Applique de mobilier : Aphrodite anadyomène

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 16,9 cm ; L. 4 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, tibia de bœuf

Co 2231

Comment

State of preservation

La pièce offre une teinte ivoirine, sauf sur le côté dextre, dont le délitement induit un coloris plus crayeux. Une davantage soutenue s’observe au revers. La cassure de la partie supérieure de l’applique a fait disparaître la tête de la déesse. Le bord senestre est également endommagé par plusieurs éclats. L’angle inférieur senestre est manquant.

 

On distingue un réseau de fines fissures traversantes, surtout du côté dextre. Une fissure longitudinale court sur la face interne du bord dextre. La salissure s’accroche aux aspérités de l’os sur la face externe.

Description

l’exception du drapé de son himation retombant derrière ses jambes, et les masquant en partie, offre un léger hanchement. La jambe gauche en appui est contrebalancée par la jambe droite légèrement fléchie. Ses bras relevés devaient supporter ou tordre sa chevelure humide. Cette silhouette étirée, afin de s’adapter au mieux au cadre contraint de la matrice osseuse, s’inscrit dans la série des représentations d’Aphrodite anadyomène (MARANGOU 1976, p. 39). Ce type iconographique, qui se développe à partir du schéma véhiculé par la sculpture hellénistique, trouve de multiples expressions dans la petite plastique en Égypte, à l’époque romaine (JENTEL 1984, n° 40-53, p. 156-157, pl. 158-160), que ce soit dans les domaines de la sculpture en pierre et en bronze (musée du Louvre, AF 13440), ou de la coroplathie. Ce développement coïncide avec l’essor du culte d’Aphrodite associée à Isis-Hathor dès l’époque ptolémaïque. Ce thème perdure également dans l’Antiquité tardive sur les reliefs décorant les monuments funéraires (E 14280) ou sur les textiles.

 

Plusieurs appliques conservées au musée Benaki prennent en compte ce modèle iconographique (18857, 18859, 18861 : MARANGOU 1976, n° 116-118 p. 108, pl. 40 cbd). C’est néanmoins avec le spécimen 18861 car notre pièce offre plus de similitudes. Nous retrouvons un buste à la taille étroite, qui surmonte un ventre légèrement enflé. Le rapprochement avec ce relief laisse supposer que notre figure devait tourner légèrement son visage vers la droite, comme sur l’applique Co. 2122 du musée Rodin. D’autres pièces illustrent aussi ce type iconographique, mais avec des différences sur le plan stylistique. Il s’agit de deux appliques conservées au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 17190 et E 17191 : DELASSUS 2020, p. 53 n. 35, avec erreur de numéro, E 10790 et E 10790 au lieu de E 17190 et E 17191). Nous pouvons citer également un relief du musée de Manchester (5422), et une applique lacunaire conservée au musée gréco-romain d’Alexandrie (12019). L’arrangement du drapé de l’himation, qui masque la jambe gauche à partir du genou, n’est pas sans rappeler également l’applique du musée Rodin Co. 2100 ou une applique de la collection Tamerit à Vienne (B67 : FROSCHAUER & HARRAUER 2004, cat. 2 p. 62).

 

Notre exemplaire partage avec celui du musée Benaki 18861, un canon allongé, mais aussi le doux modelé des chairs. L’artisan a conféré une réelle plasticité à l’ensemble tout en apportant un soin aux détails, telle la notation du nombril. La justesse des proportions, de l’attitude, ainsi que la facture de qualité, placent cette applique dans la dépendance des modèles de l’époque hellénistique. Pourtant, le haut du corps, subtilement rendu, contraste avec le travail en rudesse des jambes. Il demeure donc ardu, sans contexte archéologique de préciser la date de production de cette applique. Aussi, peut-on proposer de l’assigner au IIIe-IVe siècle.

 

Marquage

Au revers de la pièce, au centre de la cavité médullaire, à mi-hauteur, subsistent les traces de petite étiquette octogonale à liseré bleu, complètement arrachée.

 

Comparaisons :

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12019.

-Athènes, musée Benaki, 18861.

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17191.

-Paris, musée Rodin, Co. 2100.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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