Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 4,3 cm ; L. 16,6 cm ; P. max. 1,4 cm

Os, fémur gauche de bœuf, face postérieure

Co. 2070

Comment

State of preservation

Cassée dans ses deux angles supérieurs, la pièce, de couleur crème, conserve un certain nombre de sédiments dans les creux, ainsi qu’au revers. V. Picur a noté la présence de quelques points de dorure derrière la hanche gauche de la figure, et d’une substance rouge dans la partie inférieure, de part et d’autre de la jambe gauche. La surface de l’applique révèle également des marques noires et une large tache ocre rouge sur le bras droit de la créature marine. Le relief montre quelques fentes dans le sens de la longueur. La partie supérieure senestre porte une légère nuance verdâtre.

Description

Personnifiant les multiples aspects de la mer bienfaisante, les Néréides, issues de l’union du dieu Nérée et de l’Océanide Doris, habitent les fonds marins ou jouent à la surface des flots en compagnie de Tritons et de divers animaux hybrides. Allongée sur le dos, la divinité marine, appuyée sur son bras gauche, relève le buste. Le manque de détails en partie inférieure de la pièce ne permet pas de déterminer si elle repose ou non sur le corps d’un monstre marin. La tête tournée vers la gauche, la naïade retient son voile gonflé par le vent, de son bras droit étendu. Le drapé coincé sous le bras gauche, se déploie en des lignes ondulantes en partie supérieure. Un pan de l’étoffe semble se déployer sous le corps de la créature, et couvrir sa jambe gauche.

 

À l’instar de l’applique Co. 2044 du musée Rodin, les proportions de la Néréide démontrent une adaptation au cadre horizontal de la matrice osseuse. Le ventre renflé est particulièrement étiré, ainsi que les jambes et le bras droit. Les formes pleines aux transitions adoucies témoignent d’une recherche de plasticité. Bien que le visage soit en partie tronqué, l’œil en relief et les lèvres épaisses sont les marques d’un soin accordé aux détails, tout comme la chevelure attachée sur la nuque, aux mèches finement incisées. Le polissage achevé accentue l’aspect lisse des chairs et confère davantage de moelleux au modelé. La posture de la Néréide se retrouve à l’identique sur plusieurs éléments de placage : une applique du musée Benaki (18749 : MARANGOU 1976, n° 166 p. 116, pl. 49b), des pièces du musée Rodin, bien les deux derniers reliefs offrent un style plus sec (Co. 2211, Co. 2177, Co. 5633), et un exemplaire assez plat du Kunsthistorisches de Vienne (V 1005a). La pièce d’Athènes, comme celle anciennement conservée au musée de Berlin (I 3763 : WULFF 1909, n° 387 p. 112, pl. 18), et celle du Victoria & Albert Museum (824-1905 : LONGHURST 1927, p. 22, BECKWITH 1963, p. 12, 49, fig. 27), associent à la Néréide, un Triton vu en buste tenant une corbeille de fruits ou un pedum. Sur notre applique, la forme courbe encore visible à proximité du pied de la nymphe, indique sans doute l’existence, à l’origine, d’un tel compagnon.

 

Fréquemment représentées sur les sarcophages romains du IIe-IVe siècle, les Néréides participent tant au cortège de Poséidon et Amphitrite, qu’à ceux qui accompagnent la naissance d’Aphrodite ou Dionysos triomphant. Parant abondamment les pavements de mosaïque d’Afrique du nord, d’Asie Mineure ou du Proche-Orient, elles constituent un motif décoratif de choix pour les pièces d’orfèvrerie ou les textiles à la fin de l’Antiquité. Outre les appliques destinées à garnir les côtés et les couvercles de coffrets, telles les plaques du musée d’art de Princeton (y1929-213 a -g : ELDERKIN 1926, p. 150-157) ou celles du musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, , n° 7070-7072, 7075-7078, p. 180-181, pl. XIV), les Néréides apparaissent de façon plus discrète, sur d’autres œuvres en os et ivoire : des peignes ou des diptyques. Les artisans semblent s’être inspirés de multiples sources et avoir décliné des modèles assez répétitifs, en introduisant malgré tout quelques variantes. La qualité sculpturale de notre applique, à l’image des œuvres de comparaison les plus éloquentes mentionnées précédemment, permet d’envisager sa réalisation au cours du IIIe-IVe siècle.

 

Comparaisons :

-Athènes, musée Benaki, 18749, 18747 (contrepartie), 18761 (tête et bras).

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3763.

-Londres, Victoria & Albert Museum, 824-1905. -Paris, musée Rodin, Co. 2211 (style et position), Co. 2177, Co. 5633 (même type iconographique mais style différent).

-Vienne, Kunsthistorisches Museum, V 1005a.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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