Égypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire à Basse Époque
Fritte émaillée
H. 5,9 CM ; L. 5,4 CM ; P. 2,4 CM
Co. 3064
Égypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire à Basse Époque
Fritte émaillée
H. 5,9 CM ; L. 5,4 CM ; P. 2,4 CM
Co. 3064
La face avant est érodée et de gros éclats sont visibles sur l’envers. L’objet est empoussiéré sur toutes ses faces et deux taches de peinture verte maculent l’arrière.
Il s’agit de la tête d’une effigie de Bès. La face est aplatie. Les oreilles de lion sont saillantes de part et d'aute du visage, au–dessus du niveau des yeux. Les sourcils, froncés, sont épais et broussailleux. On y remarque des traces de pigments marron. Les yeux sont larges et enfoncés. Des traces de pigments noirs sont visibles à l’endroit de la pupille gauche. Le nez est court et épaté, un éclat a fait disparaitre son extrémité. La bouche, large, semble ouverte et il est possible de restituer que la divinité exhibait sa langue (aujourd’hui fortement érodée), attitude protectrice. Les pommettes, finement sculptées, sont saillantes. Des incisions figurent les mèches de la barbe, renforcées par des traces de pigment marron. L’ensemble forme un visage grimaçant, dont toutes les pilosités ont été rehaussées de peinture brun clair (poils entourant les oreilles, moustaches, barbe-crinière, front velu). Sur la joue gauche, un tatouage en forme de croix a été peint, toujours selon la même dominante brune. Bien que très partiellement conservé, un même tatouage se devine encore sur la joue droite (éclatée). Toute la surface de l’objet est recouverte d’une engobe, préparatoire à la peinture. A l’envers, la surface est plane à l’exception de quelques gros éclats. La représentation, atypique, d’une chevelure a été peinte à l’arrière du crâne, dans la même gamme brun clair. Il s’agit vraisemblablement d’une crinière de lion dont la matérialisation exclusivement peinte surprend. En effet, aucun décor n’est incisé à l’arrière du crâne. Cette chevelure, à larges mèches étagées, est retenue par un bandeau. De ce bandeau ne subsiste que la partie inférieure, une ligne simple encadrant un décor en quadrillage régulier, peint dans la même couleur. Comme l’indiquent les traits qui débordent sur les mèches, le dessinateur a peint le décor du bandeau dans un temps différent de celui matérialisant la chevelure. La coiffe, signalée par un large éclat a été brisée et est manquante. L’inclinaison de celle-ci semble correspondre au mortier arboré par Bès sur un manche de miroir de la XIXème dynastie conservé au musée du Caire (CGC 44047, voir la figure in CORTEGGIANI 2007 p. 85).
Ce visage de type grotesque et généralement représenté de face, caractéristique de Bès, est celui d’une divinité familière et protectrice (Sur les divinités Bès et Beset, voir CORTEGGIANI 2007 p. 84-87).
Bès est une divinité secondaire protectrice du foyer. Ses représentations sont incontestablement attestées dès le Nouvel Empire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tels Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de long bras, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une longue barbe fournie et très souvent d’une couronne de plumes d’autruche. Au Nouvel Empire, Bès porte souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé leur garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son devoir de protection. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant ». Il est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Bès est un personnage important dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON Danielle, Le Mythe de la Déesse Lointaine à Philae, Bibliothèque d’Études, Institut Français d’Archéologie Orientale132, Le Caire, 200), dans lequel on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Égypte en lui jouant de la musique. Le génie est donc aussi le protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. C’est pour cette raison que l’on retrouve souvent son image sur des sistres (par exemple au Walter Art Museum de Baltimore, 54.493). Il incarne les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant ainsi ses ennemis à s’en prendre à ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité puisque l’on retrouve des représentations du nain jusqu’au premier siècle du premier millénaire de notre ère. On a retrouvé un certain nombre de ses effigies dans la ville d’Akhetaton et il est possible qu’un lieu ait été consacré à son culte dans l’oasis de Bahariya.
La tête de Bès étant actuellement fichée sur un socle et il n’est pas possible de vérifier si elle faisait partie d’une statue plus grande, dont la face envers était plane. Les figurines d’une taille similaire devinrent particulièrement populaires au cours du premier millénaire av. J.-C., telle que celle conservée au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d’inventaire 22.2.23. Ce type d’objets étaient le plus souvent placés dans une maison comme protection du foyer, ou encore dans un sanctuaire dédié à Hathor comme offrande en vue d’obtenir les faveurs de la déesse ou en remerciement d’une grâce obtenue en lien, sans doute, avec la vie familiale, sexuelle ou la santé. Néanmoins, bon nombre de moules de têtes de Bès ayant été retrouvés à différentes périodes, à l’instar du moule conservé à Swansea sous le numéro d’inventaire EC670, il n’est pas exclu qu’il s’agissait d’une tête seule, non attachée à une statue. Une comparaison avec la tête de Bès en faïence Musée du Louvre Inv. N° E 22694 invite également à voir en Co. 3064 le bouchon du couvercle d'un vase plastique de grande dimension (voir https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010008186).
La collection égyptienne du musée Rodin possède sept autre objets à l’effigie de Bès, à savoir les Co. 2736, Co. 3090, Co. 2596, Co. 3385, Co. 5676, Co. 5677 et Co. 966. La plaque Co. 3385 donne une idée de ce qu’était peut-être à l’origine la tête Co. 3064.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 407, "Tête de Bès en terre émaillée blanc jaunâtre. Les cheveux sont indiqués par des motifs [dessin] peints, derrière la tête. Haut. 6 cent. Estimée dix francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
L'objet était exposé dans une vitrine de l'atelier de peinture à Meudon.