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Femme debout dans un naos

Égypte > Provenance inconnue, probablement Basse Égypte

Époque Héllénistique et romaine

[voir chronologie]

Terre cuite 

H.  11, 2CM ; L. 5,1  CM ; P. 1,2 CM

Co. 2481

Comment

State of preservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. L’objet est fortement émoussé et les pigments sont presque tous effacés. La partie supérieure droite est cassée et le fragment est manquant.

Description

Cette figure féminine nue, appartient au type particulier de plaques de terre cuite représentant des femmes nues se tenant debout.

L’objet est plat, fin, ne peut tenir debout et les motifs sont en haut-relief fortement émoussé. Sur cette petite plaque de terre cuite de forme ovale un édifice, composé de deux colonnes sculptées en torsades et pourvues de bases et de chapiteaux sculptés, supporte un fronton triangulaire à l’intérieur duquel est sculpté une forme presque intégralement effacée. Le style de l’édifice n’est pas sans rappeler l’architecture grecque classique. Il repose sur une base, figuré en retrait. Sous l’édifice, une pancarte rectangulaire anépigraphe est placée dans la partie inférieure de la plaque de terre cuite. Sur la partie gauche de la plaque, deux petits orifices ont été ménagés. Ils sont attribuables à un système de suspension, largement pratiqué en Egypte tardive pour les objets votifs. Les deux orifices sont en prolongement l’un de l’autre, le premier se situant juste au-dessus du chapiteau et le second à gauche de la base de la colonne. A l’intérieur de l’édifice se trouve une figure féminine debout. La figure féminine possède une tête ronde dont les traits du visage sont invisibles. L’état actuel de l’objet ne permet pas de détailler les traces de sa chevelure. Une coiffe en arc de cercle se distingue néanmoins. Imposant, il se déploie jusqu’au fronton de l’édifice. Le buste de la femme offre deux petits seins plats. Les hanches sont larges mais le nombril est à peine visible. On distingue les traits du triangle pubien aux dimensions plutôt larges, la partie supérieure du triangle atteignant presque la zone du nombril. Le pubis est piqueté de petits points. Les cuisses sont courtes, solides et larges. La jambe droite de la femme est légèrement pliée et collée à la jambe gauche restée tendue, accordant ainsi à la figure l’illusion d’un mouvement et de légère bascule vers la droite. Les pieds, quant à eux, sont modelés de façon extrêmement frustre. Le pied droit, celui de la jambe légèrement repliée, ne semble pas reposer totalement sur le sol, à l’inverse du pied gauche. Les deux bras sont repliés vers le haut, les coudes ne touchant pas le corps. Les mains, dont on ne discerne pas les doigts, tiennent deux longues tiges dont les bases atteignent le bas des colonnes. De très légères traces de pigments noirs sont visibles sur les colonnes ainsi que sur le visage, les seins et la cuisse droite.

 

L’élégante du relief Co. 2481 est un bel exemple de figurines féminines nues fabriquées entre la Troisième Période Intermédiaire et la période gréco-romaine, d’un type hérité de traditions égyptiennes et levantines.  Les figurines représentant des femmes nues sont connues en Egypte depuis l’époque Prédynastique, leurs caractéristiques ayant évolué jusqu’à l’époque gréco-romaine, réparties sur l’ensemble du territoire égyptien, y compris le Sinaï, ainsi que la Nubie (Mirgissa) et la Palestine (Deir el-Balah). Ce type de figurines présentées dans un édifice évoquant un naos égyptien -chapelle du temple où demeure la divinité ou, plus souvent, tabernacle où était enfermé la statue d’une divinité- peut être réalisé en calcaire, mais les exemplaires les plus fréquents sont en terre cuite. La production de ces plaques en terre cuite est attestée dès 750 av. J.-C. et jusqu’à la période romaine. Bon nombre de modèles en terre cuite ont été mises au jour sur les sites de Tebtynis et de Tell el Herr. De façon générale, c’est en Basse Egypte, et plus particulièrement dans la région du Fayoum, qu’ont été collectées la majorité de ces figures.

 

Pendant longtemps, ces figurines féminines dévêtues étaient étroitement associées à la sexualité masculine, exclusivement. Leur présence dans les tombes semblait tout naturellement indiquer qu’elles avaient pour rôle de revivifier le défunt et donc de renaître dans l’au-delà, à l’image d’une Isis revivifiant Osiris et qui, en s’unissant à lui, permettait à son époux défunt de se régénérer en la personne de leur fils Horus. Ces figurines ont ainsi été considérées pendant longtemps comme étant de simples « concubines du mort », malentendu qui trouve son origine dans l’importance de leur nudité et l’insistance sur leurs attributs sexuels épanouis. Néanmoins, la découverte de ces figurines dans des tombes de femmes ainsi qu’en contexte domestique et au cœur de sanctuaires impose de nuancer cette théorie.

 

Le type de la figurine Co. 2481, apparu en Egypte au cours de la Troisième Période Intermédiaire, est à rapprocher de l’iconographie des plaques d’Astarté. Au Proche-Orient, Astarté est à l’origine d’un type de figures qui fait écho aux représentations féminines égyptiennes relatives à Hathor, pseudo « concubines du mort » découvertes dans des tombes de femmes, en contexte domestique et au cœur de sanctuaires (voir les notices des reliefs Co. 2610 et Co. 3052 de la collection Rodin).

Ces objets en terre cuite, produits au Levant de l’Age du Bronze jusqu’au cours de la période gréco-romaine, représentent des femmes nues se tenant debout, arborant les attributs iconographiques d’Astarté, déesse de la guerre, des chevaux et de l’amour. Astarté est le nom d’une déesse syro-palestinienne dont l’équivalent akkadien est Ishtar. Il est difficile de distinguer Astarté de la déesse syro-palestinienne Anat. Partageant certains attributs, elles sont toutes deux filles du dieu Rê en Egypte. Déesse associée à Hathor, les premières mentions d’Astarté dans le Panthéon égyptien apparaissent sous le règne d’Amenhotep II (voir CORTEGGIANI 2007, « Astarté », p. 58-59). Ces objets, appelés « plaques d’Astarté », sont presque tous moulés dans de l’argile, ou plus rarement réalisés en verre ou en faïence. Les toutes premières attestations de figures évoquant une déesse de la fertilité remontent au troisième millénaire et proviennent de Mésopotamie. Au cours du premier millénaire, la production de ces plaques s’intensifie au Levant offrant une iconographie particulière. La figure féminine est représentée debout, ses bras soutenant ses seins ou tenant de longues tiges végétales, des serpents ou encore des chèvres. Le visage est de face, les pieds de face où tournés vers les côtés, reposant parfois sur un cheval ou un lion. Sur certains modèles, la figure porte une coiffe hathorique. Certaines sont parées de bijoux. Un exemple de ces plaques est conservé dans les collections de l’Université de Yale sous le numéro d’inventaire 1912.459.

 

Comme dans le cas des figures féminines égyptiennes, les plaques d’Astarté ne sont pas une simple représentation de la déesse. Elles sont plutôt à interpréter comme des objets votifs, d’une utilisation similaire à celle des pseudo « concubines du mort » égyptiennes. Ces plaques présentent dans leur grande majorité des traces de pigments noirs, rouges et jaunes. Leur découverte se fait dans tous les types de contextes mais surtout en contexte domestique, illustrant, à l’instar des objets égyptiens, les pratiques religieuses privées. A partir de l’époque romaine, la production des plaques d’Astarté commence à décroître au Proche-Orient ; à l’inverse, elle s’intensifie en Egypte.

 

Si la figure féminine Co. 2481 s’apparente visiblement à une plaque d’Astarté, la présence d’un naos au style manifestement grec marque l’empreinte de l’Egypte gréco-romaine. Illustration du syncrétisme des traditions égyptiennes et orientales, cette petite plaque constitue également un témoignage de la piété personnelle aux époques tardives et il est regrettable de ne pas connaître son contexte de provenance. 

Aucun objet similaire n’est conservé au Musée Rodin.

Un exemple similaire se trouve dans ROTTE Elodie, “Egyptian Plaques Terracotas of Standing Nude Women from the Late Period: Egyptian Heritage or Foreign Influences”, in Newsletter of the Coroplastic Studies Interest Group 7, 2012, p.13. 

Inscription

Anépigraphe.

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