Égypte > provenance inconnue
Ve - VIe siècle ap. J.-C.
H. 6,6 cm ; l. 4,4 cm ; ÉP. max 0,6 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2114
Égypte > provenance inconnue
Ve - VIe siècle ap. J.-C.
H. 6,6 cm ; l. 4,4 cm ; ÉP. max 0,6 cm
Os, scapula de bœuf
Co. 2114
L’applique de forme trapézoïdale est brisée sur son côté dextre, ce qui explique la perte d’une partie du bras droit du personnage. Un éclat est aussi observable dans l’angle senestre. Les faces externe et interne offrent un fendillement longitudinal.
Le dos de la pièce conserve, en dépit d’un raclage abouti, des traces bien apparentes du tissu osseux spongieux. Les trabécules qui emprisonnent encore quelques sédiments, se répartissent selon un dessin elliptique qui suit la morphologie de l’os. Le tissu osseux spongieux transparaît aussi discrètement sur la face principale, surtout en partie supérieure. Le revers présente une coloration ocre brun assez homogène, un peu plus marquée au niveau des traces d’abrasion et dans les trabécules subsistantes. Cette coloration recouvre également le chant sommital et se retrouve, très affadie, en plusieurs endroits de la face externe.
La pièce évoque par sa forme évasée le dessin trapézoïdal des appliques du musée Rodin Co. 2060 et Co. 2249, mais s’élargit bien davantage en partie supérieure que ces dernières. Elle est sculptée d’un personnage masculin progressant vers la droite, mais détournant la tête vers la gauche. Celui-ci se trouve abrité par une arcade, suggérée par une incision courbe, reposant sur une colonne torse, dont seul le sommet apparaît dans l’angle supérieur senestre.
Encadrant fréquemment les figures sur les appliques de petite taille, les supports architecturaux rythmaient les scènes formées de multiples plaquettes qui habillaient les coffrets ou les cabinets. Cette structuration se retrouve également sur des coffrets de bois à revêtement de plaque de métal découverts en Égypte (STRZYGOWSKI 1904, p. 253-257, n° 9037-9038, pl. XXIV-XXV), ou sur des coffres au décor compartimenté provenant des provinces germaniques ou danubiennes (BUSCHHAUSEN 1971, p. 78-86, A 38-39). Le même procédé ornemental est également appliqué aux grandes tentures du IVe siècle, sur lesquelles se déploie le thiase dionysiaque (cf. WILLERS, NIEKAMP 2015, p. 14-24), ou sur des pièces d’orfèvrerie de la même période.
Le personnage offre des proportions courtes à l’instar de nombreux satyres sculptés sur les éléments de placage de petite taille rectangulaires ou trapézoïdaux. Toutefois, à la différence des acolytes de Dionysos qui bondissent sur nombre de reliefs en os, il est vêtu d’une tunique courte, serrée sous le ventre. Sans doute muni de manches longues, ce vêtement offre un plissé en forme de V, bouffant légèrement à la taille. Le pan d’étoffe retombant sur le bras gauche peut laisser supposer la présence d’un manteau. Des bottines complètent ce costume, qui rappelle celui porté par certains paysans ou esclaves représentés sur des œuvres de la fin de l’Antiquité.
La tête au visage poupin, ceinte d’une chevelure mi- longue tombant sur l’épaule droite, adopte une orientation en contradiction avec celle du corps. Les yeux formés par des excroissances en saillie déterminées par des incisions, encadrent un nez atrophié, maladroitement dessiné en négatif par un arrachement de matière. En-dessous s’étirent des lèvres larges et droites, animant une mâchoire carrée sculptée avec rudesse.
La posture dynamique du personnage n’est pas sans évoquer celle adoptée par des érotes sur quelques appliques du musée Rodin. Toutefois, Il semble que son costume, et la hampe qu’il tient dans sa main gauche, permettent de le rapprocher d’allégories de saisons ou de mois dont on trouve des illustrations à la fois sur les revêtements de coffrets en métal (BUSCHHAUSEN 1971, p. 96-102, A 46-48), et les placages en os (Musées nationaux de Liverpool, M10035). La confrontation avec l’illustration de la fête des Saturnales du Chronographe de 354 dû au lapicide Furius Dionysus Filocalus livre une piste intéressante quant à l’interprétation possible de l’épaisse hampe que tient le serviteur. Il pourrait s’agir d’une torche, symbolisant les divertissements nocturnes ayant court durant ces fêtes hivernales (STERN 1953, p. 283-286, pl. XIII). Cet attribut est aussi brandi par une allégorie de l’hiver sur une peinture des catacombes de Pontien à Rome (STERN 1953, p. 283-284, pl. XLIX-1).
L’apparence de cette silhouette masculine renvoie, dans un style beaucoup sommaire, à celle de Jacob devant Rachel, de la lipsanothèque conservée au musée de Santa Giulia de Brescia (STERN 1953, p. 284, pl. pl. XLIX-2). Son style est plus proche d’une petite applique à la découpe trapézoïdale du musée copte du Caire (5362 : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 222, 313, n° 415 ; TÖRÖK 2005, p. 217, n° 161). Sur celle-ci, le serviteur, placé sous une arcade et s’avançant vers la droite, porte aussi une tunique courte à manches longues. Les proportions ramassées du corps, la simplification des traits, le schématisme des vêtements, ainsi que la vigueur dont est empreinte la figure, nous orientent vers une date de fabrication au cours du Ve-VIe siècle. Cette datation s’appuie sur les dates d’exécution proposées par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique du musée copte citée précédemment.
Comparaison
-Le Caire, musée copte, 5362.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.