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Caricature de prêtre

Cercle harpocratique

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Époque ptolémaïque
[VOIR CHRONOLOGIE]
TERRE CUITE 
CO. 6556

Comment

State of preservation

Complet. Le cou est cassé et a été recollé. Le socle est ébréché au revers.

Description

Personnage masculin debout, vêtu d'une tunique ceinturée à la taille, formant un colpos, et retombant jusqu'aux genoux. Il tient un panier du bras gauche et des crotales dans la main droite. Un pot est posé à sa droite. Il porte la mèche de l'enfance à droite du visage et deux boutons de lotus sur son crâne chauve. Il a le visage rond, au front marqué d'une ride, les yeux globuleux sous des arcades sourcilières épaisses, le nez écrasé et les lèvres épaisses. 
La présence des deux boutons de lotus et de la mèche de l’enfance permet de rattacher ce personnage à la sphère harpocratique car il s’agit d’un des attributs courants du dieu. Harpocrate, ou « Horus l’enfant »,  fils d’Isis et d’Osiris, intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis et devient très populaire à partir de l’époque ptolémaïque. Un temple lui est construit sous le règne de Ptolémée IV (222-204) au sein du sanctuaire de Sérapis à Alexandrie. L’important nombre d’images d’Harpocrate à l’époque hellénistique témoigne de sa popularité croissante, notamment dans la sphère alexandrine. 
Les fidèles d’Harpocrate sont représentés affublés de deux de ses signes distinctifs : la mèche de l’enfance et les boutons de lotus, comme Co. 6556. Une autre caractéristique iconographique des membres du clergé harpocratique est le crâne entièrement rasé, à l’exception de deux touffes de cheveux laissées apparentes sur le front, néanmoins absentes ici. Un dernier élément qui permet d’associer cette figurine au dieu Harpocrate, le pot disposé à sa droite. Cette disposition rappelle la figurine Co. 2503, représentant Harpocrate debout et entouré de divers éléments dont un pot. Celui-ci constitue chez le dieu un substitut à la corne d’abondance, symbole de sa puissance fertile. Le pot contiendrait, d’après Michel Malaise, l’athèra, une bouillie réalisée à base de farine, dont les prêtres d’Harpocrate s’enduisaient le visage. Cette bouillie était distribuée aux fidèles et servait à nourrir les enfants ou comme remède aux adultes. Rien d’étonnant à ce qu’un membre du clergé soit donc représenté en présence de cette attribut. 
L’insistance sur la disgrâce des traits du personnage, trapu, aux bras atrophié et aux traits grossiers (au-delà de la réalisation médiocre de la pièce) suggère l’intégration de cette pièce dans la catégorie des représentations caricaturales, généralement regroupées sous l’appellation plus générique mais discutée de « grotesques », désignant un ensemble de motifs très populaires à l'époque hellénistique, ayant en commun la représentation de personnages à l'aspect disgracieux, généralement en torsion violente ou au corps déformé. Les « grotesques » comprennent, outre les représentations pathologiques et les types « réalistes », les caricatures de certaines catégories sociales comme le clergé.  
Les sujets ainsi regroupés sous l'appellation de « grotesques » proviennent, jusqu'à lors, en très large majorité d'Asie Mineure et d'Égypte. Plus précisément, ce sont les sites de Smyrne et d'Alexandrie qui ont livré la majorité du matériel connu. Le rapport au dieu Harpocrate enjoint à rattacher cette figurine aux ateliers alexandrins. Les représentations d’Harpocrate sont justement nombreuses dans la capitale lagide, où le temple du dieu assurait la présence de membre de son clergé et de ses fidèles, qui pouvaient alors faire l’objet de représentations en coroplathie comme d’autres classes sociales. 
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Alabastre à décor harpocratique

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

Époque hellénistique ou impériale

[VOIR CHRONOLOGIE]

CÉRAMIQUE
H : 7,8 cm ; D : 4,5 cm
CO. 2831

Comment

State of preservation

Incomplet. Le col et l’anse sont manquant et le bord du pied est ébréché.

Description

Il s’agit d’un alabastre en bucchero, à panse ovoïde surmontant un petit pied évasé. Une anse verticale reliait l’épaule et le col.  
Le pied est décoré de godrons. La panse porte un décor figuré en relief identique sur chacune des deux faces. Un enfant y est représenté nu, debout, le bras gauche replié, l’index tendu devant la bouche, exécutant ainsi le geste de l’enfance. Il s’agit très vraisemblablement du dieu Harpocrate. Six hautes feuilles lancéolées et deux fleurs de lotus  sont réparties de part et d’autre du dieu. 
Les vases miniatures à reliefs en bucchero sont très difficiles à dater. Peu de données sont disponibles à propos des exemplaires conservés, présents en musée ou dans les catalogues de ventes, dont les contextes archéologiques ne sont pas connus. Un de ces vases a été découvert par une mission polonaise dans la nécropole d’Athribis, actuellement datée par les spécialistes du milieu de l’époque ptolémaïque, soit de la première moitié du IIe siècle av. J.-C. Il s’agit de la seule pièce pour laquelle nous disposons d’une date relativement précise. En comparaison, les nécropoles d’Umm el Brigat et de Bacchia, qui ont chacune délivré des objets, sont respectivement datées de l’époque ptolémaïque et de l’époque romaine sans plus de précision. 
Le vase Co. 2831 est proche du sondertypus, reconnaissable à sa panse ovoïde montée sur un petit pied et dotée d’une anse verticale (Seif el-Din 2006, pl. 25, 4-5 = Le Caire, inv. L 9683 et Oxford Ashmolean Museum, inv. G. 1015), bien que Co. 2831 ait deux anses. Le sondertypus est daté du IIe ou du IIIe siècle apr. J.-C., démontrant, par rapport à la pièce d’Athribis, l’amplitude chronologique de la production de ces vases miniatures en bucchero. Un autre type nommé Gefäss (Seif el-Din 2006, pl. 31, 4), comprend un pied évasé, en forme de corolle et pouvant porter un décor à godrons (Leipzig, inv. 2922), mais il n’est pas précisément daté et ne nous permet pas de faire davantage de suggestions quant à la datation de Co. 2831. 
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Nu féminin bras croisés, sans tête, dans une jarre

Céramique égyptienne

Provenance > Égypte
Datation > Basse-Époque, VIe-IVe siècles av. J.-C. pour la céramique et moderne pour la figurine
H. 37,4 cm ; L. 16,5 cm ; P. 16,2 cm
Terre cuite et plâtre
S. 3856
 

Comment

State of preservation

La céramique égyptienne a été tronquée, seule la partie supérieure subsiste. Son état d’altération est avancé. La terre cuite a, en effet, perdu une partie de sa cohésion et l’action des sels solubles a provoqué des soulèvements très importants sur toute la surface. La figurine imaginée par A. Rodin a été sciemment adossée sur une altération de la partie supérieure du bord.

Description

Ce pot en terre cuite présente une forme quasi-cylindrique, aux parois légèrement bombées. Une carène très prononcée est présente à la transition entre le bord, droit et simple, et l’épaule. Trois rainures peu profondes sont visibles au démarrage de la panse. Cette céramique a été réalisée au moyen d’une argile alluviale (Nile B ou C). La partie inférieure, tronquée à une date indéterminée, a été fixée sur un socle en bois peint en noir. Utilisé par A. Rodin dans l’un de ses assemblages, l’objet antique est devenu réceptacle de l’une de créations.
 
La céramique égyptienne, qui compose une partie de l’œuvre, est datée de la Basse Époque et plus particulièrement entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C. (communication de Catherine Defernez). Cette proposition de datation est formulée d’après plusieurs parallèles découverts en contextes funéraires, essentiellement dans la région Memphis-Saqqara. En effet, à Memphis, une jarre découverte dans un sondage au Kôm Helul possède une carène similaire à celle visible sur la céramique conservée au musée Rodin, puisqu’elle aussi est située à la transition entre le bord et l’épaule (FRENCH 2013, p. 163, 171, fig. A2.2.c, Inv. 1082). Mais c’est à Saqqara, qu’un exemplaire proche a été découvert dans un contexte funéraire (puits III de Râhmosé). Il s’agit d’une jarre à panse droite et cylindrique, à lèvre droite et simple, bien dégagée à la base par une carène à la transition avec la panse. Cependant, on remarque l’absence de rainures sous la lèvre, comme cela peut être visible sur l’exemplaire de Rodin. Cette céramique est datée des VIe-Ve siècles par les archéologues (ASTON, ASTON 2010, p. 64, fig. 20, n°216, p. 65). De plus, il s’agit d’un vase complet à base plate et à quatre petites anses rondes, en oreille, fixées sous la lèvre. Les parois sont droites et verticales, et non pas légèrement bombées comme sur l’exemplaire de Rodin. De même, aucune rainure n’est visible sous la lèvre. Il s’agit donc du même type de vase que celui réemployé par A. Rodin, mais avec quelques variantes. Un autre parallèle a été identifié à proximité de la pyramide de Téti à Saqqara. Il est daté de l’époque saïto-perse (QUIBELL, HAYTER 1927, p. 231, pl. VII : 4). Enfin, d’autres fragments de céramiques appartenant à la même famille que celle du vase de Rodin, ont été découverts dans l’Anubieion de Saqqara (FRENCH, BOURRIAU 2018, p. 277, fig. 30, j-k). Ils sont également datés de la Basse Époque.
 
Selon P. G. French, la carène très prononcée suppose l’insertion d’un couvercle, tandis que C. Defernez soupçonne l’usage d’un bouchon de terre crue fixée avec un tissu. Selon D. A. Aston et B. G. Aston, ces formes correspondent à des gobelets « Deep Beakers with Ledge Rims », bien que les dimensions de se prêtent guère à cette destination. Selon Catherine Defernez (communication personnelle), il pourrait plutôt s’agir d’un récipient, peut-être une urne employée à des fins d’embaumement.
 

Inscription

Anépigraphe.

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Gobelet Black-Topped

Égypte
Prédynastique, Badari – Nagada I-IIa-b
Ensemble de 10 tessons d’une même céramique
Terre cuite
Co. 6353
 

Comment

State of preservation

Ce lot de dix tessons provient d’une seule céramique. Deux ensembles de trois tessons qui recollent ont pu être formés. Les quatre autres fragments n’ont pas pu être associés. Les surfaces présentent des degrés d’érosion différents.

Description

Les dix tessons proviennent d’un gobelet en terre cuite, facilement reconnaissable grâce à ses dimensions, à son bord direct et à l’inclinaison de la panse. La céramique, qui ne présente pas de décor, est néanmoins bicolore. En effet, l’intérieur et le bord extérieur sont de couleur gris-noir, tandis que la panse externe est rouge. Quelques négatifs de dégraissants végétaux sont visibles en surface.
 
Les céramiques rouges à bord noir, qui apparaissent durant la culture Badari, sont très communes en Égypte durant l’époque prédynastique, et plus particulièrement au cours des périodes Nagada I et IIa-b. On en retrouve toujours quelques exemplaires dans des contextes datés de Nagada III, mais de manière plus anecdotique. Ces céramiques sont désignées sous les appellations anglo-saxonnes « Black-topped » ou « B-ware ». Au Soudan, en revanche, cette production perdure plus longtemps et se rencontre jusqu’à la fin de la période Kerma (env. 1500 av. J.-C.). 
 
Ces céramiques bien spécifiques sont produites à partir d’une argile limoneuse très fine, le plus souvent en Nile A, et débarrassée de ses impuretés. Les récipients ont un aspect très lisse obtenu par un brunissage avec un galet. Plusieurs formes sont connues, comme des jarres (Louvre E21728), des vases (Louvre E22506), ou encore  des gobelets. Plusieurs types de gobelets « à bord noir » sont recensés pour la période Nagada, plus ou moins convexes et aux bases plus ou moins plates (par exemples, Louvre E21747 ; UC4264 ; UC4247UC2968). Des gobelets, complets, sont conservés au musée de Mariemont. Acquis dans un lot de céramiques à bord noir par Raoul Warocqué en 1912 à Abydos, ils permettent de restituer la forme initiale du gobelet Co. 6353 (notices de Claire Derriks des Inv. B.412, 413 et 414 dans DERRIKS, DELVAUX 2009, p. 287-292).
Tous ces récipients sont formés à la main, à partir de différentes techniques de façonnage, comme le poinçonnage, le montage au colombin, ou encore le façonnage à partir d’une plaque ou d’un pâton sur une préforme en bois. Le processus de colorisation, si spécifique aux céramiques black-topped, a de nombreuses fois été étudié. À l’origine du système de classification des céramiques prédynastiques égyptiennes, W. F. Petrie a supposé que le sommet noir est obtenu en enterrant les récipients dans de la cendre pendant le processus de cuisson. Alfred Lucas propose une technique en deux étapes. Après la cuisson, le pot serait retiré chaud et positionné à l’envers dans un tas de cendres pour créer une atmosphère oxydante et ainsi produire cette couleur noire. Plus récemment, une recherche expérimentale menée par Stan Hendrickx, Renée Friedman et Fabienne Loyens a montré que la couleur noire est obtenue grâce à une cuisson en atmosphère réductrice (sans oxygène). Néanmoins, l’ajout de suie favoriserait également le noircissement.
 
L’invention des céramiques à bord noir vient probablement du besoin de produire des céramiques moins poreuses., car ces récipients étaient destinés à un usage alimentaire. En effet, le noircissement de la face interne et du bord externe rend les céramiques plus étanches et donc plus adaptées au stockage de liquides. Ce n’est qu’à la période suivante, Nagada III, que se développement des céramiques en argile calcaire (Marl), plus imperméables car cette marne supporte une cuisson à de plus hautes températures.
 

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Donation Rodin 1916.

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

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Amulette

Yeux multiples

Égypte ?
Troisième Période intermédiaire 
H. 1,4 cm ; L. 3,6 cm ; P. 3,9 cm
Faïence siliceuse probablement
Co. 2388
 

Comment

State of preservation

L’amulette est fortement érodée et encrassée. Des restes de polychromie sont encore visibles. L’objet a été fixé sur un socle en marbre de Carrare à l’époque moderne, ce qui ne permet pas de visualiser sa seconde face.

Description

Cette amulette de forme circulaire est décorée de multiples yeux, vus de face et en léger relief. 
La surface du recto est entièrement occupée par un décor composé en deux parties symétriques, de part et d’autre d’une ligne centrale. De chaque côté, dans trois colonnes, quatre yeux sont superposés. Néanmoins, afin de s’adapter à la forme de l’objet et de préserver l’harmonie de l’ensemble, l’une des colonnes ne comporte que trois yeux au lieu de quatre. Au total, le recto de l’amulette comporte donc vingt-trois yeux. L’objet est perforé dans sa longueur, un orifice qui devait permettre d’y glisser un lien. 
 
 
Au sein du groupe des amulettes d’œil, certaines présentent plusieurs yeux vus de face regroupés, en paire (UC 3840), par trois (UC 38405 ; UC 38406UC 38407 ; UC 38408) ou quatre (LACMA 50.4.6.9), mais aussi rassemblés sur plusieurs rangs au sein dans un jeton en faïence siliceuse (UC 38404). Néanmoins, ces objets sont tous produits sur des plaques en faïence siliceuse, contrairement à l’objet Co. 2388 qui apparaît bombé.
 
Plusieurs amulettes similaires à l’objet Co. 2388 sont conservées dans les musées (Louvre E 11850) ou des collections privées. Sur ces exemplaires en relief, non fixés sur des socles modernes, les revers sont décorés d’un œil incisé. Ces objets bien spécifiques sont généralement datées de la Troisième Période intermédiaire.
 

Inscription

Anépigraphe

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Provenance inconnue
Datation indéterminée
H. 3,7 cm ; D. 1,6 cm
Faïence bleue, faïence égyptienne (fritte)
Co. 6439
 

Comment

State of preservation

L’œuvre est en très mauvais état de conservation. Incomplet, l’objet présente une cassure transversale nette et de nombreux petits éclats ont endommagé la faïence en surface.

Description

De très petites dimensions, le fragment correspond à un élément cylindrique légèrement courbe. À l’extrémité opposée de la cassure, un petit trou, assez profond mais peu large, a été ménagé au centre. 
 
Le terme « faïence » est employé en égyptologie pour désigner un matériau composite, une terre cuite recouverte d’une glaçure, une fine couche vitreuse. Celle-ci peut-être de différentes couleurs, selon les pigments employés. Les teintes les plus courantes, du vert clair au bleu, sont obtenues avec du cuivre. Celui-ci peut être combiné avec d’autres pigments comme l’antimoniate de plomb afin de produire un vert intense, ou encore avec du cobalt afin d’obtenir un bleu foncé et intense. Le bleu-vert est néanmoins la couleur dominante en Égypte, puisqu’elle est produite grâce de l’oxyde de cuivre, un métal exploité par les égyptiens dès les hautes époques.
Ce type de glaçure pouvait être appliqué sur l’argile, le métal et sur certaines pierres. De très nombreux petits objets ont été produits durant toute l’époque pharaonique à partir de ce matériau, comme des statuettes, des amulettes ou même de la vaisselle.
 
Sans connaissance de sa provenance, ni de son mode d’acquisition par Rodin, l’aspect particulièrement fragmentaire de cet objet ne permet ni de l’identifier ni de le dater avec précision. 

Inscription

Anépigraphe

Historic

Sans

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Jarre blue-painted

Égypte (?)
Fin XVIIIe dynastie – mi XIXe dynastie
H. 28 cm ; L. 18 cm ; D. ouverture 13,5 cm
Terre cuite peinte
Co. 6437
 

Comment

State of preservation

La jarre est dans un état d’altération avancé. La terre a perdu une partie de sa cohésion. L’action des sels solubles a provoqué des soulèvements très importants et une grande partie de l’engobe est tombée. Les décors peints sont extrêmement lacunaires. La base et le bord sont ébréchés.

Description

Cette jarre ovoïde possède un col court au profil convexe et une base arrondie qui se termine en pointe. Elle a été confectionnée en pâte argile limoneuse (B2, selon la classification du Système de Vienne). 
 
Un engobe blanc ivoire recouvrait à l’origine la totalité de la paroi externe de la jarre ainsi que la paroi interne de son bord. Sur cet engobe, des traces de polychromie bleue et noire sont observables sur la partie externe, en dépit de son état de conservation. Un décor mieux préservé, constitué d’une succession de bandes ocre-beige marneuses, s’y distingue plus nettement. 
 
Les céramiques peintes en bleu (appelées plus généralement « blue-painted ») font partie des récipients égyptiens les plus élaborés de l’époque pharaonique. Elles apparaissent à la XVIIIe dynastie, à partir du règne d’Aménophis II, et sont produites jusqu’au début de la XXe dynastie, sous le règne de Ramsès IV. Poteries peintes principalement en bleu, leur décor est complété par du rouge et du noir. Les décorations sont variées, avec des motifs floraux et fauniques, mais aussi des figurations de divinités comme Bès, Hathor, ou encore Renenoutet. Ces décorations évoquent la fertilité de l’environnement naturel, mais aussi le rôle protecteur des divinités représentées. Attestées par de nombreux spécimens et tessons, ces productions proviennent essentiellement de centres palatiaux (Gourob, Amarna, Memphis ou Pi-Ramsès), mais aussi – à partir de la XIXe dynastie – des centres administratifs (Assiout, Abydos et Éléphantine). On en identifie aussi en dehors de la vallée du Nil, notamment à Umm el-Rakham, près de la frontière libyenne, ou sur les sites syro-palestiniens comme Hazor. Cette diffusion importante témoigne de l’implication de ces récipients dans les relations diplomatiques et commerciales. À Hazor, on remarque même une production locale de ce type de céramique, signalant que l’engouement ne se limitait pas aux Égyptiens (NATAF 2014, p. 26, fig. 3).
 
Dans la vallée du Nil, les argiles employées pour produire des blue-painted sont des terres marneuses/calcaires (« Marl »), qui proviennent des franges désertiques, ou des argiles limoneuses (« Nile »), qui sont prélevées directement sur les berges du fleuve. Un changement progressif s’opère dans l’usage de ces terres. L’argile marneuse est largement employée pour les blue-painted au début de la période, jusqu’au règne de Thoutmosis IV. Puis, à partir d’Aménophis III, on remarque un passage à l’usage de l’argile limoneuse pour ce type de production. Les céramiques sont toutes peintes avant leur cuisson. Le pigment bleu est réalisé à partir de cobalt aluminate, tandis que le noir est obtenu à partir de manganèse et d’ocre rouge.
 
Ces poteries étaient destinées au stockage et à la présentation d’aliments, et les archéologues les ont découvertes dans de nombreux contextes. À Abydos, Éléphantine ou encore à Karnak-nord, elles proviennent de zones cultuelles, des temples et des nécropoles, tandis qu’à Malqata ces vases sont associés au jubilé d’Aménophis III. L’hypothèse d’un rôle joué par ces récipients dans le cadre d’un culte est renforcée par les figurations de divinités, et d’animaux présumés sacrés, sur certaines d’entre elles. Mais ces récipients peints apparaissent aussi plus simplement dans des contextes domestiques, au sein desquels de telles céramiques devaient être appréciées pour leur esthétique et le raffinement de leur décor. 
 
Le type de la jarre Co. 3578 conservée au musée Rodin est attesté à partir de la fin de la XVIIIe dynastie, à Amarna (ROSE 2007, p. 84, 222, SF4, n°324). D’autres spécimens ont été découverts sur d’autres sites égyptiens, comme dans l’habitat de Kom el-Rabia (Memphis) dans des niveaux datés entre le début et la mi-XIXe dynastie (HOPE 2016, p. 63, n°12959, 12984 et 12986 ; BOURRIAU 2010, p. 276, fig. 65, 10.4.20) ou encore dans la tombe de Tombe Maya et Merit (ASTON 2011, p. 29, n°43[88-280], 44[88-347] et 45[88-676]). Plusieurs vases similaires sont conservés dans les musées européens, comme au Louvre (N882 3 ou N882 6). Tous ces exemplaires ont été réalisés en argile limoneuse issues des berges du Nil (Nile B2, selon la classification du Système de Vienne).
 
Contrairement aux productions de la première partie de la XVIIIe dynastie, qui possèdent de très riches décorations graphiques, les céramiques datées de la période amarnienne et post-amarnienne sont essentiellement ornées d’éléments stylisés, de pétales disposés en lignes verticales et de croissants horizontaux. À cette époque, la polychromie des vases est appliquée avant cuisson et selon 4 étapes. Dans un premier temps, de la peinture de couleur crème est appliquée comme fond sur laquelle des lignes noires horizontales et des pétales sont tracées. Ensuite, de larges bandes bleues horizontales sont apposées sur les décorations noires. Enfin, des lignes horizontales rouge et des points sont ajoutés. À partir de la XIXe dynastie, cette simplification dans l’exécution des décors induit une plus grande variété d’artisans. 
 
Les jarres Co. 3578 et Co. 6437 conservées au musée Rodin témoignent de cette période charnière, celle d’une plus grande diffusion des céramiques de type blue-painted au sein d’une population aisée. Cependant, si on les compare aux autres types de céramiques, les spécimens de vases blue-painted demeurent rares.
 

Related pieces

Co. 3578

Inscription

Anépigraphe

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Jarre blue-painted

Égypte ?
Fin XVIIIe dynastie – mi XIXe dynastie
H. 28 cm ; L. 18 cm ; D. ouverture 13,5 cm
Terre cuite peinte
Co. 3578
 

Comment

State of preservation

La jarre est quasiment intacte, hormis le bord ébréché. En dépit de l’altération de la surface, un décor constitué d'une polychromie blanche ivoire, noire, rouge et bleue est partiellement conservé. La base est usée, témoignant de son ancienne position sur un support de jarre
 

Description

Cette jarre ovoïde possède un col court au profil convexe et une base arrondie qui se termine en pointe. Elle a été réalisée en argile limoneuse (B2, selon la classification du Système de Vienne). Un engobe blanc ivoire recouvrait à l’origine la totalité de la paroi externe de la jarre ainsi que la paroi interne de son bord. Sur cet engobe, et en d’une dépit d’une altération de la surface, on distingue encore une succession de bandes beiges et de frises peintes sur fond bleu. 
 
Les céramiques peintes en bleu (appelées plus généralement blue-painted) font partie des récipients égyptiens les plus élaborés de l’époque pharaonique. Elles apparaissent à la XVIIIe dynastie, à partir du règne de d’Aménophis II, et sont produites jusqu’au début de la XXe dynastie, sous le règne de Ramsès IV. Poteries peintes principalement en bleu, leur décor est complété par du rouge et du noir. Les décorations sont variées, avec des motifs floraux et fauniques, mais aussi des figurations de divinités comme Bès, Hathor, ou encore Renenoutet. Ces décorations évoquent la fertilité de l’environnement naturel, mais aussi le rôle protecteur des divinités représentées. Attestées par de nombreux spécimens et tessons, ces productions proviennent essentiellement de centres palatiaux (Gourob, Amarna, Memphis ou Pi-Ramsès), mais aussi – à partir de la XIXe dynastie – des centres administratifs (Assiout, Abydos et Éléphantine). On en identifie aussi en dehors de la vallée du Nil, notamment à Umm el-Rakham, près de la frontière libyenne, ou sur les sites syro-palestiniens comme Hazor. Cette diffusion importante témoigne de l’implication de ces récipients dans les relations diplomatiques et commerciales. À Hazor, on remarque même une production locale de ce type de céramique, signalant que l’engouement ne se limitait pas aux égyptiens (NATAF 2014, p. 26, fig. 3).
 
Dans la vallée du Nil, les pates employées pour produire des blue-painted sont des terres marneuses/calcaires (« Marl »), qui proviennent des franges désertiques, ou des argiles limoneuses (« Nile »), qui sont prélevées directement sur les berges du fleuve. Un changement progressif s’opère dans l’usage de ces terres. L’argile marneuse est largement employée pour les blue-painted au début de la période, jusqu’au règne de Thoutmosis IV. Puis, à partir d’Aménophis III, on remarque un passage à l’usage de l’argile limoneuse pour ce type de production. Les céramiques sont toutes peintes avant leur cuisson. Le pigment bleu est réalisé à partir de cobalt aluminate, tandis que le noir est obtenu à partir de manganèse et d’ocre rouge.
 
Ces poteries étaient destinées au stockage et à la présentation d’aliments et les archéologues les ont découvertes dans de nombreux contextes. À Abydos, Éléphantine ou encore à Karnak-nord, elles proviennent de zones cultuelles, des temples et des nécropoles, tandis qu’à Malqata ces vases sont associés au jubilé d’Aménophis III. L’hypothèse d’un rôle joué par ces récipients dans le cadre d’un culte est renforcée par les figurations de divinités, et d’animaux présumés sacrés, sur certaines d’entre elles. Mais ces récipients peints apparaissent aussi plus simplement dans des contextes domestiques, au sein desquels de telles céramiques devaient être appréciées pour leur esthétique et le raffinement de leur décor. 
 
Le type de la jarre Co. 3578, conservée au musée Rodin, apparaît à la fin de la XVIIIe dynastie à Amarna (ROSE 2007, p. 84, 222, SF4, n° 324). D’autres spécimens ont été découverts sur d’autres sites égyptiens, comme dans l’habitat de Kom el-Rabia (Memphis) dans des niveaux datés entre le début et mi-XIXe dynastie (HOPE 2016, p. 63, n° 12959, 12984 et 12986 ; BOURRIAU 2010, p. 276, fig. 65, 10.4.20) ou encore dans la tombe de Tombe Maya et Merit (ASTON 2011, p. 29, n°43[88-280], 44[88-347] et 45[88-676]). Plusieurs vases similaires sont aussi conservés dans les musées européens, comme l’objet Louvre N882 3 ou le Louvre N882 6,  ou encore la jarre datée de la XVIIIe dynastie provenant des fouilles de Gourob et achetée au début du XXe siècle conservée à Bruxelles (Musée Art & Histoire Inv. N° E.0644). Tous ces exemplaires ont été réalisés en argile limoneuse issues des berges du Nil (Nile B2, selon la classification du Système de Vienne).
 
Contrairement aux productions de la première partie de la XVIIIe dynastie, qui possèdent de très riches décorations graphiques, les céramiques datées de la période amarnienne et post-amarnienne sont essentiellement ornées d’éléments stylisés, de pétales disposés en lignes verticales et de croissants horizontaux. À cette époque, la polychromie des vases est appliquée avant cuisson et selon 4 étapes. Dans un premier temps, de la peinture de couleur crème est appliquée comme fond sur laquelle des lignes noires horizontales et des pétales sont tracées. Ensuite, de larges bandes bleues horizontales sont apposées sur les décorations noires. Enfin, des lignes horizontales rouges et des points sont ajoutés. À partir de la XIXe dynastie, cette simplification dans l’exécution des décors va rendre leur production accessible à une plus grande variété d’artisans. 
 
Les jarres Co. 3578 et Co. 6437 conservées au musée Rodin témoignent de cette période charnière, celle d’une plus grande diffusion des céramiques de type blue-painted au sein d’une population aisée. Cependant, si on les compare aux autres types de céramiques, les spécimens de vases blue-painted demeurent rares.
 

 

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Co. 6437

Inscription

Anépigraphe

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Jarre à bière

Égypte ?
Nouvel Empire 
H. 35 cm ; L. max (panse) : 23 cm ; D. 22,7 cm 
Terre cuite
Co. 3519

Comment

State of preservation

Malgré les nombreux chocs et épaufrures, sur la panse et sur le bord, la céramique demeure complète. On observe également des desquamations par plaques sur la panse (extérieur et intérieur) et sur le col, suite à l’action des sels solubles. En se dilatant sous l’effet de la chaleur, deux grains de chaux ont provoqué un éclatement de la surface. Placés au cœur de l’éclatement, ces grains de chaux sont bien visibles au niveau médian de la panse.

 

 

Description

Ce pot en terre cuite est de forme ovoïde allongée, à col court légèrement évasé et à base plate et annulaire. Le col se termine par un bord direct modelé. Une ligne d’incision souligne la transition entre l’épaule et le col du vase. 
Asymétrique, la céramique a été recouverte d’un engobe beige avant la cuisson. Cet engobe présente des coulures verticales. Les traces horizontales en surface suggèrent une finition par lissage, effectuée après un raclage rapide de l’objet, et très vraisemblablement au tissu. Parfois verdâtre par endroits, la variation chromatique de la couverte témoigne d’une légère sur-cuisson sur la paroi externe et à l’intérieur de la lèvre. Le dégraissant végétal utilisé était de type grossier et a laissé de nombreuses empreintes lors de sa consumation, au cours de la cuisson. Ces empreintes sont bien visibles sur toute la surface, externe comme interne.
Une trace de feu est visible, sur la panse et à proximité de l’épaule de la jarre Co. 3517. Ce stigmate, quoique ancien, ne serait pas à mettre en relation avec la cuisson un peu forte ou bien l’usage du récipient. Elle semblerait témoigner d’un contact secondaire avec un foyer, en marge de l’utilisation de l’objet, ou suite à sa mise en dépôt.
 
 
Les pots de stockage à fond plat sont relativement rares pour l’Égypte pharaonique, et les premiers semblent apparaître au Moyen Empire, sous le règne de Sésostris III. Il s’agit, en général, de jarres ovoïdes à col court, avec une base plate ou légèrement annulaire (SCHIESTL, SEILER, 2014, p. 470-471). Attestées dans les nécropoles du nord de l’Égypte (Licht et Dahchour), mais aussi du sud (Thèbes-ouest et Esna), ces céramiques demeurent très rares, mais perdurent au cours de la Deuxième Période intermédiaire (BM EA42108). La production des jarres à fond plat se développe au Nouvel Empire, notamment à l’époque ramesside. Pour cette époque, ces céramiques sont considérées comme des jarres à bière. On en connaît dans toute l’Égypte, à Éléphantine (ASTON 1999, pl. 1), dans la Vallée des rois (ASTON 2014, p. 34-35, pl. 11-12),  dans la Vallée des nobles (ROSE 1996, p. 175, pl. 63), à Deir el-Bahari (RZEUSKA 2001, p. 312-313), à Tell el-Amarna (ROSE 2007, p. 98-100, 241, 237 [383]), ou encore en Nubie (BB4, HOLTHOER 1977, pl. 18). Ces jarres apparaissent aussi au Levant, et semblent fortement liées à la présence égyptienne dans la région. Alors qu’en Égypte ces jarres sont exclusivement produites en argile alluviale ("Nile"), au Proche-Orient, elles sont faites localement avec de nombreux dégraissants végétaux.
 
Si généralement, les jarres à bière égyptiennes sont de facture grossière, l’objet Co. 3519 présente une certaine régularité dans le façonnage et la finition. En effet, sur de très nombreux exemplaires similaires, des traces de doigts à la base, mais aussi de nombreuses irrégularités de façonnage, témoignent d’une production rapide et en série. En Égypte, ces céramiques de type utilitaires sont toutes réalisées en argile alluviale, en Nile B2 dans la région de Thèbes (ASTON 2014, p. 34-35 ; RZEUSKA 2001, p. 212), et plus rarement en Nile C (SCHIESTL, SEILER, 2014, p. 470-471). 
 
La bière égyptienne était fabriquée à partir de céréales, cultivées dans tout le pays, depuis le Néolithique : l’orge commune et le blé amidonnier. Après un maltage et le brassage à proprement parler, le liquide était entreposé dans des jarres en céramique commune, afin d’y être conservé et de permettre son transport. Les jarres à bière sont particulièrement bien représentées au sein des assemblables céramiques qui proviennent des tombes et des habitats. Consommée quotidiennement par toutes les classes de la société égyptienne, contrairement au vin, la bière était un des aliments constitutifs des offrandes aux divinités et aux défunts.

Inscription

Anépigraphe

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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Égypte > provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire, époques tardives et indéterminées
L. 32 cm ; l. 7 cm
Fibres végétales, bois, terre cuite émaillée, os, métal
Co. 6300
 

Comment

State of preservation

Les divers éléments constituant cet assemblage sont en assez bon état, à l’exception de l’ouchebti en faïence dont la partie inférieure est manquante. La cassure paraît très ancienne et précède assez probablement la composition de l’objet.
 
Les fils d’assemblage sont altérés et cassants. Le montage est serré et ne présente aucune souplesse. L’objet est donc extrêmement fragile, et de manipulation difficile.
 

Description

Cet objet composite est constitué de plusieurs éléments de différentes périodes, assemblés par un réseau de perles en terre cuite émaillée. On y distingue notamment un pilier djed en bois, un scarabée en terre cuite polychromée, un ouchebti émaillé en faïence bleu et un pendentif miniature évoquant l’effigie du dieu Bès. S’y ajoutent des éléments moins caractéristiques à l’Égypte antique, à savoir un objet circulaire en os, une perle biconique en faïence blanc-crème et deux petites perles annulaires en faïence (bleu-vert très altéré et blanc-crème)
 
 
La trame de l’objet est réalisée au moyen de perles, d’une tige métallique contemporaine et de liens en fibres végétales moderne (lin). Environ 110 perles tubulaires de différentes longueurs,  en faïence égyptienne bleu foncé et d’aspect mat, ont été employées pour ce montage. Mesurant entre 1,5 et 2 cm de longueur, ces perles sont enfilées sur un fil doublé. Une tige transversale métallique est positionnée transversalement et constitue l’un des bords d’un espace rectangulaire central, matérialisé par un faisceau de perles. L’objet adopte donc l’apparence d’un pseudo-collier, dont le décor est disposé en deux compositions, développées de part et d’autre de l’espace central. 
 
Une première partie est composée d’une grande amulette en bois mesurant 10,2 cm sur 5 cm, cassée à son extrémité inférieure. Il s’agit d’un pilier djed, caractérisé par un fût ponctué de 4 barres horizontales. La campagne d’analyse des bois menée par V. Asensi-Amorós a révélé que l’objet a été réalisé dans un morceau de figuier sycomore (Ficus sycomorus L.), espèce indigène à l’Égypte (ASENSI-AMORÓS, Rapport de 2019). Un réseau de perles tubulaires, soigneusement liées, reprend sur ce bois taillé en forme de pilier djed le motif des quatre barres sommitales qui lui sont caractéristiques. Percé intentionnellement dans la partie sommitale, un orifice permet de faire passer un lien et de raccorder le pilier djed à la trame de perles qui, en formant un double arc de cercle, couronne le tout. 
L’objet est suspendu au centre de la barre métallique, sur laquelle est nouée une perle. Cette grosse perle biconique (3 cm de diamètre) a été réalisée en faïence égyptienne d’aspect granuleux. La pâte est siliceuse et la glaçure très altérée. Un réseau de fils, assemblant des perles tubulaires, a été passé par l’orifice de la perle. 
 
L’assemblage des objets se révèle tout aussi complexe de l’autre côté du rectangle central. Dans sa partie supérieure, un scarabée est attaché au centre. Il a été réalisé en terre cuite polychrome, et, malgré un état de conservation médiocre, des traces de pigments – jaune, rouge et noir – sont toujours identifiables. Mesurant 4,5 cm sur 3,3 cm, il est flanqué de part et d’autre de deux perles de type annulaire, réalisées en faïence égyptienne d’aspect granuleux. La pâte est siliceuse et la glaçure de chaque anneau (bleu-vert et blanc-crème) très altérée. La perle blanc-crème présente un éclat conséquent, masqué en partie par une ligature. 
 
 
Un enchevêtrement de perles, formant comme pour l’autre partie du collier un arc de cercle, sépare ce premier ensemble d’objets du pendentif en tant que tel. La trame, composée de perles tubulaires, sert à maintenir un anneau en os. Cet objet, de 6,3 cm de diamètre, serait peut-être à voir comme un bracelet d’enfant. L’anneau est incomplet, et c’est dans le segment manquant qu’a été attaché un ouchebti fragmentaire. Réalisé en faïence égyptienne (pâte siliceuse et glaçure turquoise), l’ouchebti est brisé au niveau de la taille. Il mesure actuellement 6,5 cm de longueur (sa largeur maximale étant de 5 cm). Coiffé d’une longue perruque tripartite, le serviteur funéraire ramène ses bras sur son torse, mais ne les croise pas. Les outils agricoles qu’il tient généralement dans ses mains ne sont pas visibles. Au revers, complètement aplati, une inscription hiératique est tracée en noir, mentionnant le nom d’Ounefnéfer, un  père divin. 
Sur son cou, une petite figurine noire de 1,5 cm de hauteur, de type amulette (en pâte de verre ?), est bien visible. Elle est enfilée entre deux perles tubulaires en faïence bleue, ces perles étant nettement plus petites que les autres. Placée à la manière d’un pendentif protecteur, elle correspondrait peut-être à une effigie miniature du dieu Bès. 
 
L’assemblage Co. 6300 est composé de plusieurs éléments antiques pour lesquels des significations spécifiques peuvent être proposées. Les amulettes sont des objets couramment découverts sur les sites archéologiques égyptiens, essentiellement dans les tombes mais aussi en contexte d’habitat. Cette fréquence s’explique par leurs usages multiples, lors de rites liés à la survie du défunt dans l’au-delà ou encore au quotidien pour protéger ou guérir celui qui les porte. Les amulettes pouvaient être portées en collier ou bracelets, combinés avec des perles et des pendentifs ornementaux (HERRMANN, STAUBLI  2011, p. 24-25). Des éléments organiques aussi fragiles que des fils sont souvent les premiers à se décomposer, mais de rares exemplaires ont conservé leur montage d’origine sur fibres végétales nouées (par exemple, le Metropolitan Museum Inv. N° MMA 25.3.191b). Il existe également d’autres montages, composés de fibres végétales beaucoup plus grossières ; ils ne semblent pas avoir été réalisés pour être portés (voir au British Museum l’Inv. N° EA 46595).

 

La fonction du pilier djed est, encore à ce jour, peu connue. Ce poteau, composé d’éléments végétaux, semble avoir joué un rôle de fétiche ou de symbole (ANDREW 1994, p. 83 ; HERMANN, STAUBLI 2011, p. 147 ; MÜLLER-WINKLER 1987, p. 336-338). Il est directement assimilé au mythe d’Osiris dès le Nouvel Empire. Il sert également à signifier la durée et la constance, dans le système d’écriture égyptien. Par conséquence, sous forme d’amulette, le pilier djed est lié au désir de vie éternelle. Ce type d’amulette se rencontre essentiellement en Égypte, bien que certains spécimens ont circulé au Proche-Orient puis se sont répandus en Europe occidentale durant l’Antiquité classique.
Taillée assez sommairement, cette amulette de grande taille est dans un bon état de conservation. Ce type d’objet, réalisé en matériau périssable, nous est rarement parvenu (voir un exemplaire de Basse Époque, proposé à la vente en 2017 (Hôtel des Ventes de Monte-Carlo, 11 mars 2017).
 
Les premières amulettes en forme de scarabée sont attestées à partir de l’Ancien Empire. Employées comme protection, ces talismans sont étroitement liés au dieu solaire Rê. Symbole du renouvellement et de l’éternel retour, ils possèdent également un rôle apotropaïque. Ils doivent être distingués d’autres scarabées, sur lesquels le nom et le titre d’un fonctionnaire sont indiqués. On différencie également ces simples amulettes, sans inscription, des scarabées de cœur pour lesquels des « chapitres de cœurs » extraits du Livre des morts sont inscrits. Les scarabées ne sont pas uniquement présents en Égypte, puisque l’on en retrouve dans toute la Méditerranée, en Asie occidentale, en Afrique du Nord, en Nubie et en mer Noire (GLÖCKNER 2017, p. 13). Leur popularité est telle que, dans certaines contrées où les importations égyptiennes ne suffisent plus, une production locale est organisée. 
 
Les ouchebti sont des serviteurs funéraires, destinés à réaliser des travaux dans les champs de l’au-delà à la place du défunt. Les colliers comprenant un ouchebti sont attestés en Égypte ancienne. Au Petrie Museum, par exemple, ils sont bien moins complexes que l’assemblage du musée Rodin (Inv. N° UC42909 ; UC51963 ; UC71650 et UC74308, datés de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse Époque). Il s’agit essentiellement de colliers simples à perles tubulaires bleues en faïence égyptienne, assortis d’une ou deux amulettes. De part leur petite taille, les ouchebti utilisés dans ces compositions semblent avoir été fabriqués pour cet usage car certains ont un orifice ménagé pour la suspension (voir, en particulier, l’Inv. N° UC71650). Mais dans le cas du pseudo-collier Co. 6300, il ne s’agit pas d’une amulette mais d’un réel serviteur funéraire. Un ouchebti en tout point semblable est actuellement conservé au Manchester Museum (Inv. N° MM 1977.1147), au nom d’un père divin d’Amon nommé Ouennéfer. Cet objet, en faïence égyptienne bleu-vert, est daté de la XXIIe dynastie et provient de la tombe 15G du cimetière D d’Abydos (JANES 2012, p. 198, n°107). Par cette comparaison, il semble possible de situer la fabrication de l’ouchebti utilisé dans la composition de l’assemblage Co. 6300 à la XXIIe dynastie. 
 
Bès n’appartient pas au panthéon des dieux officiels de l’État égyptien, adorés dans des temples, mais plutôt à la croyance populaire bien qu’il apparaisse également dans des rituels royaux. En Égypte, il est attesté depuis l’Ancien Empire et plus largement dans toute la région méditerranéenne à partir de l’âge du Bronze récent et durant tout l’âge du Fer (HERRMANN, STAUBLI  2011, p. 69). Divinité protectrice, il apparaît dans plusieurs contextes : amulettes, objets magiques ou encore sur des meubles de la chambre à coucher. Nain représenté de face, il exerce un pouvoir apotropaïque, une défense contre les dangers et les puissances hostiles (HERMANN 1994, p. 316). 
 
 
L’assemblage Co. 6300 semble, à notre connaissance, unique en son genre, à la fois du fait de sa composition générale, mais aussi par la nature des objets réunis. 
S’il est clair que le montage est moderne, réalisé en réunissant différents éléments antiques sur un réseau de perles tubulaires, faut-il y voir un talisman local contemporain ou encore un aegyptiaca européen, destiné à des réunions de spiritisme ?
il est difficile de trancher hors parallèle, ni connaissance de la provenance ou du circuit d’achat de l’objet.  Quoi qu’il en soit, il semble tout à fait surprenant de trouver un tel montage dans la collection d’objets égyptiens réunie par Rodin. 
 

 

Inscription

Une inscription est présente au dos de l’oushebti.

L’inscription, incomplète car seule la partie supérieure de l’ouchebti est conservée,  a été tracée à l’encre noire au dos de l’ouchebti. Les signes, rédigés de droite à gauche sous la glaçure de l’objet, sont disposés en quatre lignes. Bien que les signes soient facilement reconnaissables, la lecture du texte demeure obscure 

Historic

Sans

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