Cette tête représente un personnage juvénile à la longue chevelure au boucles coquillées et striées retombant de part et d’autre du visage et nouée au-dessus de la tête. Il porte une large couronne florale surmontée du pschent, la couronne de Haute et de Basse Egypte. Il s’agit du dieu enfant Harpocrate, représenté sans la mèche de l’enfance.
Harpocrate, ou « Horus l’enfant », est une divinité égyptienne de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il partage l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connait une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine. Celles-ci proviennent majoritairement des nécropoles orientales d’Alexandrie. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna en Moyenne-Egypte, ou encore quelques exemplaires découvert à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Egypte, à Délos, Myrina ou Tarse entre autres. Il a été proposé que la fondation, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220).
Ces représentation constituent des témoins de l’intégration d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses attributs d’origine, dans le panthéon hellène. C’est le cas de la tête Co. 2641, qui représente Harpocrate affublé de la double couronne pharaonique, néanmoins dépourvu de la mèche de l’enfance, un de ses attributs habituels. Cette figurine en propose néanmoins une version hellénisée, la couronne de fleurs tenant davantage de l’iconographie grecque. Le style achève de démontrer l’aspect hellénisé de cet Harpocrate, dont le visage rond se compose d’un front triangulaire, d’arcades sourcilières en arc de cercle fondues dans le modelé du visage qui surmontent de petits yeux plissés entre deux épaisses paupières et d’une bouche étroite aux lèvres charnues. Enfin, la combinaison d’attributs, ici la superposition de la couronne de fleur et du pschent, relève davantage de l’époque impériale à laquelle on constate une véritable débauche d’attributs notamment à hauteur des coiffures. Ce dernier élément permet de proposer une datation entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIe siècle apr. J.-C. pour la figurine Co. 2641.