L'objet est en assez bon état de conservation. Cependant, des pièces sont manquantes ou cassées, et le bois, ainsi que la polychromie, sont altérés. Le piédestal sur lequel l’image du dieu était fixée et le flagellum qu’il brandissait dans sa main droite ont disparus.
L'avant-bras droit est brisé en deux fragments et les pieds sont cassés au niveau des chevilles. L'assemblage du bras droit dans l’épaule n’est plus jointif et l’axe est légèrement mobile. Des fissures verticales s'étirent de chaque côté de la tête, ainsi que sur le côté droit du corps. On note la présence de fentes sur la face avant de la jambe droite, et sur le profil gauche des pieds. Enfin, on constate deux cavités circulaires, une sur l'épaule droite et l’autre dans le dos, au niveau de la hanche droite. La polychromie, quant à elle, est très lacunaire. Le bois et l'enduit préparatoire sont visibles. Les couleurs sont altérées : le blanc, en particulier, a jauni au fil du temps. Ce qui subsiste de la polychromie est fragilisé par un écaillage ancien.
La représentation ityphallique très particulière de la statuette Co. 2451 / Co. 6254 est celle du dieu Amon-Min-Kamoutef, debout sur un socle, les pieds joints. Son corps est enserré dans une gaine qui emprisonne les jambes et le bras gauche, et laisse libres la tête, le bras levé et le phallus. Bras gauche plaqué sur le corps, sa main gauche entoure, protège et maintient son sexe en érection. Son bras droit est relevé en équerre au niveau de la tête, main ouverte, paume tournée vers l'avant. L’un des attributs de Min, le flagellum brandit est aujourd’hui manquant et seul subsiste le tenon de maintien, qui traverse la main droite sous le majeur. Le dieu porte un collier, une barbe postiche tressée, et une coiffure complexe composée de deux hautes plumes fixées sur un mortier.
Le visage, bien qu'abîmé, offre une impression de gravité et de sérénité. Les yeux, grands et arrondis, dont seul le droit a conservé les traits de peinture, étaient simplement dessinés en noir sur l'enduit blanc. Le nez, fin à la racine, s'épate légèrement à la base. La bouche, aux lèvres charnues, est bien dessinée. Les joues pleines et le menton épais forment une face bien proportionnée, large et puissante. Quoique de petite taille, l’image du dieu est forte, rassurante.
Malgré l'altération de la polychromie, on perçoit aisément les couleurs d'origine. La statuette a été enduite d’une ou de plusieurs sous-couches préparatoires. La carnation, autrement dit le visage, le bras droit et le sexe, ainsi que la barbe postiche sont noirs. Le vêtement, un linceul de lin blanc, est peint en blanc. Notons que la couleur noire a également été utilisée pour dessiner les yeux, et le collier sur fond blanc. Les deux plumes de la couronne arborent des motifs d’écailles, dessinés en noir sur fond blanc et en partie comblés de rouge. Ils figurent les sillons stylisés des plumes, qui encadrent un disque solaire central, peint lui aussi en rouge et cerclé de noir. La face arrière de la coiffe a été laissée blanche, sans ornement. Des traces d'ocre rouge ont été relevées à l'arrière du cou, de même que des grains d'or pigment au revers de la coiffe.
Cette statuette est composée de plusieurs morceaux, assemblés grâce à un système de tenons et de mortaises, parfois chevillés. Sur le corps gainé du dieu, l’élément central de la statuette, les deux hautes plumes, le bras droit (en deux parties) et le sexe, caractéristiques de son image ont été ainsi assemblés. La main droite arborait originellement un flagellum (autre attribut caractéristique), aujourd'hui disparu, tout comme l'est le piédestal dans lequel devait s'enchâsser le tenon ménagé sous les pieds. On peut apercevoir des chevilles d'assemblage sur l'articulation du coude droit, réunissant les deux fragments du bras, et dans la paume de la main levée, qui maintenaient en place le flagellum. Le percement circulaire visible sur l'épaule droite se révèle être la cavité de l'ancien tenon reliant l'avant-bras au buste. Les deux hautes plumes s’insèrent dans une cavité ménagée en haut du mortier et le sexe, quant à lui, est simplement emboîté dans le corps par un système de tenon-mortaise.
Le dieu représenté par cette statuette est la réunion de deux divinités : Amon, dieu des rois et seigneur de Karnak, et Min, dieu de la fertilité et seigneur de Coptos et d'Akhmî (CORTEGGIANI 2007, « Amon » en particulier p. 31-32 et « Min » p. 332-335). Les deux divinités sont en effet souvent associées pour ne former qu'une seule entité, Kamoutef, le « taureau de sa m ère ». Selon Jean-Pierre Corteggiani, ce terme, faisant référence à la fonction génitrice des dieux, serait le nom d'une ancienne divinité cosmique locale qui, en s'unissant à sa mère, aurait engendré le soleil, sous la forme d'un jeune veau (CORTEGGIANI 2007, p. 332-335). Le dieu de Co. 2451 arbore donc la couronne d'Amon, ainsi que son vêtement enveloppant, mais adopte également les chairs noires de Min et son attitude ityphallique. Sans contexte archéologique, il est difficile de déterminer s’il s’agit en réalité d’une image d’Amon-Kamoutef seul, qui aurait dans ce cas les chairs bleues, ou d’une représentation de Min-Kamoutef seul, le dieu géniteur aux chairs noires, couleur du limon fertilisant du Nil. La collection égyptienne du musée Rodin conserve une autre image du dieu Amon-Rê-Kamoutef sur la statue théophore de Khâemouaset, premier prophète d'Amon, réalisée en grauwacke et datée de la période ramesside (Inv. N° Co. 965).
Il est probable que cette statuette ait été un ex-voto, déposé dans un sanctuaire en remerciement d'un souhait exaucé (ZIEGLER BOVOT 2011, p. 414 : voir la définition d'ex-voto). Il est difficile de dater précisément cette statuette. Le style incite cependant à proposer une réalisation de la Basse Époque (664–323 av. J.-C.).