Applique de mobilier

Triton ou Okéanos

Égypte > provenance inconnue

Fin IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 3,8 cm ; L. 6,5 cm ; P. max. 0,4 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2126

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment ne conserve qu’un segment de son bord supérieur. Légèrement fendillée, la face principale, qui offre une teinte plutôt crayeuse, révèle côté dextre, une tache orangée. Le revers se caractérise par une coloration beige jaunâtre plus soutenue, avec des nuances ocrées.

Description

Le personnage barbu présente un buste légèrement orienté vers la droite, alors qu’il tourne ostensiblement la tête vers la gauche. Son visage plein est environné d’une chevelure bouclée retombant sur ses épaules et garnie de longues antennes. Son large front, au centre duquel se lit une ride marquée, surmonte deux yeux globulaires. La bouche disparaît sous une épaisse moustache et une barbe fournie. Sur le torse nu, à la musculature vigoureuse, sont indiqués à l’aide d’incisions les clavicules, ainsi que le sternum. Un himation, dont on distingue peut-être encore d’infimes parties sur l’épaule gauche et derrière le bras droit, couvrait sans doute le dos du personnage. À la gauche du visage, apparaissent deux protubérances, dont on ne sait s’il faut y voir une évocation de pinces de crustacés, ainsi qu’un élément non identifiable en raison de la cassure. La main droite, aux doigts finement sculptés, tient une hampe striée.

 

Ce type iconographique ne rencontre pas d’équivalent au sein de la collection du musée Rodin, ni même dans les corpus bien identifiés d’appliques romaines provenant d’Égypte. Figurée sous les traits d’un homme d’âge mur barbu, cette divinité marine pourrait correspondre à une représentation du dieu Océan ou à un Triton nettement plus vieux que ceux qui escortent habituellement les Néréides. La hampe, dont on aperçoit encore une portion, constitue l’extrémité d’un gouvernail ou d’un trident. Moins commun que le type du jeune Triton sur les appliques en os, celui à la chevelure longue et à la barbe broussailleuse se rencontre à la fois sur des éléments de mobilier (Br 4542-MN 775, musée du Louvre, trépied en bronze) ou sur des mosaïques. Il partage ses traits avec Okéanos, le dieu fleuve qui entoure la terre. Représenté en pied ou simplement sous la forme d’un buste, ce dernier est illustré par des sculptures, mais surtout par de nombreuses mosaïques de pavement de la fin de l’Antiquité. La divinité marine de notre pièce, qui ne peut être identifié avec exactitude, pouvait tout la fois participer à la scène de la naissance d’Aphrodite ou accompagner les Néréides (cf. MARANGOU 1976, p. 42-44).

 

Malgré un dessin prononcé au détriment du volume, le personnage se démarque par un rendu soigné. Les effets de modelé qui se jouent de la finesse de l’os, et l’application dans le traitement des détails de la physionomie, indiquent un travail de qualité. Pour autant, les yeux globulaires attestent une certaine stylisation du visage. Seuls quelques exemples d’appliques en ivoire ou en os, dévolues au thiase marin, ont pu être datés grâce à des contextes archéologiques. Celles d’Eleutherna en Crète ou de Davidovac en Serbie semblent avoir été produites à la fin du IIIe ou au IVe siècle. Aussi peut-on proposer pour notre fragment une date approchante, puisque de véritables comparaisons font défaut.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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