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Ptah-Sokar-Osiris

au nom d'un défunt

Égypte > Région de Louxor (selon l'antiquaire G. Anastassiadis, 1908)

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 55,8 CM : L. 12,3 CM : P. 9,9 CM

Co. 3585

Commentaire

Etat de conservation

La sculpture a subi des dégradations irréversibles, telles que des modifications dimensionnelles et des déformations dues à des variations d'humidité subies par le passé. Les deux moitiés de la sculpture ne sont plus jointives et présentent un décalage, qui est particulièrement marqué sur le côté gauche. Quelques fentes importantes se sont développées à l'arrière de la tête et sur le côté supérieur gauche du corps. Le bois porte quelques rares traces d'une ancienne attaque d'insectes xylophages. Le bois est aujourd'hui consolidé, tout comme la polychromie qui néanmoins reste fragile. 

 

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations faites dans la tradition égyptienne. Elle représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). La statuette assure la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà.

 

Sculpture creuse formant réceptacle, la statue est divisée en deux parties de profondeur sensiblement égale, assujetties par deux chevilles aux extrémités. Cette cavité ainsi formée était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit une fausse momie faite d'argile et de graines germées, qui garantissait, par sa présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel Osiris.

 

La statue représente une figure momiforme coiffée d'une perruque tripartite, debout sur une base quadrangulaire irrégulière et qui s'appuie contre un pilier dorsal s'élevant de la base jusqu'au bas de l'arrière de la perruque du personnage. Le pilier et le dessus de la base sont peints en bleu, les quatre faces latérales portent un décor géométrique noir sur fond blanc. Un tenon trapézoïdal ménagé sous les pieds permettait de la fixer à une base aujourd'hui disparue.

 

L'œuvre témoigne d'un travail de sculpture soigné : le corps, assez élancé, est pris dans une gaine momiforme rouge qui présente au niveau des genoux un léger relief associé à un faible resserrement sur les côtés et à l'arrière, dessinant ainsi le galbe des mollets.  La qualité du traitement est ainsi révélée par la silhouette générale élancée, par l'attention prêtée aux détails tels que le pli des genoux ou le dessin de la bouche, ainsi que par la finesse des inscriptions hiéroglyphiques et la complexité de la polychromie.

 

Le dieu porte une longue perruque tripartite bleue, dégageant les oreilles et encadrant un visage aux traits finement sculptés : les yeux et les sourcils  façonnés en relief, le nez bien détaillé et les lèvres charnues aux commissures délicatement modelées.
Ce visage était initialement recouvert de feuille d'or (encore visible sur les oreilles, les narines et à la base du visage) et le contour était dessiné par un cerne ocre rouge. Les yeux et les sourcils étaient peints en noir.
Il subsiste sous le menton et sur le dessus de la perruque deux chevilles témoignant l'existence initiale de deux pièces rapportées : une barbe postiche et une couronne, sans doute de type shouty. La sculpture est donc incomplète et le socle qui permettait sa présentation à la verticale a également disparu. Ces pertes ont eu lieu avant son acquisition par Auguste Rodin, comme le laisse penser la facture de l'antiquaire Georges Anastassiadis mentionnant simplement une "momie en bois sculpté, coloriée, au masque doré".

 

La divinité est  dotée d'une parure de poitrine assez complexe, composée d'un collier ousekh surmonté d'un disque ailé. Le collier comporte 8 à 10 rangs ornés de part et d'autre de pièces d'épaules à tête de faucon coiffé d'un disque solaire. 
Dans un encadré blanc cerné de noir, une inscription hiéroglyphique recouvre les jambes de la statue. Elle comporte trois colonnes d'hiéroglyphes cursifs encadrées par des lignes de registres doubles et noires. Le texte, orienté de droite à gauche, est peint en noir sur fond blanc au centre, et sur fond bleu sur les côtés.
Cette inscription, malheureusement lacunaire, devait sans doute retranscrire, partiellement ou intégralement, l'Hymne à Osiris propre à ce type d’objet funéraire. En l'état, rien ne nous permet d'évaluer si cette inscription continuait sur le pilier dorsal, comme il est souvent d'usage.

 

D'après la classification typologique établie par M. Raven, cette statuette correspond au type IV C datant de la XXVIe dynastie. Ce type se caractérise par une silhouette momiforme associant un visage recouvert de feuille d'or  et un corps vêtu de rouge, orné d'un collier ousekh richement détaillé ; autant d'éléments que l'on retrouve sur cet exemplaire du musée Rodin. La vraie particularité de ce type réside dans la présence de trois colonnes d'inscription sur le devant de la statue reprenant l'hymne à Osiris ; celui-ci est la plupart du temps complet.

Historique

Acquis par Auguste Rodin à l'antiquaire Georges Anastassiadis, en 1908.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 10, 389, "Statuette osiriforme en deux parties. Le masque est doré, la perruque est peinte en bleu, trois lignes verticales d'hiéroglyphes. Epoque romaine. Bois peint. Long. 55 cent. Estimé 200 francs."

Donation Rodin à l'Etat français en 1916.

Commentaire historique

L'objet était exposé du vivant de l'artiste dans la vitrine 10 de l'atelier de peinture à Meudon, en position couchée.

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