Applique de mobilier

Triton et Néréide

Égypte > provenance inconnue

IVe – Ve siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os, métacarpe droit de bœuf, face postérieure

H. 3,4 cm ; L. 13,9 cm ; P. 0,7 cm

Co. 2044

Commentaire

Etat de conservation

aux nuances plus rosées au revers, présente un réseau de fentes et de fissures longitudinales se prolongeant par une perte de matière au milieu du bord dextre. Dans les lignes de contour des figures, semblent subsister les résidus d’une substance poudreuse ocre rosé assez clair. Au dos, nous notons encore la présence de sédiments ainsi que des soulèvements. Le relief est très abrasé. Quelques marques noires recouvrent les parties les plus saillie.

Description

À demi-allongée, la Néréide au corps longiligne, est tournée vers la droite. Semblant glisser sur les flots, elle est accompagnée d’un Triton, dont le buste émerge à ses pieds. De ses deux bras levés, elle soutient un voile aux larges plis. La figure masculine, qui la précède, pivote et lui tend, de son bras gauche un objet difficile à déterminer, peut-être une coupe. Par sa silhouette étirée, la naïade s’adapte particulièrement bien au format horizontal offert par la matrice osseuse. Le sculpteur a su tirer parti du jeu de courbes et de contre-courbes, ainsi que de l’élongation des membres, pour accentuer la sensation de flottement de la figure. Le relief de la poitrine et du ventre légèrement enflé s’oppose à la ligne fluide des jambes. Le visage menu de la jeune femme, comme celui du Triton, ont été définis de façon assez grossière. Ce dernier, doté d’un torse à la musculature marquée, tenait sans doute un attribut dans sa main droite, probablement une rame ou un gouvernail.

 

Filles du dieu Nérée et de Doris, les cinquante Néréides, peuplent l’Océan, incarnant différents phénomènes marins. Fréquemment représentées sur les appliques en os recouvrant des coffrets de bois datant de la fin de l’Antiquité, elles évoluent dans un univers aquatique, portées le plus souvent par des montures hybrides ou associées à des Tritons. Ces figures du cortège marin peuvent à la fois se rapporter au cycle de la naissance d’Aphrodite, mais aussi à celui de Dionysos. Rattacher ces compositions à des modèles issus de la sculpture monumentale ou des arts dits « mineurs » demeure une tâche ardue. Tout au moins, peut-on souligner la parenté iconographique qui existe entre ces appliques et le décor de certaines cuves de sarcophages romains produites entre le IIe et le IVe siècles (MARANGOU 1976, p. 43). Des pièces d’orfèvrerie comme le coffret en argent de Projecta, de nombreuses mosaïques africaines ou beaucoup de textiles coptes convoquent le thème de la Néréide pour sa valeur décorative, mais il n’est pas exclu que l’ancien rôle psychopompe qui lui était dévolu soit encore présent en filigrane sur certaines œuvres.

 

Puisant leurs sources dans le répertoire hellénistique, les artisans ont su s’approprier les formes et les accommoder aux contraintes des os longs ou plats. Leur dépendance à l’égard des modèles iconographiques et formels pourrait, selon L. Marangou permettre d’établir une chronologie relative (MARANGOU 1976, p. 43). Notre s’applique, par son schéma iconographique, renvoie à une plaquette incisée et incrustée de résine colorée conservée au Kunsthistorisches Museum, datée du IVe-Ve siècle (X 293 : MARANGOU 1976, p. 26 n.100, pl. 47a ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 53 p. 257, pl. 19). Si le geste du Triton diffère, la position et les attitudes des deux créatures du cortège marin révèlent une proximité qui engage à supposer une circulation de modèles. L’attitude à demi-allongée de la Néréide s’observe sur d’autres éléments de placage : l’applique encore fixée sur un montant de coffret du musée Benaki (10314 : MARANGOU 1976, n° 169 p. 117, Pl. 50a), ou certains exemplaires du musée Rodin (Co. 2070, Co. 2209, Co. 5633), mais aucune des nymphes sculptées sur ces pièces n’adopte exactement la même posture. Malgré des effets de modelé, les figures se caractérisent par une extrême simplification des membres et des traits faciaux. Les yeux et les bouches sont incisés profondément, tandis que les contours des visages offrent une ligne saccadée. De même, les attributs sont plus suggérés que définis. Ces critères stylistiques ainsi que la parenté iconographique avec l’applique de Vienne nous invitent à proposer une datation de cette pièce au IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons :

-Athènes, musée Benaki, 10314.

-Paris, musée Rodin, Co. 2070, Co. 2209, Co. 5633.

-Vienne, Kunsthistorisches Museum, X 293.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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