Satyre portant une outre de vin ?

Applique de mobilier 

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,62 cm ; l. 3,15 cm ; P. max 2,4 cm

Os, humérus gauche de bœuf, face latérale

Co. 2081

Commentaire

Etat de conservation

Ne subsiste de l’applique que sa partie supérieure dextre. La partie inférieure du personnage est manquante, de même que ses bras. De nombreux petits éclats sont venus endommager le chant sommital. Les profondes trabécules visibles sur la face interne abritent encore des sédiments et des concrétions.

Description

Malgré l’état extrêmement fragmentaire de cette pièce, il est possible de reconnaître un personnage masculin à la chevelure volumineuse. Son buste, vu de trois-quarts, est tourné vers la gauche alors que la tête, a contrario, regarde vers la droite. Il semble que le jeune homme soit en train d’effectuer une volte-face, comme un grand nombre de satyres sculptés sur les appliques en os de la fin de l’Antiquité. Sa position est identique à celle du faune porteur de corbeille du relief Co. 2086 du musée Rodin. La figure de notre applique tendait en effet le bras droit pour supporter un objet. Plusieurs déclinaisons de ce type iconographique s’observent sur quelques reliefs : une pièce exposée au musée national de Port-Saïd, autrefois au musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, p. 184-185, n° 7092), une applique du Landesmuseum de Mayence (PJG 335 : HEIDE, THIEL 2004, p. 160-161, III. 5.6), et un fragment de placage en os abrité au sein du musée d’Art et Histoire de Bruxelles (05046). L’exemplaire conservé au musée gréco-romain d’Alexandrie sous le numéro 12010 propose aussi une figure à la position analogue (BONACASA-CARRA 2012, p. 40, 44, fig. 1). Enfin, sur une applique préservée sur toute sa hauteur du musée Benaki (18938 : MARANGOU 1976, p. 94-95, n° 44, pl. 13b), un satyre tient à l’aide de son bras droit, levé assez haut devant son buste, ce que L. Marangou identifie comme un tympanon, mais qui pourrait correspondre à une corbeille plate en partie renversée ou à une grande phiale.


 

S’il n’est pas exclu que notre satyre ait pu tenir une corbeille en osier, l’extrémité de la forme ovoïde que l’on distingue à gauche de son visage, laisse à penser qu’il pouvait également retenir une outre par le col. Bien que la plupart des satyres aient recours au même bras pour supporter le poids de l’outre, et la retenir par son extrémité, certains soutiennent également du bras opposé le contenant rempli de vin. Cette variante est illustrée par une petite applique appartenant au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France (reg.D.3037-3) et le fragment de relief 05045 du musée d'Art et Histoire de Bruxelles. Deux pièces témoignent d’un type iconographique légèrement différent : le satyre stabilise de sa main gauche l’outre de cuir, tandis qu’il tient de son bras droit barrant son torse, un vase. Il s’agit de la partie de l’applique 18929 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 95, n° 49, pl. 14b) et d’un spécimen assez plat exposé au musée d’Israël de Jérusalem.


 

Le visage au front bombé, au nez fort et épaté, est surmonté d’une chevelure assez courte mais luxuriante, dégageant une nuque très raide. Cette coiffure un peu hirsute, aux mèches souples, est traitée plus librement que les chevelures bouclées de la plupart des satyres. Les yeux aux orbites enfoncées sont indiqués par des coups de burin. De même, les lèvres se résument à deux courtes incisions au-dessus d’un menton fuyant. Le drapé qui tombe dans le dos du satyre indique la présence d’un manteau. Entièrement nu, le buste est déformé par une hypertrophie de l’épaule et du trapèze droits.

 

Les maladresses dans le rendu des masses musculaires, ainsi que le dessin hâtif du profil du visage, témoignent d’un travail rapide ou d’une mauvaise maîtrise des proportions. La rigidité du buste et de la tête, à la torsion peu naturelle, place cette applique dans le sillage de la pièce 18938 du musée Benaki (MARANGOU 1976, op. cit.), ou de la pièce Co. 2116 du musée Rodin, qui en présente en quelque sorte l’image inversée. Toutes ces caractéristiques nous invitent à ne pas placer l’exécution de cette applique avant le IVe siècle.

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12010 (attitude).

-Athènes, musée Benaki, 18938 (attitude et style).

-Bruxelles, musée d'Art et Histoire, 05045, 05046 (attitude).

-Mayence, Landesmuseum, PJG 335 (attitude).

-Paris, Bibliothèque nationale de France, cabinet des médailles, reg.D.3037-3.

-Paris, musée Rodin, Co. 2086 (attitude), Co. 2116 (contrepartie symétrique).

-Port-Saïd, musée national, anciennement au musée du Caire, n° 7092 (attitude).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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