Égypte > Provenance inconnue
H: 15,4 cm ; L : 7,8 cm ; P : 3,5 cm
Terre cuite
Co. 2503
Égypte > Provenance inconnue
H: 15,4 cm ; L : 7,8 cm ; P : 3,5 cm
Terre cuite
Co. 2503
Complet mais la surface est complètement érodée.
Le personnage représenté est debout, en attitude de contrapposto, la jambe droite portante. Il tient une corne d’abondance de la main gauche et la main droite levée devant la bouche. Il est très probablement en train d’exécuter le geste de l’enfance, l’index placé sur les lèvres. Il porte un pagne et est coiffée d’une épaisse couronne alvéolée surmontée d’un pschent. L’association du geste de l’enfance et de sa coiffe permet d’identifier ce personnage à Harpocrate. Il est flanqué, à sa droite, d’un autel à cornes sur lequel est placée une œnochoé ou une amphore, et à gauche, d’un pain décoré surmontant un pot.
Harpocrate, ou « Horus l’enfant », est une divinité de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il partage l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connait une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine. Celles-ci proviennent majoritairement des nécropoles orientales d’Alexandrie. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna el Gebel en Moyenne-Égypte, ou encore quelques exemplaires découvert à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Égypte, à Délos, Myrina ou Tarse entre autres.
Les images elles-mêmes sont témoins de l’intégration d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses attributs d’origine, dans le panthéon hellène. C’est le cas de la figure Co. 2503, qui représente Harpocrate affublé de la double couronne pharaonique, néanmoins dépourvu de la mèche de l’enfance, un de ses attributs habituels. Cette figurine en propose néanmoins une version hellénisée, la couronne de fleurs tenant davantage de l’iconographie grecque. Nous retrouvons un agencement similaire sur la tête Co. 2641, dont l’état de conservation nous permet de davantage apprécier le style hellénisé. Néanmoins, la combinaison d’attributs, ici la superposition de la couronne de fleur et du pschent, relève davantage de l’époque impériale à laquelle on constate une véritable débauche d’attributs notamment à hauteur des coiffures. Ce dernier élément permet de proposer une datation entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIe siècle apr. J.-C. pour notre figurine. Mais le prototype est sans doute ptolémaïque.
Le type de l’Harpocrate Co. 2503 est l’un des plus fréquemment employé à Alexandrie à l’époque impériale pour représenter le dieu. Les attributs qui l’entourent sont présents par ailleurs sur d’autres représentations du dieu (Fischer 1994, Nr 612, pl. 63 pour l’autel, l’œnochoé, le pain et le pot ; Musée du Louvre, E 20636, pour la corne d’abondance, le pain et le pot et une amphore). Le pot et le pain sont assez fréquents (Fischer 1994, Nr 573, pl. 57 ou Nr 594, pl. 61). Le premier peut être mis en rapport avec les représentations de l’Harpocrate au pot. Harpocrate, dont les vertus fertiles sont mises en exergue par la corne d’abondance qu’il tient du bras gauche, a aussi été représenté tenant contre le flanc gauche un pot dans lequel il plonge la main droite afin d’en saisir le contenu (Co.06072). Sa main est parfois figurée devant sa bouche, comme pour en manger le contenu (Co.06019). Le pot serait alors un substitut à la corne d’abondance. La substance qu’Harpocrate puise dans ce récipient serait, d’après Michel Malaise, l’athèra, une bouillie réalisée à base de farine, dont les prêtres d’Harpocrate s’enduisaient le visage. Cette bouillie était distribuée aux fidèles et servait à nourrir les enfants ou comme remède aux adultes.
Le pain, présent à côté du pot, constitue probablement une insistance supplémentaire sur cet aspect du dieu. La figurine Co.02503 concilie donc plusieurs attributs destinés à souligner les qualités nourricières d’Harpocrate. Nous pouvons cependant nous demander s’il s’agit d’un Harpocrate recevant des offrandes de fidèles ou d’un Harpocrate officiant son propre culte.
Les représentations de l’Harpocrate au pot, attestées en faible nombre à l’époque ptolémaïque, connaissent un ample développement à l’époque impériale (LIMC IV). Une figurine de Tübingen (Fischer, Nr 612) représentant Harpocrate scandé des mêmes attributs, selon une disposition identique, mais dans la traditionnelle attitude de la marche et vêtu du pagne chendjyt, est effectivement datée du début de l’époque impériale (Ier siècle av. J.-C. – Ier siècle ap. J.-C.). Néanmoins, deux autres figurines, également conservées à Tübingen (Jutta Fischer Nr 593-594), représentant Harpocrate tenant la corne d’abondance, un pot posé à côté de lui, et datées de l’extrême fin de l’époque hellénistique (fin du IIe siècle – début du Ier siècle av. J.-C.), incitent à relever légèrement la datation de cette iconographie. L’Harpocrate Co.02503 peut donc être daté entre la fin du IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C.