180 (attitude du personnage et coupe)

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection