Egypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire
[VOIR CHRONOLOGIE]
Faïence
H. : 2,9 CM ; L. : 3,3 CM ; P. : 1,1 CM
Co. 6276
Egypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire
Faïence
H. : 2,9 CM ; L. : 3,3 CM ; P. : 1,1 CM
Co. 6276
L'œuvre est en mauvais état de conservation. La figurine est incomplète. La deuxième partie est manquante. Des cassures et éclats sont visibles sur l’ensemble de la grappe notamment vers la pointe ainsi qu’au revers. Des cassures sont également visibles sur les angles de la grappe, au revers. La figurine est empoussiérée. A l’avers, de la terre de fouille est incrustée dans tous les plis.
Il s’agit d’une demi-grappe de raisin, réalisée en terre cuite moulée et vernissées bleue. Vingt-trois grains sont visibles, leur taille se réduisant vers la pointe de la grappe. L’envers de la grappe est émoussé. Au revers, une large perforation en demi-cercle a été ménagée jusqu’au milieu de la grappe. Le numéro d’inventaire actuel est inscrit à l’encre noire sur pellicule isolante au revers dans le sens de la longueur de la perforation.
Ce type d’objet devient très populaire au Nouvel Empire et en particulier au cours de la période amarnienne. Le site de Tell el Amarna a d’ailleurs livré un grand nombre de figurines de ce style (voir STEVENS, 2006). Elles sont le plus souvent pourvues d’un système de suspension, soit perforation comme pour la figurine Co. 6276 soit bélière comme la grappe UC1707 conservée au Petrie Museum. Outre son importance dans l’économie du royaume, le vin possède en Egypte une charge symbolique particulièrement forte. Dès l’Ancien Empire au moins, il est utilisé dans différents rituels religieux et est offert aux divinités comme aux défunts (voir POO, 2010). Intimement lié à la crue du Nil, sans laquelle sa production est impossible, le vin est un symbole de fertilité et de régénération. Il tient une place particulièrement significative dans les rituels hathoriques. Hathor est d’ailleurs la déesse du vin et de l’ivresse. Ces petites grappes ont été retrouvées en différents contextes. La figurine 11.215.319 conservée au Metropolitan Museum of Art de New York par exemple, provient du palais de Malqata, trouvée en contexte domestique. Protection des vivants comme des défunts, elles peuvent avoir été portées en simple pendentif ou bien dans des compositions plus imposantes, à l’instar de la reconstitution du pectoral UC1957 du Petrie Museum. On remarque que beaucoup de ces figurines ont été retrouvées associées à des fleurs de lotus, elles-mêmes symbole de régénération comme le lot EA67100 du British Museum.
Les couleurs de ces grappes sont toutes d’un bleu soutenu, hautement chargé de symbolique divine. Les Egyptiens distinguaient d’ailleurs la couleur bleue naturelle de la couleur synthétique en ajoutant maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Des expérimentations visant à produire des objets émaillés de couleur bleue ont sans doute eu lieu dès le Prédynastique certainement motivées par l’arrêt de l’importation du lapis-lazuli provenant du Badakhshan durant les Ie et IIe dynasties. Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite bleu égyptien il y a la silice, élément nécessaire à la vitrification que l’on peut retrouver dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Egypte. L’ajout de feldspaths à la pâte peut compléter l’apport en silice. Le quartz nécessitant des fondants afin de fondre à basse température, on retrouve dans les pâtes égyptiennes des alcalis tels que la soude, présente dans le natron lui-même disponible dans le Ouadi Natroun, à El Kab ou dans la province de Baharie. L’ajout de chaux est également permis puisqu’elle permet de former des silicates et d’aider la fusion du quartz à basse température. Des éléments tels que la gomme arabique, l’argile et le natron sont également nécessaires pour conférer de la plasticité au quartz. Enfin, l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre donne la couleur bleue (le cuivre étant disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure). L’ajout de cobalt pour renforcer la couleur bleue est possible. La figurine Co. 6276 a été réalisée avec glaçurage. Elle a tout d’abord été moulée, puis recouverte d’une pâte composée avec les ingrédients mentionnés ci-dessus. Au cours de la cuisson, la glaçure s’opère, donnant ainsi un objet finement émaillé. Sur le site de Tell el-Amarna, par exemple, des moules ont été retrouvés, comme le moule UC1703 conservé au Petrie Museum. On remarque que le moule utilisé pour la figurine Co. 6276 était un moule bivalve.
L’obtention de la teinte particulièrement foncée des petites grappes résulte sans doute d’une volonté d’obtenir une couleur proche de la couleur originelle de la vigne, mais aussi le sang ou encore l’eau du Nil au cours de la crue. Dans le cadre d’un élément de parure, la couleur bleue peut également être un simulacre de lapis-lazuli.
Anépigraphe.