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Applique de mobilier

coquille surmontée d’une rosette

Égypte > provenance inconnue

IVe - VIe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 9,5 cm ; L. 4,2 cm ; P. max. 1,7 cm

Os, fémur de bœuf

Co. 2230

Commentaire

Etat de conservation

L’applique est conservée dans son intégralité. La couleur beige grisé de sa face externe, sans doute induite par une importante couche de salissure, offre une nuance plus jaune au revers. On observe une tache d’oxydation dans l’angle et au milieu du bord senestre. Les parties en relief portent des marques noires d’aspect gras. On note aussi de petites taches noirâtres. Le bord dextre révèle de courtes fentes. Au revers, sa face interne est endommagée par de longs éclats. On retrouve des éclats sur le chant inférieur.

Description

Les motifs décoratifs sont inscrits dans un cadre rectangulaire légèrement évasé en partie inférieure de la pièce. Un fleuron ou une rosette au cœur entouré de quatre pétales surmonte une coquille à la forme étirée en hauteur, de manière à s’adapter au cadre contraint de la matrice osseuse.

 

Fréquent dans la sculpture architecturale des époques hellénistique et romaine (voir BAKOWSKA-CZERNER & CZERNER 2021, fig. 5-6 p. 81-82), le thème de la conque inscrite dans un fronton triangulaire ou cintré, semble souvent associé à la figure d’Aphrodite, renvoyant aux circonstances de sa naissance. Un relief composé de de trois plaquettes en os, figurant la déesse à sa toilette accompagnée d’Érotes, conservé anciennement dans la collection Grüneisen, en livre une illustration éloquente pour le domaine de la sculpture sur os et ivoire (cf. MARANGOU 1976, p. 40, pl. 38a ; GRÜNEISEN 1930 p. 74, pl. 22). Sur les reliefs destinés à parer des coffrets ou des meubles de prix, la coquille peut aussi accompagner d’autres divinités, incluse ou non dans un fronton (WULFF 1909, n° 421 p. 118, pl. XIX). Deux appliques du musée Rodin en fournissent la preuve. Sur l’élément de placage Co. 2242, elle domine une représentation de Dionysos Lykeios. Quant au fragment Co. 2315, il permet d’en reconnaître une partie abritée dans la moitié gauche d’un fronton triangulaire, à la bordure soulignée de denticules, et garni d’un acrotère formé de feuilles d’acanthes. La coquille se retrouve dans l’Antiquité tardive à de multiples reprises sur des diptyques en ivoire à sujets profanes et mythologiques (VOLBACH 1976, n° 66, 68, p. 57-58, pl. 38-39), des diptyques consulaires, ainsi que sur des ivoires sculptés de figures ou de scènes chrétiennes, tels ceux ornant la chaire de Maximien.

 

Les coquilles peuvent aussi être sculptées sur des plaquettes isolées (WULFF 1909, n° 439-442 p. 121-122, pl. XIX ; Alexandrie, musée gréco-romain, 13349 : SHAHIN 1998, p. 375, fig. 4 p. 372 ; Alexandrie, fouilles du théâtre Diana, DI 94. 1163.2.1 (33): RODZIEWICZ 2007, n° 39 p. 87-88, pl. 19, fig. 3 pl. 98 ; Aboukir : BRECCIA 1926, p. 80, pl. LXIV, 4). Le musée gréco-romain d’Alexandrie conserve sans doute l’exemplaire le plus analogue au nôtre : il s’agit d’une applique fragmentaire au format similaire provenant du quartier de Rakhôtis, datée du IVe-Ve siècle. Le cadre triangulaire bordé de denticules renferme un fleuron à huit pétales surplombant une coquille (12043 : TÖRÖK 2005, n° 95 p. 149-150). La précision avec laquelle ont été sculptés les différents éléments de ce relief diffère de la rudesse que révèle l’applique du musée Rodin. En effet, la simplification et la déformation des contours des motifs décoratifs sur cette dernière, auxquelles vient s’ajouter un manque de poli évident, invitent à se questionner sur le degré d’achèvement de la pièce. Bien que le modèle dérive de l’architecture classique, sa distorsion permet d’envisager une réalisation de notre exemplaire entre le IVe et le VIe siècle.

 

Marquage

Sur la face interne du bord senestre subsistent les traces d’une étiquette à liseré bleu arrachée.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 12043.

-Paris, musée Rodin, Co. 2242, Co. 2315 (coquille).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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