Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 7 cm ; L. 3,3 cm ; Ép. 1,6 cm
Os, humérus de bœuf ?
Co. 2119
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 7 cm ; L. 3,3 cm ; Ép. 1,6 cm
Os, humérus de bœuf ?
Co. 2119
Ce fragment correspond à l’angle inférieur senestre de l’applique. La ligne de cassure en biais a épargné le personnage. La matière osseuse à la teinte ivoirine présente sur la face externe une coloration ocre rouge, qui est particulièrement visible sur le bord senestre. De petits éclats endommagent le bord inférieur. L’arrachement le long de la cuisse droite de la figure laisse transparaître en surface le tissu osseux spongieux. Au dos, seul le bord interne du côté senestre subsiste, le reste de la surface étant totalement occupé par la structure alvéolaire du tissu osseux spongieux, qui emprisonne encore des sédiments.
Le personnage, identité comme un Éros, progresse vers la gauche, tandis qu'il détourne la tête vers la droite. Son canon trapu, ses membres courts et potelés, s’inscrivent dans les codes de représentation des amours depuis l’époque hellénistique. Pourtant son visage joufflu à la chevelure courte offre une expression différente de celle enjouée qu’affichent habituellement les Érotes. Les yeux enfoncés sous des arcades sourcilières bien marquées, la bouche aux commissures tombantes, comme les chairs un peu flasques du bas du visage, vieillissent indubitablement le personnage. Le menton en retrait et l’absence de cou achèvent de donner cette impression. Les cheveux de l'amour traités en mèches fines rayonnantes forment une couronne autour de son front dégagé. La figure apparaît nue, à l’exception d’un himation attaché sur son épaule droite. Ce vêtement recouvre le côté gauche du buste et semble retomber dans le dos. L'amour tient dans sa main droite un objet qui n’est pas identifiable. L’étroitesse de l’applique n’a d’ailleurs pas permis à l’artisan de sculpter son bras gauche.
Le visage rond reflète une attention portée aux détails anatomiques. Les yeux enfoncés qui encadrent un nez camus, surmontent une petite bouche à la moue boudeuse placée au-dessus d’un menton fuyant. Le visage aux joues pleines s’accorde bien à la silhouette un peu gauche de l’amour aux membres lourds et massifs. Sans réel équivalent dans le corpus du musée Rodin, cet élément de placage s’inscrit pourtant dans la vaste série d’appliques provenant d’Égypte, réparties entre différentes institutions muséales, qui mettent en scène de jeunes génies portant des corbeilles de fruits, des volatiles, ou encore une couronne (cf. MARANGOU 1976, p. 62-63, pl. 68-69). Ces amours ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux sculptés sur les placages en ivoire, parant les pieds de lits funéraires de l’époque hellénistique et du tout début de l’époque impériale, découverts en grand nombre en Italie centrale, et de façon plus sporadique dans le reste du monde gréco-romain (voir à ce propos BIANCHI 2010). Figures allégoriques des mois et des saisons, ou participant aux festivités dionysiaques, ces créatures enfantines accompagnent les différentes divinités, sculptées sur les éléments de placage en os destinés à recouvrir des coffrets ou d’autres typologies de meubles mis au jour en Égypte.
La pose de cet Éros se rapproche de celle qu’adopte celui de l’applique Co. 2147, malgré une attitude plus statique et un visage presque de face, légèrement orienté vers la droite. L’approche sculpturale s’en démarque pourtant nettement. Le corps aux formes ramassées et solides témoigne dans son traitement d’une réelle recherche plastique, la tête et le buste se détachant fortement du fond. L’artisan n’a su cependant mettre en valeur ces effets de volume par un soin prodigué aux détails et un polissage abouti. Au contraire, l’aspect rugueux de l’arrière-plan et les contours abrupts de certaines parties déprécient l’ensemble. Aucun exemplaire comparable à cette applique à la facture inégale n’a pu être repéré parmi les pièces répertoriées dans différentes collections ; aussi est-il difficile de lui assigner une date. En tenant compte de la technique, qui allie sens du relief et travail heurté de la matière, nous pouvons proposer une production au cours du IVe siècle.
Comparaison
-Paris, musée Rodin, Co. 2147 (iconographie).
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.