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Torche

Scène mythologique

Egypte > provenance inconnue

Époque Héllenistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 20,8: L. 6,2: P. 4

Terre cuite

Co. 2615

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Il y a cependant quelques cassures aux extrémités et de nombreuses fissures en surface. Des traces d’engobe blanches sont visibles sur la partie en relief, sur la partie lisse ainsi que sur les goulots.

 

Description

L’objet, réalisé en terre cuite moulée, adopte la forme d’un tube évasé à la base. Seule la face antérieure est décorée, en relief. À la base, on observe un décor géométrique composé de deux frises : une première frise de triangles en quinconces dont chacun est orné d’un petit cercle en léger relief, au-dessus de laquelle se trouve une autre frise composée de petits traits verticaux et incisés. Le schéma décoratif évoque celui d’un tissu. Le reste du décor, qui occupe toute la surface verticale, se lit de bas en haut. On remarque en premier une tête grimaçante, pourvue d’une barbe scindée en deux paquets de mèches épaisses. Il s’agit d’une représentation de Bès, reconnaissable à sa mimique et ses traits grotesques et ridés. Les yeux du génie, cerclés d’un épais trait de fard, sont étirés en amande, son nez est épaté et ses lèvres son charnues. On observe ses oreilles et le sommet de son crâne qu’on imagine ici chauve. De part et d’autre de la figure, les bras du dieu (tronqués par la section du moule ayant réalisé le tube) sont écartés. Le ventre de Bès est large et son nombril bien marqué par une dépression circulaire. Au-dessus du dieu, une longue tige végétale s’épanouit en triple volute agrémentée de feuilles de lierre.  Elle forme trois médaillons, au centre desquels se trouve une grappe de raisin. Au-dessus de cette frise végétale qui se termine par un nœud, apparaît un visage féminin, arborant de grands yeux cerclés d’un trait de fard. Ils sont étirés en amande. Le visage est rond et les traits pleins. La déesse arbore un large sourire. Le nez est cassé et l’oreille gauche émoussée. L’oreille droite a la forme de celle d’une vache ; il s’agit donc très probablement de la représentation d’une Isis-Hathor. La déesse arbore une coiffure égyptienne. Une frange de courtes mèches recouvre son front bombé, tandis que des longues mèches à boucles étagées encadrent son visage. L’objet a été réalisé dans un moule en deux parties, dont seul celui de la partie antérieure portait un décor. La coiffure de la déesse est en conséquence évoquée par deux mèches, réparties de part et d’autre du visage de la déesse. Sa tête est surmontée d’un édifice. Si on le compare aux deux lanternes du musée du Louvre Inv. N° E 20807 et E. 21523 (DUNAND 1990 N° 963 et 964 p. 318), cet édifice correspondrait à un sanctuaire à toit-coupole ( en ce qui concerne ce type de lanterne, voir DUNAND, « Lanternes gréco-romaines d’Egypte », Dialogues d’histoire ancienne, 2, 1976, p. 71-95).

 

La ressemblance entre la torche conservée au musée du Louvre Inv. N° E 21518 du musée du Louvre (anciennement collection Guimet) et le Co. 2615 est particulièrement frappante. Le décor est identique, à l’exception de la partie la plus basse sous la figure de Bès. Il est possible de suggérer la production d’un même atelier. La torche du Louvre est d’époque romaine (DUNAND 1990 p. 320 N° 970). Deux autres torches suivent une forme et un schéma décoratif similaire (musée du Louvre Inv. N° E 21535 et N° E 30318, toutes deux datées de l’époque romaine et provenant de la collection Guimet (DUNAND 1990 N° 972 p. 321 et N° 973 p. 321-322).

 

Le décor végétal évoque la fertilité, la fécondité notamment à travers la présence des grappes de raisins. Outre son importance dans l’économie du royaume, le vin possède en Egypte une charge symbolique particulièrement forte. Dès l’Ancien Empire au moins, il est utilisé dans différents rituels religieux et est offert aux divinités comme aux défunts (voir POO, 2010). Intimement lié à la crue du Nil, sans laquelle sa production est impossible, le vin est un symbole de fertilité et de régénération. Il tient une place particulièrement significative dans les rituels hathoriques car Hathor est la déesse du vin et de l’ivresse. La présence de Bès amplifie encore la dimension symbolique du décor. En cette époque gréco-romaine, le vin rappelle aussi les rituels liés à Bacchus.

 

La fonction de ce type d’objet est encore débattue. La fonction qui leur est généralement attribuée est celle de torche et en particulier de torche rituelle. Cependant, comme le soulignent certains auteurs (TÖRÖK, 1995, p. 184-185, DUNAND, 1995, p. 308-309), aucune trace d’utilisation ne semble y avoir été relevée. De plus, il faudrait pour cet usage tenir la torche Co. 2615 de telle sorte que le décor serait à l’envers. Seuls les objet E21584 AB conservé au musée du Louvre et la EA37526 du British Museum s’apparentent réellement aux torches portées par certaines divinités (DUNAND, 1995, p. 322, n° 974). BAILEY propose comme autre usage possible celui de porteur d’encens (BAILEY, 2008, p.81-82). Mais là encore, le manque de traces d’utilisation et de parallèles empêche de conclure à cette fonction avec certitude.

 

Il est généralement attribué à ces objets une fonction rituelle ou apotropaïque, liée au cercle isiaque et au culte hathorique. En effet, les divinités qui y sont représentées font toutes partie de ces sphères rituelles comme Isis, Bès, Hathor, Harpocrate ou encore Sérapis. Il peut être également suggéré à ce type d’objet un usage d’autel domestique, le décor dans son ensemble présentant les éléments architecturaux conformes à ceux d’un naos.  



Un grand nombre d’objets semblables a été retrouvé en Égypte, datant de l’époque hellénistique et romaine. Parmi ceux conservés au British Museum et évoquant la Co. 2615 se trouvent les :

  • 1993.6-8.1
  • EA 1878.2.9.40
  • EA 1873.6-9.22

Au musée des arts de Budapest:

  • SzM T 548

 

Au musée du Louvre:

  • E 21518
  • E 21535
  • E 30318
  • AF 1049

La ressemblance entre la torche E 21518 du musée du Louvre et la torche Co. 2615 du musée Rodin est particulièrement frappante. Le décor est identique à l’exception de la partie la plus basse, sous la figure de Bès. Il est possible de suggérer la production d’un même atelier.

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La ressemblance entre la torche E 21518 du musée du Louvre et la torche Co. 2615 du musée Rodin est particulièrement frappante. Le décor est identique à l’exception de la partie la plus basse, sous la figure de Bès. Il est possible de suggérer la production d’un même atelier.

 

Inscription

Anépigraphe. 

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