Tête d'Harpocrate couronné

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Époque hellénistique ou impériale
[VOIR CHRONOLOGIE]
TERRE CUITE 
H : 9,3 cm ; L : 6,9 cm ; P : 3,7 cm
CO. 6123

Comment

State of preservation

Incomplet. Tête brisée à la base du cou. Un éclat à droite de la couronne est restauré. Le sommet du pschent et le bord de la rosette droite sont ébréchés.

Description

La tête, conservée jusqu’au cou, se présente de face, et semble dépourvue de toute expressivité. Le personnage porte une coiffe très lourde composée de deux couronnes de fleur larges que maintient, à l’horizontale, un triple ruban décoré de six boutons dans la partie inférieure et d’un uraeus sortant d’une fleur au centre. Les extrémités du ruban portent un fleuron (ou une rosace). Le pschent, couronne de Haute et de Basse Egypte, de taille réduite, surmonte l’ensemble et est encadré de deux fleurs. Le personnage a un visage juvénile, de forme ovale, à la chevelure longue et bouclée passée derrière les oreilles, le cou étant marqué du « collier de Vénus ».

Harpocrate, ou « Horus l’enfant », est une divinité égyptienne de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il ne fait que partager l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connait une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine.

Les images elles-mêmes sont témoins de l’intégration d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses attributs d’origine, dans le panthéon hellène. Il a d’ailleurs été proposé que la fondation, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220).

La tête Co. 6123 représente Harpocrate affublé de la double couronne pharaonique, néanmoins dépourvu de la mèche de l’enfance, un de ses attributs habituels. Cette figurine en propose une version hellénisée, la couronne de fleurs et la longue chevelure bouclée tenant davantage de l’iconographie grecque. Le style du visage, idéalisé et inscrit dans un ovale, aux yeux détourés par des paupières épaisses et saillantes, est proche de celui des Tanagréennes alexandrines (Fischer 1994, pl. 11 à 13). La débauche d’attributs enfin, ici la superposition de deux couronnes de fleur, de rubans, de fleuron et du pschent, relève davantage des caractéristiques iconographiques et stylistiques de l’époque impériale en Egypte, ce qui permet de proposer pour cette œuvre une datation assez basse, entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIe siècle de l’ère chrétienne. Il est difficile de trancher entre ces deux éléments. Peut-être pouvons-nous envisager qu’il s’agisse d’une œuvre de la fin de l’époque ptolémaïque ou du début de l’époque impériale au style rétrospectif ?

Les représentations en terre cuite d’Harpocrate sont très nombreuses à Alexandrie, où les figurines proviennent majoritairement des nécropoles orientales. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme Athribis, le Fayoum, ou encore quelques exemplaires découverts à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Egypte, à Délos, Myrina ou Tarse par exemple.

La finesse des traits, due au bon état du moule utilisé pour cette pièce, montre que la pièce est encore proche du prototype.

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