La partie conservée de l’objet représente un babouin accroupi en haut d’un pilier de section carrée à base et corniche saillantes. L’animal a la tête légèrement levée et tournée vers la gauche. Sa queue est repliée du côté droit et ses organes génitaux sont clairement visibles entre ses jambes repliées. Il tient un papyrus déroulé devant lui et porte un disque solaire orné d’un uraeus sur la tête. Une main agrippant le disque, brisée au poignet, indique la présence, autrefois, d’un personnage anthropomorphe à la gauche du babouin, vers lequel ce dernier tourne son regard.
L’animal peut être identifié au dieu Thot, dieu de la sagesse et de l’écriture, grâce au papyrus dont il est muni. En effet, le babouin, ayant d’abord incarné d’autres divinités comme Âhedjour ou Baba, devient l’une des hypostases de Thot au Nouvel-Empire, durant la XVIIIe dynastie (Larcher 2016). Certaines occurrences de l’époque représentent Thot, présidant la rédaction d’un manuscrit par un scribe du haut d’un autel, accroupi de façon similaire à Co. 3392 (ex : musée du Louvre E 11154). Un autre mode de représentation connu par les documents de la XVIIIe dynastie montre le dieu Thot cynocéphale sous la forme d’une statue tenue par son propriétaire. La main posée sur la tête de Co. 3392 serait-elle une variante du motif, introduite plus tardivement ?
La position de la queue et l’exposition des parties génitale font partie de l’iconographie très précisément codifiée de Thot sous sa forme simiesque, ainsi que la tête légèrement levée vers le ciel (Larcher 2016). Cette dernière indique son lien avec le dieu Rê, lien sans doute renforcé ici par la présence du disque solaire.
En revanche, la légère
torsion de la tête vers la gauche, le regard tourné vers le personnage qui l’accompagnait, enjoint davantage à dater cette figurine de l’époque hellénistique ou impériale. La souplesse de la crinière invite également à cette conclusion mais aucun de ces éléments ne permet d’être plus précis. L’iconographie du babouin comme hypostase de Thot se maintient jusque sous l’empire romain. A l’époque ptolémaïque se manifeste en parallèle, et particulièrement à Alexandrie, un certain goût pour la caricature zoomorphe de différents corps de la société (membres du clergé, précepteurs, musiciens). Les banquiers et autres tenants du monde la finances ont notamment été caricaturés sous les traits de babouins cynocéphales, qui souffraient d’une mauvaise réputation auprès des Hellènes (Ballet 2020, p. 190-192). Qu’en est-il alors de Thot et des scribes ? Certaines figures, comme Co. 3392, paraissent tout de même avoir conservé un aspect religieux.
C’est du IIe et IIIe siècle apr. J.-C. que sont datées d’autres figurines en terre cuite de Thot cynocéphale présentant une attitude similaire à Co. 3392 (Fischer 2005, Nr. 1137 et 1140, p. 421-422, pl. 121). Néanmoins, la stylisation de la crinière et le hiératisme de ces figures se distinguent de la souplesse apparente de la pilosité de Co. 3392 et de sa légère
torsion du cou, ce qui invite à ne pas autant baisser sa datation.
Aucun parallèle convaincant n’a été découvert. Rares sont les figurines associant un singe et un autre personnage. Deux sont signalées par Céline Boutantin (Boutantin 2014, 223, p. 330-331), également publiées par Jutta Fischer (Fischer 1994, Nr. 2, p. 113, pl. 1) et Wolfgang Schürmann (Schürmann 1989, 1134, p. 301, pl. 188). Cependant, la différence notable entre ce matériel et Co. 3392 ne permet ni d’affiner sa datation ni d’en expliquer le sens.