Applique de mobilier

Aphrodite anadyomène

Égypte > provenance inconnue

IIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,75 cm ; L. 4,35 cm ; P. max. 1,9 cm

Os, humérus droit de bœuf

Co 2122

Commentaire

Etat de conservation

Incomplète, l’applique ne conserve que son bord senestre. La matière osseuse offre un coloris crème, nuancé de brun clair rosé par endroits (chevelure, menton, buste, coude). Constituée de deux fragments recollés, elle présente un réseau de fissures et de fentes verticales qui la fragilise, et quelques légers soulèvements stables. Des sédiments sont encore visibles dans les creux de la face principale ou s’accrochent aux aspérités de la matière. Les trabécules du revers en enferment également. Au dos, on remarque un trou de fixation moderne avec des traces vertes d'oxydation sans doute liées à un ancien tenon en laiton ou en bronze.

Description

Debout, déhanchée, Aphrodite offre un corps entièrement nu. On devine encore le long de sa chevelure, les plis de son himation enflant sous l’effet de la brise venant des flots. Coincé dans le creux des bras, il devait décrire originellement un arc-de-cercle au-dessus de sa tête. Cette dernière, tournée vers la droite, contrarie le mouvement de son buste orienté vers la gauche. Son bras supporte ou essore un pan de sa chevelure. L’iconographie correspond ici en tous points à celle de l’Aphrodite anadyomène (MARANGOU 1976, p. 39). Ce type iconographique, illustré aussi par l’applique Co. 2231 du musée Rodin, prend appui sur un modèle diffusé par la sculpture hellénistique. Il se répand dans différents domaines artistiques en Égypte, à l’époque romaine (JENTEL 1984, n° 40-53, p. 156-157, pl. 158-160), et reste en faveur dans l’Antiquité tardive sur les reliefs, les pièces d’orfèvrerie ou les textiles.

 

Deux exemplaires du musée Benaki mettent en scène des figures qui offrent une véritable parenté iconographique avec la nôtre (18859, 18861 : MARANGOU 1976, n° 117, 118 p. 108, pl. 40 bd). D’autres pièces reprennent également ce schéma, bien que leur style soit éloigné de l’exemplaire du musée Rodin. Il s’agit de deux appliques conservées au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 17190 et E 17191 : DELASSUS 2020, p. 53 n. 35, avec erreur de numéro, E 10790 et E 10790 au lieu de E 17190 et E 17191). À celles-ci s’ajoute un relief du musée de Manchester (5422), et une applique lacunaire conservée au musée gréco-romain d’Alexandrie (12019).

 

Bien qu’elle se distingue par un corps aux proportions plus allongées, notre applique rappelle par son sens du volume et du modelé, les pièces E 17190 du Louvre et surtout celle du musée de Manchester. Son corps révèle cependant des courbes plus harmonieuses. Sa chevelure séparée en deux bandeaux sur le front semble surmontée d’un diadème. Le visage, malgré une forte usure, montre une attention portée aux détails, tels les yeux animés de minuscules perforations notant les pupilles, ou l’indication du lobe de l’oreille gauche. La plasticité accentuée de cette pièce la place dans la dépendance des modèles sculptés de l’époque hellénistique, mais l’élongation du canon pourrait faire songer à une réalisation du IIe siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12019.

-Athènes, musée Benaki, 18858, 18861.

-Manchester, Manchester museum, 5422.

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17190, E 17191.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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