Égypte > provenance inconnue
Probablement Basse Époque > 664-323 avant J.-C.
Bois polychromé
H. 19, 3 cm ; L. 8, 5 cm ; Pr. 45 cm
Co. 3397
Égypte > provenance inconnue
Probablement Basse Époque > 664-323 avant J.-C.
Bois polychromé
H. 19, 3 cm ; L. 8, 5 cm ; Pr. 45 cm
Co. 3397
L'état de conservation est passable. Le bois et la polychromie sont altérés. L'objet présente de nombreuses fentes, toutes dans le sens du fil du bois. La plus remarquable court sur le dos de l'animal. L'enduit ocre jaune, ainsi que la couche picturale sombre, se soulèvent et s'écaillent par endroits, laissant apparaître l'enduit préparatoire et le bois. On observe également la présence de petits agglomérats blancs et dendritiques, sans doute d'anciens champignons, aujourd'hui inactifs. Par ailleurs, de la terre de fouilles a été retrouvée, ponctuellement, collée à la couche picturale noire.
Cette statuette en bois figure un canidé couché, la tête relevée, les oreilles et la queue dressées. On distingue, malgré l'altération générale du bois et de la polychromie, les couleurs d'origines. L’intérieur des oreilles, le contour des yeux et de la gueule, ainsi que le bout du museau sont ocre rouge-rosé ; le pelage de l'animal est noir ; la touffe de poils, placée à l’extrémité de la queue, est plus claire et a perdu sa polychromie d’origine.
Co. 3397 est très stylisé. Les oreilles, très hautes et assez larges dans leur partie inférieure, ont été sculptées dans un seul et même morceau de bois, ce qui leur confère une découpe en forme de croissant de lune. Le museau, fin et pointu, est particulièrement allongé. Les yeux, à peine suggérés, sont délimités par un surcreux en demi-cercle et un trait d'ocre rouge-rosé. Une couleur similaire figure le contour de la gueule de l'animal et sa truffe. Le reste du corps est assez fin, sans pour autant être délicat. Le sculpteur a pris la peine de représenter la ligne et la silhouette caractéristiques d'un canidé égyptien : un cou mince, des épaules larges, un corps épais au niveau des côtes mais s'affinant à la taille, le décrochement du poitrail, l'espace marqué entre le corps et les muscles des cuisses, l'arrière-train légèrement redressé, de longues pattes dotées d'une extrémité en forme de boule et dont les phalanges, légèrement creusées, se distinguent parfaitement et effleurent le bas des flancs.
L'animal est composé de huit morceaux de bois, assemblés les uns aux autres par un système de tenon-mortaise et de chevilles. Les assemblages étaient consolidés par un enduit ocre jaune. Ainsi, à la pièce principale -le corps-, sont rattachés la tête, les oreilles (formées d'une seule et même pièce), un élément de bois cylindrique composant le collier, les quatre pattes, et la queue. On remarque la présence de petites cavités parfaitement circulaires entre les deux oreilles, sous la patte antérieure droite (de 3 mm de diamètre), ainsi qu'entre les deux pattes arrières (de 5 mm de diamètre et de moins d'1 cm de profondeur).
La figurine Co. 3397 est certainement un dieu Anubis, tout comme Co. 2442 et Co. 2347, représenté sous sa forme de canidé. Le dieu Anubis, fils d'Osiris et de Nephtys, patron des embaumeurs, était le gardien de la nécropole et une divinité psychopompe, (CORTEGGIANI 2007, p.42-44 et YOYOTTE VERNUS 2005, p.126: « Anubis »). Cette statuette fait partie d'un mobilier funéraire, surmontant un sarcophage ou un coffre funéraire contenant généralement les vases canopes (CHAPPAZ CHAMAY 2002, p. 95). Les chiens domestiques ou sauvages de l’Égypte ancienne se caractérisent, pour la plupart, par une queue recourbée en spirale. Ce n'est cependant pas le cas du lévrier, dont les représentations restent rares (YOYOTTE VERNUS 2005, p. 167 et 544: « chien sauvage et chien domestique »). La position de la queue est inhabituelle. S’il est plus courant que la queue des statuettes d'Anubis-chacal couché retombe vers le sol, ou soit repliée vers le corps ou l'arrière-train, il n'est pas rare qu'elle se trouve dans le prolongement du corps (YOYOTTE VERNUS 2005, p.127: « Anubis »).
La longueur et la finesse inhabituelles du museau, de même que la forme particulière des oreilles et de la queue suggèrent plus fortement une identification de Co. 3397 à l’animal Séthien. Seth, dieu du désordre, de la tempête et du désert (CORTEGGIANI 2007, p. 501-505: « Seth ») est décrit comme un « canidé fantastique », semblable à un lévrier sauvage arpentant les contrées désertiques, à la queue dressée et fourchue, aux oreilles carrées terminées par des extrémités à angle droit, au museau long et recourbé (pour une scène désertique comportant la représentation d’un animal séthien, voir le décor peint sur les murs de la tombe de Baquet III datée de la fin de la XIème dynastie (Béni Hassan, tombe N° 15, paroi Nord, premier registre de la paroi Nord de la chapelle, in KANAWATI EVANS 2018, p. 25-26 et pl. 13 (a))). On constate que Co. 3397 arbore des similarités stylistiques avec une petite statuette en bois de canidé couché conservée au musée d'art et d'histoire de Genève, datant de la Basse Époque (664-323 av. J.-C.). Recouverte originellement d'une couche picturale noire, l’attitude de l’animal est identique, il possède des oreilles très hautes, élargies dans leur partie inférieure, un museau particulièrement long et pointu, de même que des extrémités de pattes en forme de boule (CHAPPAZ CHAMAY 2002, p. 95: figure 79).
Ainsi, cette statuette serait très probablement la représentation d'un animal séthien, réalisé à la Basse Époque (664-323 av. J.-C.).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1917.
Donation Rodin à l’État français en 1916.