Egypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire à postérieur
H. 1,2 CM : L. 0,9 CM : P. 3 CM : Pds. 0,003 kg
Faïence
Co. 5944
Egypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire à postérieur
H. 1,2 CM : L. 0,9 CM : P. 3 CM : Pds. 0,003 kg
Faïence
Co. 5944
L'œuvre est en mauvais état de conservation. Elle est cassé sur la partie postérieure basse ainsi que sur le jarret. De petits éclats sont visibles sur l’ensemble de l’objet. On remarque également des traces noires sur les côtés. La surface est émoussée.
Cette figurine représente vraisemblablement une patte de taureau. On reconnait en effet le jarret, l’ergot et le sabot de l’animal (sur le taureau en Egypte ancienne, voir VERNUS-YOYOTTE 2005, p. 560-601).
Le taureau est un animal particulièrement important dans la cosmogonie égyptienne (voir CORTEGGIANI 2007, p. 532). Trois taureaux sont les hérauts de trois dieux depuis l’Ancien Empire : à Ermant le taureau Boukhis, héraut du dieu Montou, à Héliopolis le taureau Mnévis, héraut du dieu Rê et à Memphis le taureau Apis, héraut du dieu Ptah. C’est une même patte de taureau -le signe hiéroglyphique F25- qui est utilisée dans l’écriture égyptienne pour écrire le mot oukhem, signifiant « héraut ». Ces hérauts étaient de véritables taureaux, choisis selon des critères spécifiques et à qui un culte était rendu jusqu’à leur mort. Le taureau est également la forme animale du vent du nord et dès la période Prédynastique ou au début de la période Dynastique, des tabourets arborant des pattes de taureau sculptées sont retrouvés en contexte funéraire. Le taureau est étroitement lié à la royauté, et plus précisément à la personne du roi, animé de la force du taureau. Dans l’iconographie royale, une des images le présente paré d’une queue de taureau. L’une des plus connues est celle de la course rituelle du roi Djéser lors des rituels de la fête-Sed, représentée dans son complexe funéraire de Saqqâra. Dès l’Ancien Empire, l’animal est un des hérauts du roi ; certains trônes sont réalisés avec des pattes de taureau sculptés, avant que les pattes de lions ne deviennent prédominantes (KUHLMANN, 2011, p. 3).
Cet objet en forme de patte de taureau est très vraisemblablement une amulette. Les amulettes égyptiennes, objets aux dimensions généralement modestes, ont apparu dès le début de l’Histoire égyptienne. Si le mot amulette peut s’exprimer sous différentes formes en égyptien ancien, l’étymologie se rapporte toujours à la notion de protection. Les amulettes peuvent être en matières très diverses et représenter des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat, le pilier djed ou bien des signes hiéroglyphiques ou encore des représentations de divinités. Il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Les amulettes étaient utilisées aussi bien pour les vivants que pour les morts ; avant le Nouvel Empire, les amulettes sont néanmoins essentiellement retrouvées en contexte funéraire. Elles étaient placées, parfois en larges quantités, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées comme bijoux protecteurs, incluses dans des colliers, des bracelets ou des bagues. (Pour le site d’Amarna, voir STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifie nettement au cours de la XVIIIème dynastie et l’essor de la fabrication en faïence entraîna des matières, formes et utilisations de plus en plus variées. Elles constituent un élément central de la piété populaire et nous informent sur certains rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu de restituer qu’elles pouvaient également être suspendues ou placées à divers endroits de la demeure, afin d’assurer la protection de la maisonnée en tant que figurine divine. La documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Les amulettes en forme de patte de taureau semblent particulièrement populaires à partir du Nouvel Empire et on les trouve notamment dans des dépôts de fondation. Ces objets protecteurs, animés par la force bovine, garantissaient le bien-être des habitants. Ne possédant aucune perforation ni système de suspension, il est tout à fait possible que la patte de taureau Co. 5944 a été utilisée en contexte funéraire (placée entre les bandelettes d’une momie) ou bien en contexte religieux ou domestique.
La figurine Co. 5944 a été obtenue par moulage. Durant la cuisson, la vitrification a permit d’obtenir un objet finement émaillé. Bien qu’artificielle, la couleur bleu-vert de cette amulette est chargée de symbolique divine, soigneusement distincte dans l’écriture de la couleur bleue naturelle pour laquelle les Egyptiens ajoutaient maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite “bleu égyptien” se trouve la silice, élément nécessaire à la vitrification. La silice se trouve en particulier dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Egypte. Des substances étaient ajoutées pour faire fondre le quartz à basse température. C’est par l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre, que naît cette tonalité bleue caractéristique de l’ancienne Egypte. Le cuivre était disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure. L’ajout de cobalt pour renforcer la couleur bleue est possible.
Une figurine similaire est conservée au Petrie Museum sous le numéro d’inventaire UC61662.
Anépigraphe.