Matière et technique

La conformation de l’organe osseux, qui transparaît encore dans le dessin de l’applique, l’orientation des trabécules, associées à l’emplacement du débouché du canal nourricier sous l’avant-bras gauche de la figure, ont conduit F. Poplin à identifier la pièce comme un fragment d’humérus gauche de bœuf. L’humérus constitue vraisemblablement une partie de choix du squelette de bœuf pour sculpter des ménades ou des satyres aux poses contournées. C’est la partie inférieure qui a été retenue par l’artisan pour façonner cette pièce, comme semble l’indiquer l’échancrure observable au centre du chant sommital, qui correspond à l'amorce de la fossette olécranienne. Cet indice présent de manière ostensible sur d’autres appliques de la collection du musée Rodin (Co. 2049, Co. 2050, Co. 2085, Co. 2105), permet d’affirmer que le sculpteur du relief a choisi de retourner sa figure par rapport à la position initiale de l’organe osseux. La tête s’inscrit donc dans la partie la plus étroite, vers l’extrémité courbe de l’os : la racine de l’épicondyle latéral. Quant aux jambes, elles se déployaient dans la zone proximale, offrant une plus grande largeur. Le sommet conserve un léger piquetage de la surface de l’os, celui-ci ayant été généré par une trop faible épaisseur de tissu compact et par la résurgence des canaux de vascularisation du tissu osseux spongieux.

 

Sur le chant sommital se notent encore des traces de sciage, concordant avec l’élimination de l’épiphyse distale. Au revers de la pièce, les bords internes, assez usés, présentent de très fines stries en biais, sans doute imprimées lors d’une phase d’abrasion de l’objet. Travaillant la matière à l’aide de ciseaux ou de burins à lame plate, l’artisan a régularisé l’arrière-plan. Les à-coups de la lame s’y distinguent encore nettement, ayant créé parfois de petits arrachements, à l’image de celui qu’on distingue sur l’épaule gauche. Requérant à un fin burin pour cerner avec fermeté les contours de la silhouette, il a ainsi voulu la détacher davantage de la matrice osseuse. Un polissage des parties les plus en saillie a contribué à adoucir quelque peu les formes.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

Brisée en partie inférieure, la pièce de couleur crème, assez claire, présente aussi un manque important à son sommet. Cette lacune a été engendrée par une faible épaisseur de tissu compact à cet endroit. Les parties en creux emprisonnent encore beaucoup de sédiments. Au revers, des marques noires couvraient, en partie supérieure, la face interne des bords.

Restauration

L’applique très empoussiérée sur ses deux faces a fait l’objet d’un nettoyage enzymatique au coton-tige, suivi d’un rinçage à l'éthanol par V. Picur en 2018-2019. Quelques sédiments ont été laissés volontairement dans les parties incisées.

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